Posts Tagged ‘forme’
Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023
Illustration: Edvard Munch
On ne doit plus peindre
d’intérieurs, de gens qui lisent
et de femmes qui tricotent
Ce doit être des personnes
vivantes qui respirent et
s’émeuvent, souffrent et aiment –
Je vais peindre une série
de tableaux de ce genre
Les gens en comprendront
la dimension sacrée
et ils enlèveront leur chapeau
comme à l’église
*
Mieux vaut peindre
un bon tableau inachevé
qu’un mauvais achevé –
Beaucoup croient
qu’un tableau est achevé
quand ils y ont mis
le plus de détails possible
Un trait peut être
une oeuvre d’art achevée
Ce que l’on peint doit
l’être avec volonté
et sentiment – Cela n’aide
en rien de l’exécuter
si c’est pour y mettre
des choses involontaires
et non ressenties
*
L’art est le contraire
de la nature. Une oeuvre
d’art ne peut surgir que
de l’intérieur de l’être humain.
— L’art est la forme que prend
l’image une fois passée
à travers les nerfs de l’être
humain — son coeur —
son cerveau — son oeil.
— L’art correspond chez
l’homme à son besoin
de cristallisation.
La nature est le royaume
éternellement vaste d’où
l’art tire sa nourriture.
(Edvard Munch)
Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Harvieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Edvard Munch), achever, aider, aimer, art, église, éternel, être, êttre, besoin, cerveau, chapeau, coeur, comprendre, contraire, correspondre, cristallisation, croire, détail, dimension, enlever, exécuter, femme, forme, gens, humain, image, inachevé, intérieur, involontaire, lire, mauvais, mettre, nature, nerf, nourriture, oeil, oeuvre, peindre, personne, prendre, respirer, ressenti, royaume, s'émouvoir, sacré, série, sentiment, souffrir, surgir, tableau, tirer, trait, tricoter, vaste, vivant, volonté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023

JEUNE NOVICE DANS UN MONASTÈRE ZEN
Tout est mensonge et tout illusion,
La vérité reste indéfinissable,
Et j’ai, pourtant, la nette vision
De la montagne au loin reconnaissable.
Rose, corbeau, le cerf dans la forêt,
L’azur des mers et les couleurs du monde,
Concentre-toi, tout cela disparaît,
N’a plus forme ni nom qui lui réponde.
Rentre en toi-même ; ainsi te concentrant,
Apprends à lire, à voir, à reconnaître,
Concentre-toi — tout n’est plus qu’apparent.
Concentre-toi — l’apparent devient l’Être.
***
JUNGER NOVIZE IM ZEN-KLOSTER (II)
Ist auch alles Trug und Wahn
Und die Wahrheit stets unnennbar,
Dennoch blickt der Berg mich an
Zackig und genau erkennbar.
Hirsch und Rabe, rote Rose,
Meeresblau und bunte Welt :
Sammle dich — und sie zerfällt
Ins Gestalt- und Namenlose.
Sammle dich und kehre ein,
Lerne schauen, lerne lesen !
Sammle dich — und Welt wird Schein,
Sammle dich — und Schein wird Wesen.
(Hermann Hesse)
Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Hermann Hesse), apparent, apprendre, azur, être, cerf, corbeau, couleur, disparaître, forêt, forme, illusion, indéfinissable, jeune, lire, loin, mensonge, mer, monastère, monde, montagne, net, nom, novice, répondre, reconnaître, reconnaissable, renaître, rester, rose, se concentrer, vérité, vision, voir, zen | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023

