Posts Tagged ‘habituel’
Posted by arbrealettres sur 8 février 2023

JE TUE LE TEMPS
Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.
Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.
Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un oeil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.
Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.
Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), aller, approcher, écrit, épais, bon, boussole, coin, componctueux, convoitise, creux, délicatesse, discours, emprunt, engorger, envie, essayer, excès, faire, farouche, faucon, flageolet, foi, franc, gaîté, gagner, habituel, houille, imaginer, marteau-piqueur, miroir, morale, mot, oeil, perdre, pleurer, poing, raillerie, rêverie, recours, regard, savoir, se débarrasser, sourire, suffoquer, superbe, tailler, temps, tuer, vent, vin, zèle | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

Illustration
que la lecture de poèmes
très vite me fatigue
Les mots cognent sous mes tempes
C’est que la poésie
est une vie trop dense
comme un alcool trop fort
qui brûle le crâne
Cela ne vient pas de la poésie
mais de moi
je ne peux vivre de vraie vie
qu’un instant pas plus
On dit que nul ne peut voir Dieu
sans aussitôt mourir
Moi je crois qu’une seconde
de vie pure
non tempérée non diluée
nous éclaterait le coeur
et que nous ne pourrions la supporter
C’est peut-être quelque chose comme cela
qui arrive
dans la beauté la poésie l’amour
Nous sommes pris soulevés
dans une main de feu
qui heureusement nous repose
sur nos chemins habituels
de salamandres
Ne reste plus qu’à filer
dans les fossés les sous-bois
où le danger est moins grand
et l’amour plus lointain
(Christian Bobin)
Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), alcool, amour, éclater, beauté, chemin, coeur, cogner, danger, dense, Dieu, fatiguer, feu, filer, fort, fossé, habituel, instant, lecture, lointain, main, mot, mourir, poème, reposer, salamandre, soulevé, supporter, tempe, vie, voir, vrai | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022

A FLEUR DE CHANCE
tu n’es pas venue d’aussi loin qu’on le penserait
tu n’as fait que ralentir ta marche à ma hauteur
j’ai trouvé ta tête près de moi comme une lettre sur ma table
comme une lettre que je n’ai pas besoin de décacheter
pour savoir ce qu’elle contient
et que tout s’y décline en clins d’herbe
en chevauchées d’écume à la poursuite du plus haut diamant rétif dans son nid d’aigle
désormais l’imprévu et l’habituel se confondent pour nous dans un grand cri de distraction
une seule rue suffit à nous rendre semblables
la barricade de la vie c’est un sourcil qui se hausse
la petite chanson de l’écolier puni qui trompe l’ennui dans un coin sombre
l’inaperçu nous berce comme un domaine acquis d’une seule caresse de la main
nous nous dirigeons l’oreille légère au fil rompu des torrents,
sur les deux rives les éventails mettent une pudeur d’enlèvement
nous sautons d’une roche à l’autre
notre sourire est le cerceau qui nous précède à fleur de chance
notre rôle n’a jamais été aussi beau
nous cultivons la première morsure des superstitions de l’avenir.
(Georges Henein)
Illustration: Paige Bradley
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Henein), aigle, éventail, beau, cerceau, chance, cultiver, diamant, ennui, habituel, herbe, imprévu, lettre, loin, marche, morsure, nid, oreille, pudeur, ralentir, rôle, rive, sombre, sourcil, sourire, superstition, venir | 5 Comments »
Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2022

jours vides
interminables
écrasés d’ennui
rien ne se propose
de ce qui pourrait
m’apporter
ce dont l’attente
me consume
une région de ténèbres
où tout m’est retiré
de ce qui habituellement
me fait vivre
certes le temps va
mais si lentement si lentement
et chaque seconde
ronge lancine accable
ce qui me fait
défaut
je l’ignore
le ne le connais
que par cе besoin
que j’en ai un âpre désir
une torturante
nostalgie
alors
replié dans mes limbes
sourd et aveugle
à ce qui me hèle
voué souvent
à des heures
lasses et cendreuses
j’attends
j’attends
que sourde
la lumière
que meure
le temps
que jaillisse l’eau
dont j’ai soif
(Charles Juliet)
Recueil: Pour plus de lumière anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Juliet), accabler, apporter, attendre, attente, aveuglé, âpre, écraser, besoin, cendreux, connaître, consumer, défaut, désir, eau, ennui, habituel, héler, ignorer, interminable, jaillir, jour, lanciner, las, lent, limbes, lumière, mourir, nostalgie, pouvoir, région, replier, retirer, ronger, se proposer, seconde, soif, sourd, sourdre, ténèbres, temps, torturer, vide, vivre, vouer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 février 2021

