Prends un brin d’herbe et froisse-le
entre la pulpe de tes doigts
et tu sentiras parfois une odeur amère
et parfois celle du printemps
c’est peut-être de l’anis c’est peut-être de la menthe
c’est peut-être la plante
qui fait rêver à tous les parfums de l’Arabie
à la cannelle au gingembre à l’ilang-ilang
au poil de l’âne qui fait hihan hihan
à la roche rôtie à la pierre panée
à la route rouillée à la boue piétinée
à l’eau
à rien
La rumba
remue sa musique épaisse
avec un bâton,
gingembre et cannelle…
Mauvais !
Mauvais car maintenant viendra le nègre mec
avec Fela.
Poivre de la hanche
croupe flexible et dorée
rumbera bonne
rumbera mauvaise.
Dans l’eau de ta robe de chambre
toutes mes angoisses naviguent :
rumbera mauvaise
rumbera bonne.
Désir ardent de naufrager
dans cette mer tiède et profonde :
fond
de la mer !
Ton pied tresse avec la musique
le noeud qui m’étreint le plus.
Ressac de toile blanche
sur ta chair couleur de blé.
Démence du bas-ventre,
haleine de bouche sèche ;
le rhum qui t’a émerveillée,
le mouchoir en guise de rênes :
je t’attraperai domptée,
te verrai bien assujettie
quand tu fuis comme maintenant
que vers ma tendresse tu viennes
rumbera
bonne
O vers ma tendresse que tu ailles,
rumbera
mauvaise !
L’attente ne sera pas longue,
rumbera
bonne,
ni éternelle la bacha
rumbera
mauvaise
elle te fera mal la hanche
rumbera
bonne
hanche dure et qui a sué,
rumbera
mauvaise…
Dernière
gorgée !
Va-t-en, cours, allons-nous en…
Allons !