Illustration: Albert Lynch
MONDE ARDENT
Ah, toujours, jeune ou vieux, je ressens cette même chimère :
Une montagne la nuit ; au balcon, en silence, une femme ;
Blanche route qui prend son élan quand la lune l’éclaire ;
Comme alors un désir passionné fait se tordre mon âme!
Monde ardent, forme blanche de femme à son balcon qui songe,
Aboi d’un chien dans la vallée, sourd roulement d’un train,
Vous fûtes bien des fois pièges, amers mensonges ;
Vous restez le plus doux de mes rêves ainsi que le plus vain.
Souvent j’ai pris la voie des réalités rudes :
Assesseur, cours du change, ou bien mode, ou bien loi,
Mais déçu, libéré, j’ai rejoint bientôt ma solitude,
Où jaillit le naïf idéal, où le rêve est chez soi.
Trouble vent de la nuit dans l’arbre, ô bohémienne noire,
monde de désirs fous, poèmes pleins d’odeur,
monde splendide auquel toujours j’ai voulu croire,
Quand ta voix vient vers moi au milieu des éclairs de chaleur.
***
O BRENNENDE WELT
Immer und immer fühl ich’s, ob alt oder jung :
Ein Gebirg in der Nacht, am Balkon ein schweigendes Weib,
Eine weiße Straße im Mondschein mit sanftem Schwung,
Das reißt mir vor Sehnsucht das bange Herz aus dem Leib.
O brennende Welt, o du weißes Weib am Balkon,
Bellender Hund im Tal, fernrollende Eisenbahn,
O wie loget ihr, o wie bitter betrogt ihr mich schon —
Dennoch seid ihr noch immer mein süßester Traum und Wahn !
Oft versucht ich den Weg in die schreckliche « Wirklichkeit »,
Wo Assessor, Gesetz, Mode und Geldkurs gilt,
Aber einsam entfloh ich immer, enttäuscht und befreit,
Dort hinüber, wo Traum und liebliche Narrheit quillt.
Schwüler Nachtwind im Baum, schwarze Zigeunerin,
Welt voll törichter Sehnsucht und Dichterduft,
Herrliche Welt, der ich ewig verfallen bin,
Wo dein Wetterleuchten mir zuckt, wo deine Stimme mir ruft!
(Hermann Hesse)
Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Hermann Hesse), aboi, amer, arbre, ardent, assesseur, âme, éclair, éclairer, élan, balcon, blanc, bohémien, chaleur, changé, chien, chimère, cours, croire, déçu, désir, doux, femme, forme, fou, idéal, jaillir, jeune, libérer, Loi, lune, mensonge, milieu, mode, monde, montagne, naïf, noir, nuit, odeur, passionné, piège, plein, poème, prendre, réalité, rêve, rejoindre, ressentir, rester, rouler, route, rude, silence, solitude, songer, sourd, splendide, tordre, toujours, train, trouble, vain, vallée, venir, vent, vieux, voie, voix, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Illustration: Marc Chagall
JOUR
Jour, jour de notre rencontre,
temps nommé Épiphanie;
jour si fort qui vins, couleur
de moelle et de plein midi,
sans frénésie à nos pouls
tout tumulte et agonie,
tranquille comme le lait
des vaches portant sonnailles!
Jour à nous, par quel chemin,
forme sans pieds,
vint-il? Nous n’avons pas su,
n’avons pas veillé; nul signe
ne l’annonçait; nous n’avons pas
sifflé sur les collines;
il s’en venait en silence!
Tous les jours semblaient pareils;
tout à coup mûrit un Jour.
Jour pareil aux autres jours,
comme sont pareils roseaux
et sont pareilles olives
et pourtant, comme Joseph,
ne ressemblait pas à ses frères.
Ayons pour lui un sourire
parmi tous les autres jours
et qu’il les dépasse tous,
comme boeuf de grande taille
et le char devant les gerbes.
Béni soit-il des saisons,
que Nord et Sud le bénissent,
que son père l’an le choisisse
pour en faire mât de vie.
Ni rivière, ni pays,
ni métal; ce n’est qu’un Jour,
Parmi les jours des poulies,
des gréements, des blés sur l’aire,
parmi engins et besognes,
nul ne le voit, ni le nomme.
Fêtons-le et nommons-le,
en grâces à qui l’a fait
et gratitude de sol
et gratitude de l’air,
pour sa rivière d’eau vive
avant qu’il ne tombe en cendre,
en poudre de chaux moulue
et vers l’éternel déverse
son apparence de merveille.
Cousons-le à notre chair,
à nos coeurs et nos genoux
et que nos mains le pétrissent
et que nos yeux le distinguent,
qu’il brille pour nous de nuit
et nous fortifie de jour,
tels cordages pour les voiles,
tels points pour les blessures.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), agonie, air, an, annoncer, apparence, éphiphanie, éternel, bénir, besogne, blé, blessure, boeuf, briller, cendre, chair, char, chaux, chemin, choisir, coeur, colline, cordage, coudre, couleur, dépasser, déverser, distinguer, eau, engin, fêter, forme, fort, fortifier, frère, frénésie, genoux, gerbe, gratitude, grâce, gréement, jour, lait, main, mât, métal, mûrir, merveille, midi, moelle, moulu, nommer, nuit, olive, pareil, pays, père, pétrir, pied, point, porter, poudre, poulie, pouls, rencontre, ressembler, rivière, roseau, saison, savoir, sembler, siffler, signe, silence, sol, sonnailles, sourire, taille, temps, tomber, tranquille, tumulte, vache, veiller, venir, vie, vif, voile, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2023
Recueil: Haïjins japonais
Traduction: Dominique Chipot & Makoto Kemmoku
Editions: Points
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Yumiko Katayama), chose, encore, forme, garder, initial, neige, s'amonceler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2023

Le corps de ta Conscience
est un trait de lumière
fait du soleil, de la lune et du feu,
au-delà des six lotus du corps,
dans la forêt au millier de pétales,
les grands esprits qui le perçoivent,
avec une pensée
vide de toute forme,
font naître en eux un océan
de béatitude insondable.
(Shankara) (VIIIe siècle)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Shankara), au-delà, béatitude, conscience, corps, esprit, faire, feu, forêt, forme, grand, insondable, lotus, lumière, lune, mille, naître, océan, pétale, pensée, percevoir, soleil, trait, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2023

