Posts Tagged ‘frontière’
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

LA POÉSIE
Je te cherche sous les racines de mon coeur
Comme un enfant à l’intelligence retardée qui a peur
D’entrer dans l’eau qui parle seul et fait bouger ses mains
« O mon Dieu permettez que cette eau ne me broie pas comme Votre Moulin
Je m’attarde résolument près des colchiques et des saules
Laissez-moi regarder par-dessus votre épaule
La route qui poudroie et l’herbe qui verdoie
Sans désirer jamais autre chose que cela
Mais Dieu qui n’entend pas l’amour de cette oreille
« Tu descendras au fond de toi et je surveille
Tes allées et venues Tu me dois de trouver
Dans l’eau de mes regards la noisette tombée »
Les yeux vagues ainsi qu’un veilleur de frontière
De songerie malade et de sens abîmés
Je plonge doucement mes mains dans la lumière
Sans penser un instant à les en retirer
Car il me plaît d’aider un corps qui s’aventure
Et cherche par-delà sa forme préférée
Le spectacle d’une âme aveugle qui murmure
Le long du mur en pierre de l’éternité.
(René Guy Cadou)
Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (René Guy Cadou), abîmer, aider, allée, amour, aveuglé, âme, épaule, éternité, bouger, broyer, chercher, coeur, colchique, corps, dens, descendre, Dieu, doucement, eau, enfant, entendre, entrer, fond, forme, frontière, intelligence, laisser, lumière, main, malade, moulin, mur, murmurer, noisette, oreille, par-delà, par-dessus, parler, permettre, peur, pierre, plaire, plonger, poésie, préférer, racine, résolu, regard, regarder, retarder, s'attarder, s'aventurer, saule, seul, songerie, spectacle, surveiller, tomber, trouver, vague, veilleur, venue, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
La traversée du Fongmu Ling
Le doigt tendu vers la cime embrumée
Indique la haute frontière indécise, entre terre et ciel.
Voilà la montagne magnifique
Qu’aucun oiseau en son vol n’a jamais dépassée.
Qui saurait franchir ces hauts degrés de pierre ?
Nos mains s’agrippent le long des sentiers sinueux.
À chaque pas gagné, l’abîme grandit devant mes yeux terrifiés
Et la brume généreuse empoisse mes vêtements alourdis.
Je m’empourpre des derniers traits du soleil qui meurt,
Tandis qu’à mesure, c’est la vallée qui s’enténèbre.
Mon pays natal me rappelle alors et détourne vers lui mon regard.
Je vois les flots hardis du grand fleuve ;
Je sens le souffle vif des confins du monde.
Comment rester debout quand tout vous porte à être à genoux.
(Gu Lin)
(1476-1545)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Gu Lin), abîme, alourdir, à genoux, brume, ciel, cime, confins, dépasser, détourner, debout, degré, doigt, embrumer, empoisser, fleuve, flot, franchir, frontière, gagner, généreux, grandir, hardi, haut, indécis, indiquer, magnifique, main, monde, montagne, mourir, natal, oiseau, pas, pays, pierre, porter, regard, rester, s'agripper, s'empourprer, s'enténébrer, savoir, se rappeler, sentier, sentir, sinueux, soleil, souffle, tendre, terre, terrifier, trait, traversée, vallée, vêtement, vif, voir, vol, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022

