Posts Tagged ‘Fantaisie’
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

Anna Akhmatova
Les secrets du métier
peu m’importent les bataillons des odes
Et le charme des fantaisies élégiaques.
Dans un poème, je l’affirme, tout doit être inattendu.
À la différence des gens — tellement prévisibles.
Si vous saviez sur quelles balayures
Poussent mes vers, sans connaître la honte,
Comme un pissenlit jaune sous une palissade,
Comme la bardane et l’épinard sauvage.
Un cri de colère, l’odeur fraîche du goudron,
Une indéchiffrable moisissure sur un mur…
Et déjà retentit le vers, si tendre, si fougueux,
Pour votre plaisir et le mien.
***

(Anna Akhmatova)
Traduction de Jean-Baptiste Para
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), affirmer, élégiaque, épinard, balayure, bardane, bataillon, charmé, colère, connaître, cri, déjà, différence, Fantaisie, fougueux, frais, gens, goudron, honte, importer, indéchiffrable, innatendu, jaune, métier, moisissure, mur, ode, odeur, palissade, pissenlit, plaisir, poème, pousser, prévisible, retentir, sauvage, savoir, secret, tendre, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022
Pensée
La Pensée se promenait sur la terre, ne sachant où se fixer.
Elle avait successivement frappé à bien des portes
sans être admise nulle part.
D’abord, elle s’était offerte
comme dame de compagnie à un bas-bleu fort célèbre;
elle avait essuyé un refus.
Un philosophe de grande renommée
n’avait pas voulu de la Pensée, même comme femme de ménage.
Repoussée successivement par un académicien,
par un ministre, par un prédicateur, par un peintre,
par un romancier, par un sculpteur,
la pauvre Pensée résolut de quitter la ville et de reprendre le cours de ses voyages.
Un jeune homme vint à passer sur la route;
il marchait en regardant les étoiles
et en murmurant tout bas des mots
et des phrases qui lui faisaient ouvrir énormément la bouche
et écarquiller les yeux.
Un soupir étouffé que poussa la Pensée l’avertit
qu’un être souffrant avait besoin de son secours.
Il s’approcha de la voyageuse, lui prit la main et l’aida à se relever;
puis il lui montra dans un massif d’arbres
une petite lumière lointaine qui brillait.
C’est la maisonnette que j’habite; venez,
vous y passerez la nuit en sûreté.
Sous quel nom faut-il que je vous présente à ma mère?
On m’appelle, répondit-elle en hésitant, la Pensée.
Alors le jeune homme frappa des mains en signe de joie,
et passa le premier pour indiquer à la Pensée le chemin de la maisonnette.
A son tour la Pensée voulut connaître le nom de son hôte.
Je suis, lui dit-il, un homme de fantaisie
connu dans la contrée sous le nom de Jacobus le poète.
(J.J. Grandville)
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Posted by arbrealettres sur 22 août 2021

LA DIVINE COMÉDIE (extrait)
[…]
Le cercle qui en toi semblait conçu
Comme se réfléchit une lumière,
Mes yeux l’ayant contemplé un instant,
En son milieu, et de sa couleur même
M’apparut alors peint de notre image,
Et mon regard s’y plongea tout entier.
Et tel le géomètre qui s’attache
À mesurer le cercle, et cherche en vain
Dans sa pensée le principe qui manque,
Tel étais-je à la vision nouvelle :
Je voulais voir comment l’image au cercle
Se conjoignait et venait s’y inscrire,
Mais aussi haut ne volaient point mes ailes;
Quand mon esprit fut soudain foudroyé
Par un éclair qui combla mon attente.
Lors défaillit ma haute fantaisie,
Mais déjà entraînait mon vouloir, comme roue
Tournant d’un mouvement égal, l’amour
Qui mène le soleil et les autres étoiles.
La Divine Comédie,
Le Paradis, chant XXXIII. Trad. : Éditions Gallimard, 1999.
***
LA DIVINA COMMEDIA
[…]
Quella circulazion che si concetta
Pareva in te corne lume reflesso,
Da li occhi miei alquanto circunspetta,
Dentro da sé, del suo colore stesso,
Mi parve pinta de la nostra effige:
Per che’l mio viso in lei tutto era messo.
Qual è’ 1 geomètra che tutto s’ affige
Per misurar lo cerchio, e non ritrova,
Pensando, quel principio ond’ elli indige,
Tal era io a quella vista nova:
Veder voleva corne si convenne
L’imago al cerchio e corne vi s’indova;
Ma non eran da ciô le proprie penne:
Se non che la mia mente fu percossa
Da un fulgore in che sua voglia venne.
A l’alta fantasia qui mance, possa;
Ma già volgeva il mio disio e’l velle,
Si corne rota ch’igualmente è mossa,
L’amor che move il sole e l’ altre stelle.
(Dante Alighieri)
Recueil: Petite anthologie Poésie européenne
Traduction:
Editions: Singulières
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Posted in poésie | Tagué: (Dante Alighieri), aile, amour, apparaître, attente, éclair, égal, étoile, cercle, chercher, comédie, combler, concevoir, contempler, couleur, défaillir, divin, en vain, entier, entraîner, esprit, Fantaisie, foudroyer, géomètre, haut, image, insyant, lumière, manquer, mener, mesurer, milieu, mouvement, nouveau, peindre, pensée, plonger, principe, regard, roue, s'attacher, s'inscrire, se conjoindre, se réfléchir, sembler, soleil, soudain, tourner, vision, voler, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2021

