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Poésie

Posts Tagged ‘fenêtre’

L’auberge (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2023



Illustration: David Téniers  
    
L’auberge

Murs blancs, toit rouge, c’est l’Auberge fraîche au bord
Du grand chemin poudreux où le pied brûle et saigne,
L’Auberge gaie avec le Bonheur pour enseigne.
Vin bleu, pain tendre, et pas besoin de passe-port.

Ici l’on fume, ici l’on chante, ici l’on dort.
L’hôte est un vieux soldat, et l’hôtesse, qui peigne
Et lave dix marmots roses et pleins de teigne,
Parle d’amour, de joie et d’aise, et n’a pas tort !

La salle au noir plafond de poutres, aux images
Violentes, Maleck Adel et les Rois Mages,
Vous accueille d’un bon parfum de soupe aux choux.

Entendez-vous ? C’est la marmite qu’accompagne
L’horloge du tic-tac allègre de son pouls.
Et la fenêtre s’ouvre au loin sur la campagne.

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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UN SOIR DE FÊTE … (Sandrine Faivre)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023




    
UN SOIR DE FÊTE …

Ce soir , c’est la fête ,
La musique retentit de toute part ,
Orchestres , sonos , chanteurs ,
Les tonalités se confondent ,
Les bruits font le tour du monde ,
Et, par les fenêtres ouvertes ,
Ils viennent égayer ma maison .
C’est un instant magique ,
Ce soir, c’est la fête ,
Même les statuettes y participent ,
Elles se dandinent ,
Dans un sens puis dans l’autre .
J’ai comme l’impression d’être au cirque ;
Chaque personnage est animé
Et joue un rôle ,
Les indiens font la danse du feu ,
Les femmes, la danse du ventre ,
Et moi, je manipule la plume
Au rythme de la musique .
Un spectacle complètement fou ,
Remplit de bonheur ,
D’émotions, de sensations ,
Qui, pour une fois ,
Me fait oublier
La solitude d’une maison inhabitée .
C’est la fête de la musique …

(Sandrine Faivre)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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L’OUBLI (Mohammed Dib)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023



    

L’OUBLI

Il y avait une table.
Il y avait des chaises.

Et il oublia quoi.
Il retenait son souffle.

Il y avait une pendule.
Il y avait un buffet.

Il y avait une fenêtre.
Des oiseaux y passaient.

Il leva les yeux.
Il les vit passer.

(Mohammed Dib)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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Nul ne guérit de son enfance (Jean Ferrat)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    
Nul ne guérit de son enfance

Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière me fait sauter sur ses genoux
Mes parents, l’été, les vacances, mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence des confitures du mois d’août

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Les napperons et les ombrelles qu’on ouvrait à l’heure du thé
Pour rafraichir les demoiselles roses dans leurs robes d’été
Et moi le nez dans leurs dentelles, je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles, l’odeur troublante de l’amour

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Le vent violent de l’histoire allait disperser à vau-l’eau
Notre jeunesse dérisoire, changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer, l’image d’un père évanoui
Qui disparut avec la guerre, renaît d’une force inouie

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Celui qui vient à disparaître, pourquoi l’a-t-on quitté des yeux ?
On fait un signe à la fenêtre sans savoir que c’est un adieu
Chacun de nous a son histoire et dans notre cœur à l’affût
Le va-et-vient de la mémoire ouvre et déchire ce qu’il fût

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Belle cruelle et tendre enfance, aujourd’hui c’est à tes genoux
Que j’en retrouve l’innocence au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras, ouvre ton âme, que j’en savoure en toi le goût
Mon amour frais, mon amour femme
Le bonheur d’être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance
Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance.

(Jean Ferrat)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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Sur l’oreiller (Juliette)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    

Sur l’oreiller

J’aurai beaucoup trop chaud peut-être
Il fera sombre, que m’importe
Je n’ouvrirai pas la fenêtre
Et laisserai fermée ma porte
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum Sur L’oreiller
Laissez-moi deviner
Ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps
Oh, la si fragile prison!
Il suffirait d’un peu de vent
Pour que les chères émanations
Quittent ma vie et mon divan
Tenez, voici, j’ai découvert
Dissimulées sous l’évidence
De votre Chanel ordinaire
De plus secrètes fulgurances
Il me faudrait les retenir
Pour donner corps à l’éphémère
Recomposer votre élixir
Pour en habiller mes chimères
Sans doute il y eut des rois
Pour vous fêter enfant
En vous disant « Reçois
Et la myrrhe et l’encens »
Les fées de la légende
Penchées sur le berceau
Ont fleuri de lavande
Vos yeux et votre peau
J’ai deviné tous vos effets
Ici l’empreinte du jasmin
Par là la trace de l’oeillet
Et là le soupçon de benjoin
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l’essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L’enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c’est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L’amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L’été sous la charmille
Et l’hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Pour retrouver dans mon soulier
Ma mandarine de Noël

