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Posts Tagged ‘forteresse’

AVANT LA NUIT (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021




    
AVANT LA NUIT

Avant la nuit, une pensée de toi pour toi, avant que je ne tombe
Dans le filet blanc des angoisses, et la promenade aux frontières
Du rêve du désir avant le crépuscule, parmi les gazelles des sables
Pour ressusciter le poème au royaume d’Enfance.

Elles vous fixent étonnées, comme la jeune fille du Ferlo, tu te souviens
Buste peul flancs, collines plus mélodieuses que les bronzes saïtes
Et ses cheveux tressés, rythmés quand elle danse
Mais ses yeux immenses en allés, qui éclairaient ma nuit.

La lumière est-elle encore si légère en ton pays limpide
Et les femmes si belles, on dirait des images ?
Si je la revoyais la jeune fille, la femme, c’est toi au soleil de Septembre
Peau d’or démarche mélodieuse, et ces yeux vastes, forteresses contre la mort.

(Léopold Sédar Senghor)

 

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

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LE MIRADOR (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
LE MIRADOR
(La nostalgie de l’infini)

Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
de dénuder le bleu du ciel car l’infini est
une tour
une forteresse apatride
un phare inassouvi
un silo cerclé d’oriflammes

Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
d’apprivoiser la Voie lactée car l’infini est
un parcours austère
une géométrie sans pitié
une rectitude hantée d’absence

Peut-être est-il aussi un mirador
surveillant les coulées d’étoiles entre les barbelés des galaxies ?

Mais alors qui veille en son extrémité, juste au-dessous des oriflammes,
et quel souffle les fait battre immobiles sous une éternité d’orage ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Cette forteresse épanchant la liberté (René Char)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2019



 

Brent Funderburk 2

Cette forteresse épanchant la liberté par toutes ses poternes,
cette fourche de vapeur qui tient dans l’air un corps d’une envergure prométhéenne que la foudre illumine et évite,
c’est le poème, aux caprices exorbitants, qui dans l’instant nous obtient puis s’efface.

(René Char)

Illustration: Brent Funderburk

 

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QUELQUES MOTS (Claude Prouvost)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2018



 

Gabriel Ferrier  l

QUELQUES MOTS

Je t’écris quelques mots de nuit
Quelques fragments de ma banquise
Un flot d’espoir trop vite enfui
En laissant des mots de hantise

Je t’écris quelques mots de fleurs
Quelques parfums de pétulance
Un peu de faste et de couleurs
Pour peindre mes mots d’espérance

Je t’écris quelques mots d’azur
Quelques vigueurs de forteresse
Un incendie sur le futur
Pour brûler des mots d’allégresse

Je t’écris quelques mots d’amour
Quelques fournaises de ma vie
Ton souvenir en chaque jour
Habillant mes mots d’ambroisie

(Claude Prouvost)

Illustration: Gabriel Ferrier

 

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Papillon de mer et de chemin (Luis Mizón)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2018



Viens
à ta fragile forteresse
de papier et de brise
papillon de mer et de chemin.

Sel de lumière
ombre dorée
feu de poussière
pollen vivant.
Ceci est ta maison.

(Luis Mizón)

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MARÉES II (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2018



Illustration
    
MARÉES II

A marée haute
Exécutant
Ses gammes
De gris ou d’embellies
L’océan versatile
Se joint au littoral

Témoins de ces manoeuvres
Les maisons se souviennent
De marins disparus

Un enfant pleure
Sa forteresse de sable

Et pour celui qui passe
Selon l’heure
Selon l’âme
La rade mène aux rivages
Ou dévoile l’inconnu

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Par-delà les mots
Traduction:
Editions: Flammarion

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LÉNA (Michel Leiris)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2017



 

ALEXANDER ANUFRIEV  (4)

LÉNA

Je pense à toi
et ton image bâtit autour de moi une forteresse à tel point
inébranlable
que ni le bélier des nuages
ni la poix molle de la pluie
ne peuvent rien
ô ma citerne de silence
contre le mur percé d’étoiles dont tu m’as circonscrit

Les chiens rampent et les gens
jouent des coudes ou poussent des cris
Le manège sans orgue ni flonflons du monde
tourne
avec son auréole d’yeux d’enfants
jeu de bagues des Paradis

Je rêve en toi
ma citadelle sans fossés ni pont-levis
sans murs sans tours sans pierres ni mâchicoulis

