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Posts Tagged ‘fouiller’

UN MOT POUR LE VENT (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
UN MOT POUR LE VENT

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

Un autre mot, une phrase qui en soit pleine
Comme une voile, des vers
Qui se déplacent avec la légèreté du vent
Sur l’herbe ou parmi les arbres,
Qui bruissent en descendant le feuillage de la signification,
Un son qui évoque les sens, celui, soudain,
Lourd et mat, du fruit
Et de longs silences
A la surface du vent et en dessous.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent ;
Aveugle comme Homère, méditant sur la mer vineuse,
Je médite sur le vent, fouillant
Les sources de nombreux chants en moi qui n’ont pas vu
le jour,
Révélant en un éclair la flamme constante,
Un feu au coeur du vent.

Je n’arrive pas à trouver de mot pour le vent.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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SUR UN AIR LENT (Li Qing Zhào)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR UN AIR LENT

Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.

Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?

***

(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Arsenal (Xavier Houssin)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022


chuchotis

Je suis parti très tôt à la bibliothèque.

Les marches arrondies de l’escalier de pierre.
La main traînant la rampe.
Les portes silencieuses.

Pour fouiller dans les cendres.

Talc du temps
bois blond.
Opalines et fenêtres.

Et puis ce chuchotis
l’océan qu’on entend au fond des coquillages.

(Xavier Houssin)

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Susurre le vent (Wang Bo)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022



Illustration: Shen Zhou  
    
Susurre le vent : ombres, fraîcheurs
Purifiant pour moi vallons et bois
Il fouille, près du torrent, la fumée d’un logis
Et porte la brume hors des piliers de montagne

Allant, venant, sans jamais laisser de traces
S’élève, s’apaise, comme mû par un désir
Face au couchant, fleuve et mont se calment :
Pour vous, il éveille le chant des pins

(Wang Bo)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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Ils ont emporté tout ce que j’avais en double (Isabelle Pinçon)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2021


coupée

Ils ont emporté tout ce que j’avais en
double et je me suis retrouvée
sur le parking
avec le strict minimum: une seule
chaussure, une seule chaussette,
un seul
pied, une seule jambe, un seul
bras, une
seule oreille, un seul regard, une
seule
larme,
Avant de filer, ils ont crié: « T’as
encore de
la chance qu’on te laisse le
coeur! »
Alors j’ai eu l’idée de fouiller
dedans avec
la seule main qu’il me restait et
j’ai tout
retrouvé.

(Isabelle Pinçon)

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JE RENTRE TARD, LA NUIT, À LA MAISON (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021




Illustration: Roger Vieillard
    
JE RENTRE TARD, LA NUIT, À LA MAISON

A la nuit tombée,
je rentre par le sentier
où rôdent les tigres.
La montagne est noire,
le village endormi,
la Grande Ourse
se penche vers le fleuve.
Au-dessus de ma tête
l’éclat de Vénus
illumine le ciel.
Dans la cour,
la chandelle à la main,
je fouille des yeux
les arbustes ténébreux.
De la gorge montagneuse,
monte le cri effrayé
d’un singe.
Vieillard aux cheveux blancs,
je danse et je chante,
appuyé sur ma canne
je veille toute la nuit.
Et pourquoi pas ?

(Du Fu)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

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Syncope blanche (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020



Fouillant la paralysie
il cherchait un corps à rêver
ni le corps couturé
d’un dieu déchu
ni la chair étanche
d’un irradiant
mais un équateur respirant
syncope blanche
qui enfante du zénith

(Zéno Bianu)

Illustration

 

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LES BEAUTES QUE LA VIE PRESENTE… (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020




