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Poésie

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JE TRAVERSE LA NUIT (Mario Wirz)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022



JE TRAVERSE LA NUIT

Mon coeur bat la chamade nocturne
bruit désemparé
le temps est goulu

(Mario Wirz)

 

 

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Quand tu te tiens dans la proximité du centre (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2021



Illustration: Josephine Wall
    
Quand tu te tiens
dans la proximité du centre
la moindre parcelle de vie
est intégrée à la sphère

Avoir la force de t’arracher
aux joies plaisirs émotions
que te donnent tes semblables

Pour boire à cette source
où capiteuse se fait la vie

Combien seul
combien étranger à ce monde
celui que le manque
contraint à chercher
une vie plus haute

Instants
de folle ébriété

Quand un même flux
mêle en son torrent
la lumière et les eaux

Ce feu doux
de l’amour
quand l’oeil
a clarifié la flamme

Femme
c’est de toi
que me vient la vie
et je n’en finirai pas
de te louer te célébrer

que comprendre

comment rendre compte

parfois c’est le dégoût
la détresse

cette fureur du sang
parce que tout avorte

que chaque effort est vain

que rien n’échappe à la faux

ou parfois
c’est cette vénération cette joie
jubilante cette suffocante
lumière

et chaque visage m’émeut
alors jusqu’aux larmes

je déambule
dans la rue
parmi la foule

désobstrué
transparent
anonyme

avec
oui
avec
comme une lumière invaincue
qui pétille
et bat dans mes veines

minutieusement
goulûment
je vois les visages
happe cette vie
qui déferle

je me livre à chacun
je me love en chacun

en moi
s’enlacent des regards
se nouent des étreintes
s’ébauchent des nuits d’amour

et soudain me saisit
le sentiment suffocant
du mystère de la vie

hautes lames
de l’immense

dévotion éperdue

spacieux vertige

(Charles Juliet)

 

Recueil: Moisson
Traduction:
Editions: P.O.L.

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GRAND NU (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 29 juillet 2018



Illustration: Gustav Klimt
    
GRAND NU

Délivrez-nous, Seigneur, de cette image :
une fille rousse et nue, couchée, dont le corps
se creuse comme un nid, un berceau, un navire.

La chevelure ardente étire son feu bas, la bouche
est enfantine, goulue, l’oeil vert, mi-clos,
médite entre les cils. Du sein, au centre, frôlé par
la lumière, le mauve léger s’avive, et la jambe pliée
tout près, immense chair, mime la haute voile
d’un triomphe : Danaé sans doute, puisqu’une chute
d’or ruse entre ses ouisses, mais à nos yeux toujours
celle avec qui jadis, pour de semblables fêtes,
nous gagnâmes à travers bois des auberges obscures.

Voyez ! Protégez-nous du piège d’une telle
beauté, des errances de la mémoire. Considérez
notre fatigue, l’esprit si tard porté sur d’autres
routes, et que ces lèvres déjà détournent. Car nous
savons encore le goût de leur salive, le parfum
et la plainte et le sommeil d’amour dans le creux rose.

Apportez-nous remède. Effacez, arrachez ou plutôt
élevez cette chair loin des chambres mortelles,
faites briller ses yeux, sa grâce, sa courbe claire
sur une toile ou dans le marbre ou dans
les mots, qui longuement tremblent puis
transparents se figent, du poème.

(D’après Gustav Klimt.)

(Jean Joubert)

 

Recueil: Anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Actes Sud

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