Posts Tagged ‘exaltation’
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023

ONZE HEURES EN MARS
Rien encore, rien, sinon le forsythia pour tenir
le jour en flamme au beau milieu de la cour
cuvant les pluies et les ombres de mars
comme un ivrogne
entre les quatre murs de sa détresse, rien d’autre,
contre la grisaille et le froid, que l’exaltation
de l’amour au bord du gouffre : ce bouquet
d’abeilles en fleurs
dans le vent, rien de plus chaud entre les tempes
pour défroisser dans mes doigts engourdis
la lettre obscure du silence, y déposer
le pollen des mots
réchappés du vieil hiver et de la boue des songes.
(Guy Goffette)
Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Guy Goffette), amour, bord, bouquet abeille, chaud, contre, cour, cuver, défroisser, déposer, détresse, doigt, en fleurs, encore, engourdir, exaltation, flamme, forsythia, froid, gouffre, grisaille, ivrogne, jour, lettre, mars, milieu, mot, mur, obscur, ombre, pluie, pollen, rien, silence, tempe, tenir, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2022

Beaucoup ne verront plus…
Beaucoup ne verront plus palpiter la lumière,
Ni l’éclat délicat des matins de printemps.
Un doux soleil entr’ouvre en vain les primevères ;
Je pense aux jeunes morts qui n’avaient pas vingt ans.
Le destin les coucha dans l’ombre, à peine en vie.
Et les vieillards et les femmes regarderont,
La flamme vacillant dans ces mains engourdies,
S’éteindre les divins flambeaux ; — et survivront.
Mais ils ne pourront plus connaître cette ivresse
Qui les envahissait, jadis, au temps joyeux.
Pour un rayon posé sur les pousses qui naissent,
Pour un jeune arbre en fleur, pour un pan de ciel bleu.
Ils n’auront plus jamais l’exaltation douce
De ceux que la beauté seule autrefois rythmait.
Leur coeur se souviendra de l’horrible secousse
Quand l’oubli s’étendra sur les jardins de Mai.
(Cécile Périn)
Recueil: Poésie au féminin
Traduction:
Editions: Folio
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Posted in poésie | Tagué: (Cécile Périn), arbre, autrefois, à peine, éclat, beaucoup, beauté, coeur, connaître, coucher, délicat, destin, divin, doux, en fleur, engourdir, entr'ouvrir, envahir, exaltation, femme, flambeau, flamme, horrible, ivresse, jadis, jardin, jeune, joyeux, lumière, mai, main, matin, mort, naître, ombre, oubli, palpiter, penser, poser, poussé, primevère, printemps, rayon, regarder, rythmer, s'éteindre, s'étendre, se souvenir, secousse, soleil, survivre, vaciller, vain, vie, vieillard, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2020

Cette exaltation
qui m’a saisi jusqu’à hier du matin au soir,
je tente de ne pas l’oublier.
***

(Ishikawa Takuboku)
Recueil: Le jouet triste
Traduction: Jérôme Barbosa et Alain Gouvret
Editions: Arfuyen
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020

RITUEL D’AMPLIFICATION DU MONDE
Je commencerai par être
un verbe
sans limites
un langage
où rien ne serait dit
mais tout pressenti
dans le monde visible
et nulle part ailleurs
un grain de sable
qui dialogue avec les dieux
une élévation
dans l’affection et le bruit neufs
un miracle inouï
sous le soleil de la conscience
je commencerai par être
en devenant ce que je suis
Je commencerai par être
un dispositif
d’émerveillement
un voyage
au bout du possible
vers
ce qui m’apprend
à mourir
la raison
la plus silencieuse
en moi-même
le loup
chaviré
d’une langue universelle
je commencerai par être
là voix d’une résonance
Je commencerai par être
un souffle
d’année-lumière
contre le vertige
de la tentation
du malheur
une anthologie
des bouleversements
un retour
de nuit blanche
qui coule
dans les veines
une tendresse
démesurée
je commencerai par être
au milieu de la poussière
Je commencerai par être
un sourire
blessé
une fêlure
centrale
un tressaillement
une souveraineté
fluide
tendue
la part donnée
offerte
au vide
une salve
dans l’imprévisible
je commencerai par être
avec la peau des dents
Je commencerai par être
le refus
de rêver pareil
le refus
du bureaucrate intérieur
une exaltation sereine
un visage
qui se transforme
en tigre
à chaque émotion
un visage sans visage
qui accueille
tous les visages
un tremblement de ciel
je commencerai par être
jusqu’au paroxysme
Je commencerai par être
mille kilomètres
de battements
de coeur
à la seconde
ici-haut
contre tous les robots
couleur chair
un saut
dans la vie
un saut
dans le vide
un saut
de lumière noire
je commencerai par être
une pulpe d’aimantation
Je commencerai par être
un soir
d’anéantissement
la plus haute
obstination
une science
de l’excès
l’empreinte
digitale
de la mort dans la vie
le toujours
maintenant
la parfaite
insoumission
je commencerai par être
à bout portant
Je commencerai par être
celui qui
chaque jour
découvre l’infinie
première fois
la parure du chaos
l’abandon
des masques
l’éclosion accélérée
d’une fleur de sens
celui qui
ne veut plus
traduire la vie
en cendres mortes
je commencerai par être
incomparable
Je commencerai par être
au diapason
d’un vent bleu
une danse exacerbée
des atomes
une mise au jour
de l’ossature du temps
le feu insoupçonné
de ma propre consumation
une vigilance détendue
une porte battante
qui va et qui vient
quand j’inspire
quand j’expire
je commencerai par être
jusqu’au bout du monde
Je commencerai par être
un maquisard de l’esprit
un étoilement
de précipices
pour saluer sans fin
les grands isolés
une secousse
de moelle
à mourir de fou rire
un accomplisseur
secret
préférant le coup de sang
au coup de dés
un infini départ
je commencerai par être
repassionné
(Zéno Bianu)
Illustration: Tereza Vlcková
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Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), aimantation, amplification, année lumière, anthologie, atome, élévation, émerveillement, étoilement, être, battement, bouleversement, chaviré, commencer, conscience, couler, démesure, départ, dialogue, diapason, Dieu, empreinte, exacerbée, exaltation, excès, expirer, imprévisible, incomparable, infini, inouï, inspirer, langage, limite, lumière, malheur, miracle, moelle, monde, offerte, paroxysme, peau, poussière, précipice, pressentir, pulpe, résonance, rêver, refus, rituel, robot, sable, sang, science, secousse, soleil, tendresse, traduire, tremblement, tressaillement, vide, vie, visage, visible, voyage | 14 Comments »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2018
On apprend l’eau – par la soif
La terre – par les mers qu’on passe
L’exaltation – par l’angoisse –
La paix – en comptant ses batailles –
L’amour – par une image qu’on garde
Et les oiseaux – par la neige
(Emily Dickinson)
Illustration: Leila Horchani Destination Désert
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Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2018