Comme le feu qui pénétrant les mondes
prend la forme innombrable des choses,
le Soi unique au fond de tous les êtres
emplit leur forme et l’espace autour d’elle.
(Kulluka Bhaffa)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Kulluka Bhaffa), autour, être, chose, elle, emplir, espace, feu, fond, forme, innombrable, monde, pénétrer, prendre, soi, unique | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023
Illustration
Rien ne cesse rien n’est les morts ne sont pas morts
Les vivants s’imaginent vivre
Un acte continue où l’on ne peut le suivre
Rien n’est dedans rien n’est dehors.
Rien ne pèse tout pèse et notre marche lourde
Est légère dans le sommeil
Aveugles sont nos yeux et nos oreilles sourdes
Dans un monde au rêve pareil.
D’autres formes sont là que jadis accumule
Avec celles du lendemain
Et ce que notre temps par un mensonge annule
Reste dans son avare main.
Tout combine un seul bloc que le temps nous débite
Peu à peu morceau par morceau.
Le bâton se brise dans l’eau
Et l’immobilité se vante d’aller vite.
Or parfois dans le rêve ou par quelque ressort
Qui l’étrange machine embrouille
L’invisibilité de sa cachette sort
Comme la Vénus d’une fouille.
(Jean Cocteau)
Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jean Cocteau), accumuler, acte, aller, annuler, avare, aveuglé, étrange, bâton, bloc, cachette, cesser, combiner, continuer, débiter, dedans, dehors, eau, embrouiller, forme, fouille, immobilité, invisibilité, jadis, léger, lendemain, lourd, machine, main, marche, mensonge, monde, morceau, mort, oreille, pareil, parfois, peser, peu à peu, rêve, ressort, rester, rien, s'imaginer, se briser, se vanter, sommeil, sortir, sourd, suivre, temps, Vénus, vite, vivant, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023

Ton ami le poisson-chat
Si je devais vivre ma vie
sous forme de poisson-chat
dans des échafauds de peau et de moustaches
au fond d’un étang
et que tu venais à passer
un soir
où la lune brille
dans mon domicile de ténèbres
et que tu te tenais au bord
de mon affection
et pensais : « C’est magnifique
ici au bord de cet étang. J’aimerais
que quelqu’un m’aime. »
Eh bien moi je t’aimerais et serais ton ami
poisson-chat et chasserais de si tristes
pensées de ton esprit
et soudain tu serais
en paix,
et tu te dirais : « Je me demande
s’il y a des poissons-chats
dans cet étang. Ça semble être
un endroit parfait pour eux. »
***
Your Catfish Friend
If I were to live my life
in catfish forms
in scaffolds of skin and whiskers
at the bottom of a pond
and you were to come by
one evening
when the moon was shining
down into my dark home
and stand there at the edge
of my affection
and think, « It’s beautiful
here by this pond. I wish
somebody loved me »,
I’d love you and be your catfish
friend and drive such lonely
thoughts from your mind
and suddenly you would be
at peace,
and ask yourself, « I wonder
if there are any catfish
in this pond? It seems like
a perfect place for them. »
(Richard Brautigan)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Richard Brautigan), affection, aimer, ami, échafaud, étang, bord, briller, cenir, chasser, demander, devoir, doomicile, endroit, esprit, fond, forme, lune, magnifique, moustache, paix, parfait, passer, peau, pensée, penser, poisson-chat, quelqu'un, renir, soir, ténèbres, triste, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

LA POÉSIE
Je te cherche sous les racines de mon coeur
Comme un enfant à l’intelligence retardée qui a peur
D’entrer dans l’eau qui parle seul et fait bouger ses mains
« O mon Dieu permettez que cette eau ne me broie pas comme Votre Moulin
Je m’attarde résolument près des colchiques et des saules
Laissez-moi regarder par-dessus votre épaule
La route qui poudroie et l’herbe qui verdoie
Sans désirer jamais autre chose que cela
Mais Dieu qui n’entend pas l’amour de cette oreille
« Tu descendras au fond de toi et je surveille
Tes allées et venues Tu me dois de trouver
Dans l’eau de mes regards la noisette tombée »
Les yeux vagues ainsi qu’un veilleur de frontière
De songerie malade et de sens abîmés
Je plonge doucement mes mains dans la lumière
Sans penser un instant à les en retirer
Car il me plaît d’aider un corps qui s’aventure
Et cherche par-delà sa forme préférée
Le spectacle d’une âme aveugle qui murmure
Le long du mur en pierre de l’éternité.
(René Guy Cadou)
Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (René Guy Cadou), abîmer, aider, allée, amour, aveuglé, âme, épaule, éternité, bouger, broyer, chercher, coeur, colchique, corps, dens, descendre, Dieu, doucement, eau, enfant, entendre, entrer, fond, forme, frontière, intelligence, laisser, lumière, main, malade, moulin, mur, murmurer, noisette, oreille, par-delà, par-dessus, parler, permettre, peur, pierre, plaire, plonger, poésie, préférer, racine, résolu, regard, regarder, retarder, s'attarder, s'aventurer, saule, seul, songerie, spectacle, surveiller, tomber, trouver, vague, veilleur, venue, yeux | Leave a Comment »