Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘hanche’

MENACE (Denise Jallais)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023



Illustration: Pablo Picasso
    
MENACE

Si tu m’encages
J’aurai un amant au dos lisse
Aux hanches adolescentes
Aux muscles comme un tambour
Aux lèvres cruelles
Un amant qui aura quarante ans
Toute son enfance
Et bien plus
Nous séparera
Mais nous nous raconterons
De la littérature
Si tu m’encages
Nous nous apprendrons
A faire l’amour
Et je le partagerai
Avec ses maîtresses
Parce qu’il ne m’aimera pas
Et moi non plus.
Si tu m’encages
N’oublie pas
J’aurai un amant au dos lisse

(Denise Jallais)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Traduction:
Editions: Marabout

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il n’y a pas de théorème du désir (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2022



Illlustration: Pascal Renoux
    
Il n’y a pas de théorème du désir
Pas plus qu’il n’y a de théorème de la saveur d’une eau de montagne
pans la bouche de l’exténué
Il boit sa vie

Il n’y a qu’une vérité à mille chemins
Devant le corps aimé
Il est une aube plénière
Dont la lumière appelle la pensée-mésange de l’amant :
S’il y a une vérité dans le désir
Seule l’atteint cette pensée à mille chemins

Le coeur aussi se donne comme un paysage
Seul donc le désir de s’y perdre le mérite
Car ici l’ignorance nous accroît

C’est très simple l’immense pour qui s’est intérieurement dévêtu
Une paupière une hanche un souffle sur la joue
Cela d’un coup efface le monde
La fureur l’excès leur langage

C’est toujours à partir de ce vide
Que nous aimons
En lui que nous buvons notre vie

Est-ce de l’ordre de l’explosion ?
Explosion silencieuse et immobile
À la jonction de deux corps
Qui est la conjonction de deux limites
Ainsi détruites ?

Serait-ce l’apparition d’un espace neuf
Contraire mais lié
À l’espace ordinaire des besognes de l’existence ?

La porte d’or
Par où l’on revient dans sa vie
Déshabitué éclairé
Retour d’exil :
Gestes enfin habités
Regards tenus
Expansion d’une prairie intérieure
Avec affleurement de sources
Celles que l’amant entend
Quand il pose son oreille sur le sommeil de l’aimée

Beau chahut l’amour dans la maison des hommes
Table renversée écrous levés

Est-ce bien de l’ordre de l’explosion ?
Mais lente mais douce
Et sa rumeur qui dort dans la main du coeur

(Jean-Pierre Siméon)

Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

Emilia Castaneda  (16) [1280x768]

L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA

Belle d’aube et de caresses
Bulles de fard et de fleurs
Tout ce qui fut notre ivresse
Remonte des profondeurs

Des bruyères me reviennent
Au rythme des baisers las
Est-ce ta lèvre ou la mienne
Qui brûlait cette nuit-là

Est-ce plaie ou plainte Sont-ce
Des ecchymoses de ciel
Ou les lisières de ronces
D’un météore charnel

Sais-je quand surgit le doute
Entre la sève et le sang
Ou quand s’effeuillèrent toutes
Les fleurs du buisson ardent

Etait-ce un soir de dimanche
Que la lézarde s’ouvrit
Quand je touchai sur ta hanche
Un pressentiment d’oubli

Ce qui fut à jamais passe
Au gré de l’ombre et des jours
Tes mots n’ont sur la terrasse
Qu’un lointain reflet d’amour

Etait-ce un soupçon d’abîme
Est-ce toi serait-ce moi
Qui retombait de la cime
Qu’on n’atteint jamais deux fois

Est-ce pour la trop cruelle
Loi vaine d’un vain destin
Que notre flamme éternelle
N’eut qu’un instant de matin

Je cherche et toi sais-tu qu’est-ce
Qui lie et qui délia
Au tréfonds de notre ivresse
L’en-dedans de l’au-delà

(Robert Goffin)

Illustration: Emilia Castaneda

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Prendre corps

Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m’odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m’enjambes
tu m’insupportable
je t’amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte

je te tremblante
tu me séduis tu m’absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m’effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t’invente
parfois tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières

je te haleine je t’aine

je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines

je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Illustration: Margarita Sikorskaia

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Music-hall (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Music-hall

Les épaules et les hanches
dansaient à damner les anges
dans un vertige de couleurs
au gré de trente projecteurs

(Paul Nougé)

Illustration

 

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | 2 Comments »

