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Posts Tagged ‘étouffé’

Crépuscule d’automne (Stuart Merrill)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2019


 


 

Agata Modzelewska 500

Crépuscule d’automne

Sous le souffle étouffé des vents ensorceleurs
J’entends sourdre sous bois les sanglots et les rêves :
Car voici venir l’heure où dans des lueurs brèves
Les feuilles des forêts entonnent, choeur en pleurs,
L’automnal requiem des soleils et des sèves.

Comme au fond d’une nef qui vient de s’assombrir
L’on ouït des frissons de frêles banderolles,
Et le long des buissons qui perdent leurs corolles
La maladive odeur des fleurs qui vont mourir
S’évapore en remous de subtiles paroles.

Sous la lune allumée au nocturne horizon
L’âme de l’angelus en la brume chantonne :
L’écho tinte au lointain comme un glas monotone
Et l’air rêve aux frimas de la froide saison
A l’heure où meurt l’amour, à l’heure où meurt l’automne !

(Stuart Merrill)

Illustration: Agata Modzelewska

 

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Nocturne (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019



Nocturne

Sifflet humide des crapauds
bruit des rames la nuit, des rames…
bruit d’un serpent dans les roseaux,
d’un rire étouffé par les mains,
bruit d’un corps lourd qui tombe à l’eau,
bruits des pas discrets de la foule,
sous les arbres un bruit de sanglots,
le bruit au loin des saltimbanques.

(Max Jacob)

Découvert chez Lara ici

 

 

 

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Une rumeur à peine audible (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2018



Illustration: Gao Xingjian
    
une rumeur
à peine audible
mêlée à une poussée
un appel

elle hausse le ton
se précise

des mots étouffés
vite perdus

je me sonde
les cherche
tâtonne
au sein du silence
qui les a repris

ce qui voudrait
éclore
ne cesse de coaguler
se défaire
se recomposer

ne cesse de s’absenter
et de réapparaître

des mots plus vaillants
luttent s’imposent se nouent
donnent consistance
à ce qu’il leur faut
engendrer

la main entre en action
transcrit le poème
qui lui est dicté

que dit-il

(Charles Juliet)

 

Recueil: une joie secrète
Traduction:
Editions: Voix d’encre

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Une rumeur à peine audible (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2018




    
Une rumeur
à peine audible
mêlée à une poussée
un appel

elle hausse le ton
se précise

des mots étouffés
vite perdus

je me sonde
les cherche
tâtonne
au sein du silence
qui les a repris

ce qui voudrait
éclore
ne cesse de coaguler
se défaire
se recomposer

ne cesse de s’absenter
et de réapparaître

(Charles Juliet)

 

Recueil: L’Opulence de la nuit
Traduction:
Editions: P.O.L.

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«Rien n’est » (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2018



«Rien n’est », c’est le mot de passe
de l’esprit étouffé par la matière,
mâchant tout ce qui passe à sa portée.

Toujours plus d’engloutissement,
d’avidité. Elle ramène chacun
au même instant du rien.

La seule issue est l’obscure prière,
l’obscure et muette prière,
filtrant d’une Source ignorée.

Flamme infinie, dont la mèche
s’enracine dans la nuit
de l’esprit, qui sans elle se dessèche

au contact de l’être absent.

(Jean Mambrino)


Illustration

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Va-t-elle s’éteindre la lumière de mes yeux (Ephraïm)

Posted by arbrealettres sur 22 mai 2018



Tout ce que j’ai pressenti
Et que je n’ai pas pu dire
Parce que les moissonneurs sont venus trop tôt
Et le souffle du vent dans les blés mûrs
Et mon cou tendu et la veine qui attend
Tu ne prends nul plaisir
Aux colombes qu’on égorge
O ma tendresse étouffée
Mon ardeur immaculée
Blé broyé seigle et orge
Et froment offert
Devant ta face d’éternité-

Va-t-elle s’éteindre la lumière de mes yeux
perdue dans une constellation morte depuis des millénaires?

(Ephraïm)

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Ascèse des corps (Anne-Lise Blanchard)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2018



Ascèse des corps

À mots
ouverts

la peau
radieuse

dit merci de lui

*

Flamme dure
flamme

les souffles
convergent

Vitalité

exacte
inattendue

*

Puits d’étoupe de
sons étouffés

échine reptile
de feu dans

l’écart ou la suspension
devenir passage

(Anne-Lise Blanchard)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

 

 

 

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Vivante ou morte (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2018



Illustration: Pascal Renoux
    
Vivante ou morte, Ô toi qui me connais si bien,
Laisse-moi t’approcher à la façon des hommes

Il fait nuit dans la pièce où tremble un oreiller
Comme un voilier qui sent venir la haute mer,
Et je ne comprends pas si je suis l’équipage
Ou l’adieu d’un bras nu resté sur le rivage.

Ah que j’arrête un jour ta chair à la dérive,
Toi qui vas éludant mon désir et le tien,
Au large de mes mains, qu’escortent des abîmes,
Quand mes pieds pour appui n’auront qu’un frêle bruit.

Un bruit de petit jour étouffé de ténèbres
Mais capable pourtant de toucher ta fenêtre
Et de la faire ouvrir.

(Jules Supervielle)

 

Recueil: Le forçat innocent suivi de Les amis inconnus
Traduction:
Editions: Gallimard

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Quand je cesse d’être sur mes gardes pour m’abandonner à moi-même (Etty Hillesum)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2018



Illustration: Odilon Redon
    
Quand je cesse d’être sur mes gardes pour m’abandonner à moi-même,
me voilà tout à coup reposant contre la poitrine nue de la vie…

Et ses bras qui m’enlacent sont si doux et si protecteurs
– et le battement de son cœur, je ne saurais même pas le décrire :

si lent, si régulier, si doux, presque étouffé, mais si fidèle,
assez fort pour ne jamais cesser, et en même temps si bon, si miséricordieux.

(Etty Hillesum)

 

 

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Demain sera le même jour (Abdellatif Laâbi)

Posted by arbrealettres sur 5 mai 2017



Demain sera le même jour

Demain
sera le même jour
Je n’aurai vécu que quelques instants
le front collé à la vitre
pour accueillir le carrousel du crépuscule
J’aurai étouffé un cri
car personne ne l’aura entendu
en ce désert
Je me serai mis
dans la position du fœtus
sur le siège de ma vieille solitude
J’aurai attendu
que mon verre se vide à moitié
pour y déceler le goût du fiel
Je me serai vu
le lendemain
me réveillant et vaquant
Atrocement semblable

(Abdellatif Laâbi)


Illustration: Pascal Renoux

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