Cette lettre peut vous surprendre
Mais sait-on ? peut-être pas
Quelques braises échappées des cendres
D’un amour si loin déjà
Vous en souvenez-vous?
Nous étions fous de nous
Nos raisons renoncent, mais pas nos mémoires
Tendres adolescences, j’y pense et j’y repense
Tombe mon soir et je voudrais vous revoir
Nous vivions du temps, de son air
Arrogants comme sont les amants
Nous avions l’orgueil ordinaire
Du « nous deux c’est différent »
Tout nous semblait normal, nos vies seraient un bal
Les jolies danses sont rares, on l’apprend plus tard
Le temps sur nos visages a soumis tous les orages
Je voudrais vous revoir et pas par hasard
Sûr il y aurait des fantômes et des décors à réveiller
Qui sont vos rois, vos royaumes ? mais je ne veux que savoir
Même si c’est dérisoire, juste savoir
Avons-nous bien vécu la même histoire ?
L’âge est un dernier long voyage
Un quai de gare et l’on s’en va
Il ne faut prendre en ses bagages
Que ce qui vraiment compta
Et se dire merci
De ces perles de vie
Il est certaines
Blessures au goût de
Victoire
Et vos gestes, y reboire
Tes parfums, ton regard
Ce doux miroir
Où je voudrais nous revoir
Cousine, petite cousine de miel sauvage, comme nous rampions
joueurs autour des pieds de table, nous approchions furtifs
des escarpins et des bottes, attrapions les lacets, vilaine,
vilaine cousine, blondes tes tresses et de bonbon
ta bouche, cette barque, cet été et ce lac
où j’inventai l’énigme de ta bouche,
aujourd’hui, tu noues toi-même tes lacets, tu es montée
dans mille trains, as pris des vols à destination de Milan
et arrêté des taxis à Prague et au Cap.
Quelque chose nous débusque, nous chasse de-ci de-là.
Ô qu’un jour me soit promis un bar de nuit
où tu consoles ma mélancolie avec des histoires,
quatre lacets noués ensemble pour toujours.
***
NICHTJE
Nichtje, wild honingnichtje, hoe we speels
langs tafelpoten kropen, pumps en laarzen
beslopen, steeds naar veters grepen, stout
stout nichtje, blond je vlechten en van snoep
je mond, die sloep, die zomer en dat meer
waar ik het raadsel van je mond uitvond,
nu strik je zelf.je veters, stapte duizend
treinen in, nam vluchten naar Milaan
en hield in Praag en Kaapstad taxi’s aan.
Jets drijft ons op. Jets jaagt ons heen en weer.
O dat mij ooit een nachtkroeg wordt beloofd
waar jij mijn heimwee met verhalen troost,
Escaliers ouverts
dans l’être du dedans
Couloirs qui tiennent
à leurs racines.
Nous allons vers les angles
d’une histoire qui se ferme
Sans savoir où nous sommes.
Tout cela est très ancien,
de la vieille histoire,
des fils noués pour tuer le temps
à force d’attendre
devant le rideau baissé,
les yeux rivés sur le rouge
sans voir que je me heurte à un mur,
que toutes les issues sont fermées,
qu’il n’y a pas de scène possible.
Je suis l’amant aux bras
maintenus derrière le dos,
poings liés,
pour l’empêcher de serrer son amour
contre sa poitrine.