L’ allumette
Le feu faisait un corps à l’allumette.
Un corps vivant, avec ses gestes,
son exaltation, sa courte histoire.
Les gaz émanés d’elle flambaient,
lui donnaient ailes et robes, un corps même:
une forme mouvante,
émouvante.
Ce fut rapide.
La tête seulement a pouvoir de s’enflammer, au contact d’une réalité dure,
— et l’on entend alors comme le pistolet du starter.
mais, dès qu’elle a pris,
la flamme
— en ligne droite, vite et la voile penchée comme un bateau de régate —
parcourt le petit bout de bois,
Qu’à peine a-t-elle viré de bord
finalement elle laisse
aussi noir qu’un curé.
(Francis Ponge)
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Posted in poésie | Tagué: (Francis Ponge), allumette, bateau, corps, court, curé, exaltation, feu, flamme, gaz, geste, histoire, laisser, ligne, noir, pistolet, réalité, virer, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 mai 2018
Habiter un lieu
Habiter une chambre, qu’est-ce que c’est?
Habiter un lieu, est-ce se l’approprier?
Qu’est-ce que s’approprier un lieu?
A partir de quand un lieu devient-il vraiment vôtre?
Est-ce quand on a mis à tremper ses trois paires de chaussettes
dans une bassine de matière plastique rose?
Est-ce quand on s’est fait réchauffer des spaghettis
au-dessus d’un camping-gaz?
Est-ce quand on a utilisé tous les cintres dépareillés de l’armoire-penderie?
Est-ce quand on a punaisé au mur une vieille carte postale
représentant le Songe de sainte Ursule de Carpaccio?
Est-ce quand on y a éprouvé les affres de l’attente,
ou les exaltations de la passion,
ou les tourments de la rage de dents?
Est-ce quand on tendu les fenêtres de rideaux à sa convenance,
et posé les papiers peints, et poncé les parquets?
(Georges Perec)
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Pérec), affres, attente, bassine, camping-gaz, carte postale, chambre, chaussette, cintre, exaltation, fenêtre, habiter, lieu, papier peint, parquet, passion, peindre, poncer, punaiser, rage de dents, rideaux, s'approprier, spaghetti, tourment | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 mai 2018

Gens revenus de tout,
exaltation factice,
voitures triomphantes.
Je tiens le coup en songeant à la joie que j’aurai
de retrouver mon soleil et mes livres.
Enfermé dans un taxi puant,
lui-même pris comme un rat
dans un embouteillage monstre,
je pense à mon chat
qui se promène là-bas
parmi le thym et les herbes folles.
(Henri-Frédéric Blanc)
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Posted by arbrealettres sur 11 mars 2018

Mon corps craquait sous toi
et tu plongeais tes torches de feu dans ma nuit.
Entre ronces et chardons je devenais
la gaine de ton plaisir ;
cendres chaudes dans l’animal épanouissement.
L’exaltation de ta volupté
me peuplait et me dépeuplait.
Je ne suis plus qu’une brûlure.
Tu m’irradies
et je sens dans mon ventre une irruption d’étoiles !
(Pierre Béarn)
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Posted in poésie | Tagué: (Pierre Béarn), animal, épanouissement, étoile, brûlure, cendre, chardon, corps, craquer, dépeupler, devenir, exaltation, feu, gaine, irradier, irruption, nuit, peupler, plaisir, plonger, ronce, torche, ventre, volupté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2017

Illustration: Paul Delvaux
Dans la maison de l’âme
Plus au fond, tout au fond, dans la Maison de l’Âme,
Où vont et viennent et s’assoient autour d’un feu,
Les Passions avec leurs visages de femme.
(Rodenbach)
Dans la Maison de l’Âme, les Passions —
jolies femmes vêtues de soie,
la tête ornée de saphirs, sont chez elles.
Toutes les salles, de l’entrée jusques au fond,
sont maintenues sous leur pouvoir. Dans la plus belle,
pendant leurs nuits d’exaltation,
on danse, on boit, et leurs cheveux dénoués ondoient.
Dehors, pauvresses pâles et chétives,
les Vertus, en vieux vêtements,
prêtent l’oreille, non sans amertume,
au tapage endiablé des courtisanes ivres.
Le visage collé aux vitres qui s’allument,
Elles voient, muettes, pensives,
Les fleurs du bal et ses lueurs et ses diamants.
(Constantin Cavàfis)
Recueil: Tous les poèmes
Traduction: Michel Volkovitch
Editions: Le miel des Anges
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