Posts Tagged ‘(Hilda Doolittle)’
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2020

HOMMAGE AUX ANGES
Ceci n’est ni rune ni symbole,
ce que je veux dire est ― c’est si simple
pourtant aucune ruse du stylo ou du pinceau
ne pourrait capter cette impression ;
ce que je voulais indiquer était
une nouvelle phase, une nouvelle distinction de couleur ;
je voulais dire, j’ai dit
qu’il n’y avait ni éclat, ni reflet,
ni ombre ; quand j’ai dit blanc,
je ne voulais pas dire blanc de sculpteur ou de peintre,
ni porcelaine ; blanc pâle ne pourrait pas
en donner l’idée, car quand
la neige fraîchement tombée (ou la neige
au moment où elle tombe) est-elle pâle ?
pourtant maintenant, nous titubons, nous sommes perdus ―
que pouvons-nous dire ?
elle n’était pas impalpable comme un spectre,
elle n’était pas terrifiante comme un Esprit,
elle n’était même pas atterrante
comme un Ange.
***
TRIBUTE TO THE ANGELS
This is no rune nor symbol,
what I mean is — it is so simple
yet no trick of the pen or brush
could capture that impression;
what I wanted to indicate was
a new phase, a new distinction of colour;
I wanted to say, I did say
there was no sheen, no reflection,
no shadow; when I said white,
I did not mean sculptor’s or painter’s white,
nor porcelain; dim-white could
not suggest it, for when
is fresh-fallen snow (or snow
in the act of falling) dim?
yet even now, we stumble, we are lost —
what can we say?
she was not impalpable like a ghost,
she was not awe-inspiring like a Spirit,
she was not even over-whelming
like an Angel.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Renata Ratajczyk
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Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), accepter, ange, atterrante, éclat, blanc, couleur, esprit, hommage, impalpable, neige, ombre, peintre, phase, porcelaine, reflet, rune, ruse, sculpteur, simple, spectre, symbole, terrifiante, tituber | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2019
![Uriel [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/11/uriel-800x600.jpg?w=615&h=702)
Hommage aux anges
[18]
Pour Uriel, pas de temple,
mais partout,
les enceintes externes et les places
sont fragrantes ;
le festival ouvre comme avant
avec le murmure des colombes ;
pour Uriel, pas de temple
mais les bosquets sacrés de l’Amour,
flétris à Thèbes et à Tyr,
fleurissent ailleurs.
***
For Uriel, no temple
but everywhere,
the outer precincts and the squares
are fragrant;
the festival opens as before
with the dove’s murmuring;
for Uriel, no temple
but Love’s sacred groves,
withered in Thebes and Tyre,
flower elsewhere.
(Hilda Doolittle)
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019
![Christ de Vélasquez [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/11/christ-de-vc3a9lasquez-800x600.jpg?w=499&h=600)
Les murs ne tombent pas
[19]
Il est peut-être même le Juif authentique
sorti de Vélasquez ;
ces paupières chez Vélasquez
sont baissées sur des yeux
qui, ouverts, méduseraient, dérouteraient
et nous frapperaient d’un ancien sentiment de culpabilité
et de peur, mais la terreur de ces yeux
voilés dans leur agonie est terminée ;
je t’assure que les yeux
du crucifié de Vélasquez
te regardent à présent dans les yeux,
et qu’ils sont ambre et qu’ils sont feu.
[20]
Or il apparaît clairement
que le Saint-Esprit,
mystérieuse énigme de l’enfance
est le Rêve ;
cette voie d’inspiration
est toujours ouverte,
et ouverte à tous ;
il agit en intermédiaire, interprète,
il explique les symboles du passé
en images d’aujourd’hui,
il fusionne l’avenir lointain
avec la plus lointaine antiquité,
énonce économiquement
en une simple équation-rêve
la plus profonde philosophie,
divulgue le secret de l’alchimiste
et suit le Mage
dans le désert.
***
He might even be the authentic Jew
stepped out from Velasquez;
those eye-lids in the Velasquez
are lowered over eyes
that open, would daze, bewilder
and stun us with the old sense of guilt
and fear, but the terror of those eyes
veiled in their agony is over;
I assure you that the eyes
of Velasquez’ crucified
now look straight at you,
and they are amber and they are fire.
Now it appears very clear
that the Holy Ghost,
childhood’s mysterious enigma,
is the Dream;
that way of inspiration
is always open,
and open to everyone;
it acts as go-between, interpreter,
it explains symbols of the past
in to-day’s imagery,
it merges the distant future
with most distant antiquity,
states economically
in a simple dream-equation
the most profound philosophy,
discloses the alchemist’s secret
and follows the Mage
in the desert.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Velasquez
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019

La floraison du bâton
[43]
Mais elle parla et il la regarda,
elle était timide et simple et jeune ;
elle dit, Sire, la fragrance est des plus belles,
comme de toutes les choses fleuries à la fois ;
mais Kaspar savait que le sceau de la jarre était intact,
il ignorait si elle savait
que la fragrance venait du bouquet de myrrhe
qu’elle tenait dans ses bras.
***
But she spoke so he looked at her,
she was shy and simple an d young;
she said, Sir, it is a most beautiful fragrance,
as of all flowering things together;
but Kaspar knew the seal of the jar was unbroken.
he did not know whether she knew
the fragrance came from the bundle of myrrh
she held in her arms.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Frederick Arthur Bridgman
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019

La floraison du bâton
[39]
C’était un homme d’une grande bonté
et il avait d’innombrables enfants,
mais il n’était pas Abraham revenu ;
il était Kaspar le Magian ;
il dit je suis Kaspar,
car il lui fallait se tenir à quelque chose ;
je suis Kaspar, dit-il quand une mince jeune fille
qui portait une jarre, lui demanda avec déférence
si elle pouvait la faire descendre dans son puits ;
je suis Kaspar ; si sa tête était voilée
et voilée elle l’était presque toujours,
il se souviendrait, bien que jamais
un instant il n’eût vraiment oublié
la torsion d’un poignet qui nouait un foulard,
la forme safran de la sandale,
les plis de la robe, le drapé du vêtement
quand Marie souleva le loquet et la porte s’entrouvrit,
et la porte se ferma, et il y avait la porte plate
qu’il fixait encore et encore,
comme si la ligne du bois, le bord rugueux
de la surface polie ou brute,
avaient chacun un sens, comme si chaque trace et marque
était un hiéroglyphe, un parchemin d’incroyable valeur
ou une carte de marin.
***
Fie was a very kind man
and he had numberless children,
but he was not Abraham come again;
he was the Magian Kaspar;
he said I am Kaspar,
for he had to hold on to something;
I am Kaspar, he said when a slender girl
holding a jar, asked deferentially
if she might lower it into his well;
I am Kaspar; if her head were veiled
and veiled it almost always would be,
he would remember, though never
for a moment did he quite forget
the turn of a wrist as it fastened a scarf,
the saffron-shape of the sandal,
the pleat of the robe, the fold of the garment
as Mary lifted the latch and the door half-parted,
and the door shut, and there was the flat door
at which he stared and stared,
asif the line of wood, the rough edge
or the polished surface or plain,
were each significant, as if each scratch and mark
were hieroglyph, a parchment of incredible worth
or a mariner’s map.
(Hilda Doolittle)
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019

Hommage aux anges
[4]
Pas en notre temps, ô seigneur,
le coutre pour l’épée,
pas en notre temps, la lame,
repue de sang vital et de vie,
pour tailler la vigne stérile ;
pas de feuille de vigne pour l’épine,
pas de fleur de vigne pour la couronne ;
pas en notre temps, ô Roi,
la voix pour étouffer la tempête
qui tonne et rassemble ses forces.
***
Not in our time, O Lord,
the plowshare for the sword,
not in our time, the knife,
sated with life-blood and life,
to trim the barren vine;
no grape-leaf for the thorn,
no vine-flower for the crown;
not in our time, O King,
the voice to quell the re-gathering,
thundering storm.
(Hilda Doolittle)
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019

Les murs ne tombent pas
[18]
L’image-Christos
est des plus difficiles à démêler
du bric-à-brac artisanal de la brocante,
barbouillage de plâtre médiéval,
souffrance aimée et symbole de mort,
c’est pour cela, je crois, que le Rêve
orchestrait habilement les pièces
vides, si propres, des premiers colons,
sans vitrail, sans peinture,
sans image ni couleur,
car il semble à présent évident
qu’Amen est notre Christos.
***
The Christos-image
is most difficult to disentangle
from its art-craft junk-shop
paint-and-plaster medieval jumble
of pain-worship and death-symbol,
that is why, I suppose, the Dream
deftly stage-managed the bare, clean
early colonial interior,
without stained-glass, picture,
image or colour,
for now it appears obvious
that Amen is our Christos.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Jacques Barcat
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019

La floraison du bâton
[8]
Je suis tellement heureuse,
je suis la première ou la dernière
d’un vol ou d’un essaim ;
je suis pleine de nouveau vin ;
je suis marquée par un mot,
je suis brûlée par le bois,
tirée de braises rougeoyantes,
ni coupée, ni marquée par l’acier ;
je suis la première ou la dernière à renoncer
au fer, à l’acier, au métal ;
je suis allée en avant,
je suis allée en arrière,
je suis allée de l’avant depuis le bronze et le fer,
jusque dans l’Âge d’Or.
***
I am so happy,
I am the first or the last
of a flock or a swarm;
I am full of new wine;
I am branded with a word,
I am burnt with wood,
drawn from glowing ember,
not cut, not marked with steel;
I am the first or the last to renounce
iron, steel, metal;
I have gone forward,
I have gone backward,
I have gone onward from bronze and iron,
into the Golden Age.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Paul Signac
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019

Hommage aux anges
[33]
Hermès emprunta son attribut
de guide-des-morts à Toth
et la croix-T devient caducée ;
l’ancienne église invoque
saint Michel et Notre Dame
sur le lit de mort ; Hermès Trismégiste
transperce, avec saint Michel,
les ténèbres de l’ignorance,
jette le Vieux Dragon
dans l’abîme.
[34]
Ainsi saint Michel
régent de la planète Mercure,
n’est pas absent
quand nous convoquons les autres Anges,
une autre bougie apparaît
sur le grand-autel,
elle brûle d’une flamme puissante
mais frémit
et s’avive et s’assombrit
et s’avive à nouveau ;
souviens-toi, c’était Thot
avec une plume
qui pesait les âmes
des morts.
***
Hermes took his attribute
of Leader-of-the-dead from Thoth
and the T-cross becomes caduceus ;
the old-church makes its invocation
to Saint Michael and Our Lady
at the death-bed; Hermes Trismegistus
spears, with Saint Michael,
the darkness of ignorance,
casts the Old Dragon
into the abyss.
So Saint Michael,
regent of the planet Mercury,
is not absent
when we summon the other Angels,
another candle appears
on the high-altar,
it burns with a potent flame
but quivers
and quickens and darkens
and quickens again;
remember, it was Thoth
with a feather
who weighed the souls
of the dead.
(Hilda Doolittle)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019
![osiris [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/11/osiris-800x600.jpg?w=703&h=687)
Les murs ne tombent pas
[40]
Par exemple :
Osiris égale O-sir-is ou O-sire-is ;
Osiris,
l’étoile Sirius,
rattache le mythe de la résurrection
à la réalité de la résurrection
à travers les âges ;
plâtrier, maçon grossier,
assez mal outillé, ma pensée
comblerait des brèches déplorables
dans le temps, révélerait le schisme regrettable,
comblerait ce schisme avant-et-après,
(avant qu’Abraham fût, je suis)
découvrirait des croissances cancéreuses
dans la philosophie de notre temps,
en tentant de préparer,
pour ainsi dire, le patient pour le Guérisseur ;
corrélerait foi avec foi,
recouvrerait le secret d’Isis,
qui est : il y avait Un
au commencement, Créateur,
Nourricier, Concepteur, Même-à-jamais
dans le marais de papyrus
dans la prairie de Judée.
***
For example:
Osiris equates 0-sir-is or 0-Sire-is;
Osiris,
the star Sirius,
relates resurrection myth
and resurrection reality
through the ages;
plasterer, crude mason,
not too well equipped, my thought
would cover deplorable gaps
in time, reveal the regrettable chasm,
bridge that before-and-after schism,
(before Abraham was I am)
uncover cankerous growths
in present-day philosophy,
in an endeavour to make ready,
as it were, the patient for the Healer;
correlate faith with faith,
recover the seoret of Isis,
which is: there was One
in the beginning, Creator,
Fosterer, Begetter, the Same-forever
in the papyrus-swamp
in the Judean meadow.
(Hilda Doolittle)
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