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Posts Tagged ‘hommage’

J’aurais pu dire… (Bernard Pivot)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
J’aurais pu dire :
Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable,
C’est douloureux, c’est horrible,
C’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant »
Parce que c’est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé
et l’on sait encore moins quand ça finira.

Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.

On se sentait conquérant.
Invulnérable.
La vie devant soi.
Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante.

Si, si, je vous assure,
j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà,
entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
Des hommes et des femmes dans la force de l’âge
qui ne me considéraient plus comme un des leurs,
même apparenté, même à la marge.

J’ai lu dans leurs yeux
qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

Sans m’en rendre compte,
j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect »,
« En hommage respectueux »,
« Avec mes sentiments très respectueux ».

Les salauds !
Ils croyaient probablement me faire plaisir
en décapuchonnant leur stylo plein de respect ?
Les cons !

Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel
comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres
qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c’était la première fois,
une jeune fille s’est levée pour me donner sa place…
J’ai failli la gifler.
Puis la priant de se rasseoir,
je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux,
si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?

– « Non, non, pas du tout,
a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que”.
– Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
– « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus,
que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
– « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
– « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout
et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
– « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
– « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
– « Une question de quoi, alors ? »
– « Je ne sais pas,
une question de politesse, enfin je crois. »

J’ai arrêté de la taquiner,
je l’ai remerciée de son geste généreux
et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement
c’est, dans la mesure du possible,
ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages,
ni aux spectacles, ni aux livres,
ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.

Rêver, c’est se souvenir,
tant qu’à faire, des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder
entre le désir et l’utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve.
La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil
en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart,
soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés
les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital.
En années ? En mois ? En jours ?

Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables,
il faut jouir sans modération.

Après nous, le déluge ?…
Non, Mozart.

(Bernard Pivot)
    

    

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HOMMAGE AUX UPANISHADS (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
HOMMAGE AUX UPANISHADS

Sentir qu’on est Quelqu’un
Équivaut à conduire
Son propre corbillard en quelque sorte —
La destination est claire.

Je ne veux pas être
La peau du fruit
Ni la chair
Ni même la graine,
Qui ne ferait que devenir un autre
Fruit bien portant
Le secret celé à l’intérieur de la graine
Devient mon besoin, et ainsi,
Je me réduis au néant
À l’intérieur de la graine.

Au début il fait froid,
Je frissonne,
Plus tard arrive une touche de vérité,
Un ferment dans les ténèbres,
Et enfin une lumière qui agace.

Pour l’heure c’est assez
Que je sois libre
D’être le Moi en qui je suis,
Qui n’est pas Quelqu’un —
Pas, en tout cas,
L’ego mortel,
Mais l’oeil de l’oeil
Qui s’efforce de voir

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Regarder cette divinité sylvestre (Belinda Cannone)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Belinda Cannone
    
Regarder cette divinité sylvestre
(façon de lui rendre hommage)
est manière de prière matinale :

devant mon lare,
toute pensée étrangère me quitte,
je glisse en mon for intérieur.
À la fois identique à lui-même
et nouveau par quelque élément changeant,
il m’invite à un exercice quotidien de vigilance.

Attention, concentration, émerveillement :
n’est-ce pas la source de toute poésie ?

(Belinda Cannone)

 

Recueil: Un chêne
Traduction:
Editions: Le vistemboir

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La belle vieille (François Maynard)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2022



Illustration: Christelle Fontenoy 
    

La belle vieille

Cloris, que dans mon temps j’ai si longtemps servie
Et que ma passion montre à tout l’univers,
Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?

N’oppose plus ton deuil au bonheur où j’aspire.
Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
Sors de ta nuit funèbre, et permets que j’admire
Les divines clartés des yeux qui m’ont brûlé.

Où s’enfuit ta prudence acquise et naturelle ?
Qu’est-ce que ton esprit a fait de sa vigueur ?
La folle vanité de paraître fidèle
Aux cendres d’un jaloux, m’expose à ta rigueur.

Eusses-tu fait le voeu d’un éternel veuvage
Pour l’honneur du mari que ton lit a perdu
Et trouvé des Césars dans ton haut parentage,
Ton amour est un bien qui m’est justement dû.

Qu’on a vu revenir de malheurs et de joies,
Qu’on a vu trébucher de peuples et de rois,
Qu’on a pleuré d’Hectors, qu’on a brûlé de Troies
Depuis que mon courage a fléchi sous tes lois !

Ce n’est pas d’aujourd’hui que je suis ta conquête,
Huit lustres ont suivi le jour que tu me pris,
Et j’ai fidèlement aimé ta belle tête
Sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris.

