Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘flexible’

CHANT D’AMOUR (Alphonse de Lamartine)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2023




    
CHANT D’AMOUR
Naples, 1822.

Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphyre
A travers les rameaux,
Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
Ou le roucoulement des colombes plaintives,
Jouant aux bords des eaux ;

Si, comme ce roseau qu’un souffle heureux anime,
Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
Divin secret des cieux,
Que, dans le pur séjour où l’esprit seul s’envole,
Les anges amoureux se parlent sans parole,
Comme les yeux aux yeux ;

Si de ta douce voix la flexible harmonie,
Caressant doucement une âme épanouie
Au souffle de l’amour,
La berçait mollement sur de vagues images,
Comme le vent du ciel fait flotter les nuages
Dans la pourpre du jour :

Tandis que sur les fleurs mon amante sommeille,
Ma voix murmurerait tout bas à son oreille
Des soupirs, des accords,
Aussi purs que l’extase où son regard me plonge,
Aussi doux que le son que nous apporte un songe
Des ineffables bords !

Ouvre les yeux, dirais-je, à ma seule lumière !
Laisse-moi, laisse-moi lire dans ta paupière
Ma vie et ton amour !
Ton regard languissant est plus cher à mon âme
Que le premier rayon de la céleste flamme
Aux yeux privés du jour.

[…]

(Alphonse de Lamartine)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le verger (Anna de Noailles)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022




    

Le verger

Dans le jardin, sucré d’oeillets et d’aromates,
Lorsque l’aube a mouillé le serpolet touffu
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates
Chancellent de rosée et de sève pourvus,

Je viendrai, sous l’azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.

L’air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l’effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s’ouvre à demi ;

La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos…

Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s’écrase chaudement,
La lumière emplira les étroites allées
Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement,

Un goût d’éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l’herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.

Et la maison avec sa toiture d’ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l’odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;

Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l’eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.

Je serai libre enfin de crainte et d’amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l’étang qui luit dans l’aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,

Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J’écouterai chanter dans mon âme profonde
L’harmonieuse paix des germinations.

Je n’aurai pas d’orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
À mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l’été,

Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.

Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil…

(Anna de Noailles)

 

Recueil: Poésie au féminin
Traduction:
Editions: Folio

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

LORSQUE J’ENTENDS LE SOIR (Claude Vigée)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2021




    
LORSQUE J’ENTENDS LE SOIR

Lorsque j’entends le soir
le concerto pour clarinette de Mozart,
le temps de la souffrance et de l’ennui s’achève,
soudain je nage dans la lumière dorée de mes quinze ans,
l’ombre de la vieillesse un instant se déchire,
nos deux corps flexibles se joignent
dans le torrent de nos cheveux emportés par le vent:
c’est le ciel de la tendresse que leur plaisir éclaire,
l’angoisse de vivre est devenue légère comme l’air

(Claude Vigée)

Recueil: L’homme naît grâce au cri
Traduction:
Editions: POINTS

    

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE JASMIN DOUBLE (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020




    
LE JASMIN DOUBLE

Aïcha en a fait un collier qu’elle enroule à son cou, mais son doigt impatient a rompu le fil de soie.
Les jasmins se répandent en pluie odorante ; l’un reste pris dans ses cheveux dénoués, l’autre a glissé à terre, un autre est demeuré entre deux seins plus fermes que les chelils du mois d’amardâd.
Que ne donnerait Mansour pour être la fleur qui repose dans cette vallée d’amour !
Mais le cœur de la jeune fille est une source non encore épandue, et l’heure n’est point sonnée où des lèvres amoureuses mettront un collier de baisers au cou flexible d’Aïcha.

(Anonyme)

 

Recueil: Ghazels – Poemes persans
Traduction: Marguerite Ferté
Editions: http://www.ebooksgratuits.com

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Retouche à l’âge (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2020



 Connie Van Winssen (9)

retouche à l’âge

toujours en moi
l’enfance de branche en branche
jusqu’au faîte flexible de l’instant

(Daniel Boulanger)

Illustration: Connie Van Winssen

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

PONTS (Ilse Tielsch)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2020



Illustration: Oskar Kokoschka    
    
PONTS

Construisons des ponts
dit-il
de pierres et de métal
indestructibles grâce au poids
des hommes en cuirasse
qui nous sauveront.