les frontières sont là, les rues, l’oubli
et l’herbe et les concombres, et les chèvres et le genêt,
l’enthousiasme est là, oui les frontières sont là;
les branches sont là, le vent qui les agite
est là, et l’unique signe des branches
de cet arbre qu’on appelle précisément le chêne est là,
de cet arbre qu’on appelle précisément le frêne, le bouleau
le cèdre est là, et le signe répété
est là, sur le gravillon de l’allée; elles sont là
aussi les larmes, l’armoise et le laurier sont là,
les otages, l’oie cendrée, et les petits de l’oie cendrée;
et les fusils sont là, un jardin d’énigmes,
sec et sauvage, orné des seules groseilles,
les fusils sont là; au milieu du ghetto
éclairé et chimique ils sont là les fusils oui,
avec leur précision ancienne et paisible ils sont là
les fusils, et les pleureuses sont là, rassasiées
comme hiboux inassouvis, le lieu du crime est là;
le lieu du crime oui, insouciant, naturel, abstrait,
baigné d’une lumière de chaux, pitoyable,
ce poème tout blanc, vénéneux, qui s’effrite
***
grænserne findes, gaderne, glemslen
og græs og agurker og geder og gyvel,
begejstringen findes, graenserne findes;
grenene findes, vinden der løfter dem
findes, og grenenes eneste tegning
af netop det træ der kaldes egetræet findes,
af netop det træ der kaldes asketræet, birketræet,
cedertrœet findes, og tegningen gentaget
findes, i havegangens grus; findes
også gråden, og gederams og gråbynke findes,
gidslerne, grågåsen, grågåsens unger;
og geværerne findes, en gådefuld baghave,
tilgroet, gold og kun smykket med ribs,
geværerne findes; midt i den oplyste
kemiske ghetto findes geværerne,
med deres gammeldags, fredelige præcision findes
geværerne, og grædekonerne findes, mætte
som grådige ugler, gerningsstedet findes;
gerningsstedet, døsigt, normalt og abstrakt,
badet i et hvidkalket, gudsforladt lys,
dette giftige, hvide, forvitrende digt
(Inger Christensen)
Traduction de Zéno Bianu,
avec la collaboration de Karl Ejby Poulsen
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Inger Christensen), agiter, allée, ancien, arbre, armoise, éclairer, énigme, baigner, blanc, bouleau, branche, cèdre, cendre, chaux, chêne, chimique, concombre, crime, enthousiasme, frêne, frontière, fusil, ghetto, gravillon, groseilles, herbe, hibou, inassouvi, jardin, larme, laurier, lieu, lumière, oie, orage, orner, oubli, paisible, pitoyable, pleureuses, poème, précis, précision, rassasier, répéter, rue, s'effriter, sauvage, sec, signe, unique, vénéneux, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2022

Illustration: Maria Amaral
Où s’arrête réellement
ce que nous appelons « nous-mêmes »
et où commence
ce que nous appelons « autre » ?
La danse des atomes et des particules
n’établit pas ce type de limites.
Quelle certitude alors
nous permet d’affirmer que nous ne sommes
pas arbre ?
Pas fleur.
Pas chien.
Quel élément fédérateur
nous donne ce sentiment d’unité autonome
et quelle est cette frontière
qui prétend nous circonscrire ?
(Cyril Dion)
Recueil: À l’orée du danger
Traduction:
Editions: Acte Sud
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Cyril Dion), affirmer, appeler, arbre, atome, autonome, autre, élément, établir, certitude, chien, commencer, danse, donner, fédérateur, fleur, frontière, limite, nous-mêmes, particule, permettre, prétendre, réellement, s'arrêter, sentiment, type, unité | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022