C’est de tes jeunes yeux que mon ardeur est née ;
C’est de leurs premiers traits que je fus abattu ;
Mais tant que tu brûlas du flambeau d’hyménée,
Mon amour se cacha pour plaire à ta vertu.

Je sais de quel respect il faut que je t’honore
Et mes ressentiments ne l’ont pas violé.
Si quelquefois j’ai dit le soin qui me dévore,
C’est à des confidents qui n’ont jamais parlé.

Pour adoucir l’aigreur des peines que j’endure
Je me plains aux rochers et demande conseil
A ces vieilles forêts dont l’épaisse verdure
Fait de si belles nuits en dépit du soleil.

L’âme pleine d’amour et de mélancolie
Et couché sur des fleurs et sous des orangers,
J’ai montré ma blessure aux deux mers d’Italie
Et fait dire ton nom aux échos étrangers.

Ce fleuve impérieux à qui tout fit hommage
Et dont Neptune même endure le mépris,
A su qu’en mon esprit j’adorais ton image
Au lieu de chercher Rome en ses vastes débris.

Cloris, la passion que mon coeur t’a jurée
Ne trouve point d’exemple aux siècles les plus vieux.
Amour et la nature admirent la durée
Du feu de mes désirs et du feu de tes yeux.

La beauté qui te suit depuis ton premier âge
Au déclin de tes jours ne veut pas te laisser,
Et le temps, orgueilleux d’avoir fait ton visage,
En conserve l’éclat et craint de l’effacer.

Regarde sans frayeur la fin de toutes choses,
Consulte le miroir avec des yeux contents.
On ne voit point tomber ni tes lys, ni tes roses,
Et l’hiver de ta vie est ton second printemps.

Pour moi, je cède aux ans ; et ma tête chenue
M’apprend qu’il faut quitter les hommes et le jour.
Mon sang se refroidit ; ma force diminue
Et je serais sans feu si j’étais sans amour.

C’est dans peu de matins que je croîtrai le nombre
De ceux à qui la Parque a ravi la clarté !
Oh ! qu’on oira souvent les plaintes de mon ombre
Accuser tes mépris de m’avoir maltraité !

Que feras-tu, Cloris, pour honorer ma cendre ?
Pourras-tu sans regret ouïr parler de moi ?
Et le mort que tu plains te pourra-t-il défendre
De blâmer ta rigueur et de louer ma foi ?

Si je voyais la fin de l’âge qui te reste,
Ma raison tomberait sous l’excès de mon deuil ;
Je pleurerais sans cesse un malheur si funeste
Et ferais jour et nuit l’amour à ton cercueil !

(François Maynard)

 

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Hommage à T.S. (Old Possum) Eliot (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2022



Illustration: Frédéric Rébéna
    
Hommage à T.S. (Old Possum) Eliot

La mésange sur le cerisier nu
le hérisson qui dort caché dans la haie
la chatte noire qui rôde dans la brume
ne sont mésange hérisson ou chatte que par politesse

Chacun d’eux sait qu’il a un vrai nom
un nom caché au fond du fond de lui-même
mais il ne le dira à personne
Ils font semblant d’avoir les noms qu’on leur donne
viennent parfois quand on les nomme
mésange chatte ou hérisson

Mais c’est juste pour faire plaisir
à ces animaux à noms et prénoms
les humains qui croient qu’on peut dire simplement
qu’une mésange est une mésange
qu’une chatte est une chatte
ou qu’un hérisson est un hérisson

Devant notre naïveté désarmante
les bêtes sont tentées parfois de trahir leur secret
et de nous révéler leurs véritables noms
Mais elles se méfient du qu’en-dira-t-on
et préfèrent garder leur strict incognito
Elles vivent dans l’ombre reposante
de ces noms saugrenus sortes de noms d’emprunt
mésange chatte hérisson noms à l’usage humain

(Claude Roy)

 

Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse

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ARRÊT D’UNE MINUTE… (Serge Lardans)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2021




ARRÊT D’UNE MINUTE…

Parce que c’est important,
de temps en temps,
je m’offre une minute de silence…
En hommage, bien sûr,
à ma mémoire future !
Mais aussi,
cet instant précis,
pour comprendre que je vis.

