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Posts Tagged ‘grive’

Partant de Paumanok (Walt Whitman)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    
Partant de Paumanok

Partant de Paumanok à forme de poisson, où je suis né
Même bien né, élevé par les soins d’une mère parfaite,
Après avoir couru de nombreuses cités en amoureux des pavés populaires,
En habitant de ma cité de Manhattan, des savanes du sud,

Ou en soldat de campement, porteur d’un sac à dos et d’un fusil, ou en mineur californien,
Ou en homme rude dans ma maison des bois du Dakota, régime carné et eau de source,
Ou retiré pour musarder ou méditer dans quelque endroit secret,
Loin du cliquettement des foules passant par intervalles, ravies, heureuses,

Ayant la connaissance du frais, du libre bienfaiteur qu’est le fleuve Missouri, du puissant Niagara,
Des troupeaux de bisons paissant les plaines, du taureau au poitrail imposant et velu,
De la terre, des rochers, des fleurs du cinquième mois, des étoiles, de la pluie, de la neige, mon émerveillement,

M’étant instruit des notes de l’oiseau qui se moque et du vol du faucon des montagnes,
Puis ayant entendu l’incomparable à l’aube, la grive ermite des cèdres du marais,
Solitaire, chantant dans l’Ouest, j’affronte un Nouveau Monde

***

Starting from Paumanok

Starting from fish-shape Paumanok where I was born,
Well-begotten, and rais’d by a perfect mother,
After roaming many lands, lover of populous pavements,
Dweller in Mannahatta my city, or on southern savannas,

Or a soldier camp’d or carrying my knapsack and gun, or a miner in California,
Or rude in my home in Dakota’s woods, my diet meat, my drink from the spring,
Or withdrawn to muse and meditate in some deep recess,
Far from the clank of crowds intervals passing rapt and happy,

Aware of the fresh free giver the flowing Missouri, aware of mighty Niagara,
Aware of the buffalo herds grazing the plains, the hirsute and strong-breasted bull,
Of earth, rocks, Fifth-month flowers experienced, stars, rain, snow, my amaze,

Having studied the mocking-bird’s tones and the flight of the mountain-hawk,
And heard at dawn the unrivall’d one, the hermit thrush from the swamp-cedars,
Solitary, singing in the West, I strike up for a New World.

(Walt Whitman)

Traduction de Marie Etienne

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Viens, je te mettrai des boucles d’oreilles de cerises (Francis Jammes)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022



Viens, je te mettrai des boucles d’oreilles
de cerises
et je te montrerai les longues treilles
où volent des merles bleus et des grives.
Viens, c’est la saison des grandes chaleurs
et des fleurs.
Sur les fossés poudreux les carottes blanches
poussent : il y a encor deux ou trois pervenches.
Dans le fond des bois frais les oiseaux crient.
Le ciel cuit.
Dans les mares il y a des joncs longs,
et les grenouilles grises font des bonds.
Dans les endroits chauds et frais, vois les sources
qui sont douces.
Dans le terrain rouge, ou bien sur la mousse,
elles coulent près des abeilles rousses.

(Francis Jammes)

 

 

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La pierre (Alain Serres)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2022



Illustration
    
La pierre

Je connais une pierre
qui n’a jamais osé écrire un poème.
Elle laisse couler la lumière
sur sa peau
sans lui dire Je vous aime.

Elle subit les frappes de la
grêle sur ses joues
préhistoriques sans exiger la
démission du ciel.

Un jour, le tonnerre la
réduira en cendres
amnésiques
et elle n’aura jamais vécu
son poème.

Raconte-lui, fragile
grive de son pays,
comment son silence
t’a tout appris.

(Alain Serres)

Recueil: Pff! ça sert à quoi la poésie ?!
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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Fillettes (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021



Fillettes

En longue file, viennent et vont
Les diablotins, mes petites saintes;
Et c’est du chaud pain frais que leur front –
Yeux de charbon, braises de charbon
Encor non éteintes.

En longue file, viennent et vont,
Et leurs amours aux fleurs sont pareilles;
Comme muguets aiment les garçons –
Vont aux garçons comme grives vont
Aux raisins des treilles.

En longue file, viennent et vont,
Même pleurantes, ne font que rire;
Lointaines sont, et lointaines vont –
Ainsi l’on voit, par les soirs trop bons,
Les étoiles luire.

(Attila Jozsef)


Illustration: Jean-Honoré Fragonnard

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CHOSES ILLICITES (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



CHOSES ILLICITES

L’EAU continue de couler—
La grive de chanter

pourtant
au bord du ciel

au fin fond
du lointain

se mêlent…
… les échos du canon !

Dont le silence rappelle
de vallée

en vallée à la paix
de même que les poèmes conservent

le langage
d’anciennes extases.

les éclairs et les bruits de la guerre ;
demeures dont les chambres
sont les plus froides que l’on puisse imaginer,

ils sont partis tous ceux que nous aimions,
les lits restent vides, les divans
moites, les chaises inutiles —

Allez cacher tout cela quelque part
hors de l’esprit, que cela s’enracine
et pousse, à l’écart

des oreilles et des yeux jaloux — pour soi-même.
Dans cette mine, ils viennent tous creuser.
Est-ce la souche de la plus douce

musique ? La source de la poésie qui
voyant la pendule arrêtée, dit
La pendule s’est arrêtée

qui hier encore marchait si bien ?
et elle entend le clapotis de l’eau du lac
— qui maintenant est devenue de pierre.

***

ILLEGITIMATE THINGS

WATER still flows —
The thrush still stings

though in
the skirts of the sky

at the bottom of
the distance

huddle…
…echoing cannon !

Whose silence revives
valley after

valley to peace
as poems still conserve

the language
of old ecstasies.

the flashes and booms of war ;
houses of whose rooms
the cold is greater than can be thought,

the people gone that we loved,
the beds lying empty, the couches
damp, the chairs unused —

Hide it away somewhere
out of the mind, let it get roots
and grow, unrelated to jealous

ears and eyes — for itself.
In this mine they come to dig — all.
Is this the counterfoil to sweetest

music ? The source of poetry that
seeing the clock stopped, says,
The clock has stopped

that ticked yersterday so well ?
and hears the sound of lakewater
splashing — that is now stone.

(William Carlos Williams)
Illustration: ArbreaPhotos

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Aux bords du fleuve lydien (Bernard Manciet)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2020



mais aux bords du fleuve lydien
au dieu tu nais tout boucles et mûres
et crawlant aux voûtes de cristal
tu sors des dieux tel d’entre les ombres

par chaque veine gambade alerte
le dieu Bromios et pampres t’enflamme
toi tu t’épands treille de corymbes
que mainte grive d’absence crible

(Bernard Manciet)

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L’AUTOMNE A DES RAISINS… (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2020



Illustration: Brad Kunkle
    
L’AUTOMNE A DES RAISINS…

L’automne a des raisins et de tardives fleurs,
Il a des pommes rouges, des pommes dorées,
Et, depuis quelque temps, je le vois, plus rêveur,
Porter toute une quantité de chrysanthèmes.
Même il a réuni son peuple d’hirondelles
Et les cigognes et les grives et les grues
Et les a fait toutes partir, en vols épais,
Pour des lieux où s’en vont en troupeaux les nuages.
Les marronniers pleuraient, les peupliers, les ormes,
Tout comme j’ai pleuré sur un sommet désert,
Car l’automne m’a pris, m’a pris à tout jamais
La jeune fille que j’aimais et qui m’aimait.

(Mihai Beniuc)

 

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Rondeau de la famille Raton Laveur (Jacques Roubaud)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2020



Illustration 
    
Rondeau de la famille Raton Laveur

C’est le jour de la grande lessive
Dans la famille Raton Laveur
On étale au soleil sur la rive
Les chaussettes les chapeaux les livres
Des parents des frères et des soeurs

Dans la grande bassine de cuivre
On trempe on savonne de bon coeur
C’est le jour de la grande lessive

On lave, on lave pendant des heures
Puis on lave le pâté de grive
Pour le déjeuner et les endives
On lave tout et même le beurre
C’est le jour de la grande lessive
Dans la famille Raton Laveur

(Jacques Roubaud)

 

Recueil: Rondeaux poésies
Traduction:
Editions: Gallimard

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AU BONHEUR DU JOUR (Jean Sénac)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2019




    
AU BONHEUR DU JOUR

Doyenne de gourmandise
je vous laissais parler
votre sourire était sucré

Mais votre arbre était si loin
si ténébreux sans entaille
qu’il déchaînait autour de nous
les marronniers bleus du désir

J’étais chaste en ce temps de grives
je mettais si haut l’amour
comment m’auriez-vous choisi
moi qui n’étais que plaie vive

Vous êtes partie
vous avez semé
des chardons épais

Et le soleil a jauni.

(Jean Sénac)

 

Recueil: Oeuvres poétiques
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Vous écrivez dit-elle (Jacques Robinet)

Posted by arbrealettres sur 19 juin 2019



Illustration: Edvard Munch
    
Vous écrivez dit-elle
par ennui ou mélancolie
votre peine
embrume les chemins

Où est votre amour
Où le chant de la grive ?
Vous écrivez dit-elle
car je me suis enfuie

On allume des bougies
dans les églises désertes
Vous écrivez pour remplir
mon absence

Peut-être reviendrai-je
avec la marée pour lire
serrée bien contre vous
ce poème sous un ciel étoilé

(Jacques Robinet)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: 125-126
Traduction:
Editions: Arpa EXILS

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