Ще не вмерла України і слава, і воля,
Ще нам, браття молодії, усміхнеться доля.
Згинуть наші воріженьки, як роса на сонці.
Запануєм і ми, браття, у своїй сторонці.
Душу й тіло ми положим за нашу свободу,
І покажем, що ми, браття, козацького роду.
***
Chtche ne vmerla Ukraïna
Chtche ne vmerla ukraïne i slava, i volia,
Chtche nam, brattia molodïi, usmikhnet’sia dolia.
Z’henut’ nashi vorojen’ke, iak rosa na sontsi.
Zapanuem i me, brattia, u svoïi storontsi.
Dushu i tilo me polojem za nashu svobodu,
I pokajem, chtcho me, brattia, kozats’ko’ho rodu.
***
L’Ukraine n’est pas encore morte
Ni la gloire ni la liberté de l’Ukraine ne sont mortes
La chance nous sourira encore, jeunes frères,
Nos ennemis périront, comme la rosée au soleil,
Et nous aussi, frères, allons gouverner, dans notre pays.
Pour notre liberté, nous donnerons nos âmes et nos corps,
Et prouverons, frères, que nous sommes de la lignée des Cosaques.
For de mon for, tréfonds le plus intime
De mon bas être à l’erreur condamné,
Secrètement t’habite un Moi sublime,
Clos au dehors, du dedans gouverné.
Indifférente aux intérêts du monde,
Sans vanité, sans soif de chair ni d’or,
Ainsi tiens-tu ma Personne Seconde,
For de mon for.
Pour quel haut fait, quelle oeuvre magnanime
Ce Moi de Moi dans ton antre est-il né?
Pilier du ciel, rédimeur du vieux crime,
Quel abdal est-ce, ou Christ prédestiné
Tel du magnan sous la quenouille blonde
Le papillon qui vit sans aile encor,
Prêt à briser sa coquille féconde,
For de mon for,
Ainsi végète, ainsi déjà s’anime
Dans ton cocon de soie environné,
Le grain vivant, la chrysalide infime
De l’ange immense en ma chair confiné.
Mais, de l’abîme où n’atteint point la sonde,
Pour prendre aux cieux un droit et libre essor,
Comment sortir de ta geôle profonde,
For de mon for
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
Tous, frêle roi, oblique fou, ou bien reine
Opiniâtre, tour verticale et pions madrés,
Sur le parcours en noir et blanc de leur chemin
Recherchent et livrent une bataille rangée.
Ils ne savent pas que la singulière main
Du joueur qui les tient gouverne leur destin,
Ils ne savent pas qu’une rigueur de diamant
Asservit leur vouloir mais aussi leur parcours.
Le joueur, à son tour, se trouve prisonnier
(D’Omar est la sentence) d’un tout autre échiquier
Bâti de noires nuits et de blanches journées.
Dieu pousse le joueur et le joueur la pièce.
Quel dieu, derrière Dieu, débute cette trame
De poussière et de temps, de rêve et d’agonies ?
Je naquis au bord d’une mer dont la couleur passe
En douceur le saphir oriental. Des lys
Y poussent dans le sable, ah, n’est-ce ta face
Triste, les pâles lys de la mer natale ;
N’est-ce ton corps délié, la tige allongée
Des lys de la mer natale !
Ô amour, tu n’eusses souffert qu’un désir joyeux
Nous gouvernât; ah, n’est-ce tes yeux,
Le tremblement de la mer natale !
D’un sommeil plus tranquille à mes Amours rêvant
J’éveille avant le jour mes yeux et ma pensée,
Et cette longue nuit si durement passée,
Je me trouve étonné de quoi je suis vivant.
Demi désespéré je jure en me levant
D’arracher cet objet à mon âme insensée,
Et soudain de ses voeux ma raison offensée
Se dédit et me laisse aussi fol que devant.
Je sais bien que la mort suit de près ma folie,
Mais je vois tant d’appas en ma mélancolie
Que mon esprit ne peut souffrir sa guérison.
Chacun à son plaisir doit gouverner son âme,
Mytridate autrefois a vécu de poison,
Les Lestrigons de sang, et moi je vis de flamme.
Tu restes toujours présent
À la lisière de mes chants,
Mes mélodies sont à Tes pieds
Sans que je puisse T’atteindre.
Le vent supplie avec insistance :
« Ne laisse pas ton rafiot amarré ! »
Gouverne vite pour parvenir
Au centre de mon cœur.
Avec Toi le jeu de mes chants
Est un jeu venant de loin,
Sa flûte émet des notes chagrines
Tout le long du jour.
T’emparant de ma flûte donc, quand voudras-tu
La remplir de Ton souffle,
Dans la dense obscurité
Par une nuit joyeuse et muette ?
Un matin d’hiver, je sentis combien cette terre
avance en roulant. Un souffle d’air
venu des tréfonds crépitait
aux murs de la maison.
Baignée par le mouvement : la tente du silence.
Et le gouvernail secret d’une nuée d’oiseaux migrateurs.
Le trémolo des instruments
cachés montait
de l’ombre de l’hiver. Comme lorsque nous voici
sous le grand tilleul de l’été, avec le vrombissement
de dizaines de milliers
d’ailes d’insectes au-dessus de nous.