Toucher et caresser un objet,
goûter et savourer un bruit,
écouter le bruit de la rue,
regarder les nuages qui passent,
sentir cette odeur de terre mouillée
laquelle s’ajoute
celles de l’herbe et des feuilles, mêlées,
ah ! respirer, respirer profondément,
et intensément, comprendre que je vis,
une fois, une seule fois,
quel que soit le décor,
mais seul dépositaire de ce cadeau :
ma vie, ce trésor
perdu dans le temps…

Quand vous m’accorderez
la minute de silence
qui est due
à ceux qui ne sont plus,
quand vous vous souviendrez de moi,
vous penserez à tout cela…

(Serge Lardans)

Illustration

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LES ATOMES (Juan Gil-Albert)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2021



Illustration: Riera i Aragó
    
Poem in , French, Dutch, Spanish, English, Italian, German, Portuguese, Sicilian, Romanian, Polish, Greek, Chinese, Arab, Hindi, Japanese, Farsi, Icelandic, Russian, Filipino, Hebrew, Tamil, Kurdish, Bangla, Irish, Serbian, Macedonian, Armenian, Indonesian

Poem of the Week Ithaca 685 « THE ATOMS » JUAN GIL-
ALBERT, Spain (1906 – 1994)

de “Los sueños del agua – De dromen van het water”
POINT Editions 1998

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt

LES ATOMES

Hommage a Mme. Curie

Vivre est ce qu’il y a de plus intime au monde.
C’est sentir sur ta peau cette caresse
de l’air environnant. Être conscient.
Eveillé de la mort, être vivant.
Avoir franchi les frontières du néant
Et t’installer
dans cette zone clémente de l’espace
où la maladie s’appelle vie.
Être ensuite le vivant, le précieux,
ce battement de cœur inespéré,
ce feu devenu rêve, cet émoi
de quiétude, un chant, une prière.
Une escale délicieuse
dont en son temps nous ne saurons jamais
qu’il fut, s’il fut, s’il a toujours été là ou aura été.

Traduction de Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

(Juan Gil-Albert)

***

DE ATOMEN

Hulde aan Mme. Curie

Leven is het allerintiemste in de wereld.
Leven is op je huid die streling voelen
van de omringende lucht. Wakker zijn.
Wakker van de dood, levend zijn.
De grenzen van het niets te hebben overschreden
En je te vestigen
in dat milde oord van de ruimte
waar de ziekte leven heet.
Dan het levende zijn, het kostbare,
die onverhoopte hartenklop,
die droom geworden gloed, die beroering
van rust, een zang, een smeekbede.
Een verrukkelijk oponthoud
waarvan we op zijn tijd nooit zullen weten
dat het was, of het was, of het altijd al was of geweest zal zijn.

Vertaling Germain Droogenbroodt

***

LOS ÁTOMOS

homenaje a Mme. Curie

Vivir es lo más íntimo del mundo.
Es sentir en la piel esa caricia
del aire circundante. Estar despierto.
Despierto de la muerte. Estar en vivo.
Haber atravesado los confines
de la nada y venir a establecerse
a esta zona clemente del espacio
donde la enfermedad se llama vida.
Ser entonces lo vivo. Lo precioso,
esta palpitación, inesperada,
este ardor hecho sueño, este trastorno
de placidez, un canto, una plegaria.
Un entretenimiento delicioso
del que nunca sabremos a su hora
que fue, si fue, si era, si habrá sido.

JUAN GIL-ALBERT

***

THE ATOMS

Hommage to Mme. Curie

To live is the most intimate thing in the world.
It is to feel on your skin that caress
of the surrounding air. To be awake.
Awake from death. To be alive.
To have crossed the confines
of nothingness and come to settle
in this clement zone of space
where illness is called life.
Then to be alive. This preciousness,
this palpitation, this unexpected,
this ardor made dream, this disturbance
of placidity. A song, a prayer.
A delightful entertainment
that we will never know at its time
what it was, if it were, if it might have been.

Translation Germain Droogenbroodt – Stanley Barkan

***

ATOMI

omaggio a Mme Curie

Essere vivi è la cosa più intima del mondo.
È sentire sulla tua pelle la carezza
dell’aria intorno. Essere svegli.
Svegli dalla morte. Essere vivi.
Aver attraversato i confini
del nulla e messo casa
in questo angolo clemente dello spazio
dove la malattia è chiamata vita.
Per essere poi vivo. il prezioso,
questo palpito, inaspettato,
questo ardore fatto sogno, questo disordine
della calma, una canzone, una preghiera.
questo divertimento gioioso
del quale mai conosceremo l’ora
cos’era, se lo era, se lo fosse, se lo sarà.