Voici qu’au milieu des bouquets
De douces fleurs et de bonbons
S’offre à mon nez soudain inquiet
Une troublante exhalaison
C’est l’odeur animale
De l’humaine condition
De la sueur et du sale
Et du mauvais coton
Et voici qu’ils affleurent
L’effluve du trépas
L’odeur d’un corps qui meurt
Entre ses derniers draps

Avant que le Temps souverain
Et sa cruelle taquinerie
N’emportent votre amour ou le mien
Vers d’autres cieux ou d’autres lits
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Toute votre âme Sur L’oreiller

(Juliette)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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Faim d’une étoile (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2023



Illustration: Freydoon Rassouli
    
faim d’une étoile

J’aime,
profonde et pure
comme la rivière,
une étoile
nommée Mary.

Elle est collée
à cette fenêtre
d’éternité
appelée ciel.

Mes bras
ne font
que quelques centimètres.

***

hunger for a star

I love,
deep and pure
as the river,
a star
named Mary.

She is pressed against
that window of
eternity
called the sky.

My arms are only
a few feet long.

(Richard Brautigan)

Recueil:Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
Traduction: de l’anglais par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Editions: Points

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FEMME DIURNE (Ulalume Gonzalez de Léon)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2023



Illustration: Maurice-Ambroise Ehlinger  
    
FEMME DIURNE

Toute la lumière est avec toi
ô reine des lampes
somme d’épisodes lumineux.
Tu t’es installée chez moi
et je suis née à nouveau dans la queue de la comète
Tu es ma première femme endormie
qui ne disparaît pas la nuit.
Tu es mon premier amour fulgurant.
Tu émets
une phosphorescence de vie qui veille.
Je m’éveille pour te regarder :
tu es pleine de fenêtres
toute meublée d’objets blancs
et ta confiance me fait honte.

(Ulalume Gonzalez de Léon)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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NUIT DE VEILLE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023



Illustration: Caroline Duvivier
    
NUIT DE VEILLE

Pâle nuit de foehn au dehors,
La lune au bois va disparaître.
Pourquoi ce douloureux effort
Me fait pencher â ma fenêtre ?

J’ai dormi, j’ai rêvé pourtant…
Quelle voix dans la nuit m’appelle ?
Aurais-je oublié, me dit-elle,
Quelque soin, quelque acte important

Ah ! je voudrais m’enfuir et suivre,
Quittant pays, jardin, maison,
Ce magique appel qui m’enivre,
Toujours plus loin, vers l’horizon !

***

WACHE NACHT

Bleich blickt die föhnige Nacht herein,
Der Mond im Wald will untergehn.
Was zwingt mich doch mit banger Pein
Zu wachen und hinauszusehn ?

Ich hab geschlafen und geträumt ;
Was hat mir mitten in der Nacht
Gerufen und so bang gemacht,
Als hätt ich Wichtiges versäumt ?

Am liebsten liefe ich vom Haus,
Vom Garten, Dorf und Lande fort
Dem Rufe nach, dem Zauberwort,
Und weiter und zur Welt hinaus.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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La fenêtre (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


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une femme y danse nue chaque matin
elle sait qu’un petit homme
traverse la ville pour la surprendre
de derrière un arbre du boulevard
il ressemble à tout le monde
en plus discret
quand elle juge qu’elle a fait son devoir
elle passe à l’étage fermé
et le regarde s’éloigner à travers les persiennes
heureuse pour la journée
et libre s’il le fallait d’accomplir un meurtre

(Daniel Boulanger)

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Retouche à l’aube (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


Marelle

fenêtre, mon royaume
en manteau d’herbe la lumière enfant
passe à cloche-pied
la nuit lui fait la révérence
je tiens court ma bête encore pleine d’écarts

(Daniel Boulanger)

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