Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022

Poème pour apprendre à conjuguer
J’étoile, tu étoiles, il étoile, nous étoilons, vous étoilez,
ils brillent un peu, les mots.
J’infinis, tu infinis, elle infinit, nous infinissons, vous infinissez,
elles s’allongent un peu, les phrases.
Je nuage, tu nuages, il nuage, nous nuageons, vous nuagez,
ils ajoutent du ciel bleu, les stylos.
Je page, tu pages, elle page, nous pageons, vous pagez,
elles vivent hors des lignes, les idées.
Je poème, tu poèmes, il poème, nous poèmons, vous poèmez.
Je queneau, tu michaux, il prévert, nous tardieusons, vous jacobez, ils norgent.
Hé l’art du poème, à présent, on dirait que tu l’aimes.
(Carl Norac)
Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Carl Norac), aimer, ajouter, apprendre, art, à présent, étoiler, bleu, briller, ciel, conjuguer, idée, infinir, ligne, mot, nuage, page, phrase, poème, s'allonger, stylo, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2021

Illustration: Daria Nelson
FÉE ÉLECTRICITÉ
Tu m’es tombée sur le coin du coeur.
Il était coupant, couvert de mines et de volcans
mais tu es entrée quand même.
À l’intérieur, tu as découvert un champ de bataille,
une décharge privée d’électricité.
Tout un village d’ombres et de fantômes abandonnés.
Il faisait sombre, il faisait froid.
Mais tu es restée quand même.
Tu as branché ton électricité.
Tu as allumé une flamme qui n’existait plus.
Âme illuminée façon ciel étoilé,
je t’explore de jour en nuit.
Fée électricité, tu as rallumé ma vie.
(Mathias Malzieu)
Recueil: Le dérèglement joyeux de la métrique amoureuse
Traduction:
Editions: L’ICONOPOP
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Mathias Malzieu), abandonner, allumer, âme, électricité, étoiler, bataille, brancher, champ, ciel, coeur, coin, couper, couvrir, décharge, découvrir, entrer, exister, explorer, façon, fantôme, fée, flamme, froid, illuminer, intérieur, jour, mine, nuit, ombre, priver, quand même, rallumer, rester, sombre, tomber, vie, village, volcan | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 juin 2020