Je m’endors en buvant le vin très dense de ton ombre
qui couvre de son architecture sans autre poids que celui qui
se compte aux balances d’obscurité et de lumière
us les monts et tous les champs
toutes les vignes et tous les pays

Jadis
ma bouche narguait le beau temps
alors que mes regards ne redoutaient rien tant
que l’ouragan de l’univers
Ignorant si j’étais une bête
un arbre
un homme
des vents absurdes me drossaient
mes bras en tous sens battaient l’air
et mon destin tombait comme tombent des pommes

Mais aujourd’hui
ô toi si pâle
parce que tu es mon ciel et le double miroir qui multiplie les
murs et verse l’infini dans ma prison
j’écoute le sifflet des nuages
je ne crains plus rien ni personne
je parle aux neiges de l’hiver

(Michel Leiris)

Illustration: Alexander Anufriev

 

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Où (Dan Pagis)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2017



Illustration: Edward Hopper
    

Je suis caché dans ma chambre, mais j’ai oublié où.
Je ne suis pas dans l’armoire.
Pas derrière le rideau.
Pas non plus dans la forteresse entre les pieds de la table.
Le miroir ne me contient pas.
Il me semble brièvement être dans le tableau sur le mur.
Si quelqu’un m’appelle un jour
je répondrai et je saurai : me voilà.

(Dan Pagis)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: E. Moses
Editions: Gallimard

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L’île-centre perdue (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2017



La floraison du bâton

[31]
Et la fleur, ainsi contenue
dans la graine ou le grain infiniment petit,

s’ouvrit pétale après pétale, un cercle,
et chaque pétale était séparé

et pourtant maintenu, pour ainsi dire,
par quelque force d’attraction

à son centre dynamique ;
et le cercle continua à grandir

et continuerait à s’ouvrir
il le savait, à l’infini ;

mais avant de se perdre,
complètement hors-du-temps,

il vit les îles des Bienheureux,
il vit les Hespérides,

il vit les cercles et les cercles d’îles
autour de l’île-centre perdue, Atlantis ;

il vit ce que la légende sacrosainte
disait encore exister,

il vit le pays des bienheureux,
les terres promises, perdues ;

lui, dans cette demi-seconde, vit
toute la portée tout le dessein

de notre et de sa civilisation ici,
sur sa et notre terre, avant Adam.

[32]
Et il vit tout cela comme agrandi sous un verre solaire ;
il vit tout cela dans les plus petits détails,

les falaises, les quais, la citadelle,
il vit les navires et les routes maritimes

toutes les rivières, les ponts et les habitations
et les terrasses et les jardins intérieurs suspendus ;

il vit les nombreuses colonnes et la pierre du Foyer
et même le feu qui brûlait dans le Grand Foyer,

et dans tout cela un bruit comme de grandes eaux,
des rivières qui coulaient, fontaines et vagues se brisant sur les rochers,

et bien que ce fut à très grande échelle,
c’était aussi petit et intime,

le Paradis
avant Ève.

[33]
Et il entendit, pour ainsi dire, l’écho
d’un écho dans un coquillage,

des mots ni chantés ni psalmodiés
mais prononcés en rythme ;

les syllabes de ce charme ainsi renvoyées
ne correspondaient au son

d’aucun mot qu’il eût jamais entendu,
et Kaspar était un grand voyageur,

un voyageur célèbre ;
mais il comprenaient les mots

bien que le son fût autre
que ceux auxquels nos oreilles sont habitués,

le ton était différent
pourtant il le comprenait ;

il se traduisait tout seul
tout en transmuant son message

dans spirale après spirale du coquillage
de la mémoire qui nous lie encore

aux cités englouties de la pré-histoire ;
Kaspar comprenait et son cerveau traduisait :

Lilith née avant Ève
et celle née avant Lilith,
et Ève ; nous trois pardonnées,
nous sommes trois des sept
démons chassés d’elle.

[34]
Puis en laissant retomber son bras
pendant la seconde demi-seconde,

son esprit le lui avait soufflé,
tout comme si son esprit

se devait de distinguer nettement,
de définir clairement les limites de la beauté ;

haies et clôtures et forteresses
doivent défendre le secret le plus profond,

même les haies et forteresses de l’esprit;
ainsi pensa son esprit,

bien qu’il eût l’esprit ailleurs
et que son corps fonctionnât, mais lui-même ;

lui-même n’était pas là ;
et son esprit formula la pensée,

la dernière défense interne
d’une citadelle, à présent perdue,

il était inconvenant qu’une femme
apparaisse en désordre, échevelée;

il était inconvenant qu’une femme
apparaisse, tout simplement.

