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Poésie

Posts Tagged ‘exigeant’

Pour Grand-mère (Marina Tsvétaïéva)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020



Pour Grand-mère

L’ovale allongé, sévère,
Les plis de la robe noire…
jeune grand-mère! Qui baisait
Vos lèvres hautaines?

Ces mains qui dans les salles du palais
jouaient les valses de Chopin…
De chaque côté du visage glacé —
Les boucles en spirales.

Le regard sombre, droit et exigeant,
Le regard prêt à la bataille.
Les jeunes femmes ne regardent pas ainsi.
jeune grand-mère, qui êtes-vous?

Que d’occasions vous avez emportées,
Que de choses impossibles aussi —
Dans le sein affamé de la terre,
Polonaise de vingt ans!

Le jour était innocent, le vent frais.
Les sombres étoiles mouraient.
Grand-mère! Ce cruel tourment
Dans mon cœur – serait-ce vous?…

(Marina Tsvétaïéva)


Illustration

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ÉCRIS-MOI (Gilles Vigneault)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2019



 

Nicolas Péché  Les_Pissenlits

ÉCRIS-MOI

Écris-moi
Écris-moi ce mot : Fenêtre…
Pour voir. Pour naître.
Le mot, tu vois,
C’est le mode d’emploi.

Quelqu’un l’ouvre
On découvre
Un ballon sur l’horizon
Qui peint arbres et maisons
C’est un peintre bedonnant
Généreux et négligent
Exigeant…
Du bout de ses doigts jaunis
Il tombe des pissenlits
Un peu partout sur les champs.

Écris le mot : Porte…
Et sors. Et n’emporte
Rien. Rien d’autre que le corps.

L’âme est déjà rendue loin
Elle est perdue dans les foins.

(Gilles Vigneault)

Illustration: Nicolas Péché

 

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Puisqu’à mon fauve amour (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018



Illustration: Dena Cardwell
    
Puisqu’à mon fauve amour tu voulus te soumettre,
Il faudra désormais le nourrir comme un maître;
Et tu sais qu’il est plein d’appétits exigeants.
Un féroce mangeur ! Il n’est pas de ces gens
Qu’un morceau de pain sec rassasie et contente.
Ce qu’il demande, lui, c’est ta chair palpitante,
C’est ton corps tout entier, c’est ton être absolu;
Et tout le nécessaire et tout le superflu
Seront à peine assez pour notre convoitise.
Madame, il faut nourrir le feu, quand on l’attise.

(Jean Richepin)

 

 

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Y a des punaises dans le rôti de porc (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2018




    
Y a des punaises dans le rôti de porc

1
Lorsqu’attablés avec des camarades
Autour d’un moribond vous rêvez d’avenir
En versant les vins en cascades
Dites-vous pour vous endormir
Que ça va mal et que demain
Vous irez mendier votre pain.
Oui, de Paris à Malakoff
Et de Sydney jusqu’à Melun
Ce ne sont que tourments, chagrins et catastrophes!

Refrain
Ah! ça va mal! Ah! ça va mal!
Le beefsteack est en cheval
Et mêm’ plus fort que le roq’fort
Y’a des punais’s dans l’ rôti d’ porc!
Y’a des pu pu! Y’a des nénesses
Y’a des punais’s dans l’ rôti d’ porc

2
Enfants, prenez garde à votre cervelle,
Ne la surmenez pas, ça la fatiguerait
Trop manger use la vaisselle
Trop penser abîm’ le portrait.
Les chauv’s n’ont jamais mal aux ch’veux,
Les culs-d’-jatte envient les boiteux,
Les cabots envient les sous-off’,
Tout le monde est bien malheureux
Ce ne sont que tourments, chagrins et catastrophes!

3
L’heureux auteur de cette chansonnette
L’a faite avec l’espoir de gagner de l’argent
Pour ach’ter une clarinette
Car il n’est pas très exigeant
Manger c’est bon, ça c’est certain,
Mais il faut manger à sa faim
Et chacune de ces trois strophes
Et ces vers tombant un à un
Ce ne sont que tourments, chagrins et catastrophes!

