Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘exploit’

‘ai dit. Un autre l’a entendu (Marina Tsvétaïéva)

Posted by arbrealettres sur 7 mai 2022



Illustration: Alberto Giacometti
    
J’ai dit. Un autre l’a entendu
Doucement l’a redit.
Le troisième l’a compris.
Avec son gros bâton de chêne,
le quatrième est parti
Dans la nuit, accomplir un exploit,
Et le monde en a fait une chanson.
J’avance avec aux lèvres cette chanson,
Au devant de la mort, ô ma vie !

(Marina Tsvétaïéva)

 

Recueil: Insomnie et autres poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Pétronille (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration: Valérie Renoux
    

Pétronille

Je suis une petite fille
Mais je mets des pantalons.
J’ai beau m’appeler Pétronille
J’aime mieux être un garçon.

Quand la crémière m’interpelle
Bonjour ma petite demoiselle »
Exprès je lui réponds
« Bonjour M’sieur Potiron. »

Quand le boucher s’écrie
« Qu’est-ce que veut aujourd’hui
Ma petite escalope ? »
Je fronce les sourcils
Et lui dis . « Du persil,
Mademoiselle Pénélope. »

Ça crée la confusion.

J’ai beaucoup d’caractère
Beaucoup de formation

Et sous mes petits airs
Se cache un grand garçon.

Je n’aime pas les filles
Aux réflexes sanguins
Moites sous les charmilles
Et pâles dans les trains.

Quand on est un garçon
On siffle dans ses doigts
On est Ali-Babas
On grimpe sur les toits.

On s’en va sur les mers
Où y’a plein de moutons.
On vole dans les airs
Avec les électrons.

Et devant ces exploits
Tout l’monde reste baba.

« Non Maman, pas ma robe, je veux mon pantalon
Ma ceinture de cuir, mon colt, mes munitions .
Je vais faire un hold-up
A Plessis-Robinson. »

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

AU REVERS DES FAÇADES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2019



AU REVERS DES FAÇADES

Je déterre ta face
Enfouie dans l’argile
Dans ta prunelle je déchiffre
Les patiences de l’amour
En ta bouche de silences
Je dissous les trophées
J’explore racines,et vents
M’évertuant à te traduire
Loin des masques d’orgueil
Et du geste déguisé

Je te découvre
Au revers des façades
Et des tournures du monde
Loin des courses aux mirages
A rebours du mépris
Je mesure ta place
A l’aulne de l’univers
J’évalue l’exploit
Sur les balances du temps

Tu es ce qui demeure
Quand l’ornement s’éteint.

(Andrée Chedid)

Illustration: Marie-Paule Deville Chabrole

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

BAR DE L’ESCADRILLE (Max Olivier Bizeau)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2019




    
BAR DE L’ESCADRILLE

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Contraints par la guerre et ses lois
En fils d’un ciel où l’on s’étrille
Saufs, ils trinquent à leurs exploits

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Ils content, de retour du Nord
Les croix noires tombant en vrilles
Vers Dixmude, Ypres ou Nieuport

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Ils miment jusques au matin
Les entrechats de leurs quadrilles
Danseurs d’acier, tous feux éteints

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Chansons à boire, allègres trilles
Fusent pour conjurer le sort
De gueules d’amour, joyeux drilles
Qui font pieds de nez à la mort…

(Max Olivier Bizeau)

 

Recueil: Paris … en haïku et en brèves
Traduction:
Editions: La Simarre

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Est-il vrai (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2019



Est-il vrai que l’ambre contient
les pleurs versés par les sirènes ?

Comment s’appelle cette fleur
qui vole d’un oiseau à l’autre ?

Ne vaut-il mieux jamais que tard ?

Et pourquoi le fromage a-t-il
pour ses exploits choisi la France ?

(Pablo Neruda)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , | 5 Comments »

L’OUVRAGE (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2018




    
L’OUVRAGE

L’heure tant attendue est venue : terminé, l’ouvrage de tant d’années.
D’où vient alors cette étrange tristesse qui me tenaille en secret ?
Ou, l’exploit réalisé, serais-je comme l’ouvrier inutile
étranger à toute entreprise une fois le salaire reçu ?
Vais-je regretter ce travail, compagnon silencieux des nuits,
ami de l’Aurore aux doigts d’or et de pénates sacrées ?

***

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: L’heure de la nuit Poèmes
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

ORGUEIL (Émile Verhaeren)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2018



ORGUEIL
[…]

Depuis que je me sens
N’être qu’un merveilleux fragment
Du monde en proie aux géantes métamorphoses,
Le bois, le mont, le sol, le vent, l’air et le ciel
Me deviennent plus fraternels
Et je m’aime moi-même en la splendeur des choses.