Frontière
Madame
la mer est vaste
belle
sans espérance
sirène
ô ma bouée
(Paul Nougé)
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Posted in poésie | Tagué: espérance, sirène, mer, beau, frontière, vaste, bouée, (Paul Nougé) | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 juillet 2022
![Adrian Borda she_had_flowers [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/10/adrian-borda-she_had_flowers-1280x768.jpg?w=683&h=902)
LES LIMITES DE L’AMOUR
Il suffit d’un baiser
Pour apprendre l’amour
Et d’un oeil abaissé
Pour connaître la nuit
Il suffit d’un mort
Pour savoir en secret
Les machines de l’oubli
Les pièges du souvenir
Et de sable mouillé
Pour à jamais découvrir
Les industries de la mer
A effacer les pas.
Longuement j’écoute
En toi respirer mon amour
Tu as en toi mon amour
J’ai ton amour en moi
Le plus clair de mon sang
Depuis longtemps passe en toi
Et voici que ton sang
En mes veines afflue
Je te prolonge tu me limites
Ta frontière est en moi
Ta vie se fait de la mienne
Serais-je si tu n’étais pas ?
La buée de nos haleines
C’est au froid du ciel
La preuve de nos sangs mêlés
De nos vies l’une par l’autre
Comme un halo de la lune
Mon souffle entoure le tien
Et sans la rosée de tes lèvres
Je serais sable dans le vent
Quand cessera mon coeur
Le tien cessera de battre
Il faut
bien que tu saches
Que j’emporterai ton coeur
(Max-Pol Fouchet)
Illustration: Adrian Borda
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Posted in poésie | Tagué: (Max-Pol Fouchet), amour, apprendre, écouter, baiser, buée, ciel, connaître, effacer, froid, frontière, haleine, industrie, limite, machine, mer, mort, nuit, oeil, oubli, piège, preuve, respirer, sang, savoir, se limiter, secret, souvenir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022

La terre non interdite
Verse-moi du vin, jeune homme,
jusqu’à la joie extrême
que l’aube nous prépare.
Et que le scorpion pique!
Le sommeil est la frontière
et sa porte
la terre non interdite.
(Abû-l-‘Abbas al-Magribî)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Abû-l-'Abbas al-Magribî), aube, extrême, frontière, interdite, jeune homme, joie, piquer, porte, scorpion, sommeil, terre, verser, vin | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2022

Ce que je suis
D’où je viens ?
Du coeur.
Mon pays?
Le bord des mots.
Quelle est ma langue ?
Le souffle.
Ma frontière ?
La respiration.
Mon avenir ?
Toi ou rien.
Je fuis la guerre,
la dictature,
la misère, les blessures
et je ne dis jamais : Chut !
Non, je ne me tais pas.
Qui je suis,
moi qui vis près de toi ?
La poésie.
(Carl Norac)
Recueil: Pff! ça sert à quoi la poésie ?!
Traduction:
Editions: Rue du Monde
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Posted in poésie | Tagué: (Carl Norac), avenir, être, blessure, bord, coeur, dictature, dire, frontière, fuir, guerre, jamais, langue, misère, mot, pays, poésie, respiration, rien, se taire, souffle, toi, venir, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022

Enfance
Colère devant l’enfant sans pain
ni mère qui mange de la terre
dessine des hélicoptères reste
debout dans son sommeil
Colère devant l’enfant au ventre outré
araignée de la misère
qui joue avec la terre
sous un soleil touriste
Colère devant l’enfant courant devant la guerre
jusqu’aux frontières
depuis sept ans sans s’arrêter
s’il ne se couche dans la terre
Colère devant la terre entière
la terre qui est le pain qui
est la joie
la maison et la mort
(Anna Gréki)
Recueil: Guerre à la guerre
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Anna Gréki), araignée, colère, courir, debout, dessiner, enfance, enfant, frontière, guerre, hélicoptère, joie, jouer, maison, manger, mère, misère, mort, outre, pain, rester, s'arrêter, se coucher, soleil, sommeil, terre, touriste, ventre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022

Illustration: Tachibana Morikuni
En mission à la frontière
Char solitaire sur les routes frontalières
Long-jour passé, voici les pays soumis
Herbe errante hors des murailles des Han
Oie sauvage égarée dans le ciel barbare
Vaste désert où s’élève, droite, une fumée
Long fleuve où se pose le disque du couchant
A la passe Désolée enfin une patrouille
Le quartier général? Au mont Hirondelles !
(Wang Wei)
Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil
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Posted in poésie | Tagué: (Wang Wei), égaré, barbare, char, ciel, couchant, désert, désolé, disque, errer, frontalier, frontière, général, herbe, hirondelle, jour, mission, muraille, oie, passer, patrouille, pays, quartier, route, s'élever, sauvage, solitaire, soumis, vaste | Leave a Comment »