A Melbourne en décembre
on souffle on brûle
on fait des pâtés devant la mer on folâtre
nu et loin de l’âtre.
Les enfants lapons voudraient un Père Noël noir
C’est lassant la neige du bout au bout de l’an.
Ils ont écrit jusqu’en Afrique
et dans l’autre Amérique.
Mais les nègres gardent le leur
un gentleman de couleur
qu’ils appellent Saint-Béni
à Bogota
Colombie
au son des sambas.
Les Noëls de Paris
ont les yeux gris.
Les Noëls de ma vie
se font des cheveux gris.
Si j’avais su
je n’aurais pas grandi.
Serais resté petit.
Le doigt tendu vers la cime embrumée
Indique la haute frontière indécise, entre terre et ciel.
Voilà la montagne magnifique
Qu’aucun oiseau en son vol n’a jamais dépassée.
Qui saurait franchir ces hauts degrés de pierre ?
Nos mains s’agrippent le long des sentiers sinueux.
À chaque pas gagné, l’abîme grandit devant mes yeux terrifiés
Et la brume généreuse empoisse mes vêtements alourdis.
Je m’empourpre des derniers traits du soleil qui meurt,
Tandis qu’à mesure, c’est la vallée qui s’enténèbre.
Mon pays natal me rappelle alors et détourne vers lui mon regard.
Je vois les flots hardis du grand fleuve ;
Je sens le souffle vif des confins du monde.
Comment rester debout quand tout vous porte à être à genoux.
(Gu Lin)
(1476-1545)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
La confiance est la matière première de celui qui regarde :
c’est en elle que grandit la lumière.
La confiance est la capacité enfantine
d’aller vers ce que l’on ne connaît pas
comme si on le reconnaissait.
« Tu viens d’apparaître devant moi
et je sais qu’aucun mal ne peut me venir de toi puisque je t’aime,
et c’est comme si je t’aimais depuis toujours. »
La confiance est cette racine minuscule
par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie
— avec les autres hommes, les autres femmes,
comme avec l’air qui baigne la terre
ou le silence qui creuse un ciel.
Sans confiance, plus de lien et plus de jour.
Sans elle, rien.
Mais sous vos lettres
Nella
sous vos lettres je sais bien
ce qui est
et que c’est tout
ou presque
Ce qu’il y a sous vos lettres
c’est ce qui est parfois
entre un homme et une femme
c’est une rivière
et c’est un arbre aussi
planté entre l’homme et la femme
grandi en un seul souffle
abondant souverain
il porte le joli nom de
charme
Je vous écris au pied de cet arbre
souvent aussi je n’écris pas
et c’est sans importance
je dors ou bien je lis
La confiance est la matière première de celui qui regarde :
c’est en elle que grandit la lumière.
La confiance est la capacité enfantine
d’aller vers ce que l’on ne connaît pas
comme si on le reconnaissait.
« Tu viens d’apparaître devant moi
et je sais qu’aucun mal ne peut me venir de toi puisque je t’aime,
et c’est comme si je t’aimais depuis toujours. »
La confiance est cette racine minuscule
par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie
– avec les autres hommes, les autres femmes,
comme avec l’air qui baigne la terre ou le silence qui creuse un ciel.
Sans confiance, plus de lien et plus de jour.
Sans elle, rien. »
Dans les bars
les salles de billard
les bas-fonds
je vois des hommes
sans amour depuis si longtemps.
Pour continuer à vivre,
certains d’entre eux
ont du fermer leur coeur,
s’endurcir,
étriquer leur façon de voir et de penser.
Ils disent « Les hommes sont comme ci, les femmes sont comme ça… »
Des équations qui les aident
à marcher
jusqu’à l’épicier du coin.
Ils ont peint la cascade en noir, massacré le tigre,
enterré les photos cornées de l’horizon.
Ils habitent des garçonnières,
où ils écoutent
assis
les remous de la circulation,
les querelles des pigeons sur le toit.
En regardant
le jour devenir nuit,
les étoiles grandir dans le ciel.
Ils s’allongent
dans le noir
en attendant
la clémence du sommeil.
(Peter Bakowski)
Le coeur à trois heures du matin
Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Traduction:
Editions: Bruno Doucey