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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Eblouir la raison devenue orchidée (Joë Bousquet)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017



    

éblouir la raison devenue orchidée
abstraits comme océans qui dorment
concrets comme la transparence
privée de ses deux ailes
notre absolu formé d’oranges trop boudeuses
notre ferveur plus exigeante
que l’antilope nourrie de poèmes
être d’être en sursis comme un mot murmuré
qui n’ose devenir diamant pur
être d’être la chair caressée de l’absence

(Joë Bousquet)

 

Recueil: Poèmes, un
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je suis l’animal (Hans Lodeizen)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2017




    
je suis l’animal le plus pur sur terre
je dors avec la nuit comme avec mon corps
et la nuit grandit dans mon coeur

dans le sombre métier à tisser de tes doigts
je brode une nuit de solitude
multicolore exigeante changeante

je connais toutes les larmes de la solitude
frappe-moi ouvre-moi
je suis une rose de gaieté

viens ici fais-moi confiance
je jette des étoiles au vent

comme un bateau d’abondance dans
la rareté de la mer

mais tu n’es pas venu
et lentement je me referme.

(Hans Lodeizen)

 

Recueil: Poètes néerlandais de la modernité
Traduction: Henri Deluy
Editions: Le Temps des Cerises

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Je souffre d’aimer trop (Mireille Havet)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2017



je souffre d’aimer trop
et je souffre que l’on m’aime.
Je souffre d’être si exigeante
et si difficilement heureuse.

Je souffre de cette différence
qu’il y a entre la vie quotidienne
et celle que j’imagine.

Je suis incorrigible
et ne me résigne
à aucun arrangement.

(Mireille Havet)

Découvert ici: http://www.bulledemanou.com/

 

 

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La poésie (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2016



 

Fidel Garcia - (18)

La poésie doit avoir pour but la vérité pratique
À mes amis exigeants

Si je vous dis que le soleil dans la forêt
Est comme un ventre qui se donne dans un lit
Vous me croyez vous approuvez tous mes désirs

Si je vous dis que le cristal d’un jour de pluie
Sonne toujours dans la paresse de l’amour
Vous me croyez vous allongez le temps d’aimer

Si je vous dis que sur les branches de mon lit
Fait son nid un oiseau qui ne dit jamais oui
Vous me croyez vous partagez mon inquiétude

Si je vous dis que dans le golfe d’une source
Tourne la clé d’un fleuve entr’ouvrant la verdure
Vous me croyez encore plus vous comprenez

Mais si je chante sans détours ma rue entière
Et mon pays entier comme une rue sans fin
Vous ne me croyez plus vous allez au désert

Car vous marchez sans but sans savoir que les hommes
Ont besoin d’être unis d’espérer de lutter
Pour expliquer le monde et pour le transformer

D’un seul pas de mon coeur je vous entraînerai
Je suis sans forces j’ai vécu je vis encore
Mais je m’étonne de parler pour vous ravir

Quand je voudrais vous libérer pour vous confondre
Aussi bien avec l’algue et le jonc de l’aurore
Qu’avec nos frères qui construisent leur lumière

(Paul Eluard)

Illustration: Fidel Garcia

 

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LA PRÉSENCE RÉELLE (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 18 octobre 2015



LA PRÉSENCE RÉELLE

Je suis plus près de toi
Que la nuit qui te touche
Et m’empêche de voir
Comment tu dors sans moi

Je suis plus près de toi
Que les draps qui t’épousent

Au bord de la lumière
Tue les moulins du soir

Songe, souffle, buée de neige qui s’envole
Je suis plus près de toi que les nids des paroles
Qui se lèvent en nous comme les poules d’eau
Vers les roseaux du ciel…

Tête bonne à toucher, joues modelées d’espace
Je suis plus près de toi que tes pensées perdues
Ô ma dormeuse d’aube sur mes jours étendue
Les rayons de la roue, le moyeu de l’étoile
Où tout revient enfin pour vivre, pour mourir
Fileuse des eaux claires, araignée de ma toile
Je suis au fond de toi, touffu de souvenirs
Et je te tiens si bien
Que je t’arrache aux ombres
Qui t’entourent ce soir,
A la rumeur des eaux, à la voix de mes êtres
A tout ce qui se lève en moi pour mieux te voir
Ou mieux te reconnaître
Immobile et présente au fond de la nuit froide
Exigeante, angoissée, têtue comme un devoir.

(Maurice Fombeure)

Illustration: Georges Jeanclos

 

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