Traduzione di Germain Droogenbroodt e Luca Benassi

***

DIE ATOME

Hommage an Mme. Curie

Leben ist die intimste Sache der Welt.
Es ist auf der Haut jenes Streicheln
des Lufthauchs zu fühlen. Wach zu sein.
Vom Tod erwacht. Lebendig zu sein.
Die Grenzen des Nichts überschritten zu haben
und sich niederzulassen in dieser heiteren Gegend des Raumes
wo Krankheit Leben heißt.
Um dann das zu sein was lebendig ist. Das Wertvolle,
dieses unerwartete Herzklopfen,
diese zu Traum gewordene Glut, diese Erregung
der Ruhe, ein Lied, ein Gebet.
Eine köstliche Unterhaltung
wovon wir nie zur rechten Zeit erfahren werden
dass es war, ob es war, ob es immer war, ob es gewesen sein wird.

Übersetzung: Germain Droogenbroodt – Wolfgang Klinck

***

OS ÁTOMOS

Viver é o mais interior do mundo.
Para sentir na pele essa carícia
do ar circundante. Estar amanhecido.
Acordado da morte. Estar ao vivo.
Havendo atravessado em seus limites
o nada para ir estabelecer-se
no território clemente do espaço
onde a enfermidade se chama vida.
Sendo assim o vivente. O mais precioso,
esta palpitação inesperada,
este ardor feito sonho, este transtorno
de placidez, um canto, uma oração.
Um entretenimento delicioso
do que nunca saberemos na sua hora
que foi, se foi, se era, se tinha sido.

Tradução ao português: José Eduardo Degrazia

****

LI ATOMI

Omaggiu a Madama Curie

Viviri è la cosa chiù intima dû munnu.
È sentiri la carizza di la boria ca ti circunna
supra a peddi. Esssiri svigghiatu,
Svigghiatu di la morti, essiri vivu,
Di aviri travirsatu li cunfini
Di lu nenti e essiri arrivatu
Nta sta zona di spaziu clementi
Unni la malatia si chiama vita.
Essiri allura zoccu è vivu. Lu prizziusu
Stu palpitu dû cori, ca non t’aspetti
Lu arduri fattu sognu, stu disturbu
Dâ calma, na canzuna, na priera.
Un ntrattenimentu diliziusu
Di cui non sapemu mentri accadi
Zoccu era, si c’era, si ci fussi, si ci avissi statu.

Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

***

ATOMII

omagiu distinsei Doamne Curie

Trăirea-i cel mai intim lucru de pe pământ.
Înseamnă să-ți simți pielea mângâiată
de aerul din jur. Să fii treaz.
Deșteptat din moarte. Să fii însuflețit.
Trecut de ale zădărniciei vămi
și stabilit în astă zonă
de spațiu permisiv
în care boala înseamnă viață.
Să poți fi tu trăirea.
Scumpa, vibranta, neașteptata
dogoare preschimbată-n vis,
acel sindrom placid, un cânt, o rugă.
Acel divertisment încântător
neștiind niciodată, pe moment,
ce-a fost, dacă a trecut, de-a fost sau de va fi.

Traducere: Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

ATOMY

hołd dla Madame Curie

Żyć to coś najintymniejszego w świecie.
To czuć na skórze pieszczotę
otaczającego powietrza.
Być świadomym.
Świadomym śmierci. Doświadczać życia w pełni .
Przekroczyć granice
nicości osiadając
w tej łaskawej czasoprzestrzeni,
gdzie słabość nazywa się życiem.
Wtedy czuć, że się żyje. To cenne,
niespodziewane pulsowanie,
to pragnienie przeszło w marzenie,
zmącenie spokoju, pieśń, modlitwę.
Doskonała zabawa,
o której nigdy się nie dowiemy,
czy była, a jeśli była, to czy była naprawdę.

Przekład na angielski: Germain Droogenbroodt
Przekładf na polski: Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka
***

ΑΤΟΜΑ

Το να υπάρχεις είναι το πιο απόλυτο στον κόσμο
καθώς νιώθεις το χάδι του γύρο αέρα στο δέρμα σου,
το να `χεις ξυπνήσει απ’ το Θάνατο,
σαν να `χεις ξεπεράσει τα δεσμά της ανυπαρξίας
και να βρίσκεσαι σ’ αυτή τη ζώνη του χώρου
που η ασθένεια λέγεται ζωή.
Το να υπάρχεις, να `σαι ζωντανός, αυτός
ο πολύτιμος παλμός, απροσδόκητος,
αυτή η δύναμη ονείρου, η διάσπαση ηρεμίας,
ένα τραγούδι, μια προσευχή.
Μια εξαίσια απόλαυση που ποτέ δεν γνωρίζουμε
αν υπήρξε, τί ακριβώς ήταν, αν θα ξαναυπάρξει.

Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated by Manolis Aligizakis

***

原 子

向居里夫人致敬

活着是世界上最亲密的事情。
它就是你在皮肤上感受周围
空气的爱抚。要醒来。
从死亡中醒来。要活着。
要越过虚无的界限
并在这片仁慈的
空间领域安顿下来
在这里疾病被称作生命。
然后做有活力的人。这珍宝,
这种心悸、出人意料的,
这种成就梦想的激情,这种安静
的骚动,一首歌,一个祈祷。
在它的时代我们永远
也不懂的一种愉快娱乐
它曾是什么,如果确是,如果可能是,如果它将会是。

英 译:比利时 杰曼·卓根布鲁特
汉 译:中 国 周道模 2021-5-22
Translation into Chinese by William Zhou

***

الذرات

إهداء للسيدة كوري

أن تحيا أكثر الأشياء حميمية في العالم.
كأن تشعر بهواء المحيط يعانق بشرتك.
أن تنهض من الموت كي تحيا.
لتتجاوز حواجز العدم قادما
لتحجز لك مكانا
في هذا الفضاء الفسيح
حيث يسمى المرض حياة.
ساعتها فقط ستنبض بالحياة.
هذا الشعور الغامر المفاجئ ،وهذه الحماسة من صنعت الحلم ،
هذا الحلم القادم من صخب الهدوء ، أغنية ، دعاء.
ترفيه ممتع.
إن الحياة محظ تشويق لن ندركه بوقته،و إن كان له وجود،أو وجد أصلا،أو سيكون بالمستقبل.

ترجمته عن الإنجليزية سارة سليم
Translation into Arab by Sara Slim

***

परमाणु

महोदया क्यूरी को श्रद्धांजलि

जीना दुनिया की सबसे अंतरंग चीज है।
यह आपकी त्वचा पर महसूस करना है जो दुलार करता है
आसपास की हवा से। जागते रहना।
मृत्यु से जाग्रत। जिंदा रहने के लिए।
हदें पार करने के लिए
कुछ भी नहीं और बसने के लिए आओ
अंतरिक्ष के इस मेहरबान जोन में
जहां बीमारी को जीवन कहा जाता है।
होना है तो जीवित है। कीमती,
यह धड़कन, अप्रत्याशित,
इस ललक ने बना दिया सपना, यह अशांति
शांति की, एक गीत, एक प्रार्थना।
एक रमणीय मनोरंजन
जिसके बारे में हम उसके समय पर कभी नहीं जान पाएंगे
क्या था, अगर होता, होता तो होता।

Hindi translation by Jyotirmaya Thakur

***

原子

〜キュリー夫人へのオマージュ

生きることはこの世で最も親密な行為である
それは空気の愛撫を肌で感じること
目覚めていること、死からの覚醒
命があるということ
無の領域を越えて
この穏やかな空間に落ち着く
そこは病も人生と呼ばれる
そして生命あるものになること
大切なもの、鼓動、予想していなかったこと
この熱意は夢を作り
安らぎを邪魔するものは
歌となり、祈りとなる
この喜ばしい楽しみは
その時にはそれが何であるかわからない
何であったかわからない
そうであるのか、そうなるのかどうか

Translation into Japanese by Manabu Kitawaki

***

به احترام مادام ماریا کوری
اتم
زندگی محبوب‌ترین چیز در جهان است.
این حس روی پوست شماست که هوای اطرافتان را نوازش می‌کند. برای بیدار بودن.
بیدار از مرگ. برای زنده بودن.
برای عبور از محدودیت
نیستی و آمده برای حل و فصل
برای این منطقه‌ی فضایی
جایی که بیماری زندگی خوانده می‌شود.
برای زنده ماندن پس. باارزش،
تپش قلب، غیر منتظره،
این اشتیاقی که آزوها را ساخته، آرامشی
گرانبها، آوازی، دعایی.
سرگرمی لذتبخشی
که در زمان خودش هرگز نخواهیم شناخت
چه. بود، اگر بود، اگر بودند, اگر بوده‌اند.

ترجمه: سپیده زمانی
Translation into Farsi by Sepideh Zamani

***

FRUMEINDIRNAR

Til heiðurs frú Curie

Að lifa er persónulegast af öllu í heiminum.
Það er að finna á eigin skinni gælur
loftsins í kring. Að vaka.
Vakna frá dauðum. Að vera lifandi.
Að hafa farið yfir mörk
einskis og sest að
á þessu milda sviði í geimnum
þar sem sjúkdómur er kallaður líf.
Að vera er þá það sem lifir. Hið dýrmæta,
skjálftinn, óvænta,
ákafinn orðinn að draumi, röskun
á friði, söngur, bæn.
Yndisleg skemmtun
og við munum aldrei vita á sínum tíma
hvað hún var, hvort hún var, hvort hún væri, hvort hún muni hafa verið.