Illustration: Tamara Lunginovic
jours vides
interminables
écrasés d’ennui
rien ne se propose
de ce qui pourrait
m’apporter
ce dont l’attente
me consume
une région de ténèbres
où tout m’est retiré
de ce qui habituellement
me fait vivre
certes le temps va
mais si lentement
si lentement
et chaque seconde
ronge lancine accable
ce qui me fait
défaut
je l’ignore
je ne le connais
que par ce besoin
que j’en ai
un âpre désir
une torturante
nostalgie
alors
replié dans mes limbes
sourd et aveugle
à ce qui me hèle
voué souvent
à des heures
lasses et cendreuses
j’attends
j’attends
que sourde
la lumière
que meure
le temps
que jaillisse l’eau
dont j’ai soif
(Charles Juliet)
Recueil: Moisson
Traduction:
Editions: P.O.L.
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Juliet), accabler, apporter, attendre, attente, aveuglé, âpre, écraser, besoin, cendreux, connaître, consumer, désir, eau, ennui, habituel, héler, heure, ignorer, interminable, jaillir, jour, lanciner, las, lent, limbes, lumière, mourir, nostalgie, région, replier, retirer, rien, ronger, se proposer, seconde, soif, sourd, sourdre, ténèbres, temps, torturer, vide, vivre, vouer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 avril 2020
Est-ce toi
Est-ce toi qui ce matin étais immensément nue
Est-ce notre amour qui fit dans la chambre
Toute cette lumière à mordre
Elle a laissé mes habituels noirs intérieurs
Tout illuminés
(Pierre Albert-Birot)
Illustration: Pascal Renoux
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Posted by arbrealettres sur 21 mars 2020

Illustration: ArbreaPhotos
Soir
Un soir d’or où le soleil songeur
rejette en s’en allant sa pompe habituelle, des arbres
qui se penchent vers leur verte compagne
et mère féconde, et leurs doux chuchotements — tout cela
et une mer immense et silencieuse. Cette heure est la plus proche de Dieu –
riche comme la vieillesse quand les longs chemins ont tous été parcourus.
(Sri Aurobindo)
Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust
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Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), arbre, chemin, chuchotement, compagne, Dieu, doux, fécond, habituel, immense, long, mère, mer, or, parcourir, pompe, proche, rejeter, riche, s'en aller, se pencher, silencieux, soir, soleil, songeur, vert, vieillesse | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 mai 2018

Parfois, quand je marche solitaire
dans les rues de la ville tumultueuse,
j’oublie mon destin d’être
homme parmi les autres, et, comme amnésique,
arraché à moi-même, je regarde
les gens avec des yeux ouverts étrangers.
***
Toujours absorbé en moi-même et dans un monde à moi
je me déplace comme endormi parmi les hommes.
De celui qui me heurte du bras je ne m’aperçois pas,
et si je regarde intensément chaque chose
je ne vois presque jamais ce que je regarde.
Je me fâche contre celui qui m’enlève
à moi-même. Toute voix m’importune.
Je n’aime que la voix des choses.
Tout ce qui est nécessaire et habituel
m’irrite, tout ce qui est vie,
comme la brindille irrite l’escargot
et comme lui en moi-même je me retire
[…]
(Camillo Sbarbaro)
Découvert chez Lara ici
Illustration: Philippe Cognée
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Posted in poésie | Tagué: (Camillo Sbarbaro), absorbé, aimer, amnésique, arraché, étranger, brindille, destin, endormi, enlever, escargot, habituel, homme, marcher, nécessaire, oublier, parfois, rue, se fâcher, se retirer, solitaire, tumultueux, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 avril 2018

SOUS DES ÉTOILES
L’insecte veut aussi protéger ses demeures
il gravit la colline
pas un mot ne part de l’auberge
au lion dessiné en enseigne
y gît un voyageur
dormant face au papier
de fleurs poudreuses.
Du sel, du froment
dans des resserres obscures
épuisent leur durée.
Hors les perspectives
d’aventure éblouie
demeurent au ciel calmé
d’habituelles étoiles.
(Jean Follain)
Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 19 avril 2018

JE TUE LE TEMPS
Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.
Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.
Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un mil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.
Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.
Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
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