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Poésie

Posts Tagged ‘étancher’

Jardin de la Rencontre (Marianne Dubois)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022



Jardin de la Rencontre

TU ES LA

Est-ce la folie qui me conduit vers l’impossible ?

Non, c’est une tendre évidence.

Je te reconnais, je te vois, tu es l’Amour de mon âme,
la lumière de ma vie.
Tu marches dans mon coeur comme tu marches en ce jardin
et la trace de tes pas dessine tant d’Amour
que le monde entier ne peut le contenir.

Tu t’approches de moi, mais ton regard est si doux et si fort
que je meurs en toi pour renaître en sa clarté.

Tu es VIVANT. Tu es mon cri, ma liberté, mon Amour.

Tu es là, tu étanches ma soif, MAINTENANT et pour l’éternité.
Tu me dis, je suis là, je suis ta soif et la Source Infinie.

Tu me dis, je ne meurs jamais, je suis la racine de ton coeur
et de tous les coeurs sur la terre lorsqu’ils s’éveillent à la beauté.

Tu me dis tout cela et ta voix me remplit comme un fleuve de feu,
comme une aube naissante et radieuse.

Tu me remplis de ta Présence, toi le Bien-Aimé divin
et la joie qui me soulève, soulève la terre et grandit jusqu’aux étoiles.

Comment le dire, oser y croire, le faire savoir ?

C’est trop intime, c’est trop immense, trop de pleurs,
trop de douceur et pourtant c’est l’océan tout entier qui balaie les résistances, emporte les barrages.
Peut-être une fleur, un oiseau, un coquillage pourra le dire bien mieux dans son langage.

Je n’ai pas de mots, je n’ai pas d’image, je n’ai rien pour le dire
et pourtant je voudrais le proclamer, le faire éclater avec le jour,
avec la nuit, avec la vie, avec cette joie qui jaillit de toute part.
Tu es là, tu rayonnes en secret et transfigures le monde.

En toi j’abandonne le fardeau de vouloir être ou ne pas être.
En toi je lâche les amarres et me voici perdue et retrouvée
au coeur battant d’un univers qui se crée sans limite et toujours au présent ;
un univers qui explose et se multiplie, terrassé de lumière,
un univers de feu embrasé de liberté.

Tu rayonnes partout, graine de soleil, semence d’infini,
désert étincelant calciné par l’Amour.

Je te vois, je te vis.
C’est si simple et je ne le savais pas.

(Marianne Dubois)

Illustration: William Bouguereau

 

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UNE VIERGE (Ezra Pound)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021




UNE VIERGE

Non, non! Éloigne-toi de moi! Je l’ai laissée peu après.
Je ne souillerai pas mon fourreau avec une moindre clarté,
L’air qui m’entoure brille autrement désormais;
Ses épaules sont fines et pourtant elles m’ont dirigé
Et enveloppé comme dans une brume d’éther;
Comme dans un doux feuillage , ou une subtile blancheur.
Oh j’ai trouvé de la magie dans son contact
Pour m’envelopper à moitié de son enveloppe.
Non, non! Éloigne-toi de moi! J’ai encore son parfum
Doux comme le vent du printemps entre les bouleaux.
Vert comme les arbrisseaux d’avril,
Comme la blessure de l’hiver, dont elle étanche le sang,
Pareil à la teinte des arbres :
Blanche est leur écorce, blanche est ma Dame.

(Ezra Pound)

Illustration: Eliane Marque

 

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Toujours cette soif non étanchée (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2020



Illustration

Toujours cette soif non étanchée ;
Toujours ce sous-sol non irrigué.
Fruit ni pluie n’est d’un secours. À moins
Qu’au bout de tout la source ne revienne…

(François Cheng)

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

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PAIX INTERIEURE (Syed Liaqath Peeran)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2020



Illustration: Satish Gupta
    
PAIX INTERIEURE

L’on doit éprouver dans la vie
force souffrances spirituelles et physiques
tortures et troubles
avant de parvenir à la Vérité
un temps d’épreuve, un temps
d’angoisse violente et de douleur.
Mais quand on atteint la Vérité
on aborde la rivière
d’eaux fraîches, reposantes
pour étancher la soif,
et apporter dans l’âme sombre
des moments de ravissement,
de joie et de Suprême Béatitude,
de paix et de lumière.

***

***

PEACE WITHIN

One has to undergo severe
Mental and physical sufferings
Agony and turmoil in life
Before arriving at the Truth
A testing time, a period
Of severe anguish and pain.
On arriving at the Truth
You reach the stream
Of fresh, soothing waters
To quench the thirst
To gain moments of
Ecstasy, joy and Supreme –
Bliss, to bring peace within
And enlighten the dark soul.

***

PACE DENTRO

Bisogna attraversare gravi
sofferenze mentali e fisiche
una vita d’agonia e disordini
prima di arrivare alla Verità.
È un tempo di prova, un periodo
di grave angoscia e dolore.
Arrivando alla Verità
si raggiunge un ruscello
di fresche, dolci acque
che placano la sete
che donano momenti
di estasi e gioia, suprema –
Beatitudine, per portare la pace dentro
e illuminare l’oscurità dell’anima.