Translation into Icelandic by Þór Stefánsson

***

АТОМЫ

Посвящается мадам Кюри

Жизнь – суперглубокая штука в мире.
Жить – это чувствовать дуновение ветра
на коже. Просыпаться.
Просыпаться от смерти и жить.
Переступив черту ничего,
поселиться
в счастливейшем месте, там,
где болезнь называют жизнью.
И тогда стать живым. Это сокровище,
этот неожиданный стук сердца,
это мечтательное сияние, это смятение
спокойства. И песня, и молитва.
Удивительное развлечение,
о чем мы тогда и не знали,
что оно было, или было бы, или могло бы быть.

Translation into Russian by Daria Mishueva

***

ANG MGA ATOM

Pagbigay galang kay Mme. Curie

Ang mabuhay ang pinakamatalik na bagay sa mundo
Ang madama ng iyong balat ang malamyos na dantay
ng nakapaligid na hangin. Ang manatiling gising.
Gumising mula sa kamatayan. Manatiling buhay.
Ang makatawid sa pagkakakulong
sa kawalan at makarating at manatili
dito sa may puwang ng mahabaging pook
na kung saan ang sakit ay tinatawag na buhay.
At ang mabuhay. Ang kahalagahan nito,
itong pagpintig, itong hindi inaasahan,
ang masigasig na lumilikha ng pangarap, itong nakaliligalig
na pagkalma. Isang awit, isang panalangin.
Isang kasiya-siyang libangan
na hindi natin malalaman sa oras na ito
ano ito, kung ito ay, kung maaaring ito ay.

Translation into Filipino by Eden Soriano Trinidad

***

האטומים / מחווה למאדאם קירי

לִחְיוֹת זֶה הַדָּבָר הָאִינְטִימִי בְּיוֹתֵר בָּעוֹלָם.
זֶה לָחוּשׁ אֶת לִטּוּף הָאֲוִיר
עַל הָעוֹר. לִהְיוֹת עֵר.
עֵר מֵהַמָּוֶת. לִהְיוֹת חַי.
לַחֲצוֹת אֶת גְּבוּלוֹת
הָאֵינוּת וּלְהַגִּיעַ לְהִתְיַשֵּׁב
בְּאֵזוֹר הַנּוֹחוֹת שֶׁל הַמֶּרְחָב
שֶׁבּוֹ מַחֲלָה נִקְרֵאת חַיִּים.
לִהְיוֹת אָז מָה שֶׁחַי. אוֹתוֹ דָּבָר יָקָר,
אוֹתוֹ רֶטֶט, בִּלְתִּי-צָפוּי,

אוֹתוֹ חֲלוֹם עָשׂוּי מִתְּשׁוּקָה, אוֹתָהּ הַפְרָעָה
שֶׁל הַשַּׁלְוָה, אוֹתוֹ שִׁיר, אוֹתָהּ תְּפִלָּה.

בִּלּוּי מְהַנֶּה
שֶׁבּוֹ לְעוֹלָם לֹא נֵדַע בַּזְּמַן

מָה הָיָה, אִם הָיָה, אִם הָיִינוּ, אִם כְּבָר הָיָה.

תרגום מספרדית לאנגלית: ג’רמיין דרוגנברודט
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן

Translation into Hebrew by Dorit Weisman

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அணுக்கள்

க்யூரி அம்மையாரின் நினைவிற்கு ஸ்ரத்தாஞ்சலி

உலகில் வாழ்வது மிக மிக நெருக்கமான ஒன்று
உனது தோலினை வருடும் சுகத்தை உணர்வது
சுற்றியிருக்கும் காற்றினைப் போல. விழித்திருப்பதற்கு.
இறப்பிலிருந்து விழித்தெழுவது. உயிருடன் வாழ்வதற்காக.
வெற்றிடத்தைக் கடந்தது போன்று. மீண்டும் வந்து
விண்வெளியின் க்ளெமெண்ட் மண்டலத்தில் குடியேறி
அங்கே வாழ்க்கை என அழைக்கப்படும் வியாதிகள்.
என்றால் வாழ்ந்திருப்பதென்பது என்ன?
மதிப்புள்ள எதிர்பாராத துடிதுடிப்பு
பாச உணர்வின் கனவு
மெல்லமைதியின் தொந்தரவு
ஒரு பாடல்
ஒரு பிரார்த்தனை
அது என்ன என்று
அப்படியிருந்ததா
அப்படி இருந்திருந்தால்
அப்படிஎனில்
அப்பொழுது அறியாத
அருமையான கேளிக்கை!
ஆக்கம்

