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Poésie

Posts Tagged ‘groupe’

Ils (Georges Sédir)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2022



Illustration
    
Ils

Avec ou sans machines par force ou par douceur
ils imposent les codes les us, les mots,
les normes les cadences, les chiffres.

On dirait que très loin dans un château secret
un groupe a décidé, prévu depuis toujours et compté, pesé, divisé.
La règle s’ajoute à la règle
les libertés sont mesurées rognées, coupées.

Les vrais maîtres, qui sont-ils donc?
Ces ils ne sont jamais des nous et chacun de nous,
seul contre eux ne sait affronter ces fantômes.

Si pourtant je trouvais d’autres je pour lutter?

(Georges Sédir)

Recueil: La révolte des poètes
Traduction:
Editions: Livre de poche Jeunesse

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Bulletin de notes (Alain Serres)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2022



Illustration: André Langevin dit: Zaü
    
Bulletin de notes

Il a laissé son rêve sur l’autre face de la Terre
et il est parti, n’emportant avec lui
que son bulletin gorgé de bonnes notes
pour rassurer les Aimables Autorités
qui seraient sûrement ses hôtes.
Prouver, garantir, certifier
qu’il était capable d’apprendre le monde,
et peut-être même de le réparer
comme il a su réparer le moteur
du groupe électrogène
du vieux village de sa grand-mère,
un jour où il a fait nuit.

Le sable a gardé son rêve
sur l’autre face de la Terre
et les Sourdes Autorités ne sauront rien
des bonnes réponses
qu’il emportait avec lui
pour peut-être guérir un jour
les nuits noires des grands-mères
d’ici.

(Alain Serres)

Recueil: La cour couleurs Anthologie de poèmes contre le racisme
Traduction:
Editions: Rue du monde

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Après tout (Sylvain Tesson)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2020




Illustration
    
Après tout,
la descente d’un loup dans un groupe de yacks,
la fuite de huit ânes survolés par un aigle
n’étaient pas des événements moins considérables
que la visite d’un président américain à son homologue coréen.

Je rêvais d’une presse quotidienne dévolue aux bêtes.
Au lieu de « Attaque meurtrière pendant le carnaval »,
on lirait dans les journaux :
« Des chèvres bleues gagnent le Kunlun. »

On y perdrait en angoisse,
on y gagnerait en poésie.

(Sylvain Tesson)

 

Recueil: La Panthère des neiges
Traduction:
Editions: Gallimard

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La vénus mathématique (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019



venus

La vénus mathématique

Dans un journal à fascicules
J´ai lu en lettres majuscules
Qu´on ne peut vivre sans calcul
En ce siècle où les automates
Sont les grands rivaux des primates
Qu´on ne peut plus vivre sans maths

Comme d´ailleurs depuis toujours
Quel que soit l´homme et ses recours
On ne peut vivre sans amour

Moi qui tiens fermement à vivre
Et qui suis lucide autant qu´ivre
J´ai uni le lit et le livre

J´ai rencontré au point critique
La femme la plus érotique
Une Vénus mathématique
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Au bal de l´Hôtel Terminus
Je vis soudain cette Vénus
Qui embrasa mes cosinus

C´était la folle nuit du rythme
Au bras d´un jeune sybarite
Elle exhibait ses logarithmes

C´était pour moi un jour de bol
La voilà qui me carambole
D´un grand sourire en hyperbole

C´était la grande nuit du rut
Le temps de pousser un contre-ut
Je l´attaquai comme une brute

Grâce à son triangle et son pis
Aussi rond que le nombre Pi
Elle augmenta mon entropie
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Et moi, très vite, j´adorai
Cette enfant qui suivait de près
De toute science les progrès

Les manuels, les opuscules
Les courbes, les tests, les calculs
Lui tenaient lieu de crépuscules

Au saint nom des mathématiques
Elle appliqua ses statistiques
À nos étreintes frénétiques

Au diable les gens qui attifent
Leur passion de préservatifs
Ou de retraits intempestifs

Bientôt, nous réglâmes tous nos
Exercices abdominaux
Selon la méthode Ogino
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Et la Vénus aux équations
Me fit goûter des sensations
D´une nouvelle dimension

Les entités humanoïdes
Aux formes hyperboloïdes
Charment les spermatozoïdes

Dans mon vieux grenier en spirale
Chaque soir, quel concert de râles
Quand je frôlais son intégrale

Elle avait uni sans histoire
La mécanique ondulatoire
Et les positions giratoires

Mes caresses venaient en troupe
Selon la théorie des groupes
Pour réunir jambes et croupes
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Hélas, un jour, un jour funeste
Elle me fit passer un test
Qui lui démontra sans conteste
En comparant des numéros
Que j´étais un pauvre zéro
Elle prit la tangente au trot

Avec ses courbes inconnues
Dans l´espace discontinu
Elle s´en alla toute nue
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

(Guy Béart)

 

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Le soleil s’assied (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 6 mai 2018



Le soleil s’assied tel un prince
dans l’antichambre de l’horizon
Les amis accourent en groupes –
araignées oiseaux princes des papillons
abeilles cigales et lézards –
hôtes d’un seul désir
sans aucune hiérarchie
entre l’un et l’autre
Le soleil monte dans son chariot
et leur abandonne le pouvoir

(Adonis)

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SECRÈTE VIE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2018



Illustration: André Patte
    
SECRÈTE VIE

Près de la crevasse où mettre les outils
continue à battre le coeur d’un loir
dans la belle soirée
celui qui dans un groupe parle
n’attente pas au calme des champs rougis
le couteau en coupant du pain
a scintillé pour tous
au fond d’une boutique
une fille à la sueur légère
regarde les collines arides
entrer dans la nuit
qui la comblera
la poitrine en paix
au murmure
du jeune sang.

(Jean Follain)

 

Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard

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Pour voir les fleurs (Bashô)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2018



Pour voir les fleurs
des femmes seulement
s’en vont en groupe

(Bashô)


Illustration

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Lignes (Gilles Deleuze)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2018




    
individus ou groupes,
nous sommes tous faits
de lignes

(Gilles Deleuze)

 

Recueil: Gilles Deleuze Dialogues avec Claire Parnet
Traduction:
Editions: Flammarion

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Le mouvement (Hédi Kaddour)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2018



le mouvement

un groupe de piétons
très proches au feu rouge
fait rêver qu’on les garde
pour une scène de reconnaissance
dont pourraient faire partie
quelques bruits d’avertisseurs
puis ils enjambent le caniveau
et disparaissent
à la pointe de ce que l’on croyait savoir

(Hédi Kaddour)


Illustration

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Lanterne rouge (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2017




    

Lanterne rouge

Auberge obscure avec mendiants de nuit
Etreignant des lambeaux de froid,
Tandis que les groupes inertes, pareils à une fleur de pluie,
Contemplent le passage d’un sourire.

Ces corps misérables possèdent
Des formes aux yeux sans lumière ou au sable tombé ;
Là chante une voix, et la vie, si les mains n’échouent pas,
Est gaie comme l’amour emprisonné.

Ces mendiants sont les rois sans couronne
En quête du bonheur au-delà de la vie,
En quête de la fleur jamais ouverte,
En quête de désirs achevés en nuages.

Les corps pâlissent comme des vagues,
La lumière est un prétexte de l’ombre,
Le rire meurt très lentement,
Et avec lui s’en va aussi ma vie.

Or les ombres ne sont ni mendiants ni couronnes,
Mais les années d’ennui et leur vie cette nuit ;
Et ma vie n’est plus qu’un homme mélancolique
Qui ne connaît rien d’autre que ses larmes.

***

Linterna roja

Albergue oscuro con mendigos de noche
Abrazando jirones de frío,
Mientras que los grupos inertes, iguales a una flor de lluvia,
Contemplan cómo pasa una sonrisa.

Poseen estos cuerpos miserables
Formas de ojos sin luz o de arena caída;
Vivir, allí canta una voz, si las manos no fallan,
Es alegre como un amor aprisionado.

Esos mendigos son los reyes sin corona
Que buscaron la dicha más allá de la vida,
Que buscaron la flor jamás abierta,
Que buscaron deseos terminados en nubes.

Los cuerpos palidecen como olas,
La luz es un pretexto de la sombra,
La risa va muriendo lentamente,
Y mi vida también se va con ella.

Mas las sombras no son mendigos o coronas,
Son los años de hastío esta noche con vida;
Y mi vida es ahora un hombre melancólico
Sin saber otra cosa que su llanto.

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana

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