Posts Tagged ‘faire semblant’
Posted by arbrealettres sur 24 août 2022

Illustration: Frédéric Rébéna
Hommage à T.S. (Old Possum) Eliot
La mésange sur le cerisier nu
le hérisson qui dort caché dans la haie
la chatte noire qui rôde dans la brume
ne sont mésange hérisson ou chatte que par politesse
Chacun d’eux sait qu’il a un vrai nom
un nom caché au fond du fond de lui-même
mais il ne le dira à personne
Ils font semblant d’avoir les noms qu’on leur donne
viennent parfois quand on les nomme
mésange chatte ou hérisson
Mais c’est juste pour faire plaisir
à ces animaux à noms et prénoms
les humains qui croient qu’on peut dire simplement
qu’une mésange est une mésange
qu’une chatte est une chatte
ou qu’un hérisson est un hérisson
Devant notre naïveté désarmante
les bêtes sont tentées parfois de trahir leur secret
et de nous révéler leurs véritables noms
Mais elles se méfient du qu’en-dira-t-on
et préfèrent garder leur strict incognito
Elles vivent dans l’ombre reposante
de ces noms saugrenus sortes de noms d’emprunt
mésange chatte hérisson noms à l’usage humain
(Claude Roy)
Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), animal, bête, brume, cacher, cerisier, chacun, chat, désarmant, dire, donner, dormir, faire semblant, fond, haie, hérisson, hommage, humain, incognito, juste, mésange, naïveté, noir, nom, nu, ombre, personne, plaisir, politesse, prénom, révéler, rôder, reposant, saugrenu, savoir, se méfier, secret, simplement, strict, tenter, trahir, usage, venir, vivre, vrai | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2021
A FORCE CE N’EST PLUS MAMAN
Maman est actrice de cinéma.
Elle est belle comme les images de chocolat
Et l’on voit souvent
Des hommes qui se tuent pour l’embrasser sur les dents!
Mais à force, ce n’est plus maman.
A force de la voir
Avec un tas de gens qui ont un tas d’histoires
Avec un tas de gens que je ne connais pas
Et qui ont toujours l’air de l’aimer plus que moi
A force, ce n’est plus maman.
Et les soirs qu’elle vient me border
Encore toute peinturlurée
Dans une robe avec des voiles comme un grand navire,
Vite je lui souris et fais semblant de dormir.
Alors elle s’envole sur la pointe des pieds
Et je puis tranquillement pleurer
Sous les draps
Pour que le monde entier ne m’entende pas.
(René de Obaldia)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (René De Obaldia), actrice, aimer, à force, belle, border, chocolat, cinéma, connaître, dent, dormir, drap, embrasser, entendre, faire semblant, gens, histoire, maman, navire, peinturlurée, pleurer, robe, s'envoler, sur la pointe des pieds, tranquillement, voile | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 24 mai 2021

Pour dix mille imbéciles…
pour dix mille imbéciles un Spinoza
pour mille assassins un Véronèse
et chaque matin la rosée
et chaque soir le chant du merle
vivre dans le chaos des contradictions
survivre en se blindant, faisant semblant
à défaut d’une métaphore pour les génocides
on fait l’éloge de la pivoine
et plastronne que la vie est belle
(Lambert Schlechter)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Milliards de manières de mourir
Traduction:
Editions: 99 neuvains
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Posted in poésie | Tagué: (Lambert Schlechter), (Spinoza), assassin, éloge, beau, chant, chaos, contradiction, faire semblant, génocide, imbécile, matin, métaphore, merle, mille, pivoine, plastronner, rosée, se blinder, soir, survivre, Véronèse, vie, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mars 2021