Je m’aime et je m’admire en tel geste vermeil
Que fait un homme à moi pareil
En son passage sur la terre.
Tout comme lui je suis doté
De génie et de volonté
Et ce qu’il fait, je le puis faire.

Avec mes deux poumons, je respire l’exploit
Que m’apporte le vent de tous les points du monde.
Est mien, tout penser clair, utile, allègre et droit
Dont j’ai senti l’audace en mon âme profonde.

Ainsi
Je communie
Avec toute la vie
Et des choses et des êtres.
Je me prodigue en tout, comme tout me pénètre,
Vice, vertu, mérite ou faute.
Tout mon orgueil s’exerce à bellement souffrir
Et quand il le faudra à fièrement mourir,
Pour n’abaisser jamais ma force intense et haute.

(Émile Verhaeren)

Illustration

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’AUTOMNE STROPHES IMPROVISÉES (Textes chinois)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2018




    
L’AUTOMNE STROPHES IMPROVISÉES
devant le tombeau en ruines d’un guerrier célèbre
Khong-Tse

Que fait l’été brûlant, sinon, devancer l’automne ?
Le gracieux printemps, n’est-il pas le héraut du mélancolique hiver ?

Quand le soleil se lève à l’orient, c’est pour marcher, en hâte, vers son coucher.
Et les eaux, de tous les fleuves, ne coulent, que pour s’engloutir dans la mer.

Cependant les saisons reviennent, chaque année ;
le soleil, de jour en jour, reprend sa course vers la nuit ;
les eaux se renouvellent, pour couler sans cesse.

Mais l’homme, lui, ne passe qu’une seule fois.
Et quelles traces laisse-t-il, de sa forme et de ses exploits ?

Hélas ! un monticule bossué,
que les plantes sauvages recouvrent !…

(Textes chinois)

 

Recueil: Le Livre de Jade
Traduction: Judith Gautier
Editions: Plon

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il est des fleurs (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2018




    
Il est des fleurs

Il est des fleurs que je ne vois qu’en rêve.
Où vous voyez des mots, je vois des ailes.
Le ciel est plein de fabuleux exploits.

Les feux de joie ont fait tant d’étincelles
que l’horizon en est tout embrasé.
Frottez des mots comme on frotte des pierres.
La flamme vive est langage nouveau
pour allumer les forges de la vie.

Si je suppose une rose, elle éclôt.
J’ai des poissons dans la tête qui nagent,
un arbre en moi, tous les fleuves du monde.
Si je dis fête, il tourne des manèges.
Je suis cheval de bois pour une ronde
où des enfants construisent l’univers.

Mon chant d’été force l’invraisemblable.
On me trahit ? Je suis fidèle aux fables.
Suis-je une fleur dans un livre séchée ?
Je ne sais plus si je ris, si je pleure.
Simple passant, je vous offre mon ombre
pour vous prouver que vous êtes soleils.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les promesses du feu (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2017



Illustration: Jean-Marie Reynaud
    
Les promesses du feu

Ce fer amour que je forge deux fois,
Va le jeter dans l’extase liquide.
Entends siffler le métal rouge orange
Devenu bleu par morsure de l’eau.

Comme un poumon ce soufflet qui s’anime
Et porte l’air au coeur du brasier.
Un autre fer pour un même cheval
Qui tirera le soc sur les labours.

Un autre, un autre encore pour l’image
De quatre fers, quatre points cardinaux
Qui jailliront comme des étincelles
Pour situer ta présence en ces lieux.

Coups sur l’enclume, un village s’éveille.
Coups sur le fer, une forme apparaît.
Le forgeron sous son cuir a des ailes
Et sur son front des perles de rosée.

Qui les dira ses prouesses cosmiques
Mariant l’air et la terre et le feu ?
Le bras se lève et retombe en cadence
Et le fer chante et chante le marteau.

L’adolescent qui regarde la flamme
Forge sa vie et contemple ce bras
Si musculeux, si noueux qu’il évoque
De vieux exploits enfouis dans l’Histoire.

Et cette odeur de charbon, de matière,
De fer à blanc, de sueur sur la chair
Grise l’instant. Des chapelets de fers
Sur le mur noir attendent leur voyage.

Frères du jour revenons à ces forges
Où fut un homme au visage de feu
Que je revois, présence salvatrice,
Quand le présent m’assaille de sa nuit

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Editions: Albin Michel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :