
Les murs ne tombent pas
[8]
Ainsi nous révélons notre statut
avec cornes géminées, disque, serpent érigé,
bien qu’eux ou la plume-double ou lotus
soient, nous dis-tu à présent, des ornements
triviaux, intellectuels ;
les poètes sont inutiles,
et plus encore,
nous, relique authentique,
porteurs de la sagesse secrète,
vestiges vivants
du premier cercle
des initiés du sanctuaire,
ne sommes pas seulement « non-utilitaires »,
nous sommes « pathétiques » :
c’est là la nouvelle hérésie
mais si tu ne comprends même pas ce que disent les mots,
comment peux-tu penser juger
ce que dissimulent les mots ?
pourtant les anciennes rubriques révèlent
que nous sommes revenus au début :
tu as un long chemin à faire,
marche avec attention, parle poliment
à ceux qui ont achevé leur cycle de ver,
car les dieux ont déjà été écrasés
avec les idoles et leur secret est conservé
dans la parole même de l’homme,
dans le trivial ou
le vrai rêve ; insigne
dans la crête du héron,
le dos de l’aspic,
énigmes, rubriques promettent comme
avant, protection pour le scribe ;
il a préséance sur le prêtre,
il n’est inférieur qu’au Pharaon.
***
So we reveal our status
with twin-horns, disk, erect serpent,
though these or the double-plume or lotus
are, you now tell us, trivial
intellectual adornment;
poets are useless,
more than that,
we, authentic relic,
bearers of the secret wisdom,
living remnant
of the inner band
of the sanctuaries’ initiate,
are not only `non-utilitarian’,
we are ‘pathetic’:
this is the new heresy;
but if you do not even understand what words say,
how can you expect to pass judgement
on what words conceal?
yet the ancient rubrics reveal that
we are back at the beginning:
you have a long way to go,
walk carefully, speak politely
to those who have done their worm-cycle,
for gods have been smashed before
and idols and their secret is stored
in man’s very speech,
in the trivial or
the real dream; insignia
in the heron’s crest,
the asp’s back,
enigmas, rubrics promise as before,
protection for the scribe;
he takes precedence of the priest,
stands second only to the Pharoah.
(Hilda Doolittle)