A celle qui est voilée
Tu me parles du fond d’un rêve
Comme une âme parle aux vivants.
Comme l’écume de la grève,
Ta robe flotte dans les vents.
Je suis l’algue des flots sans nombre,
Le captif du destin vainqueur ;
Je suis celui que toute l’ombre
Couvre sans éteindre son coeur.
Mon esprit ressemble à cette île,
Et mon sort à cet océan ;
Et je suis l’habitant tranquille
De la foudre et de l’ouragan.
Je suis le proscrit qui se voile,
Qui songe, et chante, loin du bruit,
Avec la chouette et l’étoile,
La sombre chanson de la nuit.
Toi, n’es-tu pas, comme moi-même,
Flambeau dans ce monde âpre et vil,
Ame, c’est-à-dire problème,
Et femme, c’est-à-dire exil ?
Sors du nuage, ombre charmante.
O fantôme, laisse-toi voir !
Sois un phare dans ma tourmente,
Sois un regard dans mon ciel noir !
Cherche-moi parmi les mouettes !
Dresse un rayon sur mon récif,
Et, dans mes profondeurs muettes,
La blancheur de l’ange pensif !
Sois l’aile qui passe et se mêle
Aux grandes vagues en courroux.
Oh, viens ! tu dois être bien belle,
Car ton chant lointain est bien doux ;
Car la nuit engendre l’aurore ;
C’est peut-être une loi des cieux
Que mon noir destin fasse éclore
Ton sourire mystérieux !
Dans ce ténébreux monde où j’erre,
Nous devons nous apercevoir,
Toi, toute faite de lumière,
Moi, tout composé de devoir !
Tu me dis de loin que tu m’aimes,
Et que, la nuit, à l’horizon,
Tu viens voir sur les grèves blêmes
Le spectre blanc de ma maison.
Là, méditant sous le grand dôme,
Près du flot sans trêve agité,
Surprise de trouver l’atome
Ressemblant à l’immensité,
Tu compares, sans me connaître,
L’onde à l’homme, l’ombre au banni,
Ma lampe étoilant ma fenêtre
A l’astre étoilant l’infini !
Parfois, comme au fond d’une tombe,
Je te sens sur mon front fatal,
Bouche de l’Inconnu d’où tombe
Le pur baiser de l’Idéal.
A ton souffle, vers Dieu poussées,
Je sens en moi, douce frayeur,
Frissonner toutes mes pensées,
Feuilles de l’arbre intérieur.
Mais tu ne veux pas qu’on te voie ;
Tu viens et tu fuis tour à tour ;
Tu ne veux pas te nommer joie,
Ayant dit : Je m’appelle amour.
Oh ! fais un pas de plus ! Viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L’esprit lion, le coeur enfant ;
Viens voir le désert où j’habite
Seul sous mon plafond effrayant ;
Sois l’ange chez le cénobite,
Sois la clarté chez le voyant.
Change en perles dans mes décombres
Toutes mes gouttes de sueur !
Viens poser sur mes oeuvres sombres
Ton doigt d’où sort une lueur !
Du bord des sinistres ravines
Du rêve et de la vision,
J’entrevois les choses divines… –
Complète l’apparition !
Viens voir le songeur qui s’enflamme
A mesure qu’il se détruit,
Et, de jour en jour, dans son âme
A plus de mort et moins de nuit !
Viens ! viens dans ma brume hagarde,
Où naît la foi, d’où l’esprit sort,
Où confusément je regarde
Les formes obscures du sort.
Tout s’éclaire aux lueurs funèbres ;
Dieu, pour le penseur attristé,
Ouvre toujours dans les ténèbres
De brusques gouffres de clarté.
Avant d’être sur cette terre,
Je sens que jadis j’ai plané ;
J’étais l’archange solitaire,
Et mon malheur, c’est d’être né.
Sur mon âme, qui fut colombe,
Viens, toi qui des cieux as le sceau.
Quelquefois une plume tombe
Sur le cadavre d’un oiseau.
Oui, mon malheur irréparable,
C’est de pendre aux deux éléments,
C’est d’avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !
Hélas ! hélas ! c’est d’être un homme ;
C’est de songer que j’étais beau,
D’ignorer comment je me nomme,
D’être un ciel et d’être un tombeau !
C’est d’être un forçat qui promène
Son vil labeur sous le ciel bleu ;
C’est de porter la hotte humaine
Où j’avais vos ailes, mon Dieu !
C’est de traîner de la matière ;
C’est d’être plein, moi, fils du jour,
De la terre du cimetière,
Même quand je m’écrie : Amour !
(Victor Hugo)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), agiter, aile, aimer, algue, amour, ange, antre, apercevoir, apparition, appeler, arbre, archange, astre, atome, attriste, aurore, âme, âpre, éclore, écume, élément, éteindre, étoile, étoiler, île, baiser, bannir, beau, blanc, blancheur, bord, bouche, bruit, brume, brusque, cadavre, captif, cénobite, changer, chanson, chant, chanter, charmer, chercher, chouette, ciel, cimetière, clarté, coeur, colombe, comparer, compléter, composer, connaître, courroux, couvrir, décombres, défendre, désert, dôme, destin, devoir, Dieu, doigt, doux, effrayer, enfant, engendrer, entrer, errer, esprit, exil, faire, fange, fantôme, fatal, femme, fenêtre, feuille, fils, firmament, flambeau, flot, flotter, foi, fond, forçat, forme, foudre, frayeur, frissonner, front, fuir, gouffre, goutte, grève, habitant, habiter, hagarde, homme, horizon, hotte, humain, idéal, immensité, inconnu, infini, intérieur, irréparable, jadis, joie, jour, lampe, lion, Loi, lointain, lueur, lumière, maison, malheur, matière, méditer, misérable, monde, mort, mouette, muet, mystérieux, naître, noir, nommer, nuage, nuit, obscur, océan, oeuvre, oiseau, ombre, onde, ouragan, ouvrir, parler, pas, passer, pensée, penseur, pensif, perle, phare, plafond, planer, plein, plume, poser, pousser, prendre, problème, profondeur, promener, proscrit, pur, ravine, récif, rêve, regard, regarder, ressembler, robe, s'éclairer, s'écrier, s'enflammer, sceau, se détruire, se mêler, se nommer, se voiler, sentir, sinistre, solitaire, sombre, songer, songeur, sort, sortir, souffle, sourire, spectre, sueur, surpris, ténèbres, ténébreux, terre, tombe, tomber, tour à tour, tourmenté, traîner, tranquille, trêve, trouver, vague, vainqueur, venir, vent, vil, vivant, voiler, voir, vouloir, voyant | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018

Les Chats
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques,
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
(Charles Baudelaire)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Charles Baudelaire), aimer, allongé, amoureux, austère, étoiler, chat, fervent, mystique, noble, or, parcelle, prunelle, savant, science, silence, solitude, songer, Sphinx, ténèbres, volupté | 7 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 mars 2017

Libération
Le soleil dans les pommiers roses
Comme une harpe a tendu ses rayons,
Et voici que passe et se pose
Parmi les fils d’or l’essaim des guêpes en tourbillons.
L’herbe se tait sentimentale
Où point la véronique imperceptiblement,
Où l’ombre changeante s’étale
Se froisse et s’envole en de translucides déploiements
Mais c’est la nuit surtout, quand au pignon des fermes
Dorment les fleurs d’abricotiers
Et qu’étoilant la terre où palpitent des germes
S’ouvrent les boutons des fraisiers;
C’est la nuit quand l’eau sombre au bord des prés gargouille
Et que, monotone biniou,
S’élève indéfini le chant faux des grenouilles
Succédant au cri des coucous;
C’est la nuit quand survient dans sa verte tunique
La lune avec ses cheveux froids
Et que jase à mi-voix presque somnambulique
Le rossignol au fond des bois,
C’est la nuit qu’il est doux d’être un cœur qui délaisse
Sa chair comme un étroit tombeau,
Et fondu, mort d’amour, coule dans la caresse
Du vent aux blancheurs des sureaux.
(Marie Dauguet)
Illustration: Christian Schloe
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Marie Dauguet), amour, étoiler, biniou, blancheur, caresse, chair, coeur, couler, délaisser, gargouiller, guêpe, harpe, herbe, jaser, libération, lune, monotone, mort, ombre, or, palpiter, rayon, rose, rossignol, s'étaler, sentimental, soleil, sureau, tombeau, translucide, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2017

Aimer d’amour, aimer
Pleurer d’amour, pleurer, c’est parfois chose exquise,
C’est parfois chose exquise, enfant : dans un lis blanc
C’est l’espoir qui dépose, encor vierge et tremblant,
Les perles dont le cœur extasié se grise ;
Pleurer d’amour, pleurer, c’est parfois chose exquise.
Aimer d’amour, aimer, toute la vie est là,
Toute la vie est là : c’est un échange d’ailes
Pour deux cœurs confondant leurs battements fidèles,
Vers l’infini bonheur que Dieu même étoila ;
Aimer d’amour, aimer, toute la vie est là.
Souffrir d’amour, souffrir, c’est tout l’être qui vibre,
C’est tout l’être qui vibre aux doigts de la Douleur
Dont l’arpège de feu va hurlant sur le cœur
D’épouvante meurtri, mis à nu fibre à fibre ;
Souffrir d’amour, souffrir, c’est tout l’être qui vibre.
Mourir d’amour, mourir, bientôt je le saurai ;
Mourir d’amour, mourir : – Calme après la tempête ;
Regrets de l’Infidèle et ses pleurs. – Une fête…
L’adieu, le chant funèbre et doux : « Dies iræ. »
Mourir d’amour, mourir, bientôt je le saurai.
(Antoine de Bengy-Puyvallée)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Antoine de Bengy-Puyvallée), adieu, aile, aimer, amour, arpège, échange, étoiler, battement, blanc, bonheur, calme, chant, coeur, Dieu, doux, enfant, exquis, extasié, fidèle, hurler, infidèle, lis, mourir, perle, pleur, pleurer, regret, tempête, vie | Leave a Comment »