Translation into Tamil by NV Subbaraman

***

ETOM

Rêzdarî bona Mme Cune

Jiyîn xweştirîn tişt e li cîhanê.
Ew hesta tilîgerînê ye di ser
pêstê hawîrdorê re. Hay ji xwe hebeûn e.
Hay ji xwe hebûn ji mirinê. Jîndar mayîn e.
Sînorên şevê hatibin derbazkirin
û xwevejandin di vê navçeya nazike cî de
li dera bi nexwaşiyê tê navandin.
Ta paşê weha jîndar mayîn. Ew bayexdariya,
çehvrênekirina lêdana dil e,
ew xewna perenga dadayî. Ew hizaniya
vehesê ye, stiranek e, nimêjek e, lavayek e.
Ew xwemijukirineke xweşik e
ji wan kesan, ewên ku em tucaran nizanin,
ku ew weha bû, yan ew hebû, yan ew tim weha bû,
yan wê weha bibê.

Translation into Kurdish by Hussein Habasch

***

কনিকা

মেরি কুরির প্রতি শ্রদ্ধাঞ্জলি

বেচে থাকা যে পৃথিবীর সবচেয়ে অন্তরঙ্গ বিষয় ।
ঠিক যেন তোমার ত্বকের উপর স্পর্শকে অনুভব করা
যা আদর করে আশেপাশের বাতাসকে । জেগে ওঠা ।
জেগে ওঠা মৃত্যু থেকে । জীবনের জন্য ।
কোন কিছুর না থাকার সীমা
অতিক্রম করে আর মীমাংসা করতে আসা
এই ক্ষমাশীল বলার অবকাশ
যেখানে অসুস্থতার নাম জীবন ।
কেমন হয় তখন বেঁচে থাকা । মহামূল্যবান,
হৃদয়ের কম্পন, অপ্রত্যাশিত,
এই সুগন্ধ স্বপ্ন থেকে তৈরি, এই প্রশান্তির
ব্যাঘাত, একটি গান, একটি প্রার্থনা ।
একটি মিষ্টি মধুর বিনোদন
যার কিছুই আমরা কখনও জানবোনা এর সময়ে
যা ছিল, যখন তা ছিল, যদি না থাকে, যদি তা হতো ।

Bangla Translation: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

NA HADAIMH

In ómós do Mme Curie

Is ionann beatha agus dlúthchaidreamh leis an Nádúr.
Muirniú leoithne gaoithe a mhothú
Ar do chraiceann. Bheith lán i do dhúiseacht,
Bheith beo is beag a dhéanamh den bhás.
Teacht thar tairseach
An neamhnithe agus fáireadh
i gceantar íon seo an spáis
áit nach ann don anbhás.
Beatha is beocht. Rithim is rím,
Preabadh an chroí
Tine bhruite is teannas
Ceiliúir nó suaimhneas.
Siamsa draíochtúil
Nach léir dúinn ag an am
cad, cén fáth, nó cén ní a bhí ann.

Aistriúchán Gaeilge le Rua Breathnach
Translation into Gaelic by Rua Breathnach

***

ATOMI

U čast Madam Curie

Živeti je najprisnija stvar na svetu.
To je kad osetiš milovanje okolnog vazduha
na svojoj koži.
Kad si budan.
Kad si živ.
To je kad kad pređeš preko ograničenja ništavnosti
i ukoreniš se u popustljivu zonu prostora
gde se bolest zove život.
Znači, biti živ.
To je kad si dragocen, kada kuca srce,
kad se neočekivano pojavi
san stvaran žarom,
poremećena učmalost,
pesma, molitva.
To je divna zabava.
Nikada nećemo saznati njeno
vreme dešavanja, šta je bilo, ako je bilo, da li se ikada desilo I
da li će se ikada desiti.

Na engleski preveo Germain Droogenbroodt
Sa engleskog prevela S. Piksiades

***

Атоми

Омаж за Мадам Кири

Да се живее – тоа е најинтимното нешто на светот.
Тоа е можност да се почувствува на своја кожа милувањето на воздухот
што нѐ опкружува. Да се биде буден.
Разбуден од смртта. Да се биде жив.
Да се преминат границите на ништото
и да се биде на ова благопријатно место
каде болеста се нарекува живот.
И да се биде тогаш нешто што е живо. Најскапоцено,
оваа палпитација, нешто неочекувано,
овој од жар направен сон, песна, молитва.
Прекрасна забава за која никогаш нема своевремено да дознаеме што била, дали била, дали беше била, дали би била.

