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Poésie

Posts Tagged ‘horde’

UNE VIE À PAS COMPTÉS (Roland Giguère)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Pablo Picasso
    
UNE VIE À PAS COMPTÉS

Une vie entière passée en murmures
en une infinité de légers soubresauts
en peu de paroles en moindres gestes
au milieu de hordes criardes et déchaînées

une vie repliée sur quelques visages aimés
sur une paupière qui bat et se ferme à minuit
comme une persienne de bois usée
une vie lente aux roues brisées.

(Roland Giguère)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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L’esprit de la rivière (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
L’esprit de la rivière

Je joue avec toi par les Neuf rivières.
Les vents furieux s’élèvent soulevant les vagues.
Je conduis le char d’eau, au dais de lotus,
Tiré par deux dragons qu’accompagnent deux serpents d’eau.
J’arpente le Kun Lun fixant mon regard aux quatre points cardinaux.
Mon coeur s’élance vers les cieux — mon coeur agité d’impatience.
Alors que le soleil se couche, dans ma douleur, j’oublie de m’en aller.
Songeant à la distance accomplie, je m’allonge éveillé.
Sa maison d’écailles aux salles de dragon,
Aux portes de porcelaine pourpre — palais de perles.
Que fait l’esprit des eaux caché au fond de l’onde ?
Il chevauche une tortue blanche que suit une horde de poissons tachetés.
Je joue avec toi entre les îlots de la rivière.
Sauvages sont les eaux nées du ressac.
Tu prends ma main et me conduis jusqu’aux rivages du midi.
Les vagues, de houle en houle, nous saluent
Et les poissons, de banc en banc, forment ma suite nuptiale.

(Anonyme)

Le Recueil des chants du Sud (Chuci)
(IV III siècles : période des Royaumes combattants)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Vagues (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    

Vagues

J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?

Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.

Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —

Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.

***

Waves

I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?

There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.

But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—

The tiny God
Began to cry.

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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Mer douce (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2020



Mer douce

La mer caresse le rivage
Qui a des contours de visage
Humain et ferme ses paupières
Sur d’éblouissantes lumières
Alors que des hordes de nuages
Galopent à travers les plages.

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

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Demain (Léon Deubel)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2019



 

Demain

En vain, le jour adverse évoque ceux qui tombent
Et dont la chute, au loin, dans l’âme nous répond :
En vain, le fleuve nu prépare sous ses ponts
Un départ, sans adieux, d’irrésistibles tombes ;

En vain, pour dévoyer mon effort qui succombe,
La noire Faim suspend de périlleux balcons
Sur les galets battus de rêves inféconds ;
En vain, l’amer chagrin réprimé vire en trombe ;

Demain paraît ! Demain ! jour où, sur plus d’un front,
Tournants et lumineux, mes pas s’affermiront,
Où d’un geste, arrachant des trompettes à l’ombre

Pour déployer mes cris jusqu’au suprême azur,
Comme une horde dense au milieu des décombres,
Je pousserai mes vers sur le monde futur.

(Léon Deubel)

Illustration: Caspar David Friedrich

 

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SÉRÉNADE (George Bacovia)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2019



SÉRÉNADE

La lune poétise
Ta très chère fenêtre…
Dans l’ombre je t’attends
Comme par le passé
Et je fais sangloter
Sur mes cordes le chant
Qui autrefois peut-être
Par le monde t’a plu.

La lune poétise
Le jardin parfumé,
Les prosaïques hordes
Désormais se sont tues…
Dans l’ombre je t’attends,
Un étranger toujours,
En faisant sangloter
Comme autrefois mon chant.

(George Bacovia)

Illustration: Fanny Verne

 

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Résurrection (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2019



Resurrection

La floraison du bâton

[ 7 ]

Pourtant la résurrection est le sens de la direction,
résurrection est une droite ligne,

droit sur la horde et le butin,
le trésor, la réserve,

le rayon de miel ;
la résurrection est rémunération,

nourriture, abri, fragrance
de la myrrhe et du baume.

***

Yet resurrection is a sense of direction
resurrection is a bee-line,

straight to the horde and plunder,
the treasure, the store-room,

the honeycomb;
resurrection is remuneration,

food,shelter, fragrance
of myrrh and balm.

(Hilda Doolittle)

 

 

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Soumise à l’enfant muette (Alejandra Pizarnik)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2018




    
Soumise à l’enfant muette
qui parle en mon nom,
je me ferme, je me défends,
quand les choses,
comme des hordes de creux,
viennent à ma terreur.

(Alejandra Pizarnik)

 

Recueil: Approximations
Traduction: Etienne Dobenesque
Editions: Ypfilon

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Le cloître (Stefan George)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018



Le cloître

Avec peu de frères, fuyez le bruit des hordes
Avant que dans le froid poison ne soit défait
Votre jeune vouloir: bâtissez pour la paix
Dans un val silencieux la maison de votre Ordre.

Bercés d’heures égales aux douces mélodies
Travailler le sol chaste est un acte sacré
Le jour s’écoule ainsi rythmé de sept degrés
pour vous et ma légion qui à vous se dédie.

L’enlacement ignore les avides tourments
L’amitié libérée de peur et désespoir —
Sanglots baisers et mots s’envolent dans le soir..
Voici des couples pieux le sublime ornement :

De douleur et d’envie sereines consumés
De lever leur regard vers cette beauté bleue
Renoncement divin zèle des bienheureux —
Comme enseigna jadis un moine à Fiesole.

(Stefan George)


Illustration

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Ma chérie (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018



Illustration: Carolus Duran
    
Ma chérie

C’est vrai que les pétales se rejoignent, le soir.
Je ne voulais même pas t’embrasser,
Juste te sentir ici, près de moi,
Comme le petit enfant aime sentir sa mère.
Le poirier sauvage se mêle à la branche greffée,
Moi aussi, je suis devenu meilleur, depuis que tu m’as greffé tes baisers.
Mon adorée,
Et je suis plus beau, aussi, comme la nuit
Est plus belle grâce à ses astres innombrables.

Tu es la chaleur : un vent printanier qui annonce la pluie,
Qui enseigne aux enfants le jeu du chat perché
Et redresse les herbes embourbées.
Il y a longtemps que l’horizon broussailleux de mon torse t’attendait,
Tantôt affamé, tantôt transi de froid,
La horde des passions donnait des coups de cornes
Maintenant, la voilà
Paissant paisiblement dans le pré
Tes mots de lys, de giroflées.

Car tu es venue, oui,
Tu devais venir, mon Adorée.
Il fait encore sombre
On ne voit même pas notre souffle,
Mais déjà sur notre fenêtre s’épanouissent des fleurs de givre.
L’aube se lève au dehors,
Et mes lèvres parlent encore la langue des baisers.

(Attila Jozsef)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Le mendiant de la beauté
Traduction: Francis Combes, Cécile Guichard, Georges Kassai
Editions: Le temps des cerises

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