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Posts Tagged ‘éther’

Seul dure l’éphémère (Michel Onfray)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2022



    

Seul dure l’éphémère

Il y a huit ans
Le huit août
À quatorze heures
Le soleil tapait fort

C’est alors
Qu’elle est morte

Son corps si léger
Emporté par la lumière
S’en fut dans l’éther de la pluralité des mondes

Sa voix est morte
Son regard est mort
Sa silhouette est morte

Même son ombre est morte

Avant elle
Des milliards d’années
Après elle
Des milliards d’années

En-deçà d’elle
Des milliards de voies lactées
Au-delà d’elle
Des milliards de voies lactées

(Michel Onfray)

 

Recueil: Là où dansent les Éphémères 108 poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Lire (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Les mots traversent l’éther de la page.
A peine veut-on les saisir, entre deux doigts de fée,
qu’ils meurent et renaissent plus loin :
comme à ce jeu, vous en souvenez-vous,
où il est question d’un bois,
et où demande est faite au loup de signaler sa présence.
Semblablement, le lecteur y est lorsque l’auteur n’y est plus,
tous deux se cherchant en vain dans la forêt de Langue d’Or.

Lire.
Déplier l’échelle qui est dans l’âme,
dont les degrés se perdent de vue,
vers le haut comme vers le bas.

(Christian Bobin)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Illustration

 

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UNE VIERGE (Ezra Pound)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021




UNE VIERGE

Non, non! Éloigne-toi de moi! Je l’ai laissée peu après.
Je ne souillerai pas mon fourreau avec une moindre clarté,
L’air qui m’entoure brille autrement désormais;
Ses épaules sont fines et pourtant elles m’ont dirigé
Et enveloppé comme dans une brume d’éther;
Comme dans un doux feuillage , ou une subtile blancheur.
Oh j’ai trouvé de la magie dans son contact
Pour m’envelopper à moitié de son enveloppe.
Non, non! Éloigne-toi de moi! J’ai encore son parfum
Doux comme le vent du printemps entre les bouleaux.
Vert comme les arbrisseaux d’avril,
Comme la blessure de l’hiver, dont elle étanche le sang,
Pareil à la teinte des arbres :
Blanche est leur écorce, blanche est ma Dame.

(Ezra Pound)

Illustration: Eliane Marque

 

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UN DUO (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
UN DUO
(Le duo)

Un couple de mannequins en bois utilisé dans les ateliers de sculpture :
habitants typiques du monde chiriquien.
Qu’attendre des amours d’un tel couple
si ce n’est un rituel d’insectes rigides, une pariade de robots ?

— Étant sans bras pour nous étreindre, rien ne pourra nous séparer.
— Étant sans sexe pour aimer, rien ne pourra nous désunir.
— Sans yeux et sans nez, mon visage. je suis une élégie de cire.
— Sans front; sans bouche, mon partage. je suis un brouillon de sourire.
— Mannequins au torse d’absence ?
— Simulacres que l’éther encense ?
— Appelants du plus grand silence ?
— Aubiers d’être enfantés du tremble ?

Le savez-vous qu’ainsi livrés à la rigidité dorienne des momies,
vous êtes entrelacés à l’énigme du monde?
Le savez-vous qu’en cette terrasse ensoleillée
s’ébauche en vous une théologie des automates ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2021



Quel rosignuol che si soave piagne

Tel, esseulé, le rossignol dans la nuit
bleue célèbre les siens parmi la gent ailée,
tel par les combes, les vals et les collines
module et coule le silence des prés,

il émaille et chatouille la grande nuit et
m’accompagne, solitaire désormais… oui
moi ! pose lacs et rets, distille la mémoire à
la mortelle angoisse qu’instille la déesse.

Ô iris de la peur !
Éther d’yeux clairvoyants au profond de
l’éther qu’enfouit la terre en son berceau de
cendres aveugle
— ainsi toi, la fileuse, te voilà satisfaite !
En larmes je l’affirme : tout le charme du monde
dure à peine ce que dure un battement de cils.

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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A MA MERE… (Jacqueline Commard)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2020



Illustration: Edvard Munch
    
A MA MERE…

On ne guérit jamais du départ de sa mère…
Partie tout doucement sur la pointe des pieds
Vers un étrange port qu’on voudrait oublier
Mais revenant sans cesse avec un goût amer.

Lorsque la nuit descend, à l’heure où tout repose
Devant le firmament ma plaie se cicatrise
Il me semble soudain qu’une ombre s’amenuise
Dans cet épais brouillard qui nimbe toute chose.

Absence insoutenable! …et silence trop lourd…
Mystérieux voyage d’aller sans retour…
Où vont nos pauvres coeurs, vers quelle apothéose ?…

Se rassembleront-ils en un sublime éther ?
Bouquets de chrysanthèmes ou bien gerbes de roses
S’endormiront aussi sur la dalle de pierre.

(Jacqueline Commard)

 

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Tout à coup, vers le nord, du vaste horizon pur (William Chapman)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2020



Tout à coup, vers le nord, du vaste horizon pur
Une rose lueur émerge dans l’azur,
Et, fluide clavier dont les étranges touches
Battent de l’aile ainsi que des oiseaux farouches,
Eparpillant partout des diamants dans l’air,
Elle envahit le vague océan de l’éther.
Aussitôt ce clavier, zébré d’or et d’agate,
Se change en un rideau dont la blancheur éclate,
Dont les replis moelleux, aussi prompts que l’éclair,
Ondulent follement sur le firmament clair.
Quel est ce voile étrange, ou plutôt ce prodige ?

(William Chapman)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

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L’éclair n’est-il plus vif que le feu (Michel Camus)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019



L’éclair n’est-il plus vif que le feu
L’éther n’est-il plus subtil que l’air
Le rêve n’est-il plus fluide que l’eau
Que dire du dieu caché du silence

Angoisse-et-jouissance d’ouvrir les yeux
dans la nuit d’une énigme infinie

(Michel Camus)

 

 

 

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Personne et cependant l’immensité de l’être (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2019



    

Personne et cependant l’immensité de l’être
L’infini lègue aux choses un vêtement d’éther

Chemin de l’un vers l’unité
Le présent se donne à l’instant

Ici l’intensité
L’arc du corps

Ici l’effort
La corde raide

Ici l’énergie
La flèche en vérité

La cible sans circonférence ni centre coïncide avec la visée
L’archer s’éveille à la réalité

C’est l’éclair de haute pression physique
Où la terre sombre dans l’eau

Et la noyade appelle la fièvre
Et l’eau sombre dans le feu

De ce brasier les corps s’évadent
Le feu sombre dans l’air

Alors du vide de la chute
Monte le souffle en partage

Avec la lumière
Et la lumière de la lumière

(André Velter)

 

Recueil: Le Haut-Pays suivi de La traversée du Tsangpo
Traduction:
Editions: Gallimard

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SONNET (John Keats)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2019



 

John Keats

SONNET

La ville retenait mon âme prisonnière !
Qu’il m’est doux aujourd’hui de contempler l’immense
Et pur visage du ciel — déjà ma prière
Vers le sourire de l’azur monte et s’élance.

Quel bonheur enfin de se laisser choir à terre,
Le corps las et le coeur tout rempli de silence,
Et de lire, blotti au creux d’un talus vert,
Une histoire d’amour, de tendre nonchalance.

Et puis, rentrant le soir très tendrement, d’entendre
Le chant de Philomèle et de suivre de l’oeil
Un nuage qui vogue et refuse d’attendre.

Hélas, la journée est tombée comme une feuille,
Ou comme une larme de séraphin pieux
Qui glisse doucement dans l’éther lumineux.

(John Keats)

 

 

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