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Posts Tagged ‘geôlier’

Dans les prisons de Nantes (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2023




    
Dans les prisons de Nantes

Dans les prisons de Nantes
Y avait un prisonnier

Personne ne vint le « vouère »
Que la fille du geôlier

Un jour il lui demande
Et que dit-on de « moué » ?

On dit de vous en ville
Que demain vous mourrez

Mais s’il faut que je meure
Déliez-moi les pieds

La fille était jeunette
Les pieds lui a délié

Le prisonnier alerte
Dans la Loire s’est jeté

Dès qu’il fût sur les rives
Il se prit à chanter

Je chante pour les belles
Surtout celle du geôlier

Si je reviens à Nantes
Oui je l’épouserai

Dans les prisons de Nantes
Y avait un prisonnier

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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Dans la pénombre des océans (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022




    

Dans la pénombre des océans
Où finit la terre
Loin de toi ma geôlière
J’écoutais Haendel
Son Tremblement de terre de Rome
Comme granit dans la démesure de la fissure
L’île de Groix en face
Où Bourguiba faisait surface
Barbe généreuse et yeux perçants
Où le phare balayait la mer
Ses signaux verts battaient la nuit plaintive
Je ne savais si les airs du hautbois
Suppliaient l’océan d’être plus clément
Ou si les vagues frappant les rochers
Libéraient la falaise des bunkers de brume

(Tahar Bekri)

 

Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar

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A la Santé (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2022




Illustration: Vincent Van Gogh
    
A la Santé

I

Avant d’entrer dans ma cellule
Il a fallu me mettre nu
Et quelle voix sinistre ulule
Guillaume qu’es-tu devenu

Le Lazare entrant dans la tombe
Au lieu d’en sortir comme il fit
Adieu Adieu chantante ronde
Ô mes années ô jeunes filles

II

Non je ne me sens plus là
Moi-même
Je suis le quinze de la
Onzième

Le soleil filtre à travers
Les vitres
Ses rayons font sur mes vers
Les pitres

Et dansent sur le papier
J’écoute
Quelqu’un qui frappe du pied
La voûte

III

Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Tournons tournons tournons toujours
Le ciel est bleu comme une chaîne
Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène

Dans la cellule d’à côté
On y fait couler la fontaine
Avec le clefs qu’il fait tinter
Que le geôlier aille et revienne
Dans la cellule d’à coté
On y fait couler la fontaine

IV

Que je m’ennuie entre ces murs tout nus
Et peint de couleurs pâles
Une mouche sur le papier à pas menus
Parcourt mes lignes inégales

Que deviendrai-je ô Dieu qui connais ma douleur
Toi qui me l’as donnée
Prends en pitié mes yeux sans larmes ma pâleur
Le bruit de ma chaise enchainée

Et tour ces pauvres coeurs battant dans la prison
L’Amour qui m’accompagne
Prends en pitié surtout ma débile raison
Et ce désespoir qui la gagne

V

Que lentement passent les heures
Comme passe un enterrement

Tu pleureras l’heure ou tu pleures
Qui passera trop vitement
Comme passent toutes les heures

VI

J’écoute les bruits de la ville
Et prisonnier sans horizon
Je ne vois rien qu’un ciel hostile
Et les murs nus de ma prison

Le jour s’en va voici que brûle
Une lampe dans la prison
Nous sommes seuls dans ma cellule
Belle clarté Chère raison

(Guillaume Apollinaire)

Recueil: La Liberté en poésie
Traduction:
Editions: Folio junior

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Tu as ce visage lisse (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2020



tu as ce visage lisse
ces gestes calmes
ce regard assuré
et tu vas d’un pas
tranquille

tu es la geôle
et le geôlier
d’un paria
que tu ne veux pas connaître
que tu refuses de nourrir
dont tu subis la faim la loi
que tu voudrais assassiner

j’entends ses cris
dans tes yeux

(Charles Juliet)

Illustration: René Magritte

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Dure Limite (Téléphone)(Jean-louis Aubert)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2020



 

 
    
Dure Limite

Est-ce l’envie?
Ou est-ce ton corps?
Est-ce notre vie
Qui fait que ça dure encore?

Est-ce ton bonheur?
Où est-ce mon honneur
qui me tient prisonnier
ou qui me fait geôlier?

Est-ce l’habitude,
Toujours la même attitude,
le vide de chaque jour,
Ou le manque d’amour?

Est-ce l’amour,

Étrange amour ?
Est-ce la douceur
de tes caresses mon cœur?

Une dure limite, un mur d’amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr

Mur, tessons de bouteilles
Grilles et chiens qui veillent
Chacun sur ses gardes, qui monte la garde
Les frontières, échecs d’hier
Les autres terres, tous nos cimetières

Une dure limite, un mur d’amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr

Dure limite, mur d’amour
Dure limite, amour pas mûr
Pas mûr, pas mûr {2x}

Et le mur de Berlin n’a pas,
n’a pas de fin
Non le mur de Berlin,
t’en as un, j’en ai un
Il coupe la terre en deux,
comme une grosse pomme
Il coupe ta tête en deux,
comme la première pomme un peu
Il coupe ta tête en deux
et te fait femme ou homme,
si tu veux
Puis il serpente entre deux terres
et te fait faire toutes les guerres,
toutes les guerres

Une dure limite, un mur d’amour
Une dure limite
Moeurs d’amour, mœurs d’amour
Une dure, dure, dure limite {3x}
Dure limite

(Téléphone)(Jean-louis Aubert)

 

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EXPULSION DE L’ESPRIT (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2020



 

coup-de-foudre-sur-le-viaduc-de-millau

EXPULSION DE L’ESPRIT

L’esprit dans l’espace.
Le feu des orages embrase les ténèbres,
L’esprit brûle dans l’espace.
Il diffuse la lumière magique.
L’express aux vertes fenêtres
Brillant sur le viaduc.
Moi-même je brûle et m’éclaire;
Aveugles ils éprouvent mon électricité
Mais ne voient pas la lueur.
Tous tremblent comme moi,
D’une ivresse de mort.
Ils reconnaissent lá le frisson
Des ailes refusant de se déployer,
De rayonner comme un astre en la nuit.
Ils maudissent les geôliers du soleil,
Qui dorment
Comme des fonctionnaires.
Tous les hommes dorment la nuit,
Ils n’éprouvent pas les révélations magiques,
Qui sourdent en moi de moi
L’homme est expulsion de l’esprit.
Difformité de la connaissance.

(Srecko Kosovel)

Illustration

 

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LA BONNE FILLE (Norge)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2018



LA BONNE FILLE

Et chaque nuit, la merveilleuse enfant du geôlier
se promenait toute nue dans les cellules
et donnait du plaisir à tous les prisonniers.
Quel pain d’amour avec le cruchon, la gamelle.
Ineffable chaleur, on t’a bien reconnue, va !
O poésie, ô fleur de cadenas.

(Norge)

 

 

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LA GEÔLIÈRE (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Illustration
    
LA GEÔLIÈRE

« Je suis le méchant garde-chiourme
qui des braves gens est honni
je suis gourmand, je suis gourmet
de la douleur des prisonniers.

-Je suis l’indulgent garde-chiourme
ces garçons-là… des assassins ?
Non ! des jeunes qui jettent leur gourme
ou des tempéraments malsains! »

Mais toi, que je tiens en volière
ma juge, amante et vraie geôlière
m’aimes-tu blanc, m’aimes-tu vert ?
(Oeil, avant-garde de l’enfer,
m’aimes-tu pour son goût pervers ?
Ou seulement pour te distraire ?

(Max Jacob)

 

Recueil: Actualités éternelles
Traduction:
Editions: De la Différence

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LE MENSONGE (Iwan Gilkin)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018



LE MENSONGE

J’ai creusé mon cachot dans le mensonge épais,
Impénétrable et sombre, où, geôlier de moi-même,
Je m’enferme à l’abri même de ceux que j’aime,
Plus seul quand j’ai parlé qu’aux temps où je me tais.

Ma parole est un mur sans porte ni fenêtre
Qui monte autour de moi, dur, puissant et massif,
Avec maint bas-relief gai, trompeur et lascif :
Et nul œil curieux jusqu’à moi ne pénètre.

Seul, je me connais. Seul, je sais ce que je suis.
Seul, j’allume ma lampe en mes sinistres nuits.
Et, seul, je me contemple et, seul, je me possède.

Je me couche, comme un chartreux, dans mon linceul.
Et, loin de tout désir qui me flatte ou m’obsède,
Je goûte, comme Dieu, le néant d’être seul.

(Iwan Gilkin)

 

 

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Dans votre propre coeur (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2018




    
Dans votre propre coeur
Entendez-vous le pas,
Mais c’est plutôt la voix
D’une femme qui pleure?
Dans la chair sans issue
A peine elle remue
Pour ne pas effrayer
Son malheureux geôlier.

(Jules Supervielle)

 

Recueil: Le forçat innocent suivi de Les amis inconnus
Traduction:
Editions: Gallimard

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