mon esprit est
un gros morceau de néant irrévocable dont le toucher et le goût et
l’odorat et l’ouïe et la vue ne cessent de frapper et de tailler avec
des outils fatals tranchants
dans une agonie de ciseaux sensuels j’accomplis des contorsions
de chrome et exécute des enjambées de cobalt
néanmoins je
sens que je ingénieusement suis modifié que je légèrement
deviens quelque chose d’un peu différent, en fait
moi-même
Là-dessus impuissant j’émets des hurlements lilas et des
mugissements écarlates.
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: XLI Poèmes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: La Nerthe
Mon amant me délaisse
O gai ! vive la rose !
Je ne sais pas pourquoi
Vive la rose et le lilas !
Je ne sais pas pourquoi
Vive la rose et le lilas
Il va-t-en voir une autre,
O gai ! vive la rose !
Qu’est plus riche que moi
Vive la rose et le lilas !
Qu’est plus riche que moi
Vive la rose et le lilas
On dit qu’elle est plus belle,
O gai vive la rose !
Je n’en disconviens pas …..
On dit qu’elle est malade
o gai ! vive la rose !
Peut-être elle en mourra …
Mais si elle meurt dimanche
O gai ! vive la rose !
Lundi on l’enterrera …
Mardi il r’viendra m’voir
O gai ! vive la rose !
Mais je n’en voudrai pas
Vive la rose et le lilas !
Mais je n’en voudrai pas
Vive la rose et le lilas !
Vous allez m’exécuter