Posted by arbrealettres sur 4 février 2020

Rondeau de la moule
La moule bâille au clair de lune
Entre les étoiles de mer
L’arapède au rictus amer
Et l’oursin aux aiguilles brunes
La vague idiote l’importune
Et le crabe aux pinçons pervers
La moule bâille au clair de lune
Le vent qui souffle de la dune
Lui flanque un frisson dans la chair
Ah vivre au coeur du Loir-et-Cher
Près d’une plantation d’agrumes
La moule bâille au clair de lune
(Jacques Roubaud)
Recueil: Rondeaux poésies
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2018

Elles brodent des artichauts et des soleils
Que sais-je et mon coeur mécontent les leur lapide
Ô demoiselles aux sous-entendus limpides
Boucles d’organza vieux, châteaux des bleus sommeils
Vos paniers, vos héros, vos rires insipides
En ces villages d’autrefois purs et vermeils
Quand les lents troupeaux
Roux et blancs reviennent
Elles inventent des tisons dans leurs regards
Minces ombrelles à rebours folles des jupes
J’avais au moins dix fois mon âge, mol étendard
Doux cadavres que flanquent encore leurs huppes
Enigmatiquement, s’il advient par hasard
Que de lents troupeaux
Roux et blancs reviennent
(Louis Calaferte)
Illustration: Alexandre Sulimov
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Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018

Illustration: Véronique Wibaux
Les commencements sont nombreux, mais c’est toujours la même histoire,
celle d’un homme que le petit matin dans la rue saisit par le col,
alors qu’il était sorti pour acheter une baguette à la boulangerie.
Et voilà que ce qu’il croyait établi dans sa vie,
le chemin tracé, une femme avec un chat parmi les livres,
voilà que la rue humide et riante sous le premier soleil
avec son odeur de nouveau-né, flanque tout par terre,
le petit matin, le ciel, le chemin, la boulangerie,
et lui ne sait plus rien tout à coup,
ni qu’il avait faim, ni que l’amour existe
et qu’il eut dans sa vie la place du soleil, rien.
Quelque chose comme l’aile d’un ange ou d’un oiseau vient de le toucher,
et c’est comme s’il avait trébuché sur son ombre invisible à cette heure,
et la terre en le recevant ne l’a pas reconnu.
Son corps s’en va devant lui tout seul et il le regarde sans étonnement ni effroi,
longer les couloirs de la ville et se perdre,
avec une sorte de demi-sourire,
comme celui de l’ange du porche dont il ne se souvient plus.
Il pèse tout juste le poids de son silence.
(Guy Goffette)
Recueil: Tombeau du Capricorne
Traduction:
Editions: Gallimard
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