Couplet 1 :
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain.
Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
Refrain
Couplet 3 :
L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »
Refrain
Couplet 4 :
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail,
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.
Refrain
Couplet 5 :
Les Rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Refrain
Couplet 6 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
Bleu. Et à l’intérieur de ce bleu un soupçon
de vert, nappes grises de nuages
étayés contre l’air, comme si
dans l’idée de pluie
l’oeil
pouvait saisir ce que dit
n’importe quel moment donné
sur terre. Appelle-le ciel. Et de cette façon
décrire
tout ce que
nous voyons, comme si ce n’était rien
que l’idée
de quelque chose que nous avions perdu
en nous. Car nous pouvons commencer
à nous souvenir
de la terre dure, du silex
reflétant les étoiles, des chênes
ondulant tordus
par la violence de l’air, et ainsi de suite
jusqu’à la plus petite graine, découvrant ce qui pousse
au-dessus de nous, comme si
à cause de ce bleu il pouvait y avoir
ce vert
qui s’étend, miracle
innombrable
en ceci, le plus silencieux
moment de l’été. Les graines
parlent de cette occurrence, définissent
l’éruption de l’air et de la terre
dans cette profusion de hasard, les forces
aveugles de notre propre défaut
de savoir ce que c’est
que nous voyons, et simplement en parler
c’est voir
comme les mots nous trahissent, comme on n’éclaircit rien
par l’énonciation, pas même ces mots
que je suis ému de prononcer
au nom de ce bleu
et de ce vert
qui s’évanouissent dans l’air
de l’été.
Impossible
d’en entendre davantage. La langue
nous retire pour toujours
du lieu où nous sommes, et en aucun lieu
nous ne pouvons être en repos
dans les choses qui nous sont données
à voir, car chaque mot
est un ailleurs, une chose qui bouge
plus vite que l’oeil, tout
comme ce moineau bouge, tournoyant
dans l’air
où il n’a pas de chez-lui. Je ne crois, alors,
à rien
que ces mots puissent te donner, et cependant
je peux les sentir
parler à travers moi, comme si
cela seul
était ce que je désire, ce bleu
et ce vert, et dire
à quel point ce bleu
est devenu pour moi l’essence
de ce vert, et plus que la pure
vision de cela, je voudrais que tu sentes
ce mot
qui a vécu au fond de moi
tout le jour, ce
désir pour rien
que le jour même, et comme il a poussé
au fond de mes yeux, plus fort
que le mot dont il est fait, comme s’il
ne pouvait jamais y avoir d’autre mot