Illustration: Gao Xingjian
L’anorexie de l’existence
Je n’ai pas faim, je n’ai pas mal, je ne sens pas mauvais
peut-être que je souffre au fond de moi sans le savoir
je fais semblant de rire
je ne désire pas l’impossible
ni le possible, les corps à moi interdits
ne rassasient pas mon regard.
Vers le ciel quelque fois
je regarde avec envie
à l’heure où le soleil perd son éclat
et où l’amant bleu se livre
à la séduction de la nuit.
Ma seule participation
au tourbillon du monde
est mon souffle bien réglé.
Mais je ressens aussi une autre
participation singulière
l’angoisse m’étreint soudain
à cause de la souffrance humaine.
Elle s’étend sur la terre
comme une nappe rituelle
qui trempée de sang
recouvre mythes et dieux
éternellement elle se régénère
et se confond avec la vie.
Oui, maintenant je voudrais pleurer
mais la source même de mes larmes
s’est tarie.
***
Η ανορεξία της ύπαρξης
Δεν πεινάω, δεν πονάω, δε βρωμάω
ίσως κάπου βαθιά να υποφέρω και να μην το ξέρω
κάνω πως γελάω
δεν επιθυμώ το αδύνατο
ούτε το δυνατό
τα απαγορευμένα για μένα σώματα
δε μου χορταίνουν τη ματιά.
Τον ουρανό καμιά φορά
κοιτάω με λαχτάρα
την ώρα που ο ήλιος σβήνει τη λάμψη του
κι ο γαλανός εραστής παραδίνεται
στη γοητεία της νύχτας.
Η μόνη μου συμμετοχή
στο στροβίλισμα του κόσμου
είναι η ανάσα μου που βγαίνει σταθερή.
Αλλά νιώθω και μια άλλη
παράξενη συμμετοχή∙
αγωνία με πιάνει ξαφνικά
για τον ανθρώπινο πόνο.
Απλώνεται πάνω στη γη
σαν τελετουργικό τραπεζομάντιλο
που μουσκεμένο στο αίμα
σκεπάζει μύθους και θεούς
αιώνια αναγεννιέται
και με τη ζωή ταυτίζεται.
Ναι, τώρα θέλω να κλάψω
αλλά στέρεψε ως και των δακρύων μου η πηγή.
(Katerina Anghelàki-Rooke)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil:
Traduction: Traduit du grec par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis.
Editions:
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Posted in poésie | Tagué: (Katerina Anghelàki-Rooke), amant, angoisse, anorexie, éclat, éternel, étreindre, bleu, cause, ciel, corps, désirer, Dieu, envie, existence, faim, faire semblant, fond, heure, humain, impossible, interdit, larme, maintenant, mal, mauvais, monde, mythe, nappe, nuit, participation, perdre, peut-être, pleurer, possible, rassasier, régler, recouvrir, regard, regarder, ressentir, rire, rituel, s'étendre, sang, savoir, séduction, se confondre, se livrer, se regénérer, sentir, singulier, soleil, souffle, souffrance, souffrir, source, tarir, terre, tourbillon, tremper, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2019

Vision
Un coup de tonnerre, pour la troisième fois déjà !
Lentement de la mer surgissent vaisseau après vaisseau.
Des vaisseaux engloutis au mât carbonisé,
des vaisseaux engloutis à la poitrine défoncée,
au corps à demi en lambeaux.
Et ils voguent muets,
inaudibles à travers la nuit.
Et nulle vague ne se referme derrière eux.
Ils n’ont pas de route, ils n’en trouveront pas,
nul vent n’osera s’en saisir fermement,
nul port ne s’ouvrira pour eux.
Le phare peut faire semblant de dormir !
Si ces vaisseaux atteignent le rivage…
Non, pas le rivage !
Nous mourrons comme les bans de poissons ballottés
autour d’eux au gré des vastes flots,
cadavres par milliers !
***
Vision
Jetzt schon zum dritten Mal der Donnerschlag!
Und aus dem Meer taucht langsam Schiff auf Schiff
Versunkne Schiffe mit verkohltem Mast,
versunkne Schiffe mit zerschossner Brust,
mit halbzerfetztem Leib.
Und schwimmen stumm,
unhörbar durch die Nacht.
Und keine Welle schlißt sich hinter ihnen.
Sie haben keinen Weg, sie werden keinen finden,
kein Wind wird wagen, fest in sie zu greifen,
kein Hafen wird sich öffnen,
Der Leuchtturm kann sich schlafend stellen!
Wenn diese Schiffe bis ans Ufer kommen…
Nein, nicht ans Ufer!
Wir werden sterben wie die Fischzüge,
die rund um sie auf breiten Wogen wiegen
zu abertausend Leichen!
(Ingerborg Bachmann)
Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), atteindre, au gré, à demi, à travers, ballotter, ban, cadavre, carboniser, corps, coup de tonnerre, défoncer, dormir, engloutir, faire semblant, fermement, flot, inaudible, lambeau, lent, mât, mer, milliers, mourir, muet, nuit, oser, phare, poisson, poitrine, port, rivage, route, s'ouvrir, saisir, surgir, trouver, vaisseau, vaste, vent, vision, voguer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019

