Posts Tagged ‘génération’
Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022

Illustration: Jean Zakarauskas
Création
Dieu n’existe pas encore, et je ne sais quand
Au moins l’ébauche, la couleur s’affirmeront
Dans le dessin confus du passage
De générations innombrables dans cette sphère.
Aucun geste ne se perd, aucun trait,
Parce que le sens de la vie est celui-ci seul :
Faire de la Terre un Dieu qui nous mérite,
Et donner à l’Univers le Dieu qu’il attend.
***
Criação
Deus não existe ainda, nem sei quando
Sequer o esboço, a cor se afirmará
No desenho confuso da passagem
De gerações inúmeras nesta esfera.
Nenhum gesto se perde, nenhum trago,
Que o sentido da vida é este só:
Fazer da Terra um Deus que nos mereça,
E dar ao Universo o Deus que espera.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
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Posted in poésie | Tagué: (José Saramago), attendre, ébauche, confus, couleur, création, dessin, Dieu, donner, exister, génération, geste, innombrable, mériter, passage, s'affirmer, savoir, se perdre, sens, sphère, terre, trait, univers, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2022
Illustration: Koho Shoda
Fleuve, lune et fleurs printanières
Au printemps le fleuve déborde, s’unissant à la mer,
De l’océan, la lune monte avec la marée;
Scintillante, suivant les flots sur dix mille lis,
La lune glisse omniprésente le long du fleuve au printemps.
Le courant serpente entre les prairies parfumées,
Les arbres fleuris deviennent neigeux sous les rayons argentés;
Dans l’air qui semble condensé, se meut le givre
Qui voile les rives sablonneuses, à peine distinctes.
Ciel et fleuve, sans l ‘ombre d ‘une poussière, forment un camaïeu pur,
Au-dessus duquel brille une lune solitaire dans le firmament infini;
Qui fut le premier à contempler la lune au bord du fleuve?
Et quand pour la première fois, la lune a-t-elle éclairé la nuit?
La vie se perpétue, génération après génération,
Fleuve et lune paraissent immuables, année après année.
Innombrables sont les hommes qui s’en sont allés sous cette lune,
Seul demeure le grand Yangtsé charriant ses eaux précipitées.
Autant me semble, éloigné ce flocon de nuage qui va s’effilochant,
Autant est triste l’homme sur la rive aux érables verts;
Cette nuit-dans quelle maison, pense-t-on au voyageur sur l ‘eau
Sous cette lune qui s’attriste d’éclairer en solitaire le pavillon vide?
Elle s’y attarde, comme accrochée par dessus son toit,
Et pénètre le boudoir habité par une âme esseulée.
Elle se présente, insistante, à la fenêtre au rideau tiré,
Indélébile sur la planche où tomberont les coups du battoir.
A cette heure, à défaut de nouvelle, nous regardons la même lune,
Mais je voudrais être un de ces rayons qui te caresse…
Que l ‘oie sauvage porte mon message aussi loin que la lune!
Que les ondes nées des ébats des poissons composent mon courrier!
La nuit précédente, un rêve, où les pétales tombaient sur l’étang;
La mi-printemps déjà passée, et toi, malheureuse, tu ne me reviens pas…
Avec les eaux du fleuve, le printemps touche presque à sa fin,
A l’ouest, près de l ‘étang, la lune est sur son déclin;
Elle va bientôt se coucher au fond de la mer brumeuse,
Mais longue est la route, avant que les fleuves, Xiao et Xiang se rejoignent:
Combien sont-ils, ceux qui rentrent au clair de lune, cette nuit-là?
A la lune déclinée, les arbres du fleuve soupirent, mélancoliques.
***
春江潮水连海平,
海上明月共潮升。
滟滟随波千万里,
何处春江无月明!
江流宛转绕芳甸,
月照花林皆似霰;
空里流霜不觉飞,
汀上白沙看不见。
江天一色无纤尘,
皎皎空中孤月轮 。
江畔何人初见月?
江月何年初照人?
人生代代无穷已,
江月年年只相似;
不知江月照何人,
但见长江送流水。
白云一片去悠悠,
青枫浦上不胜愁。
谁家今夜扁舟子?
何处相思明月楼?
可怜楼上月徘徊,
应照离人妆镜台。
玉户帘中卷不去,
捣衣砧上拂还来。
此时相望不相闻,
愿逐月华流照君。
鸿雁长飞光不度,
鱼龙潜跃水成文。
昨夜闲潭梦落花,
可怜春半不还家。
江水流春去欲尽,
江潭落月复西斜。
斜月沉沉藏海雾,
碣石潇湘无限路。
不知乘月几人归,
落月摇情满江树。
(Zhang Ruoxu)
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Posted in poésie | Tagué: (Zhang Ruoxu), arbre, ébat, étang, briller, brumeux, clair de lune, contempler, courrier, déborder, esseulé, firmament, fleur, fleuri, fleuve, flot, génération, homme, immuable, lis, lune, maison, marée, mélancolique, mer, monté, nuit, océan, ombre, pavillon, poisson, poussière, printanier, printemps, rêve, rideau, s'attarder, s'unir, scintillant, se coucher, se rejoindre, serpenter, soupirer, triste, vide, vie, voyageur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2021

Postérité du chêne
Innocence de l’arbre
Que des oiseaux visitent
On ne saura jamais
Quelle heure est la plus longue
Cependant que dans des couloirs
Où des générations de mères ont passé
Le bois poli par tant de mains
Se souvient des orages
Et des longues neiges d’hiver
Lorsqu’il était au coeur de la forêt
Pareil à tant de ses frères si hauts
Et non cette barre d’appui
Que plus personne ne regarde
Tant d’habitude on la sait là.
(Robert Momeux)
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Momeux), arbre, barre, chêne, coeur, couloir, forêt, frère, génération, habitude, innocence, main, oiseau, orage, personne, postérité, regarder, se souvenir, visiter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 avril 2021
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Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2021

Illustration: Henri Matisse
[…]
il ne manque à l’amour que la durée
pour être à la fois l’Éden avant la chute
et l’Hosanna sans fin.
Faites que la beauté reste,
que la jeunesse demeure,
que le cœur ne se puisse lasser,
et vous reproduirez le ciel.
L’amour est si bien la félicité souveraine
qu’il est poursuivi de la chimère d’être toujours ;
il ne veut prononcer que des serments irrévocables ;
au défaut de ses joies, il cherche à éterniser ses douleurs;
ange tombé, il parle encore le langage
qu’il parlait au séjour incorruptible;
son espérance est de ne cesser jamais;
dans sa double nature et dans sa double illusion ici-bas,
il prétend se perpétuer par d’immortelles pensées
et par des générations intarissables.
[…]
(René de Chateaubriand)
Recueil: Mémoires d’outre-tombe
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (René de Chateaubriand), amour, ange, éterniser, beauté, cesser, chimère, chute, ciel, coeur, demeurer, double, douleur, durée, eden, espérance, félicité, fin, génération, Hosanna, ici-bas, illusion, immortel, incorruptible, intarissable, irrévocable, jamais, jeunesse, joie, langage, lasser, manquer, nature, parler, pensée, perpétuer, poursuivre, prétendre, prononcer, reproduire, rester, séjour, serment, souverain, tomber, toujours | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2020

MURS
Nous,
Solides et durs, nous les murs,
Condamnés à écouter et à nous taire,
Des milliers
Des milliers d’années nous restâmes soumis,
Écoutant, comprenant,
Étouffant en nous silencieusement
La rumeur des générations.
Mais plus jamais
Plus jamais nous ne serons muets,
Nous entendrons
L’escalade,
La griffade,
La tornade
Des pas pesants, des pas épais
Des pas d’acier.
Il vient un colosse, un puissant,
Et tout ce qui, hier encore,
Régnait,
Comme le roc
Ou le granit
À genoux tombe devant lui,
Tremblant de panique,
Nous donne une langue,
Nous colle et nous couvre
D’affiches à foison, de placards et de feuilles,
Avec elles
Comme avec des gueules énormes
Nous allons crier
En écoutant le tonnerre des pas.
(Aron Kushnirov)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aron Kushnirov), acier, affiche, à foison, à genoux, écouter, énorme, épais, étouffer, coller, colosse, comprendre, condamner, couvrir, crier, donner, entendre, escaladé, feuille, génération, granit, griffade, gueule, jamais, langue, muet, mur, panique, pas, pesant, placard, puissant, règner, roc, rumeur, se taire, silencieux, solide, soumis, tomber, tonnerre, tornade, trembler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2019

RÉINCARNATION
Je fus, je fus et j’ai été
Depuis longtemps ici planté,
Plus d’une fois j’ai dû ramper
Et j’ai plané plus d’une fois.
Parmi les poissons j’ai nagé
Dans les nuits des gouffres obscurs,
Parmi les astres voyagé
Sur l’hippodrome de l’azur.
Dans les télescopes poudreux
Je m’agitais, je me mirais,
Pleuvant en rayons lumineux
Sur la tête d’un orphelin.
Mes larmes en rosée tombaient
Au coeur d’une rose. Je fus
Le songe du séminariste
Sur le banc d’un temple endormi.
Je fus une pure prière
Qu’emplissait l’effroi de Satan.
Je fus cette larme qui perle
Aux cils d’un tel, en même temps
Le réconfort qui chez un autre
Calme l’étreinte du tourment.
J’ai vécu, mué en tortue
De longues, de noires années,
Mâchant et pétrissant la terre,
Je n’ai rien vu, je me suis tu.
Je restais à l’état larvaire
Et j’étais bien le plus bizarre
Parmi tant de bizarreries,
Un chat dans l’ombre d’une cave,
De tous le plus abandonné.
J’ai franchi, plus vif que l’éclair,
Générations et pays
Jusque dans l’esprit d’un penseur.
Ici, durement j’ai souffert,
Et là, profondément aimé,
Tous les pays dans mes tréfonds
Leurs tempêtes, leur mois de mai,
Le Mississippi là-bas gronde,
Rêvent le Danube et le Nil,
Ma petite sœur l’infusoire,
Le Hottentot mon frère noir,
Ils me conduisent tous ensemble
Me pressent vers la délivrance
De ma réincarnation : Dieu.
(Aron Zeitlin)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aron Zeitlin), abandonner, aimer, année, astre, azur, éclair, étreinte, être, banc, bizarre, calmer, cave, chat, cil, coeur, conduire, délivrance, Dieu, durement, effroi, emplir, endormi, ensemble, esprit, franchir, génération, gouffre, hippodrome, infusoire, larme, larvaire, longtemps, lumineux, mai, mâcher, mois, muer, nager, noir, nuit, obscur, ombre, orphelin, pays, pétrir, penseur, perle, planer, planter, pleuvoir, poisson, poudreux, presser, prière, profondément, pur, ramper, rayon, réconfort, réincarnation, rester, rosée, rose, s'agiter, Satan, séminariste, se mirer, se taire, soeur, songe, souffrir, télescope, tête, tempête, temple, tomber, tortue, tourment, tréfonds, vif, vivre, voir, voyager | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2019

Illustration: Vincent Van Gogh
QUE PENSENT LES ÉTOILES
Que méditent, à quoi pensent
Les étoiles dans leur transe
Lorsque les larmes qui luisent
Au fond des yeux s’y calcinent ?
Que pense donc, à quoi rêve
La triste source flétrie ?
Fulgure-t-elle, sa brève
Lueur parfois dans la vie,
L’éclair qui nous irradie?
Nous qui recherchons sans trêve
Dans les jours d’obscurité
Pour la pauvre humanité
Le chemin qu’elle perdit?
Que méditent donc, que pensent
Ceux-là sans cesse qui poussent
La brouette des souffrances ?
Est-ce qu’au moins sur leurs lèvres
Que pèlent et que calcinent
Les perpétuels soucis
Brille parfois un sourire ?
Un reflet de l’avenir,
D’un lendemain plus heureux
Qui nous ferait reconnaître
Dans les ténèbres des cieux
Toute dorée, une rive ?
À quoi pense la famine
Dans les caves faméliques ?
Le sommeil ne veut venir
Et la nuit n’est que silence,
Est-ce qu’au moins elle entend
Dans la paix l’écho de fer –
C’est le pas pesant des temps,
Générations en marche,
Est-ce que le ciel se fend
Parfois dans la main de Dieu ?
Est-ce qu’il voit le tonnerre,
Est-ce qu’il sait que c’est vrai?
(Itzhak-Leibush Peretz)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019

Les Horloges
Les sabliers nous avertissent que nous devenons tous ce qui compte nos instants.
Les clepsydres nous disent qu’il n’y a pas dans ce monde une minute qui ne puisse être marquée par une larme,
et que les générations qui se succèdent ne sont rien de plus que des gouttes d’eau qui tombent.
Orateurs silencieux, les cadrans solaires nous mesurent avec l’ombre la durée de la lumière
et nous répètent sans cesse que peine et plaisir,
rien ne marche qui ne fasse partie de la mort.
Les sabliers, les clepsydres, les cadrans solaires ne parlaient à la pensée qu’en s’adressant aux yeux.
L’homme a trouvé que ce n’était point assez.
Il a forcé l’oreille d’entendre et d’écouter la fuite du temps.
Sans vouloir s’informer de ce qu’elles deviennent, il a mis des grelots au troupeau de ses heures,
et, grâce à cette heureuse invention, il peut de moment en moment entendre sonner le glas d’une portion de sa vie.
(Jules Lefèvre-Deumier)
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Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2018

Illustration: Louis Dumoulin
retouche à Waterloo
Depuis cinq générations qu’ils labourent le champ bas
chaque année ils trouvent un os
et le gardent pour le Noël du chien.
(Daniel Boulanger)
Recueil: Les dessous du ciel
Editions: Gallimard
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