Quand un facteur s´envole
S´envole s´envole
C´est qu´il est trop léger
Alors pour voyager
Au-dessus des platanes
Il plane il plane
Au-dessus des maisons
Il chante une chanson
Les oiseaux à la ronde
Lui font bonjour
Autant d´oiseaux au monde
Autant de lettres d´amour
Que le facteur apporte
Et glisse sous les portes
C´est le courrier du cœur
Le courrier du bonheur
C´est le courrier du cœur
Le courrier du bonheur
Joie sans pareille
Pour le facteur
Comme il fait bleu qu´il fait bon dans son cœur
Il s´émerveille
Ô liberté
Joli soleil
Amour clarté!
2. Quand un facteur s´envole
S´envole s´envole
Il voit le monde petit
Les gens comme des fourmis
Le clocher du village
Bien sage bien sage
L´école et la mairie
Et la gendarmerie
Sa fiancée toute rose
Dans un jardin
Comme une fleur éclose
Au milieu du chemin
Alors vite il se repose
Et cueille cette rose
Qu´il emporte avec lui
Seul dans son paradis
Qu´il emporte avec lui
Seul dans son paradis
Et c´est ainsi
Ainsi que finit
La chanson folle
Du facteur qui s´envole
sentir l’odeur du linge
séché dehors sur un fil
comme un soleil après l’hiver
et se dire qu’avec le drap
qu’on plie à deux
dans la maison
on range toujours chacun
des coins de son histoire
dans les armoires
ou sous les piles de mots
qu’on entasse
et qui finissent par peser lourd
entre ce qu’on vit
et ce qu’on écrit
quand on ouvre les fenêtres
pour la chaleur de pièces
et qu’on se demande
si c’est quelque chose qui finit
ou qui commence
cette drôle d’envie
d’aller voir dans la boite aux lettres
alors qu’aujourd’hui
le facteur ne passe pas
Toi qui vas revoir ma campagne
toi qui vas revoir ma maison
mon village et son horizon,
toutes mes pensées t’accompagnent…
c’est à toi que le paysage
sourira ce soir … Et demain,
tous les grands arbres du chemin
chuchoteront sur ton passage…
Mais si les gens, dans la grand’rue
semblent te toiser du regard,
dis-leur que tu viens de ma part…
et tu seras la bienvenue.
Salue pour moi monsieur le Maire
salue l’église… et le facteur,
et fais aussi, quand le jour meurt
une visite au cimetière…
Et puis quand – trop tôt à ta guise –
sonnera l’heure du retour
sur les côteaux va faire un tour,
et rapporte dans ta valise…
… la douce odeur des bois, l’odeur des foins humides,
ramène dans ton coeur la chanson des genêts,
ramène dans tes yeux le bleu ciel limpide…
… Mais ramène surtout du beurre… et des oeufs frais
Je demande qu’il y ait en Bretagne
dans chaque primevère un breton,
je demande pour ce pays
d’humus et de colère
un breton dans chaque maison,
dans chaque ferme ou moulin,
un breton à chaque porte ou croisée.
Je demande un breton
dans tous les arbres de Bretagne,
un breton dans les haies et les rivières,
je demande pour cette terre
comme une poitrine qui ne parle
qu’en jurons ou en prières
un breton au coeur de chaque pierre.
Je demande qu’il y ait en Bretagne
un breton par bâton,
un breton par moissonneur,
par faucille ou par filet de pêche
et s’il le faut un breton par facteur.
Je demande qu’il y ait un breton
dans le cri de chaque breton.
Boîtes à malice ou boîte à sel
Boîte à huile et boîte à ficelle
Baguier, trousse ou boîtillon
Buste, canastre ou serron
Castre, cassette, carton
Coffret, drageoir, esquipot
Droguier, fourniment, fourreau
Carré, coutelière ou barse
Galon, giberne et grimace
Utricule ou vésicule
Pyxide ou boîte à pilules
Boîte à poudre d’escampette
Boîte à outils, à gâteaux
Boîte à onglet, boîte à lettres
Tabagie, boîte saunière
Boîte avant ou boîte arrière
De vitesses, de lenteur
Boîte à prendre les souris
Tiroir, layette ou trémie
Boîte à buter les facteurs
(Boris Vian)
(Boris
Recueil: Cantilènes en gelée
Traduction:
Editions: Le Livre de poche