Posts Tagged ‘geôle’
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022

Cirque
Le poète n’est pas quelqu’un, il est bête chose
Qui de la geôle ou la cage a vagabondé
Et il parcourt le monde en cabriolant,
Souvenir du cirque qu’il a inventé.
Il étend sur le sol la cape qui le découvre,
Fait de la poitrine le tambour, et roule, saute,
Il est ours danseur, singe savant,
Oiseau torse du bec et échasse.
Pour finir il joue la fanfare du poème,
Grosse caisse, basson, notes écorchées,
Et parce que bête il est, bête il reste là
A chanter pour les étoiles éteintes.
***
Circo
Poeta não é gente, é bicho coiso
Que da jaula ou gaiola vadiou
E anda pelo mundo às cambalhotas,
Recordadas do circo que inventou.
Estende no chão a capa que o destapa,
Faz do peito tambor, e rufa, salta,
E urso bailarino, mono sábio,
Ave torta de bico e pernalta.
Ao fim toca a charanga do poema,
Caixa, fagote, notas arranhadas,
E porque bicho é, bicho lá fica,
A cantar às estrelas apagadas.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (José Saramago), échasse, écorché, éteint, étendre, étoile, basson, bête, bec, cabrioler, cage, cape, chanter, chose, cirque, danseur, découvrir, fanfare, finir, geôle, grosse caisse, inventer, jouer, monde, note, oiseau, ours, parcourir, poème, poète, poitrine, quelqu'un, rester, rouler, sauter, savant, singe, sol, souvenir, tambour, torse, vagabonder | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2020
tu as ce visage lisse
ces gestes calmes
ce regard assuré
et tu vas d’un pas
tranquille
tu es la geôle
et le geôlier
d’un paria
que tu ne veux pas connaître
que tu refuses de nourrir
dont tu subis la faim la loi
que tu voudrais assassiner
j’entends ses cris
dans tes yeux
(Charles Juliet)
Illustration: René Magritte
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Charles Juliet), assassiner, assuré, calme, connaître, cri, faim, geôle, geôlier, geste, lisse, Loi, nourrir, paria, refuser, regard, tranquille, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration: Fanny Verne
RONDEAU DU MOI SECRET
For de mon for, tréfonds le plus intime
De mon bas être à l’erreur condamné,
Secrètement t’habite un Moi sublime,
Clos au dehors, du dedans gouverné.
Indifférente aux intérêts du monde,
Sans vanité, sans soif de chair ni d’or,
Ainsi tiens-tu ma Personne Seconde,
For de mon for.
Pour quel haut fait, quelle oeuvre magnanime
Ce Moi de Moi dans ton antre est-il né?
Pilier du ciel, rédimeur du vieux crime,
Quel abdal est-ce, ou Christ prédestiné
Tel du magnan sous la quenouille blonde
Le papillon qui vit sans aile encor,
Prêt à briser sa coquille féconde,
For de mon for,
Ainsi végète, ainsi déjà s’anime
Dans ton cocon de soie environné,
Le grain vivant, la chrysalide infime
De l’ange immense en ma chair confiné.
Mais, de l’abîme où n’atteint point la sonde,
Pour prendre aux cieux un droit et libre essor,
Comment sortir de ta geôle profonde,
For de mon for
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (André Berry), abîme, ange, antre, atteindre, bas, briser, chair, Christ, chrysalide, ciel, clos, cocon, condamner, confiner, coquille, dedans, dehors, droit, essor, for, geôle, gouverner, grain, habiter, immense, indifférent, infime, intérêt, intime, libre, magnanime, moi, monde, naître, oeuvre, os, personne, pilier, profond, quenouille, rondeau, s'animer, second, secrètement, secret, soie, soif, sonde, sortir, sublime, tréfonds, vanité, végéter, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mars 2019

Un corps m’est échu : qu’en ferai-je enfin,
Tellement unique et tellement mien ?
La douce joie de vivre et respirer,
D’où me vient-elle, et qui en remercier ?
Étant fleur et jardinier à la fois,
Je ne suis seul dans la geôle ici-bas.
Et sur la vitre de l’éternité
Ma chaude haleine a pu se déposer.
Ses empreintes, comme des ornements,
Déjà se déchiffrent malaisément.
Que l’instant s’envole avec la buée !
Mon cher dessin, rien ne peut l’effacer.
***
Дано мне тело — что мне делать с ним,
Таким единым и таким моим?
За радость тихую дышать и жить,
Кого, скажите, мне благодарить?
Я и садовник, я же и цветок,
В темнице мира я не одинок.
На стекла вечности уже легло
Мое дыхание, мое тепло.
Запечатлеется на нем узор,
Неузнаваемый с недавних пор.
Пускай мгновения стекает муть —
Узора милого не зачеркнуть!
(Ossip Mandelstam)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: (La) Pierre
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Ossip Mandelstam), échoir, éternité, buée, chaud, cher, corps, dessin, doux, effacer, empreinte, enfin, faire, fleur, geôle, haleine, jardinier, joie, malaisément, mien, ornement, remercier, respirer, s'envoler, se déchiffrer, se déposer, seul, unique, venir, vitre, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2018

LA CHAMBRE NOIRE
(Extrait)
Je t’aurai tant aimée
que l’oubli ne pourra
donner une autre forme
au vide que j’habille.
Je m’en irai, manteau
de ta légère absence,
écharpe au cou du vent
qui portait ton visage.
Je passerai, serrant
les biens que tu me fus,
geôle de ton passé,
bouche de ton silence.
(Axel Toursky)
Illustration: Leslie Adams
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Axel Toursky), absence, aimer, écharpe, biens, bouche, chambre, cou, geôle, habiller, manteau, noire, passer, silence, vent, vide | 8 Comments »
Posted by arbrealettres sur 27 juin 2018

Il en fut comme
d’un crépuscule immense d’or allègre,
qui se serait, soudain, éteint tout entier
en un nuage de cendre.
— Il m’en resta cette tristesse
des désirs brûlants, quand ils doivent
s’enfermer dans la geôle
de la vérité quotidienne ; ce chagrin
des jardins aux couleurs idéales
qu’efface une lumière sale de pétrole —.
Et je ne m’y résignais pas.
Je le pleurai ; je l’obligeai. Je vis la ridicule
injustice de cette candide fraternité
de l’homme et de la vie,
de la mort et de l’homme.
Et me voici, vivant ridicule, attendant,
mort ridicule, la mort!
***
Fue lo mismo
que un crepúsculo inmenso de oro alegre,
que, de repente, se apagara todo,
en un nublado de ceniza.
—Me dejó esa tristeza
de los afanes grandes, cuando tienen
que encerrarse en la jaula
de la verdad diara; ese pesar
de los jardines de colores ideales,
que borra una luz sucia de petróleo—.
Yo no me resignaba.
Le lloré; le obligué. Vi la ridícula
sinrazón de esta cándida hermandad
de hombre y vida,
de muerte y hombre.
¡Yaqui estoy, vivo ridículo, esperando,
muerto ridículo, a la muerte!
(Juan Ramón Jiménez)
Illustration: Christophe Hohler
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Juan Ramon Jimenez), allègre, attendre, éteint, candide, cendre, chagrin, crépuscule, fraternité, geôle, idéal, immense, injustice, jardin, lumière, mort, nuage, or, pétrole, ridicule, s'enfermer, se résigner, tristesse, vérité | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2018

Les désirs sont peuplés d’objets qui nous épellent.
Les objets sont les bornes que nous déplaçons
dans l’entêtement fébrile de nous atteindre.
Il y a l’objet et sa geôle.
Le poète scie les barreaux dans l’ombre.
(Edmond Jabès)
Recueil: Le Seuil Le Sable Poésies complètes 1943-1988
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Edmond Jabès), atteindre, épeler, barreau, borne, déplacer, désir, entêtement, fébrile, geôle, objet, ombre, peupler, poète, scier | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2018

JE SENS QUE JE SUIS
Je sens que je suis je sais seulement que je suis
Que je foule la terre non moins morne et vacant
Sa geôle m’a glacé de sa ration d’ennui
A réduit à néant mes pensées en essor
J’ai fui les rêves passionnés dans le désert
Mais le souci me traque — je sais seulement que je suis
J’ai été un être créé parmi la race
Des hommes pour qui ni temps ni lieux n’avaient de bornes
Un esprit voyageur qui franchissait l’espace
De la terre et du ciel comme une idée sublime —
Et libre s’y jouait comme mon Créateur
Une âme sans entraves — comme l’Éternité
Reniant de la terre le vain le vil servage
Mais à présent je sais que je suis — voilà tout
***
I FEEL I AM
I feel I am I only know I am
And plod upon the earth as dull and void
Earth’s prison chilled my body with its dram
Of dullness and my soaring thoughts destroyed
I fled to solitudes from passion’s dream
But strife pursued — I only know I am
I was a being created in the race
Of men disdaining bounds of place and time
A spirit that could travel o’er the space
Of earth and heaven like a thought sublime —
Tracing creation like my Maker free
A soul unshackled — like eternity
Spurning earth’s vain and soul debasing thrall —
But now I only know I am — that’s all
(John Clare)
Recueil: Poèmes et Proses de la Folie de John Clare
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Mercure de France
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (John Clare), âme, éternité, être, borne, ciel, créateur, créer, désert, ennui, entrave, esprit, essor, fouler, franchir, fuir, geôle, glacer, homme, idée, jouer, libre, lieu, morne, néant, passionné, pensée, race, ration, réduire, rêve, renier, savoir, sentir, servage, souci, sublime, temps, terre, traquer, vacant, vil, voyageur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2018

Illustration: Károly Ferenczy
SOLITUDE
Il y a dans la solitude un charme heureux
Un sentiment dont le monde ne connaît rien
Un vert délice que chérit l’esprit blessé
Une fois retranché de ce monde brutal
Dont la joie criminelle est de railler le bien
Sa verte geôle lui procure du plaisir
La renarde ne le fuit pas les oiseaux rient
Il vit en Crusoë de son champ dont les chênes
Abritent vert foncé son méridien loisir
***
SOLITUDE
There is a charm in solitude that cheers
A feeling that the world knows nothing of
A green delight the wounded mind endears
After the hustling world is broken off
Whose whole delight was crime — at good to scoff
Green solitude his prison pleasure yields
The bitch fox heeds him not birds seem to laugh
He lives the Crusoe of his lovely field
Whose dark green oaks his noontide leisure shield
(John Clare)
Recueil: Poèmes et Proses de la Folie de John Clare
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Mercure de France
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (John Clare), abriter, bien, blessé, brutal, champ, charmé, chérir, chêne, connaître, criminel, délice, esprit, fuir, geôle, heureux, joie, loisir, méridien, monde, oiseau, plaisir, procurer, railler, renard, retranché, rire, sentiment, solitude, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2018

Que dire ?
Que dire
Des trouées de l’âme
De la glisse des pensées
Des dérapages du sens
Que dire
Du corps qui se rénove
Par la grâce d’une parole
Le secours d’une caresse
La saveur d’une malice
Que dire
Des jours si vivaces
Des heures si ténues
De la geôle des mots
De l’attrait du futur
Que dire
De l’instant
Tantôt ennemi
Tantôt ami ?
(Andrée Chedid)
Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Andrée Chédid), ami, attrait, âme, caresse, corps, dérapage, dire, ennemi, futur, geôle, glissé, grâce, heure, instant, jour, malice, mot, parole, pensée, saveur, se rénover, secours, sens, ténu, trouée, vivace | Leave a Comment »