Posts Tagged ‘expliquer’
Posted by arbrealettres sur 19 mai 2023

FADAISES
Daignez souffrir qu’à vos genoux, Madame
Mon pauvre coeur vous explique sa flamme
Je vous adore autant et plus que Dieu,
Et rien jamais n’éteindra ce beau feu.
Votre regard, profond et rempli d’ombre,
Me fait joyeux, s’il brille, et sinon, sombre
Quand vous passez, je baise le chemin,
Et vous tenez mon coeur dans votre main
Seule, en son nid, pleure la tourterelle.
Las, je suis seul et je pleure comme elle.
L’aube, au matin ressuscite les fleurs,
Et votre vue apaise les douleurs.
Disparaissez, toute floraison cesse,
Et, loin de vous, s’établit la tristesse.
Apparaissez, la verdure et les fleurs
Aux prés, aux bois, diaprent leurs couleur
Si vous voulez, Madame et bien-aimée,
Si tu voulais, sous la verte ramée,
Nous en aller, bras dessus, bras dessous,
Dieu! Quels baisers! Et quels propos de fous!
Mais non! Toujours vous vous montrez revêche
Et cependant je brûle et me dessèche,
Et le désir me talonne et me mord,
Car je vous aime, ô Madame la Mort!
(Paul Verlaine)
Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), adorer, aimer, apaiser, apparaître, aube, baiser, beau, bien-aimé, bois, bras, brûler, briller, cesser, chemin, coeur, couleur, daigner, désir, dessous, dessus, diaprer, Dieu, disparaître, douelur, douleur, expliquer, fadaise, feu, flamme, fleur, floraison, fou, genoux, jamais, joyeux, las, loin, madame, main, matin, mordre, mort, nid, ombre, passer, pauvre, pleurer, plus, pré, profond, propos, ramée, regard, remplir, ressusciter, revêche, s'établir, s'éteindre, s'en aller, se déssécher, se montrer, seul, sombre, souffrir, talonner, tenir, toujours, tourterelle, tristesse, verdure, vert, vouloir, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023

Illustration: Edvard Munch
Expliquer un tableau
est impossible
– C’est justement
parce qu’on ne peut
pas l’expliquer
autrement qu’on
le peint – On ne peut
que pointer du doigt
la direction qu’on
a voulu prendre
(Edvard Munch)
Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Edvard Munch), autrement, direction, doigt, expliquer, impossible, justement, peindre, pointer, pouvoir, prendre, tableau, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 février 2023

C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse
et elle s’ouvre, docile, offerte.
Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes
– une incision de l’ongle de l’index
permet alors de déchirer le vert,
et de sentir la mouillure et la chair dense,
juste sous la peau faussement parcheminée.
Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt.
La dernière est si minuscule.
Parfois, on a envie de la croquer.
Ce n’est pas bon, un peu amer,
mais frais comme la cuisine de onze heures,
cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés
– tout près, contre l’évier,
quelques carottes nues brillent sur un torchon,
finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups,
et là aussi la musique des mots
semble venir de l’intérieur, paisible, familière.
On parle de travail, de projets, de fatigue
– pas de psychologie.
L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer,
mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger,
d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées.
On passe les mains dans les boules écossées
qui remplissent le saladier.
C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës
font comme une eau vert tendre,
et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées.
Un long silence de bien-être clair
[…]
(Philippe Delerm)
Recueil: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Traduction:
Editions: L’Arpenteur
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Delerm), alentir, amer, écossage, écosser, éplucher, évier, bien-être, bon, boule, carotte, chair, clair, contigüe, contretemps, cours, croquer, cuisine, déchirer, dense, dernier, docile, doigt, doux, eau, envie, expliquer, facile, familier, fatigue, faussement, fente, finir, frais, froid, glisser, gousse, incision, index, intérieur, juste, légume, long, main, manche, matin, minuscule, mot, mouiller, mouillure, mur, musique, nu, offert, ongle, paisible, parcheminé, parfois, parler, passer, peau, permettre, petit, pois, pouce, pression, projet, psychologie, réticent, remplir, retrousser, rondeur, s'étonner, s'ouvrir, saladier, sécher, sentir, silence, suivre, tendre, torchon, travail, venir, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

On me parle. Les mots sont des grains de sable.
L’ensemble fait désert. J’ai perdu une chose mais j’ignore quoi.
Il est même douteux que je l’ai jamais possédée, cette chose.
Pourtant, c’est sûr, je l’ai perdue.
Expliquez-moi qui je suis.
Donnez-moi de mes nouvelles.
(Christian Bobin)
Illustration: Sophie Rocco
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Posted by arbrealettres sur 31 août 2022

– Si on sortait la tête
hors du trou
on verrait quoi?
– Un autre trou
plus profond.
Tu ne progresses
tu ne gravites
qu’n faisant le vide.
– Détenu sur la parole
de mon judas,
de mon jadis,
je suis l’âme-icône
qui ne s’explique avec ses feuilles
qu’à travers tes nervures.
– C’est vrai je l’entends bruire
ce rebut de lèvres,
des ruines parcourues de tressaillements.
Chien d’aveugle il faut dresser l’aube.
(Charles Dobzynski)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Charles Dobzynski), aube, aveuglé, bruire, chien, entendre, expliquer, feuille, icône, judas, lèvres, nervure, profond, quoi, rebut, si, sortir, tête, tressaillement, trou, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
À UNE FEMME DÉTESTÉE
Combien je vous déteste et combien je vous fuis:
Vous êtes pourtant belle et très noble d’allure,
Les Séraphins ont fait votre ample chevelure
Et vos regards couleur du charme brun des nuits.
Depuis que vous m’avez froissé, jamais depuis,
N’ai-je pu tempérer cette intime brûlure :
Vous m’avez fait souffrir, volage créature,
Pendant qu’en moi grondait le volcan des ennuis.
Moi, sans amour jamais qu’un amour d’Art, Madame,
Et vous, indifférente et qui n’avez pas d’âme,
Vieillissons tous les deux pour ne jamais nous voir.
Je ne dois pas courber mon front devant vos charmes ;
Seulement, seulement, expliquez-moi ce soir,
Cette tristesse au coeur qui me cause des larmes.
(Emile Nelligan)
Illustration: Albert Edelfelt
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), allure, amour, art, brûlure, cause, charmes, chevelure, créature, détestée, expliquer, femme, froisser, fuir, intime, jamais, larme, madame, regard, séraphin, souffrir, tempérer, tristesse, voir, volage | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020

Le bœuf, le cheval et l’âne
Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! Direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
À qui l’orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres :
En voici venir trois, exposons-leur nos titres.
Si deux sont d’un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D’être le rapporteur ; il explique l’affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : la chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur, c’était un gros meunier,
L’âne doit marcher le premier ;
Tout autre avis serait d’une injustice extrême.
Oh que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur ;
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! Reprend le coursier écumant de colère ;
Votre avis n’est dicté que par votre intérêt !
Eh mais ! Dit le normand, par qui donc, s’il vous plaît ?
N’est-ce pas le code ordinaire ?
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Recueil: Fables
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), affaire, alléguer, arbitre, au-dessus, avis, âne, écumer, élever, baudet, bienséance, boeuf, cheval, clair, code, colère, confrère, coursier, dicter, docile, doux, exercice, expliquer, exposer, extrême, fermier, force, gagner, honneur, injustice, intérêt, juger, laboureur, maquignon, meunier, modeste, naissance, noble, ordinaire, orgueil, paroisse, rang, rapporteur, riche, se disputer, service, talent, titre, ton, utilité, valeur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020

Le chat et le miroir
Philosophes hardis, qui passez votre vie
À vouloir expliquer ce qu’on n’explique pas,
Daignez écouter, je vous prie,
Ce trait du plus sage des chats.
Sur une table de toilette
Ce chat aperçut un miroir ;
Il y saute, regarde, et d’abord pense voir
Un de ses frères qui le guette.
Notre chat veut le joindre, il se trouve arrêté.
Surpris, il juge alors la glace transparente,
Et passe de l’autre côté,
Ne trouve rien, revient, et le chat se présente.
Il réfléchit un peu : de peur que l’animal,
Tandis qu’il fait le tour, ne sorte,
Sur le haut du miroir il se met à cheval,
Deux pattes par ici, deux par là ; de la sorte
Partout il pourra le saisir.
Alors, croyant bien le tenir,
Doucement vers la glace il incline la tête,
Aperçoit une oreille, et puis deux… à l’instant,
À droite, à gauche il va jetant
Sa griffe qu’il tient toute prête :
Mais il perd l’équilibre, il tombe et n’a rien pris.
Alors, sans davantage attendre,
Sans chercher plus longtemps ce qu’il ne peut
Comprendre,
Il laisse le miroir et retourne aux souris :
Que m’importe, dit-il, de percer ce mystère ?
Une chose que notre esprit,
Après un long travail, n’entend ni ne saisit,
Ne nous est jamais nécessaire.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Recueil: Fables
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), animal, apercevoir, arrêter, attendre, à cheval, écouter, équilibre, côte, chat, chercher, entendre, esprit, expliquer, frère, glace, griffe, guetter, hardi, incliner, jamais, joindre, juger, laisser, miroir, mystère, nécessaire, oreille, passer, percer, philosophe, réfléchir, regarder, revenir, s'arrêter, sage, saisir, sauter, se jeter, surprendre, table, tête, tenir, transparent, travail, trouver, vie, vouloir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2020

