Posts Tagged ‘étain’
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021
Nocturne
Notre Père qui es aux cieux,
pourquoi m’as-tu donc oubliée ?
Tu t’es souvenu du fruit de l’été
quand tu as blessé sa chair de rubis.
Moi je porte aussi blessure à mon flanc,
mais tu ne veux pas regarder vers moi !
Tu t’es souvenu de la grappe noire
et tu l’as donnée au pressoir carmin ;
du peuplier as dispersé les feuilles
avec ton haleine, dans l’air subtil.
Mais dans le vaste pressoir de la mort
tu ne veux encor fouler ma poitrine !
En marchant, j’ai vu s’ouvrir les violettes
mes lèvres ont bu du vent le falerne
et j’ai abaissé, jaunes, mes paupières,
ne voulant plus voir Janvier ni Avril.
J’ai crispé la bouche et j’ai refoulé
la strophe et son flux qui ne doit couler.
Tu as blessé le nuage de l’Automne,
mais tu ne veux pas te tourner vers moi !
Celui qui baisa ma joue m’a trahie ;
i1 m’a reniée pour ma robe de pauvre.
Mon visage en sang lui avais offert
dans ma poésie, comme Toi au linge.
Pour ma nuit au Jardin des Oliviers
Jean a été lâche et l’Ange, ennemi.
L’infinie fatigue est venue enfin,
jusque dans mes yeux elle s’est fichée :
fatigue du jour en train de mourir
et de l’aube qui doit lui succéder ;
fatigue du ciel quand il est étain
et fatigue aussi du ciel indigo !
Je délace ma sandale martyre
et, tresses dénouées, demande à dormir.
Perdue dans la nuit, j’élève vers Toi
cette clameur-1à que tu m’as apprise :
Notre Père qui es aux cieux,
pourquoi m’as-tu donc oubliée !
(Gabriela Mistral)
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), étain, été, baiser, blessure, bouche, cieux, clameur, fatigue, grappe, laché, martyre, mort, nocturne, nuage, oublier, père, peuplier, poésie, poitrine, pressoir, regarder, sandale, se souvenir, trahir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2021

L’esprit, ce loup blessé à mort, rôde,
sous un ciel d’étain,
dans un bois de bouleaux en larmes.
(Bernard Montini)
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Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2020

La nuit
I.
Le ciel d’étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l’ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l’onde où luit
Le drap d’or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l’heure, tout écoutait ;
Maintenant nul bruit n’ose éclore ;
Tout s’enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S’avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.
C’est l’heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure
Le grand Être mystérieux !
II.
Dans ses réflexions profondes,
Ce Dieu qui détruit en créant,
Que pense-t-il de tous ces mondes
Qui vont du chaos au néant ?
Est-ce à nous qu’il prête l’oreille ?
Est-ce aux anges ? Est-ce aux démons ?
A quoi songe-t-il, lui qui veille
A l’heure trouble où nous dormons ?
Que de soleils, spectres sublimes,
Que d’astres à l’orbe éclatant,
Que de mondes dans ces abîmes
Dont peut-être il n’est pas content !
Ainsi que des monstres énormes
Dans l’océan illimité,
Que de créations difformes
Roulent dans cette obscurité !
L’univers, où sa sève coule,
Mérite-t-il de le fixer ?
Ne va-t-il pas briser ce moule,
Tout jeter, et recommencer ?
III.
Nul asile que la prière !
Cette heure sombre nous fait voir
La création tout entière
Comme un grand édifice noir !
Quand flottent les ombres glacées,
Quand l’azur s’éclipse à nos yeux,
Ce sont d’effrayantes pensées
Que celles qui viennent des cieux !
Oh ! la nuit muette et livide
Fait vibrer quelque chose en nous !
Pourquoi cherche-t-on dans le vide ?
Pourquoi tombe-t-on à genoux ?
Quelle est cette secrète fibre ?
D’où vient que, sous ce morne effroi,
Le moineau ne se sent plus libre,
Le lion ne se sent plus roi ?
Questions dans l’ombre enfouies !
Au fond du ciel de deuil couvert,
Dans ces profondeurs inouïes
Où l’âme plonge, où l’oeil se perd,
Que se passe-t-il de terrible
Qui fait que l’homme, esprit banni,
A peur de votre calme horrible,
Ô ténèbres de l’infini ?
(Victor Hugo)
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abîme, ange, anxiété, arbre, asile, astre, azur, âme, éclater, éclipser, éclore, écouter, édifice, énorme, étain, étendue, être, bannir, bas, briser, bruit, calme, chaos, chercher, chose, ciel, clair, content, couler, couvrir, création, créature, créer, cuivre, démon, détruire, deuil, difforme, distinctement, dormir, drap, effrayer, effroi, empyrée, enfouir, entier, esprit, exister, faire, fibre, fixer, flotter, fond, frissonner, genoux, glacer, heure, homme, horrible, illimité, immensité, infini, inouï, jeter, libre, lion, livide, luire, moineau, moire, monde, monstre, morne, moule, muet, mystérieux, néant, noir, nuit, obscur, obscurité, océan, oeil, ombre, onde, or, orbe, oser, pas, pensée, penser, plonger, prière, profond, profondeur, question, réflexion, recommencer, regarder, roi, rouler, s'avancer, s'enfuir, sève, se cacher, se parler, se perdre, se sentir, se taire, secret, sentir, silence, soirée, soleil, sombre, songer, souffler, spectre, sublime, succéder, ténèbres, terrible, tomber, trouble, univers, veiller, vent, vibrer, vide, vivre, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 août 2019

