Le bois
les cordes
les clés
de métal
— la forme sinueuse
de l’instrument posé entre ses jambes
la Harpiste sème des sons, secoue la tête :
ainsi le corps, croit-elle
embrasse les notes, ainsi l’âme s’allonge
et respire sur les portées, compte le temps
puis son visage pâlit
ses mains blanches, sa peau fine
plus fine encore.
Autour du Marcheur, la lumière
arpente l’horizon.
Les pierres s’amoncellent
le long des chemins, — il reconnaît
les bâtiments, la ville haute
et la plaine qu’érodaient jadis
les lourds sabots des chevaux.
Il demande : par où
le lieu qui n’est aucun lieu
mais qui les porte tous.
Passé les dunes, la pente abrupte
mène vers la mer. La perspective se modifie
légèrement, les nuages et les galets
se fondent, le vent s’éparpille sur la peau
et si l’on porte à l’oreille un coquillage
on entend murmurer chaque souvenir
laissé là, enfoui sous les marées.
Alors le Derviche, avec l’écume, avec le sable
pénètre la mesure
— l’univers, le rien —
souffle comme il danse :
secoue les draps de l’âme.
(Hélène Dorion)
Recueil: Ravir les lieux
Traduction:
Editions: Editions: La différence
On sait que la lumière vient
de l’obscurité, du froid, de la poussière
qui durent au fond de nous ; la lumière
vient des forêts sans clairières, des ciels incertains
d’un corps sans plus d’espace
où loger la douleur.
On sait que la lumière
garde trace de son absence.
(Hélène Dorion)
Recueil: Sans bord sans bout du monde
Traduction:
Editions: La différence
La terre se retourne soudain
la ligne de l’horizon oblique.
Un oiseau trace les contours de l’air
pendant que se croisent en moi les vagues
du présent et du passé.
Je regarde ce bord de terre
qui résume ombre et lumière ;
bord où la nuit traverse le jour
et le jour, la nuit. Venus de même source
plongés avec nous dans l’abîme.
(Hélène Dorion)
Recueil: Sans bord sans bout du monde
Traduction:
Editions: La différence