Inspiré ne pense pas.
La pureté de la ligne
un Dieu pour toi l’imagine.
Disponible, revois-la :
tout commence par finir,
les gens d’hier sont heureux,
à ton mouchoir fais un noeud,
en poche serre le bien
et puis fais semblant de rien,
mais n’oublie pas de mourir.
(Georges Libbrecht)
Illustration: Willy Verginer
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Posted by arbrealettres sur 11 février 2019

Illustration: Hans Zatzka
ELLES ENTRENT SANS PRÉAVIS
Elles entrent sans préavis
par les portes, elles nous ont conseillé
de ne pas leur parler,
de ne pas les toucher, de faire semblant
de ne pas les voir.
***
ENTRANO SENZA PREAVVISO
Entrano senza preavviso
dalle porte, ci hanno consigliato
di non intrattenerle,
non toccarle, far finta
di non vederle.
(Leonardi Sinisgalli)
Recueil: Oubliettes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: Atelier La Feugraie
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Posted in poésie | Tagué: (Leonardi Sinisgalli), conseiller, entrer, faire semblant, parler, porte, préavis, toucher, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018

Tu te racontes sans le savoir
même quand tu poses et fais semblant.
Tes gestes sont comme le miroir
De tes pensées d’hier, de maintenant.
De toi tu n’arrêtes de parler
tout en ne cessant de te taire.
Tu es, malgré toi, livre ouvert
qui traduit ton langage codé.
Souvent rien qu’un tic te résume.
En lui s’abrite ton amertume
Et dans chacun de tes mouvements
tu trahis tes rêves latents.
Pourtant tu te tiens sur tes gardes
Et à personne ne te confies.
A quoi cela sert-il, ma fille ?
Puisque tous tes secrets bavardent…
(Esther Granek)
Illustration: Andrey Remnev
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Posted in poésie | Tagué: (Esther Granek), bavarder, faire semblant, fille, geste, langage, miroir, parler, pensée, résumer, rêve, se confier, se raconter, secret, tic, trahir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 juin 2018

Illustration: Sophie Rocco
Tu as laissé ton corps
arrêté quelque part
bien des années
avant déluge, désastre.
Mais tu fais semblant
de rire et de bouger,
quand la vie est absente.
(Jacques Izoard)
Recueil: Dormir sept ans
Traduction:
Editions: De la Différence
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jacques Izoard), absent, année, arrêter, avant, bouger, corps, déluge, désastre, faire semblant, laisser, quelque part, rire, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 avril 2018
![nenuphar [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/08/nenuphar-1280x768.jpg?w=844&h=675)
LES JEUNES FILLES DE YUEN
A Ye-ki, les cueilleuses de nénuphars rament en chantant.
Si un étranger les regarde, elles se cachent derrière les tas de nénuphars,
font semblant d’être confuses,
et rient, et rient…
(La Flûte de Jade)
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Posted in poésie | Tagué: (La Flûte de Jade), étranger, chanter, confuse, cueilleuse, faire semblant, jeune fille, nénuphar, ramer, regarder, rire, se cacher | Leave a Comment »