Translation from English into Macedonian: Daniela Andonovska-Trajkovska

***

Ատոմները

Հարգանքի տուրք մադամ Կյուրիին
Ապրելն աշխարհի ամենաինտիմ բանն է:
Դա մաշկի վրա շրջակա օդի շոյանքը զգալն է:
Լինել արթուն: Արթուն լինել մահից: Կենդանի լինել:
Ոչնչի սահմաններն անցած լինել ու
գալ բնակություն հաստատելու
տարածության այս մեղմ գոտում,
ուր հիվանդությունը կյանք է կոչվում:
Լինել այն ժամանակ, երբ ամեն ինչ կենդանի է:
Թանկը, այս սրտխփոցը, անսպասելին,
այս խանդավառ երազը, այս խառնաշփոթը,
հանդարտությունը, երգը, աղոթքը:
Հիանալի ժամանց, որի մասին
մենք երբեք ժամանակին չենք իմանա,
թե ինչ էր, եթե էր, եթե լիներ, եթե եղել է:

Armenian translation Armenuhi Sisyan

***

ATOM

Tribute to Mme Curie

Hidup adalah hal yang paling intim di dunia.
Mereguk kulitmu dicumbu
oleh udara sekitarnya. Agar tetap terjaga
Terjaga dari kematian. Menjadi hidup
Setelah melalui batas
entah dari mana nampak hendak menetap
di zona yang sejuk di tempat ini
dimana penyakit disebut semangat kehidupan
Menjadi hidup. Sangat berharga,
detak jantung, tak terduga
semangat ini menjadi mimpi, ganguan dari
ketenangan, lagu, doa
Hiburan meriangkan
kita tidak pernah akan tahu pada masanya
apakah itu, jika itu ada, jika itu pernah ada, jika itu mungkin terjadi

Translation Lily Siti Multatuliana (Indonesia)

(Juan Gil-Albert)

 

Recueil: ITHACA 685
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
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Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
France: https://arbrealettres.wordpress.com
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JOIE ET PEINE (Harry Martinson)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021




    
JOIE ET PEINE

Toute peine profonde a pour objet une joie perdue.
Ne perds pas cette idée de vue.
Ne laisse pas la peine oublier sa raison d’être.
La peine est le plus bel hommage à rendre à la joie.

(Harry Martinson)

 

Recueil: Le livre des cent poèmes
Traduction: Traduit du suédois par Caroline Chevallier et Philippe Bouquet
Editions: Cénomane

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VILLONAUDE POUR CE NOËL (Ezra Pound)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020




VILLONAUDE POUR CE NOËL

Sur le Noël morte saison
(Hommage des bergers si précieux !)
Quand les loups gris qui vont errants
Se vivent de vents froids et laiteux,
Lapent la neige, leur guerredon,
Sur le Noël coeur reprenons,
(Buvons! jusqu’à la lie buvons!)
Mais où sont les fantômes d’antan?

À quels fantômes ai-je rêvé?
(Equipage fleurant bon des mages?)
Fantômes d’amours mortes, errants
Qui font trembler les vents poisants :
Craignent qu’amour au soleil foison
Revienne et tue les chères images,
(Alors je bois à ma façon!)
Mais où sont les fantômes d’antan?

Où sont mon coeur les joies conquises
(Saturne et Mars vers Jupiter!)

Où sont les lèvres sur miennes mises
Où sont regards jolis et clairs
Qui disent amants donnez le prix?
Je bois aux yeux, opales grises
(De qui sont-elles le parangon?)
Mais où sont les fantômes d’antan?

Prince, ne dites rien de mes faits,
De la joie qu’en Dieu trouverai,
Dites-moi où sont partis les vents,
Mais où sont les fantômes d’antan?

(Ezra Pound)

Illustration

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Hommage (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020




Illustration:  Emile Eisman-Semenowsky
    
Hommage

Elvira, par grâce d’amour
Passe ici devant toi
Un clair éclat
Qui fait de toutes âmes vaniteuses
Des bougies quand vient midi.

Le son métallique et fort des prétendants
Fond devant toi
Comme le roulement des chars,
Mais tu viens en silence
Et hommage est rendu.

Maintenant le petit raccourci
Qui conduit à l’amour
Est encore plein de joie et de sa foule;
Et la large grand-route
Venant de l’amour
Est sans passant.

***

HOMAGE

Elvira, by love’s grace
There goeth before you
A clear radiance
Which maketh ail vain souls
Candies when noon is.The loud clangour of pretenders
Melteth before you
Like the roll of carts passing,
But you corne silently
And homage is given.Now the little by-path
Which leadeth to love
Is again joyful with its many;
And the great highway
From love
Is without passers.

(William Carlos Williams)

 

Recueil: Les Humeurs
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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