La
gondole spectre que hala
la mort sous les pots de pierre en ogive,
illuminant son bord brodé
dé-
rive.
(Alfred Jarry)
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2021
(Alfred Jarry)
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Posted by arbrealettres sur 16 août 2018
Les Fenêtres
Las du triste hôpital, et de l’encens fétide
Qui monte en la blancheur banale des rideaux
Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide,
Le moribond sournois y redresse un vieux dos,
Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture
Que pour voir du soleil sur les pierres, coller
Les poils blancs et les os de la maigre figure
Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler,
Et la bouche, fiévreuse et d’azur bleu vorace,
Telle, jeune, elle alla respirer son trésor,
Une peau virginale et de jadis ! encrasse
D’un long baiser amer les tièdes carreaux d’or.
Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles,
Les tisanes, l’horloge et le lit infligé,
La toux ; et quand le soir saigne parmi les tuiles,
Son œil, à l’horizon de lumière gorgé,
Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,
Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir
En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes
Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir !
Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure
Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits
Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure
Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits,
Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées
D’où l’on tourne l’épaule à la vie, et, béni,
Dans leur verre, lavé d’éternelles rosées,
Que dore le matin chaste de l’Infini
Je me mire et me vois ange ! et je meurs, et j’aime
— Que la vitre soit l’art, soit la mysticité —
À renaître, portant mon rêve en diadème,
Au ciel antérieur où fleurit la Beauté !
Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise
Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
Et le vomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur.
Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume,
D’enfoncer le cristal par le monstre insulté
Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume
— Au risque de tomber pendant l’éternité ?
(Stéphane Mallarmé)
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Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018
Illustration: Auguste Clésinger
Le poëme de la femme
Marbre de Paros
Un jour, au doux rêveur qui l’aime,
En train de montrer ses trésors,
Elle voulut lire un poème,
Le poème de son beau corps.
D’abord, superbe et triomphante
Elle vint en grand apparat,
Traînant avec des airs d’infante
Un flot de velours nacarat :
Telle qu’au rebord de sa loge
Elle brille aux Italiens,
Ecoutant passer son éloge
Dans les chants des musiciens.
Ensuite, en sa verve d’artiste,
Laissant tomber l’épais velours,
Dans un nuage de batiste
Elle ébaucha ses fiers contours.
Glissant de l’épaule à la hanche,
La chemise aux plis nonchalants,
Comme une tourterelle blanche
Vint s’abattre sur ses pieds blancs.
Pour Apelle ou pour Cléoméne,
Elle semblait, marbre de chair,
En Vénus Anadyomène
Poser nue au bord de la mer.
De grosses perles de Venise
Roulaient au lieu de gouttes d’eau,
Grains laiteux qu’un rayon irise,
Sur le frais satin de sa peau.
Oh ! quelles ravissantes choses,
Dans sa divine nudité,
Avec les strophes de ses poses,
Chantait cet hymne de beauté !
Comme les flots baisant le sable
Sous la lune aux tremblants rayons,
Sa grâce était intarissable
En molles ondulations.
Mais bientôt, lasse d’art antique,
De Phidias et de Vénus,
Dans une autre stance plastique
Elle groupe ses charmes nus.
Sur un tapis de Cachemire,
C’est la sultane du sérail,
Riant au miroir qui l’admire
Avec un rire de corail ;
La Géorgienne indolente,
Avec son souple narguilhé,
Etalant sa hanche opulente,
Un pied sous l’autre replié.
Et comme l’odalisque d’Ingres,
De ses reins cambrant les rondeurs,
En dépit des vertus malingres,
En dépit des maigres pudeurs !
Paresseuse odalisque, arrière !
Voici le tableau dans son jour,
Le diamant dans sa lumière ;
Voici la beauté dans l’amour !
Sa tête penche et se renverse ;
Haletante, dressant les seins,
Aux bras du rêve qui la berce,
Elle tombe sur ses coussins.
Ses paupières battent des ailes
Sur leurs globes d’argent bruni,
Et l’on voit monter ses prunelles
Dans la nacre de l’infini.
D’un linceul de point d’Angleterre
Que l’on recouvre sa beauté :
L’extase l’a prise à la terre ;
Elle est morte de volupté !
Que les violettes de Parme,
Au lieu des tristes fleurs des morts
Où chaque perle est une larme,
Pleurent en bouquets sur son corps !
Et que mollement on la pose
Sur son lit, tombeau blanc et doux,
Où le poète, à la nuit close,
Ira prier à deux genoux.
(Théophile Gautier)
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Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2017
Illustration: Marie-Paule Deville Chabrolle
Douce symphonie
Une écharpe d’iris fleurissait à mes yeux,
La beauté éphémère est une jeune nymphe
Éplorée, une fleur, c’est le sang et la lymphe
En exaltation — Un éclat radieux !
Les notes de la vie ont davantage hâlé
Le fil de nos carats, et des flots limpides
Resculptaient ta cambrure et l’été des sylphides
Auréolait ta grâce, un vertige épousé !
Mille pétales d’or éclaboussaient ton âme
Pérenne, une rivière en corps dénudé ! Femme
Vêtue en baiser d’Ô, un art si sensuel.
L’horizon extravague ainsi que mes pensées
Qui soufflent mes élans, des fougues aiguisées
Comme cette orchidée où brille l’arc-en-ciel
(James Denis)
Découvert ici: https://petalesdecapucines.wordpress.com/
Recueil: Symphonie amoureuse
Editions: Books on Demand Editions
Posted in poésie | Tagué: (James Denis), aiguisé, arc-en-ciel, auréoler, âme, écharpe, éclabousser, éclat, élan, éphémère, éploré, épouse, été, baiser, beauté, briller, cambrure, carat, corps, dénudé, doux, exaltation, femme, fil, fleur, fleurir, flot, fougue, grâce, haler, horizon, iris, jeune, limpide, lymphe, note, nymphe, or, orchidée, pérenne, pétale, pensée, radieux, rivière, sang, sculpter, sensuel, souffler, sylphide, symphonie, vêtu, vertige, vie, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2017
A quel rivage veux-tu atteindre, ô mon coeur ?
Il n’y a aucun voyageur devant toi.
Il n’y a pas de route.
Où est l’action, où est le repos sur ce rivage ?
Il n’y a pas d’eau : aucun bateau, aucun marin ne sont en vue.
Il n’y a pas même de corde pour hâler le bateau, ni d’homme pour la tirer.
Ni terre, ni ciel, ni temps; rien n’y existe : ni fleuve, ni rive.
Il n’y a là, ni corps, ni esprit
et où pourrais-tu y apaiser la soif de ton âme ?
Tu ne trouverais rien dans ce néant.
Sois fort et rentre en toi-même.
Là tu seras sur un terrain solide.
Considère ceci, ô mon coeur !
Ne va pas ailleurs.
Kabîr dit : « Rejette toute imagination et
affermis-toi dans ce que tu es. »
(Kabîr)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Kabîr), action, ailleurs, apaiser, atteindre, âme, bateau, ciel, coeur, corde, corps, eau, esprit, exister, fleuve, haler, homme, imagination, marin, néant, rejeter, repos, rien, rivage, rive, route, s'affermir, soif, solide, temps, terrain, terre, tirer, voyageur | Leave a Comment »