Posts Tagged ‘(Eugenio Montale)’
Posted by arbrealettres sur 27 mai 2021
Porte-moi le tournesol, que je le transplante
dans mon terrain brûlé du vent salin;
qu’il montre tout le jour aux faces miroitantes
du ciel d’azur l’anxiété de son jaune visage.
A la clarté tendent les choses obscures,
les corps s’épuisent en flux
de teintes : elles en musiques. S’effacer,
la suprême aventure.
Oui, porte-moi la plante qui nous mène
où vont surgir les blondes transparences
et s’exhaler la vie, telle une essence;
apporte-moi le tournesol fou de lumière.
***
Portami Il girasole ch’io lo trapianti
nel mio terreno bruciato dal salino,
e mostri tutto il giorno agli azzurri specchianti
del cielo l’ansietà del suo volto giallino.
Tendono alla chiarità le cose oscure,
si esauriscono i corpi in un fluire
di tinte : queste in musiche. Svanire
è dunque la ventura delle venture.
Portami tu la pianta che conduce
dove sorgono bionde trasparenze
e vapora la vita quale essenza;
portami il girasole impazzito di luce.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), anxiété, aventure, azur, blonde, clarté, essence, exhaler, flux, fou, jour, lumière, obscur, plante, porter, salin, suprême, surgir, tournesol, transplanter, vie, visage | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 20 mai 2021
Je repense ton sourire, i1 est pour moi une eau limpide
entrevue d’aventure dans la pierraille d’une grève,
étroit miroir auquel contemple un lierre ses corymbes;
et sur toute chose l’embrassement d’un blanc ciel paisible.
Cela, mon souvenir; je ne saurais dire, ô lointain,
si de ton visage, libre, s’exprime une âme ingénue,
ou bien si tu es de ceux qu’errants le mal du monde exténue
et qui portent avec eux, talisman, leur souffrance.
Mais ceci puis-je te dire : pensée, ton effigie
engloutit colères et caprices sous une vague de calme,
et ton aspect vient sourdre en ma mémoire grise,
droit comme la cime d’une toute jeune palme…
***
Ripenso i1 tuo sorriso, ed è per me un’acqua limpida
scorta per avventura tra le petraie d’un greto,
esiguo specchio in cui guardi un’ellera i suoi corimbi;
e su tutto l’abbraccio d’un bianco cielo quieto.
Codesto è il mio ricordo; non saprei dire, o lontano,
se dal tuo volto s’esprime libera un’anima ingenua,
o vero tu sei dei raminghi cue i1 male del rondo estenua
e recano il loro soffrire con sé come un talisman.
Ma questo posso dirti, che la tua pensata effigie
sommerge i crucci estrosi in un’ondata di calma,
e che il tuo aspetto s’insinua nella mia memoria grigia
schietto come la cima d’una giovinetta palma…
(Eugenio Montale)
Illustration: Léonard de Vinci
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), aspect, aventure, caprice, cime, colère, eau, effigie, errant, exténuer, lierre, limpide, mémoire, miroir, palme, pensée, repenser, sourire, souvenir, vague, visage | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 6 mai 2021
Bonheur rejoint, on chemine
sur toi comme au fil d’une lame.
Aux yeux tu es la lueur qui vacille,
au pied l’étendue glacée qui se fêle,
donc ne te touche pas qui le plus t’aime.
Si tu atteins les âmes envahies
de tristesse, et les éclaires, ton matin
est doux et troublant comme les nids aux cimaises.
Mais rien ne rachète les pleurs de l’enfant
dont le ballon, entre les murs, s’échappe.
***
Felicità raggiunta, si cammina
per te su fil di lama.
Agli occhi sei barlume che vacilla,
al piede, teso ghiaccio the s’incrina;
e dunque non ti tocchi chi più t’ama.
Se giungi sulle anime invase
di tristezza e le schiari, il tuo mattino
è dolce e turbatore come i nidi delle cimase.
Ma nulla paga il pianto del bambino
a cui fugge il pallone tra le case.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), aimer, atteindre, âme, éclairer, ballon, bonheur, cheminer, doux, enfant, fêler, lame, lueur, nid, pleur, racheter, s'échapper, toucher, tristesse, troublant, vaciller | 8 Comments »
Posted by arbrealettres sur 9 avril 2021
Comme ce cloître de rochers
qui nous paraît s’effilocher
en fils d’aragne de nuages,
ainsi nos âmes consumées
en qui l’illusion avive
un feu de cendres
se perdent vers l’azur serein
de la lumière, certitude.
***
Come quella chiostra di rupi
che sembra sfilaccicarsi
in ragnatele di nubi;
tali i nostri animi arsi
in cui l’illusione brucia
un fuoco pieno di cenere
si perdono nel sereno
di una certezza : la luce.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), aragne, aviver, azur, âme, cendre, certitude, cloître, illusion, lumière, nuage, rocher, se perdre, serein | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 6 mars 2021
… dômes de feuillage d’où jaillit
polyphonie de citrons et d’oranges
et voile évanescent d’écume,
d’une mer poudrée qu’aucun pied
d’homme n’a effleurée, semble-t-il,
mais déjà le train accélère…
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), accélérer, écume, évanescent, citron, dôme, feuillage, homme, jaillir, orange, pied, polyphonie, train | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 mars 2021

ÉLÉGIE
Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.
Comme une grande bulle de cristal mince
ce soir, est le monde :
il gonfle il gonfle il monte.
Qui d’entre nous
croyait en épier le rythme et le souffle ?
Mieux vaut ne pas bouger.
C’est un bleu d’eau profonde
qui nous enveloppe,
en lui
pullulent formes images arabesques.
Ici pas de lune pour nous :
c’est plus loin qu’elle doit s’arrêter :
les confins du visible en écument.
Fleurs d’ombre
jamais vues, imaginées,
vergers emprisonnés
par deux murs,
parfums entre les doigts des potagers !
Nuit sombre, crées-tu des fantômes ou berces-tu
dans tes bras un monde ?
Ne bouge pas.
Comme une bulle immense,
tout gonfle, tout monte.
Et toute cette fausse réalité
explosera
peut-être.
Nous, nous resterons peut-être.
Nous peut-être.
Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.
Tu pleures ?
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), arabesque, écumer, élégie, épier, bouger, briser, bulle, confins, envelopper, exploser, fantôme, fleur, gonfler, imaginé, lune, ombre, parfum, potager, pulluler, réalité, rester, rythme, s'arrêter, souffle | 5 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2020
Le lézard, s’il s’élance
sous la grande ardeur
d’entre les chaumes —
la voile, quand elle gonfle
et s’abîme au saut
du rocher —
le canon de midi
plus ténu que ton coeur
et le chronomètre s’il
se déclenche sans bruit —
…
alors? Lueur d’éclair
vainement vous transmue en chose
riche et singulière. Tout autre était ta marque.
***
Il ramarro, se scocca
sotto la grande fersa
dalle stoppie –
la vela, quando fiotta
e s’inabissa al salto
della rocca –
i1 cannone di mezzodi
più fioco del tuo cuore
e il cronometro se
scatta senza rumore –
…
e poi? Luce di lampo
invano puô mutarvi in alcunché
di ricco e strano. Altro era il tuo stampo.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), ardeur, éclair, bruit, canon, chaume, chronomètre, coeur, gonfler, lézard, lueur, marque, midi, riche, rocher, s'abîmer, s'élancer, saut, se déclencher, singulière, ténu, transmuer, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2020
POUR UNE FLEUR FAUCHÉE
Peut-on dire, jeune morte,
que tu aies changé le monde ?
J’en ai la certitude sans pouvoir
la transmettre à d’autres. Nous ne sommes jamais sûrs
de nous-mêmes bien qu’ayant des yeux
et des mains pour nous voir, nous toucher.
Une trace invisible n’en est-elle pas moins
marquée ? Je te l’ai dit un jour
et toi : ce fait ne me regarde pas.
Je suis la fauvette qui lance un trille
et parfois le répète mais on ne sait
c’est elle ou une autre. Tu en serais bien incapable
toi-même qui as de l’oreille.
(Eugenio Montale)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Eugenio Montale), certitude, fauchée, fauvette, fleur, invisible, jeune, monde, morte, oreille, regarder, toucher, trace, transmettre, trille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
Lors votre main éprouvait le clavier,
sur le feuillet vos yeux lisaient
les impossibles signes; et brisé en était
chacun des accords, voix de deuil.
Je compris qu’autour tout s’attendrissait
vous voir entravée, désarmée, ignorante
du plus vôtre langage; et la clarté des eaux
par-delà les fenêtres mi-closes en bruissait.
Dans le carré d’azur une fugace danse
de papillons passa; au soleil s’agita un feuillage.
Des choses toutes proches, aucune ne trouvait ses paroles,
et mienne, et nôtre était votre douce ignorance.
***
Tentava la vostra mano la tastiera,
i vostri occhi leggevano sul foglio
gl’impossibili segni; e franco era
ogni accordo come una voce di cordoglio.
Compresi che tutto, intorno, s’inteneriva
in vedervi inceppata inerme ignora
del linguaggio piû vostro : ne bruiva
oltre i vetri socchiusi la marina chiara.
Passò nel riquadro azzurro una fugace danza
di farfalle; unafronda si scrollò nel sole.
Nessuna cosa prossima trovava le sue parole
ed era mia, era nostra, la vostra dolce ignoranza.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), accord, azur, éprouver, clavier, comprendre, danse, deuil, douce, fenêtre, feuillage, fugace, ignorance, ignorante, langage, lire, main, papillon, s'attendrir, signe, soleil, voix, yeux | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
Pourquoi tarder? Dans le pin l’écureuil
de sa queue en torche frappe l’écorce.
Le croissant de lune descend et sa corne
au soleil s’émousse. I1 fait jour.
Un souffle, et la fumée indolente tressaille,
elle se défend au point qui t’enclôt.
Rien ne finit, tout s’achève lorsque, foudre,
tu quittes le nuage.
***
Perché tardi? Nel pino lo scoiattolo
batte la coda a torcia sulla scorza.
La mezzaluna scende col suo picco
nel sole che la smorza. E giorno fatto.
A un soffio il pigro fumo trasalisce,
si difende nel punto che ti chiude.
Nulla finisce, o tutto, se tu fôlgore
lasci la nube.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), écorce, écureuil, corne, croissant, finir, foudre, frapper, fumée, indolente, jour, lune, nuage, pin, pourquoi, queue, quitter, s'achever, s'émousser, soleil, souffle, tarder, torche, tressaillir | 1 Comment »