***

PACE LĂUNTRICĂ

Sunt aspre chinurile îndurate
de sufletul și trupul vătămat
în agonia și tumultul vieții
pe drumul către Adevăr,
la ceas de mare încercare
prin suferințe și dureri.
Atunci când însă aflăm Adevărul
dăm peste un izvor curat
cu apă limpede și lină
ce potolește setea
și ne îngăduie momente
de fericire și elan, Nemărginit –
har, acea pace interioară
ce luminează sufletul cernit.

***

***

INNERLIJKE VREDE

Men moet hevig
geestelijk en lichamelijk leed,
kwelling en beroering in het leven ervaren
voordat men de Waarheid bereikt
een tijd van beproeving, een tijd
van hevige angst en pijn.
Maar als men de Waarheid bereikt
bereikt men de rivier
van frisse, rustgevende wateren
om de dorst te lessen,
en in de donkere ziel
momenten van verrukking,
van vreugde en Opperste Gelukzaligheid,
vrede en verlichting te brengen.

***

PACI

Prima d’arrivari a la virità
L’omu havi a patiri
Suffirenzi fisichi e mintali
Agunii nta la vita,
un piriudu di esami,
di trobbuli e di peni.
Arrivannu a la virità
s’arriva a un ciumi
d’acqua frisca e rilassanti
c’astuta la siti
e duna mumenti
d’estasi e di gioia
felicità suprema,
paci interna
ca illumina
l’arma scura.

***

PAZ INTERIOR

Uno debe someterse a estrictos
sufrimientos mentales y físicos
agonía y confusión en la vida
antes de llegar a la Verdad.
Un tiempo de prueba, un período
de angustia y dolor severos.
Al llegar a la Verdad
llegas a la corriente
de aguas frescas y relajantes
para saciar la sed
para obtener momentos
de éxtasis, alegría y suprema
felicidad, para alcanzar la paz interior
e iluminar el alma oscura.

***

***

***

***

内心的平静
一个人在到达真理之前
必须经受严峻的
精神和肉体的痛苦
生活中的苦恼和混乱
一个检测时间,一段时间
极度的苦恼和痛苦。
在到达真理时
你抵达新鲜的
小溪,舒缓的水
去疏解渴意
去获得狂喜、快乐
和至高无上祝福的
时光,带来内心的宁静
而照亮黑暗的灵魂。

***

***

POKÓJ WEWNĘTRZNY

Trzeba przejść ciężkie
Cierpienia duszy i ciała
Umieranie i życiowe niepokoje
Nim dotrze się do Prawdy
Czas próby, okres
Wielkiego udręczenia i bólu.
Dotarłszy do Prawdy
Osiągasz strumień
Świeżych, kojących wód
By ugasić pragnienie
By zyskać chwile
Ekstazy, radości i Najistotniejsze –
Szczęśliwości, by wnieść wewnętrzny pokój
I rozświetlić mrok duszy

***

ΨΥΧΙΚΗ ΓΑΛΗΝΗ

Δύσκολες πρέπει να περάσει
στιγμές και πόνο
αγωνία κι άγχος στη ζωή του
ο άνθρωπος
προτού την Αλήθεια να βρει
προτού πιει απ’ το δροσερό
νερό ρυακιού
τη δίψα του να ξεδιψάσει
στιγμές να ζήσει εκστατικές
χαρά και θεϊκή ευδαιμονία
για να διαφωτίσει
την σκοτεινή ψυχή του.

(Syed Liaqath Peeran)

 

Recueil: ITHACA 631
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Indi Jyotirmaya Thakur / Anglais Stanley Barkan / Italien Luca Benassi / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Hébreu Dorit Wiseman / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Corse Gaetano Cipolla / Espagnol Rafael Carcelén / Russe Rahim Karim / Arabe Sarah Silt / Japonais Naoshi Koriyama / Chinois William Zhou / Chinois William Zhou / Persan Sepideh Zamani / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka / Grec Manolis Aligizakis /Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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Clair de lune (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2019



 

Clair de lune

Penser qu’on vivra jamais dans cet astre,
Parfois me flanque un coup dans l’épigastre.

Ah ! tout pour toi, Lune, quand tu t’avances
Aux soirs d’août par les féeries du silence !

Et quand tu roules, démâtée, au large
A travers les brisants noirs des nuages !

Oh ! monter, perdu, m’étancher à même
Ta vasque de béatifiants baptêmes !

Astre atteint de cécité, fatal phare
Des vols migrateurs des plaintifs Icares !

Oeil stérile comme le suicide,
Nous sommes le congrès des las, préside ;

Crâne glacé, raille les calvities
De nos incurables bureaucraties ;

O pilule des léthargies finales,
Infuse-toi dans nos durs encéphales !

O Diane à la chlamyde très-dorique,
L’Amour cuve, prend ton carquois et pique

Ah ! d’un trait inoculant l’être aptère,
Les coeurs de bonne volonté sur terre !

Astre lavé par d’inouïs déluges,
Qu’un de tes chastes rayons fébrifuges,

Ce soir, pour inonder mes draps, dévie,
Que je m’y lave les mains de la vie !

(Jules Laforgue)

Illustration: Caroline Duvivier

 

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TU NON SE’ IN TERRA, SI COME TU CREDI… (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2018



Illustration: Agathe Bonnet
    
TU NON SE’ IN TERRA, SI COME TU CREDI…

Ce n’est pas sur terre, comme tu le crois,
que se dressent ces rochers qui détournent le vent :
à leur sommet il y a des anges.

Ce n’est pas de terre que ces eaux surgissent —
ni pour étancher la soif, mais l’extase,
que la cascade jaillit du ciel.

Ces nuages sans nom qui tournoient, tourbillonnent
autour de la montagne — ils sont le voile
qui tombera de sur ces yeux aveugles

le jour où dans le sol s’évanouiront les sens,
où temps et lieu disparaîtront avec le vent.

***

TU NON SE’ IN TERRA, SI COME TU CREDI…

Not upon earth, as you suppose
tower these rocks that turn the wind,
for on therr summits angels stand.

Nor from the earth there waters rite —
to quench not thirst, but ecstasy
the waterfall leaps from the sky.

Those nameless clouds that storm and swirl
about the mountain are the oeil
that from these sightless eyes shah/ fall

when sentes faint into the ground,
and time and place go down the wind.

(Kathleen Raine)

 

Recueil: ISIS errante Poèmes
Traduction: François Xavier Jaujard
Editions: Granit

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Quelque chose freine la lumière (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2018



Illustration: Lydia Morano
    
Quelque chose freine la lumière :
toute lumière devrait parvenir en tous lieux.

Quelque chose endigue la musique :
toute musique devrait être entendue de tous.

Quelque chose étanche la pensée :
toute pensée devrait penser toutes choses.

Quelque chose emprisonne la vie :
toute vie devrait être le vivant et le non-vivant.

Dans ces circonstances sans remède,
l’homme est une substance gaspillée.

Tout amour a les bras longs à l’ехсès :
pour aimer, il faut raccourcir les bras.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives

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Le simulacre (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 6 mai 2018



Le simulacre

Lorsque j’étais en quête
Du rivage perdu,
Je composais des baumes
Avec les palmiers nains.

Je me voulais l’oiseau
Qui se nourrit par l’aile
Ou le poisson sonore
Des mondes sidéraux.

Pas d’arbre pour guérir
Les amputés d’azur.
Rien ne peut étancher
La soif que je désire.

De moi je me contente
Comme herbe et comme philtre
Et je n’ai d’autre espace
Que mon corps navigable.

Je suis le simulacre
Des îles sous le vent.
Mes ongles sont des steppes
Et mes yeux des étangs.

Je nage dans mes veines,
Je vole dans ma voix
Et je dors sous l’ombrage
D’un arbre inexistant.

Que ma source lucide
Me boive comme une eau.
Je suis le réceptacle
Des larmes retenues.

Je ne suis plus en quête
Que de l’enfer en moi.
Mon drame me rassure,
Je me déguise en lui.

(Robert Sabatier)

 Illustration: Zdzislaw Beksinski

 

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BRÈCHE (Paul Auster)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2018



 

BRÈCHE

La pulsation d’une pierre
dans l’air blanc que je respirerai,

une pierre,
lancée par-delà la respiration,
comme ce pouvoir d’en finir avec
les pierres.

La perfection
et l’accélération du manque, ranimée
par la soif de sang
que tu étanches dans la pitié. L’inhumain
air blanc.

Partout où
je me dénie
le monde s’ouvre,

s’ouvre
et te fait place
pour que tu vives.

(Paul Auster)

Illustration: Andrej Gorenkov

 

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Océan de cris de moineaux (Sergueï Essénine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2018




    
Océan de cris de moineaux.
Il fait nuit… mais si clair !
Que demander de mieux.
Il fait nuit… mais si clair !
Sur les lèvres innocentes
un océan de cris de moineaux.

Ah ! sous la lune, quelle
lumière… jetons-nous à l’eau !
Par ce beau temps indigo
je ne veux point de repos.
Ah ! sous la lune, quelle
lumière… jetons-nous à l’eau !

L’aimée, c’est toi, c’est elle ?
Lèvres insatiables.
Lèvres qui, comme en eaux rapides,
étanchent ma vie. Ces lèvres.
L’aimée, c’est toi, c’est elle ?
Les roses, que me chuchotent-elles ?
J’ignore que sera demain.

Tout près, quelque part — va savoir,
la joyeuse flûte s’afflige.
Dans le bourdonnement du soir
je vénère du sein le lys.
La joyeuse flûte s’afflige,
j’ignore que sera demain.

***

(Sergueï Essénine)

 

Recueil: Journal d’un poète
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence

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