Sous le corset d’étain des rivières surprises
Sur nos corps ennemis la nuit que nous faisons
Dans le secret du vent éclaté sur nos têtes
La Parole bienvenue retourne à sa naissance.
(Jean Rousselot)
Illustration: Salvador Dali
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Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018
Les pas entendus
le corps, les visages, les mains
se fondent au village
à grands arbres sculptés.
Il n’y a plus de temps à perdre
répète une voix.
Ce sont pourtant les mêmes pas
que dans la glaise des matins
où brillaient le cuivre et l’étain.
L’avenir se cache dans les plis
des rideaux figés
le pain fait la chair.
(Jean Follain)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018

MATIN
Ce matin l’herbe est noire et nue
Le vent s’allume, s’éteint
L’air s’ouvre à la pluie d’étain
Les pierres, la terre s’habituent
Ce matin le talus jaunit
Les corbeaux luisent sur le pré
L’agneau saigne à la boucherie
La terre s’y fait
Ce matin la neige est tombée
Le troupeau tousse dans la buée
Un triste coq crie au vent blanc
La terre s’y tait comme avant
Matin de cendre et de bitume
Le gel a mordu dans nos plaies
Des larmes coulent dans la haie
La grasse terre s’accoutume
Matin de ciel et de jais
Si le soleil revenait
L’air a son odeur nocturne
L’aube rougeoie derrière l’averse
La lumière est une herse
Entre maintenant et jamais
Un merle rit du chant qu’il tresse
La terre s’y fait
(Jacques Chessex)
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Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2018

Illustration: Edvard Munch
SOLEIL DES TRISTESSES
Celui qui chante son chemin
s’en va du même pas que le jour
un sac de ciment sur l’épaule
La chaleur est si forte
et tous nos gestes sans défense
comme un oiseau sorti des laîches
Des portes closes la clé brille
à quel rebord d’une fontaine
perdant toujours son eau rouillée
Enfant qui tousse au ciel de mai
amour trop seul en son langage
un peu de vent sur les fougères
Amour jamais ô neige sale
couleur d’étain qui monte en vrille
et le protège de sa faute
Au thé lampé dans les soucoupes
aux pas qui mâchent le gravier
la vie se froisse dans l’obscur
(Jean-Baptiste Para)
Recueil: La faim des ombres
Traduction:
Editions: Obsidiane
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Posted by arbrealettres sur 14 février 2018

Illustration: Paul Delvaux
PAROLES D’UN MIROIR A UNE BELLE DAME
Belle, belle, belle, belle!
Que voulez-vous que je dise
A votre frimousse exquise?
Riez, rose, sans cervelle.
Je suis un petit miroir,
Je suis de glace et d’étain;
Mais vos yeux et votre teint
S’illuminent à vous voir.
Les douleurs, les ennuis pires,
Je chasse tout penser triste;
Je ne veux (un tic d’artiste)
Refléter que vos sourires.
(Charles Cros)
Recueil: Le Collier de griffes
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2016
Ce qui était si grand est devenu petit.
Les royaumes comme l’étain se sont ternis.
Ce qui m’écrasait ne m’écrase plus.
Les terres du ciel étincellent dans leur cours.
Au bord du fleuve, allongé dans l’herbe,
Enfant d’autrefois, je lance des bateaux d’écorce.
(Czeslaw Milosz)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2016
On voit une fleur
lentement s’épanouir
les étains et les clous
épuiser la clarté
un grain de chair à la roue
du supplice rester
et la fille nue
du treizième siècle
de ses seins et de ses bras
lutte contre le temps
près d’une rose de pierre.
(Jean Follain)
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