Du geste de tuer à deux mains
L’art de pétrir n’est pas différent
(Que le progrès a du bon, quel repos :
Le bouton de droite donne le pain,
Avec le bouton de gauche, facilement,
Je lance, sans regarder, la fusée
Et j’atteins l’ennemi).
***
Mãos limpas
Do gesto de matar a ambas mãos
O jeito de amassar não é diferente
(Que bom este progresso, que descanso:
Obotão da direita dá o pão,
Com o botão da esquerda, facilmente,
Disparo, sem olhar, o foguetão,
E o inimigo alcanço).
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
Mec, mec, tu es dingue,
Reprends-toi, mec !
Tu as une fusée dans la poche,
Reste coolly cool, mec
Ne t’excite pas,
Car, mon pote,
Des moments sublimes t’attendent.
Tout doux, beau gosse,
Tu peux vivre ce moment et mourir au lit !
Mec, mec, tu es dingue,
Reste souple, mec !
Calme et sang-froid, c’est l’heure de vérité.
Vas-y mollo, mec !
Vas, mon gars, vas-y,
Mais surtout ne t’emballe pas.
Joue-la décontracté, mec,
Bien détendu !
(West Side Story)
***
WEST SIDE STORY – COOL
Boy, boy, crazy boy,
Get cool, boy!
Got a rocket in your pocket,
Keep coolly cool, boy!
Don’t get hot,
‘Cause man, you got
Some high times ahead.
Take it slow and Daddy-O,
You can live it up and die in bed!
Boy, boy, crazy boy!
Stay loose, boy!
Breeze it, buzz it, easy does it.
Turn off the juice, boy!
Go man, go,
But not like a yo-yo schoolboy.
Just play it cool, boy,
Real cool!
Oh ! laissez-moi ! c’est l’heure où l’horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L’heure où l’astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu’en ces jours où l’automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.
Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, – tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l’ombre s’amasse au fond du corridor, –
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d’or !
Qu’elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d’automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s’éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l’horizon violet !
Fusée rouge, je m’enflamme,
Brûle et m’éteins.
Hélas! Moi en livrée rouge
Hélas! Moi, coeur rouge
Hélas! Moi, sang rouge
Inlassable je fuis, comme
Si moi-même je devais aller vers le terme.
Plus je fuis, plus je brille.
Plus je brûle, plus je souffre,
Et plus je souffre, plus vite je m’éteins.
Ô moi qui aimerais vivre éternellement,
Je vais, homme rouge, par le champ vert,
Au-dessus de moi sur le lac bleu du silence
Des nuages de fer, oh! et moi je vais,
Je vais, homme rouge!
Partout le silence : au champ, en le ciel,
Dans les nuages, moi seul je fuis, je brûle
De mon feu
Et ne puis gagner le silence.
Flamme t’exaltes-tu
Les plumes de ton envolée
N’émouvront nulle cendre,
Mais si s’embrase ta nacre
Entre le corail et la touffe
Je poserai au point focal
De là où le plaisir bouillonne
Un galet poli comme toi
Par des remous de baisers,
Pour le faste et pour l’abondance
Pour le lest que tu jetteras
Femme fusée ma fleur
Quand tu t’enverras dans les verts
Bien plus tiens que le bleu d’en haut.