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Lis-les (Umar Abu Rishah)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023



Illustration
    
Lis-les
Feuillets d’un mort

C’est ma chambre,
l’oubli s’y est rouillé et le mutisme a vieilli !

Entre avec les bougies !
Elle est de ténèbres avec un repaire creusé à l’entrée.

Avance doucement,
la poussière et l’araignée pourraient prendre peur.

Auprès de ma coupe brisée
il y a une liasse de feuillets
et entre leurs deux couvertures une vie en éclats.

Apporte-les…
ta jeunesse passée s’y trouve
et la beauté à laquelle tu t’étais astreinte.

Lis-les…
ne me voile pas l’éternité,
publie-les…
ne me laisse pas mourir.

***

(Umar Abu Rishah)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Le Petit Chat (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le Petit Chat

C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.

Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.

(Edmond Rostand)

Recueil: Les Musardises
Traduction:
Editions:

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… mais ainsi soit-il (Eugenio Montale)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2021


 


… mais ainsi soit-il.

Un éclat de trompette
dialogue avec les essaims de la chênaie.
Dans la coquille où le soir se reflète
un volcan peint fume gaiement.

La monnaie enchâssée dans la lave
brille elle aussi sur la table et retient
quelques feuillets. La vie qui semblait vaste
est plus brève que ton mouchoir.

***

… ma cosi sia. Un suono di cornetta
dialoga con gli sciami del querceto.
Nella valva che il vespero riflette
un vulcano dipinto fuma lieto.

La moneta incassata nella lava
brilla anch’essa sul tavolo e trattiene
pochi fogli. La vita che sembrava
vasta è più breve del tuo fazzoletto.

(Eugenio Montale)


Illustration: Hokusaï

 

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SUR LES ROUTES DE SIBÉRIE (H. Leivick)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019




    
SUR LES ROUTES DE SIBÉRIE

Sur les routes de Sibérie
On pourrait encore aujourd’hui retrouver le lacet
D’un de mes souliers déchirés,
Une ceinture en cuir, les débris d’une cruche,
Un feuillet du Livre sacré.

Sur les fleuves de Sibérie
On pourrait retrouver comme un signe, l’épave
De mon radeau submergé.
Dans la forêt un bout de corde ensanglantée
Dans la neige – des pas gelés.

(H. Leivick)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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LES LUNETTES (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019


 


 

LES LUNETTES

J’étais un livre. On effeuillait mes pages
Pour découvrir des signes, des empreintes
Or, je rêvais des archives terrestres
Ou d’un feu noir, mais chacun me lisait.

Des doigts mouillés, des feuillets et des notes
Sur tout mon corps, et même cette plante
Se desséchant entre mes dents. La mordre
Fut mon désir tout le long d’un hiver.

Déchirez-moi. Je suis autre que Bible,
Autre que vers d’un poème fardé
Car je suis chair, et livre est la parure
Où je me cache. Et nul ne trouvera
Le seul secret que je cache en mes pages :

Il faut me lire avec les yeux des morts.

(Robert Sabatier)

Illustration: Vladimir Kush

 

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Je demeure la flamme au plus profond des choses (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2019



Illustration
    
Je demeure la flamme au plus profond des choses,
hors de ces feuillets de sable.
J’inaugure mes espaces avec la lumière,
avec le désir de demeurer insoumis,
hors de ce royaume.

(Adonis)

 

Recueil: Toucher la lumière
Traduction: Anne Wade Minkowski
Editions: Imprimerie Nationale

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LA LETTRE BRÛLÉE (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2018




    
LA LETTRE BRÛLÉE

Adieu, lettre d’amour, adieu! Elle l’ordonne…
Mais combien j’ai tardé, que ma main fut rétive
à sacrifier au feu la trace de mes joies !…
Puisque l’heure a sonné : brûle, lettre amoureuse,
je suis prêt et mon coeur ne veut plus rien entendre.
Tes feuilles sont touchées par la flamme vorace…
Un moment ! Un éclair ! Elles flambent… Légère
une fumée s’enroule, emportant mes prières.
Maintenant s’évanouit l’empreinte du cachet
et la cire en fondant grésille. Ô Providence !
C’en est fait. Les feuillets noircis se crispent,
sur l’impalpable cendre encore transparaissent
les lignes tant aimées. J’ai le coeur lourd. Ô cendre,
humble consolation pour mon destin en deuil,
demeure à tout jamais sur mon coeur affligé.

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

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Saisir l’instant (Esther Granek)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018



 

fleur séchée

Saisir l’instant

Saisir l’instant tel une fleur
Qu’on insère entre deux feuillets
Et rien n’existe avant après
Dans la suite infinie des heures.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. Construire un monde.
Se répéter que lui seul compte
Et que le reste est complément.
S’en nourrir inlassablement.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant tel un bouquet
Et de sa fraîcheur s’imprégner.
Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !
Saisir l’instant.

Saisir l’instant à peine né
Et le bercer comme un enfant.
A quel moment ai-je cessé ?
Pourquoi ne puis-je… ?

(Esther Granek)

Illustration

 

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GNEISS (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 23 août 2018



GNEISS

Plis. Feuillets. Pages clivées des bibles refroidies.
Pupilles des micas au clair-obscur des quartz.
J’aime ton nom de cendre et de granite gris,
ces méandres ourlés où hésita le feu.
Et tes rides étales au clair-obscur des quartz.

(Jacques Lacarrière)


Illustration

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Pan (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2018




    
Pan

Vous me dessinez sur vos urnes
oubliant que je ne suis rien, rien qu’un nom
couché à l’encre sur les feuillets, rien qu’un son
prononcé aux veillées nocturnes
pour attirer la floraison

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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