Illustration: Théodore Chassériau
Ô femme tu n’es pas seulement le chef-d’oeuvre de Dieu,
tu es aussi celui des hommes : ceux-ci te parent de la beauté de leurs coeurs.
Les poètes tissent tes voiles avec les fils d’or de leur fantaisie;
les peintres immortalisent la forme de ton corps.
La mer donne ses perles, les mines leur or,
les jardins d’été leurs fleurs pour t’embellir et te rendre plus précieuse.
Le désir de l’homme couvre de gloire ta jeunesse.
Tu es mi-femme et mi-rêve.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Le jardinier d’amour La jeune Lune
Traduction: Mme Sturge Moore
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), été, beauté, chef-d'oeuvre, coeur, corps, couvrir, Dieu, donner, embellir, Fantaisie, femme, fil, fleur, forme, gloire, homme, immortaliser, jardin, jeunesse, mer, mine, or, parer, peintre, perle, poète, précieux, rêve, rendre, tisser, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 avril 2021
Bruits
Abruti par les bruits
Affamé de silence
Assoiffé d’espace
Je veux me nourrir
D’un souffle d’air
D’un murmure fugitif
Revoir sous mes pieds
Cet ancien sol nu
Dépouillé de goudron
Pour retrouver
La fantaisie des chemins.
(Jean-Baptiste Besnard)
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Posted by arbrealettres sur 7 avril 2021
Fantaisie érotique
Un rêve de plaisir navigue dans mon crâne :
Une fille dansant sur un vieil air profane
Qui, langoureuse, enlève un par un ses habits
Avec des gestes lents, voluptueux et habi-
Les : d’abord, les boutons de nacre du corsage
Qui, en s’ouvrant, révèle un corps encore sage
Mais qui s’offre déjà dans l’éclat de sa chair
Alors que pointe un bout de sein du plus beau clair.
L’agrafe, qui retient la robe courte, comme
Une ancre de frégate à la voile bien blanche
S’ouvre pour montrer la courbe d’une hanche.
Je voguerai vers elle… et nous croquons la pomme,
Enlacés au milieu d’un immense verger.
Alors que je croyais sommeiller sur la grève
Et vivre sur le sable un si merveilleux rêve :
Tu étais ma fermière et j’étais ton berger.
(Jean-Baptiste Besnard)
Illustration: André Masson
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Posted by arbrealettres sur 6 juin 2020

Fleur de sel
C’est du vent de la mer que naissent ses pétales
Et puis … c’est le soleil qui peaufine son corps
En faisant miroiter, tels des feux de Bengale
De fabuleux cristaux s’offrant à ce décor.
Sous la chaleur d’été, le paludier s’affaire
Armé de son ételle, il sculpte les mulons
Pour en faire des cônes à des fins salutaires
Puis des « Monts Blancs » sublimes à la morte-saison.
Cette manne salée qui relève nos plats
Nous faisant des gourmets depuis la nuit des temps
Trouve toujours sa place à l’heure du repas
Sur la table du riche ou celle du manant I
Saupoudrant les bonnottes et sardines d’argent
Se cachant prestement au coeur de nos gâteaux
L’or blanc de la Vendée, battu par tous les vents
Est la belle alchimie de la sueur des eaux.
Jardin marécageux … parterres rectilignes
Irrigués çà et là par le flux des étiers …
Qu’il est beau cet Eden et cet effort si digne
De ce splendide geste auguste du saunier.
Lorsque le soir descend, les derniers feux du jour
Enflamment les psychés des mouettes rieuses
La sage salicorne errant aux alentours
Rougit comme un rubis et fait l’audacieuse !
Au milieu des oeillets, pousse une fleur de sel
Venue en un bouquet du fond des Océans
Pour former une gerbe d’épis solennels
Au gré des fantaisies de la Rose des Vents !…
(Jacqueline Commard)
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Posted in poésie | Tagué: (Jacqueline Commard), alchimie, alentours, argent, armer, audacieux, auguste, épi, été, ételle, étier, battre, beau, blanc, bonnotte, cône, chaleur, coeur, corps, cristal, décor, dernier, descendre, digne, eau, eden, effort, enflammer, errer, fabuleux, faire, Fantaisie, feu, fin, fleur, flux, former, gâteau, gerbe, geste, gourmet, gré, heure, irriguer, jardin, jour, manant, manne, marécage, mer, milieu, miroiter, Mont Blanc, morte-saison, mouette, mulon, naître, nuit, oeillet, or, paludier, parterre, pétale, peaufiner, plat, pousser, preste, Psyché, rectiligne, relever, repas, riche, rieur, rose des vents, rougir, rubis, s'affairer, s'offrir, sage, sale, salicorne, salutaire, sardine, saunier, saupoudrer, sculpter, se cacher, sel, soir, soleil, solennel, splendide, sublime, sueur, table, temps, trouver, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020

