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Posts Tagged ‘épuiser’

DEUX NUITS D’AMOUR (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
DEUX NUITS D’AMOUR

Après une nuit d’amour j’ai rêvé d’amour
sans me limiter au battage de cuisses et de seins
Qui portent mon poids ainsi qu’un esprit
Léger et libre. Je voulais être lié
À l’intérieur d’une liberté fraîche comme le nom de Dieu
À travers tous les siècles d’absence de Dieu.

Après une nuit d’amour je me suis tourné vers l’amour,
Les cuisses batteuses, les seins chantants,
Épuisé par l’acte, le désirant encore,
Dans une liberté vieille comme la terre
Et fraîche comme le nom de Dieu, à travers tous
Les siècles de beauté assombrie.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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UNE NUIT AU PALAIS DES GROTTES CÉLESTES (Lin Bû) (967-1028)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
UNE NUIT AU PALAIS DES GROTTES CÉLESTES

D’automne les collines qu’on ne peut épuiser,
D’automne les rêveries aussi qui n’en finissent pas.
Le torrent de jadéite charrie des feuilles rougies,
Les bosquets verts se piquent de nuages blancs.

Dans l’ombre fraîche un oiseau descend,
Sous un jour défaillant les cigales se dispersent.
Cette nuit le bananier quand il pleuvra,
Qui sur l’oreiller l’entendra ?

***

(Lin Bû) (967-1028)

 

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Verte, si Verte, si verte l’herbe… (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
Verte, si Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue
Son chant m’amène au voisinage céleste
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

La première lune d’hiver annonce les courants froids
Le vent du nord s’engouffre cruel et tranchant.
J’endure la peine et sais la nuit longue.
Les étoiles hiérarques s’égrènent dans la nuit claire
Au quinzième jour, la lune est pleine
Et au vingtième déjà ses ombres se brisent.
Un voyageur pâle me tend une lettre seule.
J’ai lu au premier vers « amour immortel »
J’ai lu au dernier vers « douleur infinie d’être encore
J’ai conservé cette lettre dans les plis de ma robe
Trois ans déjà sont passés mais les mots n’ont pas blanchi.
Je m’offre entière à cette unique ferveur
Et je tremble que jamais tu n’en voies la valeur.

(Anonyme)

Les dix-neuf poèmes anciens des Han (ler siècle ap. J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Je suis assis seul (Hanshan)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2022




    
Je suis assis seul, souvent perturbé,
Mes sentiments en proie sans cesse à l’anxiété.
Des nuages ont ceinturé la pente des montagnes,
A l’entrée des vallées, le vent gronde et rugit…
Des singes dans les arbres en font frémir les branches,
Des oiseaux dans la forêt font entendre leur chant.
Les saisons sont pressantes, mes cheveux blancs s’envolent,
Mes années épuisées, je suis vieux, sans espoir.

***

Seul je suis allongé sous les monts étagés,
Les nuages vaporeux pendant le jour persistent.
Quand je suis au tréfonds de ma cellule obscure,
Dans mon coeur se taisent les cris et clameurs.
Je pars en rêve errer dans des palais dorés,
Puis mon âme revient, franchit le pont de pierre.
J’ai enfin écarté tout ce qui m’assaillait
Et je laisse ma gourde clabauder contre un arbre.

(Hanshan)

Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier

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Coquelicots en juillet (Sylvia Plath)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2022




    
Coquelicots en juillet

Petits coquelicots, petites flammes d’enfer,
Vous ne faites pas mal ?

Vous tremblez. Je ne sais pas vous toucher.
Je mets les mains dans les flammes. Rien ne brûle.

Et cela m’épuise de vous regarder
Trembler comme ça, rouge vif et froissés comme une bouche.

Une bouche que l’on vient d’ensanglanter.
Oh petites jupes sanglantes !

Il y a des vapeurs que je ne peux toucher.
Où est votre opium, où sont vos capsules écoeurantes ?

Si je pouvais saigner, ou dormir ! –
Si ma bouche pouvait épouser une blessure pareille !

Ou vos sucs distiller pour moi, dans cette capsule de verre,
Une stupeur, un apaisement.

Mais pas de couleur. Pas de couleur.

(Sylvia Plath)

Recueil: Ariel
Traduction: Valérie Rouzeau
Editions: Gallimard

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SOUVENIR AU MOMENT DES ADIEUX (Niu Xiji)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021




    
SOUVENIR AU MOMENT DES ADIEUX
(Sur l’air « L’aubépine de montagne »)

La brume timidement
se dissipe,
sur le ciel pâle
les dernières étoiles
peu à peu s’effacent.
La lueur faible
de la lune déclinante
effleure sa joue.
A l’aube nous partageons
les larmes du départ.

Beaucoup a été dit,
mais les mots d’amour
comment les épuiser?
Elle tourne la tête
et à nouveau répète :
« Souviens-toi de ma jupe
de soie verte
et regarde tendrement
les herbes fines partout
où te mèneront tes pas. »

(Niu Xiji)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

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QUAND TOMBE (Jean-Louis Depierris)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021



QUAND TOMBE

Quand tombe la nuit
Caresse une plante
Et cherche les yeux
fragiles des pierres
Et puis très lentement
Epuise le silence
Pour après tendrement
Parler aux bêtes.

(Jean-Louis Depierris)

Illustration

 

 

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LE CHANSONNIER (extrait) (Francesco Petrarca)(Pétrarque)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2021



Pétrarque
    
LE CHANSONNIER (extrait)

Comme un pauvre vieillard quitte, pâle et chenu,
Le doux lieu où il a tout son âge accompli,
Laissant en désarroi une tendre famille
Qui voit qu’elle a perdu un père bien-aimé,

Et ensuite s’en va, en traînant son vieux corps
Tout au long des journées extrêmes de sa vie,
S’aide de son vouloir autant qu’il peut le faire,
Épuisé par les ans et du chemin lassé,

Et vient à Rome, obéissant à son désir
De pouvoir contempler l’image de Celui
Qu’il espère là-haut revoir encore au ciel,

Ah! de même aujourd’hui je vais parfois cherchant,
Autant que je le peux, ô dame, chez les autres,
La forme vraie de vous, objet de mon désir.

***

Movesi il vecchierel canuto et biancho
Del dolce loco ov’à sua età fornita
Et da la famigliuola sbigottita
Che vede il caro padre venir manco;

Indi trahendo poi l’antiquo franco
Per l’externe giornate di sua vita,
Quanto piú pò, col buon voler s’aita,
Rotto dagli anni, et dal camino stanco;

Et viene a Roma, seguendo’1 desio,
Per mirar la sembianza di colui
Ch’ancor lassú nel ciel vedere spera:

Cosi, lasso, talor vo cerchand’io,
Donna, quanto è possibile, in altrui
La disïata vostra forma vera.

(Francesco Petrarca)(Pétrarque)

Recueil: Petite anthologie Poésie européenne
Traduction:
Editions: Singulières

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Epuisé de ne rien comprendre à ma vie… (Guy Chambelland)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2021



Illustration: Christiane Guicheteau

    

Epuisé de ne rien comprendre à ma vie…

Epuisé de ne rien comprendre à ma vie
Je pourrais m’en inventer une autre
Cela s’est vu

Mais qu’en ferais-je ?
Nulle envie
D’aller plus loin plus haut plus vite que le temps
qui met dix ans à faire une heure vive
Mais n’est pas là lorsque la balle arrive

J’ai besoin du train-train de la métaphore
Il me faut être ce buisson
Qui marche dans le feu mais jamais ne flamboie
Qui pense et ne se pense pas

Je ne peux me passer de ma souffrance
De veilleur sans fenêtre
Il faut que jusqu’au bout je sache
Que j’existe et que je meurs
Malgré moi.

(Guy Chambelland)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil:
Traduction:
Editions:

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DES CUISSES, DES CHEVEUX (Pierre Jean Jouve)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2021



Illustration: Pascal Renoux
    
DES CUISSES, DES CHEVEUX, cette femme est plongeuse
Plus lente que nature
Elle est enfouie comme une rose sous les verdeurs de la mer.

Elle fait pour moi un sourire extasié
Elle m’adresse des baisers faux et anormaux
Elle nage entre mes animaux les poissons miroirs
Elle a des mouvements aériens des jambes.

Elle suce, elle embrasse, elle épuise et remue.
Quand je suis entièrement brisé elle s’envole
Torrent de bulles bleues
Elle crache mes plus précieux souvenirs.

(Pierre Jean Jouve)

 

Recueil: Les Noces suivi de Sueur de Sang
Traduction:
Editions: Gallimard

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