    
LES BEAUTES QUE LA VIE PRESENTE…

Les beautés que la vie présente, éparses,
Il ne faudrait pas les enfouir toutes.
O ta chair criant, ta chair qui frémit,
O les instants trop rares de la joie,
La mer sans île au large et sans falaises
Où viennent se briser les espérances
En vagues s’écroulant l’une sur l’autre.
O ma nuit de ténèbres habitée
Par trop peu d’étoiles pour dissiper
La bruine régnant sur le monde. Et puis
L’inutile faucille de la lune;
Telles des paons, égarées, les comètes;
Dans les cerveaux, ces mulots, les pensers;
Les rêves toujours guettés par les mites,
Et vous, les tristesses, les joies et vous,
Colères, douleurs, et vous les soucis,
Vous, les yeux, les seins, les mains en attente,
Vous, corps enlacés, vous corps délirants,
Toi, rythme du travail, marteau, faucille,
Toi, main fouillant la poche sans argent,
Les routes menant ou non quelque part,
Et le soupir que l’on ne peut dompter
Et tant d’autres choses, dites ou tues,
Même avant d’apparaître disparues,
Et toi, toi qui ne peux t’offrir le temps
Que met l’insecte à gravir un brin d’herbe.
Pourtant, si dans tes chants tu ne mets pas
Un peu de tout cela, plus pauvre encore
Sera ce monde en beautés mal pourvu…
Et non, cela je ne l’ai pas voulu…

(Mihai Beniuc)

 

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Le Biniou (Hippolyte Guérin)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
Le Biniou

De ma bourse un peu pauvrette
Où l’ennui m’a fait fouillé
Je me suis permis l’emplette
D’un biniou de cornouiller
Sur notre lande bretonne
Oh ! les jolis airs qu’il sonne
Oh ! comme il endort aux coeurs
La fatigue et les douleurs

Refrain:

Les douleurs sont des folles
Et qui les écoute est encore plus fou
A nous deux toi qui consoles
Biniou, mon biniou, mon cher biniou !

Près de moi tout lui fait la fête
C’est l’oiseau qu’il réjouit
C’est l’écho qui le répète
C’est la brise qui le suit.
Quelle est donc cette magie
Qui nous jette en pleine vie
Le sourire au sein des pleurs
La gaieté sur les douleurs ?…

Mais la somme qu’il me coûte
Sera lente à revenir
Et bien des rigueurs sans doute
M’ne laisseront souvenir:
Ma sacoche un peu moins lourde
Moins de cidre dans ma gourde
Puis… qui sait ? jours de malheurs !
La faim même et ses douleurs !…

(Hippolyte Guérin)

 

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Chanson de musette (Henri Murger)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2020




    
Chanson de musette

Hier, en voyant une hirondelle
Qui nous ramenait le printemps,
Je me suis rappelé la belle
Qui m’aima quand elle eut le temps.
Et pendant toute la journée,
Pensif, je suis resté devant
Le vieil almanach de l’année
Où nous nous sommes aimés tant.

Non, ma jeunesse n’est pas morte,
Il n’est pas mort ton souvenir ;
Et si tu frappais à ma porte,
Mon cœur, Musette, irait t’ouvrir.
Puisqu’à ton nom toujours il tremble,
Muse de l’infidélité,
Reviens encor manger ensemble
Le pain béni de la gaîté.

Les meubles de notre chambrette,
Ces vieux amis de notre amour,
Déjà prennent un air de fête
Au seul espoir de ton retour.
Viens, tu reconnaîtras, ma chère,
Tous ceux qu’en deuil mit ton départ,
Le petit lit — et le grand verre
Où tu buvais souvent ma part.

Tu remettras la robe blanche
Dont tu te parais autrefois,
Et comme autrefois, le dimanche,
Nous irons courir dans les bois.
Assis le soir sous la tonnelle,
Nous boirons encor ce vin clair
Où ta chanson mouillait son aile
Avant de s’envoler dans l’air.

Dieu, qui ne garde pas rancune
Aux méchants tours que tu m’as faits,
Ne refusera pas la lune
A nos baisers sous les bosquets.
Tu retrouveras la nature
Toujours aussi belle, et toujours,
Ô ma charmante créature,
Prête à sourire à nos amours.

Musette qui s’est souvenue,
Le carnaval étant fini,
Un beau matin est revenue,
Oiseau volage, à l’ancien nid ;
Mais en embrassant l’infidèle,
Mon cœur n’a plus senti d’émoi,
Et Musette, qui n’est plus elle,
Disait que je n’étais plus moi.

Adieu, va-t’en, chère adorée,
Bien morte avec l’amour dernier ;
Notre jeunesse est enterrée
Au fond du vieux calendrier.
Ce n’est plus qu’en fouillant la cendre
Des beaux jours qu’il a contenus,
Qu’un souvenir pourra nous rendre
La clef des paradis perdus.

(Henri Murger)

 

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