Illustration: Konstantin Razumov
À CÉLIMÈNE.
Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène
Avec une lisière et par le bout du nez ;
Je ne vous aime pas…depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez.
Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette,
Et vos moindres faveurs sont de mauvais aloi ;
Par le droit des yeux noirs, par le droit de conquête,
Il vous faut des amants. (On ne sait trop pourquoi.)
Vous jouez du regard comme d’une raquette ;
Vous en jouez, méchante…et jamais avec moi.
Je ne vous aime pas, et vous aurez beau faire,
Non, madame, jamais je ne vous aimerai.
Vous me plaisez beaucoup ; certes, je vous préfère
À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est vrai.
Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette affaire,
Et quand il vous plaira, je vous le prouverai.
J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en déplaise,
Chez moi le sentiment ne tient que par un fil…
Avouons-le, pourtant, quelque chose me pèse :
En ne vous aimant pas, comment donc se fait-il
Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon aise
Quand vous me regardez de face ou de profil ?
Je ne vous aime pas, je n’aime rien au monde ;
Je suis de fer, je suis de roc, je suis d’airain.
Shakespeare a dit de vous : « Perfide comme l’onde » ;
Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied marin.
Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène blonde,
Quand vous parlez, mon cœur bat comme un tambourin.
Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous déteste,
Je vous crains comme on craint l’enfer, de peur du feu ;
Comme on craint le typhus, le choléra, la peste,
Je vous hais à la mort, madame ; mais, mon dieu !
Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je reste
Deux jours sans vous parler et sans vous voir un peu.
(Alphonse Daudet)
Recueil: Les amoureuses
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Posted in poésie | Tagué: (Alphonse Daudet), affaire, aimer, airain, aise, aloi, amant, amour, apprendre, avouer, étonner, battre, blond, choméra, coeur, conquête, coquette, craindre, croire, détester, Dieu, droit, enfer, expliquer, face, faveur, fer, feu, fil, gauche, haïr, jouer, lisière, madame, mener, nez, onde, parler, perfide, peser, peste, peur, pied marin, plaire, pleurer, pourquoi, préférer, profil, prouver, raquette, regard, regarder, rester, roc, ryphus, semaine, sentiment, sirène, tambourin, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2020

Les fleuves parlent
Que les joncs couvrent mon corps,
mes pieds, mon visage,
que personne ne surveille
quand j’écoute en silence l’eau
des fleuves qui me parlent.
Le son des cailloux
quand ils frôlent l’eau,
ce sont des baisers de soir et de lune,
et des baisers d’aube.
Un jour quelqu’un m’a dit
que les fleuves ne parlent jamais,
qu’ils suivent simplement leur cours
et qu’ils s’échappent sans paroles.
Comme je fus triste ce jour-là
quand j’ai entendu ses mots,
je suis partie en courant vers le fleuve
pour qu’il m’explique
pourquoi je l’entends si clairement
et d’autres ne l’entendent pas du tout.
(Raquel Ilonde)
Traduit de l’espagnol par Graciela Villanueva, in Poésie d’Afrique au sud du Sahara, Actes Sud/ Unesco,1995.
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Raquel Ilonde), aube, écouter, baiser, caillou, clair, corps, courir, cours, couvrir, dire, eau, entendre, expliquer, fleuve, frôler, jamais, jonc, lune, mot, parler, parole, partir, pas du tout, personne, pied, pourquoi, quelqu'un, s'échapper, silence, simple, soir, son, suivre, surveiller, triste, visage | Leave a Comment »