COMMENCEMENT DES CHANTS DE LA GRANDE JOIE DU CŒUR (Egypte)

Posted by arbrealettres sur 22 mai 2022



    

COMMENCEMENT DES CHANTS DE LA GRANDE JOIE DU CŒUR
(Premier chant)

L’Unique, la bien-aimée, la sans pareille,
La plus belle du monde,
Regarde-la, semblable à l’étoile brillante de l’an nouveau,
Au seuil d’une belle année.
Celle dont brille la grâce, dont la peau rayonne,
A des yeux au regard clair,
Et des lèvres au doux parler.
Jamais elle ne prononce une parole superflue.
Elle, dont le cou est long, la poitrine lumineuse,
Possède une chevelure de lapis véritable.
Ses bras surpassent l’éclat de l’or,
Ses doigts sont semblables aux calices des lotus.
Celle dont les reins sont alanguis, et les hanches minces,
Celle dont les jambes défendent la beauté,
Celle dont la démarche est pleine de noblesse,
lorsqu’elle pose ses pieds sur la terre,

Chants d’amour de l’Egypte ancienne.
(Traduit de l’allemand par Paule KRIEGER)

(Egypte)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Corps du savoir (Mohammed Dib)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022


couple

alléger la paix et dire
la tendresse d’une hanche
ou sa connivence nue

abandonner le regard
sous le couvert de l’ombre
et retarder le moment

en remonter la marée
moins forte que les bras
plus claire que le feu

avec des avertissements
la voix aura peut-être parlé
mais l’aurait-il fallu

(Mohammed Dib)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ceux qui vont mourir (Pierre Albert-Birot)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




    

Ceux qui vont mourir tout à l’heure à la guerre
se sont mis devant moi
et je ne vois plus la fête
mais j’entends le train qui siffle
et je sens le soleil sur ma tête
peut-être qu’il y a aussi du soleil où ils vont mourir
mais puisque je suis vivant mon devoir
est de chanter baissez-vous
que je puisse voir
la-belle-en-robe-rose-qui-passe-sur-la-route
en-balançant-ses-hanches-sous-son-ombrelle-rose-aussi

(Pierre Albert-Birot)

 

Recueil: Poèmes à l’autre moi précédé de La Joie des sept couleurs et suivi de Ma morte et de La Panthère noire
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Inventaire (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022




    

Inventaire

De quelles soies se sont faits tes doigts,
De quel marbre tes cuisses lisses,
De quelles hauteurs est parvenue à ta démarche
La grâce de chamois avec laquelle tu chemines.

De quelles mûres matures s’est extrait
Le goût acidulé de ton sein,
De quelles Indes le bambou de ta taille,
L’or de tes yeux, d’où est-il venu

A quel balancement de vague vas-tu chercher
La ligne serpentine de tes hanches,
Où naît la fraîcheur de cette fontaine
Qui sort de ta bouche quand tu ris

De quels bois marins s’est détachée
La feuille de corail de tes portes,
Quel parfum t’annonce quand tu viens
M’encercler de désir aux heures mortes.

***

Inventário

De que sedas se fizeram os teus dedos,
De que marfim as tuas coxal lisas
De que alturas chegou ao teu andar
A graça de camurça com que pisas.

De que amoras maduras se espremeu
O gosto acidulado do teu seio,
De que indias o bambu da tua cinta,
O oiro dos teus olhos, donde veio.

A que balanço de onda vais buscar
A linha serpentina dos quadris,
Onde nasce a frescura dessa fonte
Que sai da tua boca quando ris

De que bosques marinhos se soltou
A folha de coral das tuas portas,
Que perfume te anuncia quando yens
Cercar-me de desejo a horas mortas

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le doux parfum des temps à venir (Lyonel Trouillot)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Va, ma fille.
Capture la vie et libère-la.
Danse.
Cueille.
Restitue.
Déverse sur la tête du monde
une odeur d’offrande sans sacrifice,
une odeur d’abondance et de juste partage,
une bonne odeur de nouveau monde,
et les gens te demanderont
l’origine de ton parfum et l’adresse du parfumeur.
Tu leur diras que ce n’est qu’un début,
que toute chose vivante n’est pas définitive,
qu’il lui faudra encore grandir,
qu’il leur faudra la protéger.
Et les gens te demanderont quel est le nom de parfum,
car les choses de ce monde ont toutes besoin d’un nom.
Tu leur diras: cherchons ensemble
Pour l’instant nous l’appelleront

le doux parfum des temps à venir.

(Lyonel Trouillot)

 

Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »