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Posts Tagged ‘(Guy Béart)’

La vénus mathématique (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019



venus

La vénus mathématique

Dans un journal à fascicules
J´ai lu en lettres majuscules
Qu´on ne peut vivre sans calcul
En ce siècle où les automates
Sont les grands rivaux des primates
Qu´on ne peut plus vivre sans maths

Comme d´ailleurs depuis toujours
Quel que soit l´homme et ses recours
On ne peut vivre sans amour

Moi qui tiens fermement à vivre
Et qui suis lucide autant qu´ivre
J´ai uni le lit et le livre

J´ai rencontré au point critique
La femme la plus érotique
Une Vénus mathématique
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Au bal de l´Hôtel Terminus
Je vis soudain cette Vénus
Qui embrasa mes cosinus

C´était la folle nuit du rythme
Au bras d´un jeune sybarite
Elle exhibait ses logarithmes

C´était pour moi un jour de bol
La voilà qui me carambole
D´un grand sourire en hyperbole

C´était la grande nuit du rut
Le temps de pousser un contre-ut
Je l´attaquai comme une brute

Grâce à son triangle et son pis
Aussi rond que le nombre Pi
Elle augmenta mon entropie
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Et moi, très vite, j´adorai
Cette enfant qui suivait de près
De toute science les progrès

Les manuels, les opuscules
Les courbes, les tests, les calculs
Lui tenaient lieu de crépuscules

Au saint nom des mathématiques
Elle appliqua ses statistiques
À nos étreintes frénétiques

Au diable les gens qui attifent
Leur passion de préservatifs
Ou de retraits intempestifs

Bientôt, nous réglâmes tous nos
Exercices abdominaux
Selon la méthode Ogino
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Et la Vénus aux équations
Me fit goûter des sensations
D´une nouvelle dimension

Les entités humanoïdes
Aux formes hyperboloïdes
Charment les spermatozoïdes

Dans mon vieux grenier en spirale
Chaque soir, quel concert de râles
Quand je frôlais son intégrale

Elle avait uni sans histoire
La mécanique ondulatoire
Et les positions giratoires

Mes caresses venaient en troupe
Selon la théorie des groupes
Pour réunir jambes et croupes
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Hélas, un jour, un jour funeste
Elle me fit passer un test
Qui lui démontra sans conteste
En comparant des numéros
Que j´étais un pauvre zéro
Elle prit la tangente au trot

Avec ses courbes inconnues
Dans l´espace discontinu
Elle s´en alla toute nue
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

(Guy Béart)

 

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C’est l’espérance folle (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2018




C’est l’espérance folle
Qui nous console
De tomber du nid
Et qui demain prépare
Pour nos guitares
D’autres harmonies

S’élève l’espérance
Dans le silence
Soudain de la nuit
Et les matins qui chantent
Déjà enchantent
Nos soirs d’aujourd’hui

Viens
C’est la fête en semaine viens
Je t’attends,tu ne sais plus rien
Plus rien ne nous sépare viens
Viens
Si les larmes t’ont fait du bien
Ce sourire est déjà le lien
Avec les beaux jours qui viennent
Reviennent

C’est l’espérance folle
Qui carambole
Et tombe du temps
Je vois dans chaque pierre
Cette lumière
De nos coeurs battants

La mort c’est une blague
La même vague
Nous baigne toujours
Et cet oiseau qui passe
Porte la trace
D’étranges amours

Viens
C’est la fête en semaine viens
Je t’attends tu le sais plus rien
Plus rien ne nous sépare viens
Viens
Si les larmes t’ont fait du bien
Ce sourire est déjà le lien
Avec les beaux jours qui viennent
Reviennent

C’est l’espérance folle
Qui danse et vole
Au dessus des toits
Des maisons et des places
La terre est basse
Je vole avec toi

Tout est gagné d’avance
Je recommence
Je grimpe pieds nus
Au sommet des montagnes
Mâts de cocagne
Des cieux inconnus

(Guy Béart)

Illustration: Annagol

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Bonne nuit (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



Georgy Kurasov 32

Bonne nuit, nos ennuis s’évanouissent lorsque glissent nos pas réunis
Pas à pas, tous les papillons tristes, sur la piste, ne reviennent pas
Tour à tour, les détours, les figures ont l’allure des gestes d’amour

Mais autant, nos vingt ans sont agiles
Sont fragiles l’horloge et le temps

Bras ballants, se balancent nos hanches
Carte blanche pour tous nos élans
Entre nous, nos genoux se chuchotent
Et complotent d’autres rendez-vous

Mais autant, nos vingt ans sont agiles
Sont fragiles l’horloge et le temps

Que ma joue à ta joue s’harmonise et se grisent nos souffles qui jouent
En chemin, nos deux mains se sont jointes
Nos étreintes commencent demain
Tour а tour les détours, les figures ont l’allure des gestes d’amour

Mais autant, nos vingt ans sont agiles
Sont fragiles l’horloge et le temps

Bonne nuit, nos ennuis s’évanouissent lorsque glissent nos pas réunis

(Guy Béart)

Illustration: Georgy Kurasov

 

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ENCORE UN ETE (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



Edward Hopper 73.2

ENCORE UN ETE

Encore un été trop court
Et septembre s’achève
Le ciel au loin est plus lourd
Un nuage s’élève

Si le soleil brille encor
Le vent déjà est plus fort
Tous les voiliers sont au port
Le drapeau est au rouge

Encore un été trop court
Les étés sont de sable
De sable mouillé qui court
Sous la vague inlassable

Je marche dans le désert
De la plage noire hier
Où ne vient plus que la mer
Qui m’emporte et me roule

Encore un été trop court
Dans les gares petites
Les trains portent nos amours
Aux mouchoirs qui s’agitent

Tous les adieux je les crains
Je ne veux pas de chagrin
Tu as préféré le train
Et moi j’ai pris la route

Encore un été trop court

(Guy Béart)

Illustration: Edward Hopper

 

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POSTE RESTANTE (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



poste restante  -19

POSTE RESTANTE

On s’écrivait de tendres choses
Des mots pervers mais innocents
Et rouges comme notre sang
De les redire ici je n’ose

J’ai tenté de brûler ces pages
Rien à faire et je les relis
Tes arrondis les yeux remplis
De ces courbes à ton image

On s’écrivait poste restante
Au rendez-vous des apprentis
Au rendez-vous des sans-logis
Que sont les amours débutantes

Quand tu me griffais de ta plume
Je restais tout pâle interdit
Sous ta griffe encore aujourd’hui
Ma fièvre ancienne se rallume

Depuis lors sous d’autres couleurs
J’ai battu je me suis fait battre
Ta guerre seule est opiniâtre
Tu m’avais fait battre le coeur

Un jour ma lettre me revint
Tu n’allais plus jusqu’à la poste
Tu avais déserté le poste
Et mes lettres partaient en vain

Et revenaient me prendre ailleurs
Ici là je changeais d’adresse
Et m’atteignaient dans ma détresse
Tous ces retours à l’envoyeur

Que monte une flamme nouvelle
Sur cette cendre désormais
Si tu vois combien je t’aimais
Entre tes lignes se révèle

Ce qu’hier je n’ai pas su lire
Il faut du temps pour faire un coeur
N’as-tu pas détruit par rancoeur
Ce qu’hier je n’ai pas su dire

On s’écrivait poste restante
Au rendez-vous des apprentis
Au rendez-vous des sans-logis
Que sont les amours débutantes

(Guy Béart)

 

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IL Y A SI LONGTEMPS QUE JE RODE (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



IL Y A SI LONGTEMPS QUE JE RODE

J’ai dormi sur n’importe quoi
La plume le fer ou le bois
Ta peau n’était pas la plus chaude
Il y a si longtemps que je rôde
Depuis je ne dors que sur toi

J’ai chanté pour n’importe qui
Musique de jour ou de nuit
Ta voix n’était pas la plus chaude
Il y a si longtemps que je rôde
Depuis je ne chante que pour toi

J’ai navigué mon corps par-ci
Je l’ai baigné par-là aussi
Ton eau n’était pas la plus chaude
Il y a si longtemps que je rôde
Depuis je ne plonge qu’en toi

Je n’ai jamais su si j’aimais
Le saurai-je un jour ou jamais
Ta main n’était pas la plus chaude
Il y a si longtemps que je rôde
Depuis je ne tiens plus qu’à toi
Depuis je ne dors que sur toi
Depuis je ne chante que pour toi

(Guy Béart)

Illustration

 

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LES GRANDS PRINCIPES (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



LES GRANDS PRINCIPES

Aujourd’hui les filles s’émancipent
Et vous parlent de leurs grands principes
Puis elles font comme leur maman
En vertu des grands sentiments

Elle aussi avait ses phrases types
Et me parlait de ses grands principes
Puis agissait n’importe comment
En vertu des grands sentiments

Elle aimait surtout vivre en équipe
Toujours en vertu des grands principes
Mais me surveillait jalousement
En vertu des grands sentiments

Elle allait au Louvre avec Philippe
Toujours en vertu des grands principes
Mais faisait la foire avec Armand
En vertu des grands sentiments

Elle me soigna pendant ma grippe
Toujours en vertu des grands principes
Puis elle me quitta bien portant
En vertu des grands sentiments

Elle épousa vite un autre type
Toujours en vertu des grands principes
Mais elle prit un nouvel amant
En vertu des grands sentiments

Il faudra qu’un beau jour je l’étripe
Toujours en vertu des grands principes
Mais que je le fasse élégamment
En vertu des grands sentiments

Je lui porterai quelques tulipes
Toujours en vertu des grands principes
Mais je pleurerai abondamment
En vertu des grands sentiments

(Guy Béart)

Illustration

 

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QU’ON EST BIEN (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



QU’ON EST BIEN

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du sexe opposé
Qu’on est bien
Dans les bras

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du genre qu’on n’a pas
Qu’on est bien
Dans ces bras

C’est la vraie prière
La prochaine aime le prochain
C’est la vraie grammaire
Le masculin s’accorde avec le féminin

Certains jouent quand même
Les atouts de même couleur
Libre à eux moi j’aime
Les valets sur les dames
les trèfles sur les cours

Les creux sur les bosses
Tout finit par se marier
Les bons sur les rosses
Et même les colombes avec les éperviers

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du sexe opposé
Qu’on est bien
Dans ces bras

(Guy Béart)

 

 

 

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L’EAU VIVE (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



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L’EAU VIVE

Ma petite est comme l’eau
Elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau
Que des enfants poursuivent

Courez courez
Vite si vous le pouvez
Jamais jamais
Vous ne la rattraperez

Lorsque chantent les pipeaux
Lorsque danse l’eau vive
Elle mène mes troupeaux
Au pays des olives

Venez venez
Mes chevreaux mes agnelets
Dans le laurier
Le thym et le serpolet

Un jour que sous les roseaux
Sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau
Pour la mener captive

Fermez fermez
Votre cage à double clé
Entre vos doigts
L’eau vive s’envolera

Comme les petits bateaux
Emportés par l’eau vive
Dans ses yeux les jouvenceaux
Voguent à la dérive

Voguez voguez
Demain vous accosterez
L’eau vive n’est
Pas encore à marier

Pourtant un matin nouveau
A l’aube mon eau vive
Viendra battre son trousseau
Aux cailloux de la rive

Pleurez pleurez
Si je demeure esseulé
Le ruisselet
Au large s’en est allé

(Guy Béart)

Illustration

 

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La vérité (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



verite

La vérité

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D´abord on le tue
Puis on s´habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.

J´affirme que l´on m´a proposé beaucoup d´argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.

A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu´il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En chœur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Le monde doit s´enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l´Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Combien d´hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s´évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent « juste » à l´heure.
L´inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C´est plus juste en somme
D´abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Ce soir avec vous j’ai enfreint la règle du jeu
J’ai enfreint la règle
Des moineaux, des aigles
Vous avez très peur pour moi car vous savez que je
Risque vos murmures
Vos tomates mûres
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter

(Guy Béart)

 

 

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