Imagination d’enfant
Ô toi image d’or,
miniature du bonheur,
au parler tendre et doux !
chaque mot mérite un baiser.
Étrange, distante, splendide
la pure fantaisie de l’enfance
tressaille à des pensées insondables pour nous,
vives et obscures félicités.
Quand les yeux deviennent graves
et que le rire s’éteint,
la Nature se souvient des jeux de titan
de son enfance toute-puissante :
forêts où filtre le soleil,
et habitent les elfes,
assemblées de géants, rencontres de titans,
fantaisies d’un jeune dieu.
Ces images te reviennent
dans le mystère de tes pensées ;
en ton coeur Dieu se souvient
de toutes les merveilles qu’Il a faites.
(Sri Aurobindo)
Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust
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Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), assemblée, étrange, baiser, coeur, devenir, Dieu, distant, doux, elfe, enfance, enfant, faire, Fantaisie, félicité, filtrer, forêt, géant, grave, habiter, image, imagination, insondable, jeu, jeune, mériter, merveille, mot, mystère, nature, obscur, or, parler, pensée, puissant, pur, rencontre, revenir, rire, s'éteindre, se souvenir, soleil, splendide, tendre, titan, tressaillir, vif, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020

Illustration: Marilyne Bertoncini
Sculpture: Ioan Bolborea
PARADER
Fantaisie devant l’orgueil ostentatoire
d’un grand hôtel
Parader
sous la pluie le soleil et les périls
Figures fantasques
d’un orchestre en partance
vers des folies créatrices
Marionnettes de bronze
figées dans les éternelles pitreries
du grand cirque humain
Résolument tourner le dos
pour narguer l’impossible
et se moquer des vanités
pour conjurer le sort.
(Françoise Coulmin)
Recueil: DE QUOI SE SOUVENIR ?
VAGABONDAGES dans BUCAREST À l’occasion du FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE mai 2019
Traduction:
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Posted in poésie | Tagué: (Françoise Coulmin), éternel, bronze, cirque, conjurer, créateur, Fantaisie, fantasque, figer, figure, folie, hôtel, humain, impossible, marionnette, narguer, orchestre, orgueil, ostentatoire, parader, partance, péril, pitrerie, pluie, résolu, se moquer, soleil, sort, tourner, vanité | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 septembre 2019
J’ai toujours aimé les êtres originaux, bizarres, chimériques, singuliers.
Ils sont pour moi le sel de la vie, autant qu’en sont l’horreur les gens qui ressemblent à tout le monde.
J’aime leur fantaisie, leur folie.
Je les suis quand je les rencontre dans la rue, je cherche à me renseigner sur eux,
je voudrais les connaître et les fréquenter, je n’ai que dégoût pour ceux qui se retournent et rient sur leur passage.
Ils ont encore pour me plaire qu’ils sont souvent très bons, bien qu’étant toujours très pauvres.
N’est-ce pas curieux, cet assemblage si fréquent de l’originalité et de la bonté,
alors que les gens qui se ressemblent par milliers sont, dans leur médiocrité, en général si égoïstes et si malfaisants ?
Je rattache encore cela à tout ce qui sépare des êtres qui sont libres d’autres qui ne sont que des esclaves.
S’habiller à sa guise, agir et vivre de même, sans souci des sots qui s’étonnent ou qui se moquent,
c’est encore, dans un petit domaine, le signe d’un esprit libre.
(Paul Léautaud)
Illustration: Agnès Boulloche
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Posted in méditations | Tagué: (Paul Léautaud), aimer, assemblage, égoïste, bizarre, bon, bonté, chercher, chimérique, curieux, dégoût, esclave, Fantaisie, folie, horreur, libre, originalité, originaux, pauvre, plaire, rattacher, rencontrer, ressembler, se renseigner, sel, signe, singulier, sot, suivre | 3 Comments »