Tressons des objets flexibles
dit-elle
lianes et rameaux verts
passerelles perpétuelles de rivage en rivage
pour les pas pressés de ceux
qui fuient les hommes en cuirasse.

Je construis avec ce que j’ai
dis-je
et lance mon cœur par-dessus l’abîme
il trace une voie dans l’obscurité
celle que je vous offre tel un pont de fortune
il est étroit
mais il porte.

***

BRIDGES

Let us build bridges,
he says,
of stone and steel
indestructible by the weight
of the armored who will save us.

Let’s braid flexible things,
she says,
lianas and green twigs
solid footbridges from shore-to-shore
for the hasty steps
of those who flee from the armored.

I build with what I have,
but it holds.

***

BRÜCKEN

Laß uns Brücken baun
sagt er
aus Steinen und Stahl
unzerstörbar vom Gewicht
der Gepanzerten
die uns retten werden
Laß uns Biegsames flechten
sagt sie
Lianen und grünes Gezweig
haltbare Stege von Ufer zu Ufer
für die eiligen Tritte derer
die vor den Gepanzerten fliehn
Ich baue mit dem was ich habe
sag ich
und werfe mein Herze über den Abgrund
es zieht eine Spur durch das Dunkel
die biete ich euch als Notbrücke an
sie ist schmal
doch sie trägt.

***

BRUGGEN

Laat ons bruggen bouwen
zegt hij
van stenen en staal
onverwoestbaar door het gewicht
van de gewapenden die ons zullen redden

Laat ons buigzame dingen vlechten
zegt ze
lianen en groen takwerk
duurzame loopbruggen van oever naar oever
voor de haastige schreden van hen
die voor de gewapenden vluchten

Ik bouw met wat ik heb
zeg ik
en werp mijn hart over de afgrond
het trekt een spoor door het duister
dat bied ik jullie als noodbrug aan
ze is smal
maar ze draagt.

***

***

PONTI

Lasciateci costruire ponti,
egli dice,
di pietra e acciaio
indistruttibili per il peso
del blindato che ci salverà.

Lasciateci intrecciare qualcosa di flessibile,
lei dice,
liane e ramoscelli verdi
solidi camminamenti da sponda a sponda
per i passi frettolosi
di quelli che fuggono dal blindato.

Costruisco con ciò che ho,
ma duraturo.

***

PUENTES

Construyamos puentes
dice él
con piedras y acero
indestructibles para el peso
de los acorazados
que nos salvarán

Trencemos cosas flexibles
dice ella
lianas y ramas verdes
puentes peatonales duraderos de orilla a orilla
para los pasos rápidos de aquellos
que huyen de los acorazados

Yo construyo con lo que tengo
y arrojo mi corazón por encima del abismo
para que trace una huella en la oscuridad
eso les ofrezco como un puente de emergencia
es estrecho
pero sostiene.

***

ΓΕΦΥΡΕΣ

Ας φτιάξουμε γέφυρες, είπε εκείνος,
με σίδερο και πέτρα
άφθαρτες κι αιώνιες
μες στην αρματωσιά τους και στο βάρος τους
που θα μας σώσει
Ας πλέξουμε ευλύγιστα πράγματα,
είπε εκείνη,

από κισσό και πράσινα κλαδάκια
μονοπάτια σταθερά από ακτή σ’ ακτή
για τα γρήγορα βήματα αυτών
που τρέχουν να ξεφύγουν
απ’ την αρματωσιά

Φτιάχνω με υλικά που έχω
κι αντέχει στο πέρασμα του χρόνου.

***

***

桥 梁

让我们架起桥梁,
他说,
用石头和钢建造
将拯救我们的装甲部队
的重量压不垮的桥梁。
让我们编织柔软的东西,
她说,
用藤蔓和嫩枝
编织岸对岸的坚实人行桥
为那些逃离装甲部队
的人的匆忙脚步而设。
我用我拥有的来建造
但它是靠得住的

***

橋を築こう
彼は言う 。
石と鉄でできた橋を。
装甲車が渡っても壊れない橋を。
きっと私たちを救ってくれるから。
柔らかいものを編みましょう
彼女は言う 。
つるや緑の小枝でつくるのです。
両岸をつなぐ丈夫な人道橋を。
軍隊から急いで逃げる人たちのために。
わたしは 私自身の力で築く
それこそが 芯となりうる

Recueil: ITHACA 612
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Anglais Stanley Barkan / Allemand Wolfgang Klinck / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Indi Jyotirmaya Thakur / Italien Luca Benassi / Espagnol Rafael Carcelén / Grec Manolis Aligizakis / Arabe / Chinois William Zhou / Japonais /
Editions: POINT

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’écureuil sur la branche (Henri Pichette)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018



    

L’écureuil sur la branche
Flexible, me transporte.
Génie ! éclair qui tranche
Le bois mort de ma porte.

J’emprunte le chemin
Qu’aujourd’hui me réserve;
J’adapte au fruit la main,
L’oeil au jour, et j’observe.

Miel ! cire ! propolis !
En quête de merveille
L’aéroport d’un lis
Là-bas ! lorsque j’abeille.

Le lac est un trésor
Scintillant de poissons.
Le soleil, salves d’or,
Bombarde les moissons.

(Henri Pichette)

 

Recueil: Poèmes offerts
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’attente (Jules Verne)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2018



Illustration: Hugues Gillet
    
L’attente

Je suis dans la douce attente ;
Au nocturne rendez-vous,
Je guette ma belle amante ;

La lune amoureuse argenté
Le gazon flexible et doux ;
Je suis dans la douce attente ;

L’ombre tiède et frémissante
Se prépare à point pour nous ;
Je guette ma belle amante ;

De sa beauté ravissante
Déjà je me sens jaloux ;
Je suis dans la douce attente ;

Il lui faudra quitter tante,
Père, mère, sœur, époux !
Je guette ma belle amante ;

Bien couverte de sa mante,
Elle doit les tromper tous ;
Je suis dans la douce attente ;

Dans ce bosquet d’amarante,
Il ne faut pas de verrous !
Je guette ma belle amante ;

Elle arrive diligente !…
Je la contemple à genoux !
Dans une bien douce attente
J’ai guetté ma belle amante !

Ma douce amante, pourquoi,
Alors que je me réveille,
Ta bouche pure et vermeille
Que tu viens pencher vers moi,
Se clôt-elle à mon oreille ?

Serait-ce pas un baiser ?
Quelquefois je le suppose,
Que de tes lèvres de rose
Tu voudrais sur moi poser
Secrètement et pour cause ?

Ou plutôt à mon chevet,
Retenant ta fraîche haleine,
Crains-tu que je ne surprenne
Dans ton coeur quelque secret
Qu’il me dérobe avec peine ?

Mais pour guérir ta douleur,
Car ta souffrance me touche
Quand l’ombre ceint ma couche,
Dépose l’un dans mon cœur,
Pose l’autre sur ma bouche !

(Jules Verne)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Loin de moi-même (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2017



Illustration: Georgia O’Keeffe
    
Loin de moi-même je construis l’échelle
légère comme d’un lait flexible
pour gagner le grenier où dorment mes conquêtes.

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA FOURMI ET LA CIGALE (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2017




    

LA FOURMI ET LA CIGALE

Une fourmi fait l’ascension
d’une herbe flexible
elle ne se rend pas compte
de la difficulté de son entreprise

elle s’obstine la pauvrette
dans son dessein délirant
pour elle c’est un Everest
pour elle c’est un Mont Blanc

ce qui devait arriver arrive
elle choit pafatratement
une cigale la reçoit
dans ses bras bien gentiment

eh dit-elle point n’est la saison
des sports alpinistes
(vous ne vous êtes pas fait mal j’espère ?)
et maintenant dansons dansons
une bourrée ou la matchiche

(Raymond Queneau)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :