Une île qui n’a pas de nom
M’attend sur la mer atlantique
C’est un caillou presque tout rond
Avec trois arbres squelettiques
Et trente pas de sable blond
Une île…
Je n’y bâtirai
Ni quai, ni maison
Je n’y inscrirai
Qu’un nom sur le sable.
Le vent et la mer
Restent responsables,
Ils l’effaceront.
Quand je n’aurai plus
Le vent dans ma toile,
Quand j’aurai vendu
Le nord et l’étoile,
Vous entendrez dire :
Il a mis les voiles
Il est devenu…
Un vieux caillou presque tout rond
Avec trois arbres squelettiques
Et trente pas de sable blond
Une île…
Coquillage cassé
Sur les sables endormis
Dans les bras de la haute mer
Ce gîte ancien
Qui fut le mien peut-être
N’est plus qu’une moitié
De sa spirale première
Au nacre rose
Et je sais que le sable
Remué par la marée prochaine
Emplira parfaitement
Ce trou d’absence
Je sais le vent n’y fera même plus
Ce bruit de grève et rêve
Dont mes oreilles
Orgueilleusement refermées
N’ont cependant pas sacrifié encore
A la clameur du temps
La monodie mélancolique
Coquillage cassé
Sur les sables lointains
De la haute mer
Où donc est passée
La limace
La limace ourlée et fragile
Qui t’habitait ?
S’est-elle exhalée vers
Les rives imaginaires du ciel d’été
Soudain lassée de ta géométrie ?
Coquillage cassé
Sur les sables
Aux confins de la mer
Je ne saurais te dire
Un tel adieu
Comme les cailloux
Que font danser sur l’eau calme
Les enfants des pêcheurs
Et qui font parfois deux sauts
Et parfois vingt
Ainsi je ne sais point
Jusqu’où mon coeur lancé
Par ta main douce
Se rendra palpiter
Sur l’eau grise
Des jours que j’ai cessé d’appeler
Ma jeunesse…
Les îles de l’enfance
Dorment sur l’eau du Temps.
On ne saurait y revenir
Qu’avec des pas d’enfant.
On ne saurait les retenir,
L’eau et le vent
S’en vont devant
Sans emporter un souvenir.
Le calme des eaux,
Le bruit des roseaux,
Le chant des oiseaux
Habitent ma tête.
Les couleurs du Temps,
Les odeurs du Vent,
Les soleils levants
Habitent mon coeur.
Les îles de l’enfance
Dorment sur l’eau du Temps.
On ne saurait y revenir
Qu’avec des pas d’enfant.
On ne saurait les retenir,
L’eau et le vent
S’en vont devant
Sans emporter un souvenir.
puisque c’est ton tour,
Vogue, rêve et cours
Dans les anciens jours
Et remplis ta tête.
Regarde avec soin
Secrets et grands foins…
Prends-en plus que moins
Et remplis ton coeur.
Les îles de l’enfance
Dorment sur l’eau du Temps.
On ne saurait y revenir
Qu’avec des pas d’enfant.
On ne saurait les retenir,
L’eau et le vent
S’en vont devant
Sans emporter un souvenir.
J’ai planté un chêne
Au bout de mon champ
Ce fut ma semaine
Perdrerai-je ma peine
J’ai planté un chêne
Au bout de mon champ
Perdrerai-je ma peine
Perdrerai-je mon temps…
L’amour et la haine
Ce sont mes enfants
Et ce sont mes chaînes
Perdrerai-je ma peine
L’amour et la haine
Ce sont mes enfants
Perdrerai-je ma peine
Perdrerai-je mon temps…
Le roi et la reine
Perdront leur manant
Mais l’amour m’enchaîne
Perdrerai-je ma peine
Le roi et la reine
Perdront leur manant
Perdrerai-je ma peine
Perdrerai-je mon temps…
Serai capitaine
Sur mon bâtiment
Tout en bois de chêne
Perdrerai-je ma peine
Serai capitaine
Sur mon bâtiment
Perdrerai-je ma peine…
Perdrerai-je mon temps…
Nous nous rechercherons
Jusqu’à la fin du monde
Las de n’avoir jamais été
Au bon moment
Sur le quai qu’il fallait
Et d’avoir parcouru
Les villes de la terre
Et les saisons de l’homme
Mais nous avons forcé
Les yeux à regarder
Et l’esprit à se tendre
Par acquit de conscience
Car nous savons très bien
Que rien ne sert de rien
Une fois établie
La courbe de nos vies
Si désespérément
Parallèles.
Le voyageur se dit souvent
Où donc est celle qui m’attend
Le voyageur se dit souvent
Où donc est celle qui m’attend
Est-elle en fête ou en prière
Elle est enfermée au couvent
Où je l’ai mise en mes manières
Le voyageur ne parle guère
Le voyageur ne parle pas
Le voyageur se dit souvent
Que laisserai-je à mes enfants
Le voyageur se dit souvent
Que laisserai-je à mes enfants
L’amour d’aimer le goût de faire
Un oeil tourné vers le dedans
Et la parole de mon père
Le voyageur ne lègue guère
Le voyageur ne lègue pas
Le voyageur se dit aussi
Me faut écrire à mes amis
Le voyageur se dit aussi
Me faut écrire à mes amis
Comment s’écrit le mot : Repère
Je brûle aux flammes de mon cri
Des lettres que je n’envoie guère
Le voyageur n’en écrit guère
Le voyageur n’en écrit pas