[35]
Ce qu’il pensait était en contradiction directe
avec ce qu’il comprenait,

ce qu’il voyait était une femme discrète,
nouant un foulard,

et une femme imprévisible
se glissant dehors ;

nous ne savons pas si lui-même
la suivit ou pas

avec la jarre d’albâtre ; nous savons seulement
que la myrrhe ou le baume d’aspic de grand prix, était à Kaspar,

nous savons seulement que tout cela fut si vite terminé,
le festin, les rires.

***

As he stooped for the scarf, he saw this,
and as he straightened, in that half-second,

he saw the fleck of light
like a flaw in the third jewel

to his right, in the second circlet,
a grain, a flaw, or a speck of light,

and in that point or shadow,
was the whole secret of the mystery;

literally, as his hand just did-not touch her hand,
and as she drew the scarf toward her,

the speck, fleck, grain or seed
opened like a flower.

And the flower, thus contained
in the infinitely tiny grain or seed,

opened petal by petal, a circle,
and each petal was separate

yet still held, as it were,
by some force of attraction

to its dynamic centre;
and the circle went on widening

and would go on opening
he knew, to infinity;

but before he was lost,
out-of-time completely,

he saw the islands of the Blest,
he saw the Hesperides,

he saw the circles and circles of islands
about the lost centre-island, Atlantis;

he saw what the sacrosanct legend
said still existed,

he saw the lands of the blest,
the promised lands, lost;

he, in that half-second, saw
the whole scope and plan

of our and his civilization on this,
his and our earth, before Adam.

And he saw it all as if enlarged under a sun-glass;
he saw it all in minute detail,

the cliffs, the wharves, the citadel,
he saw the ships and the sea-roads crossing

and all the rivers and bridges and dwelling-houses
and the terraces and the built-up inner gardens;

he saw the many pillars and the Hearth-stone
and the very fire on the Great-hearth,

and through it, there was a sound as of many waters,
rivers flowing and fountains and sea-waves washing the sea-rocks,

and though it was all on a very grand scale,
yet it was small and intimate,

Paradise
before Eve …

And he heard, as it were, the echo
of an echo in a shell,

words neither sung nor chanted
but stressed rhythmically;

the echoed syllables of this spell
conformed to the sound

of no word he had ever heard spoken,
and Kaspar was a great wanderer,

a renowned traveller;
but he understood the words

though the sound was other
than our ears are attuned to,

the tone was different
yet he understood it;

it translated itself
as it transmuted its message

through spiral upon spiral of the shell
of memory that yet connects us

with the drowned cities of pre-history;
Kaspar understood and his brain translated:

Lilith born before Eve
and one born before Lilith,
and Eve; we three are forgiven,
we are three of the seven
daemons cast out of her.

Then as he dropped his arm
in the second half-second,

his mind prompted him,
even as if his mind

must sharply differentiate,
clearly define the boundaries of beauty;

hedges and fences and fortresses
must defend the innermost secret,

even the hedges and fortresses of the mind;
so his mind thought,

though his spirit was elsewhere
and his body functioned, though himself,

he-himself was not there;
and his mind framed the thought,

the last inner defence
of a citadel, now lost,

it is unseemly that a woman
appear disordered, dishevelled,

it is unseemly that a woman
appear at all.

What he thought was the direct contradiction
of what he apprehended,

what he saw was a woman of discretion,
knotting a scarf,

and an unpredictable woman
sliding out of a door;

we do not know whether or not
he himself followed her

with the alabaster jar; all we know is,
the myrrh or the spikenard, very costly, was Kaspar’s,

all we know is that it was all so very soon over,
the feasting, the laughter.

(Hilda Doolittle)

Illustration: Catherine Abel

 

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Visages de jeunes filles (Henri Michaux)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2017



Andrei Markin           -ImpressioniArtistiche-19 [1280x768]

Visages de jeunes filles,
visage sans « je »,
visages sans capitaine.

Miroirs de la race,
visages encore inhabités
que la volonté n’a pas eu le temps de durcir
et de rendre forteresse.

Visages ouverts,
visages donnés,
mais où il n’y a personne à prendre.

Visages qui ne vous appartiennent pas.
Visages universels.

[…]

J’ai eu le vertige, j’ai le vertige.
Impossible de faire un geste de crainte de tout détruire,
hésitant entre le respect, l’adoration et la convoitise

(Henri Michaux)

Illustration: Andrei Markin 

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