Il en a fallu
Des moules
Des huîtres
Des coquilles Saint-Jacques
Des patelles
Des bulots
Des palourdes
Des bigorneaux
Des escargots
Des escargots de mer
Des crabes
Des homards
Des crevettes
Des poissons
De toutes sortes
Pour fabriquer
Tous les grains de sable
De toutes les plages
Du monde
(Pittau & Gervais)
Recueil: Un dragon dans la tête
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
Tout n’est pas mort, te dit la nuit qui vient.
Il faut bien que la vie se repose.
Il faut que l’arrivée du jour soit encore une surprise,
que le mot aube demeure toujours un cadeau.
Rien n’est mort avec moi, dit la nuit.
Nuages filants ou étoiles ouvertes comme des huîtres,
soleil très couchant ou vraiment caché,
c’est à minuit pour nous le grand avenir.
Si tu ne me crois pas,
si tu penses que la mort arrive un peu le soir,
je te donne la pleine lune.
Même lointaine, elle ne brille que pour te dire :
— Attends, tu vois, le matin est presque là,
lumineux dans mon cercle.
(Carl Norac)
Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse
Une pierre
deux maisons
trois ruines
quatre fossoyeurs
un jardin
des fleurs
un raton laveur
une douzaine d’huîtres un citron un pain
un rayon de soleil
une lame de fond
six musiciens
une porte avec son paillasson
un monsieur décoré de la légion d’honneur
un autre raton laveur
un sculpteur qui sculpte des Napoléon
la fleur qu’on appelle souci
deux amoureux sur un grand lit
un receveur des contributions une chaise trois dindons
un ecclésiastique un furoncle
une guêpe
un rein flottant
une écurie de courses
un fils indigne deux frères dominicains trois sauterelles un strapontin
deux filles de joie un oncle Cyprien
une Mater dolorosa trois papas gâteau deux chèvres de Monsieur Seguin
un talon Louis XV
un fauteuil Louis XVI
un buffet Henri II deux buffets Henri III trois buffets Henri IV
un tiroir dépareillé
une pelote de ficelle deux épingles de sûreté un monsieur âgé
une Victoire de Samothrace un comptable deux aides-comptables
un homme du monde deux chirurgiens trois végétariens
un cannibale
une expédition coloniale un cheval entier une demi-pinte de bon
sang une mouche tsé-tsé
un homard à l’américaine un jardin à la française
deux pommes à l’anglaise
un face-à-main un valet de pied un orphelin un poumon d’acier
un jour de gloire
une semaine de bonté
un mois de Marie
une année terrible
une minute de silence
une seconde d’inattention
et …
cinq ou six ratons laveurs
un petit garçon qui entre à l’école en pleurant
un petit garçon qui sort de l’école en riant
une fourmi
deux pierres à briquet
dix-sept éléphants un juge d’instruction en vacances assis sur un pliant
un paysage avec beaucoup d’herbe verte dedans
une vache
un taureau
deux belles amours trois grandes orgues un veau marengo
un soleil d’Austerlitz
un siphon d’eau de Seltz
un vin blanc citron
un Petit Poucet un grand pardon un calvaire de pierre une échelle de corde
deux soeurs latines trois dimensions douze apôtres mille et une nuits
trente-deux positions six parties du monde cinq points cardinaux
dix ans de bons et loyaux services sept péchés capitaux deux doigts
de la main dix gouttes avant chaque repas trente jours de prison
dont quinze de cellule cinq minutes d’entr’acte
J’adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers dès longtemps démolis.
Ô vanité ! Le nom du marchand que j’y lis
Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
Je m’attarde. Il n’est rien ici qui ne me plaise,
Même les pissenlits frissonnant dans un coin.
Et puis, pour regagner les maisons déjà loin,
Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,
Je prends un chemin noir semé d’écailles d’huîtres.
(François Coppée)
Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:
Dans le marais où la brume stagne,
Un long son de cloches s’égrenait
De Saint Samson de Dol de Bretagne
Jusqu’au village de La Fresnais.
Nous poursuivions jusqu’à La Gouesnière
Dans les champs, nous griffant les genoux
Et, en trébuchant dans les ornières,
Nous atteignions enfin Saint Guinoux
Suivant le vol lent d’un goéland
Tournant au-dessus d’un lourd chaland,
Nous longions le canal d’Ille et Rance
Où nous poussait notre folle errance.
Nous faisions une halte à Dinan.
Nous buvions quelques fraîches et bonnes
Bolées avec des crêpes bretonnes
Et nous nous embrassions en dînant.
2
Nous circulions dans l’odeur des haies.
Des voiles évoluaient dans la baie.
En grognant, la pointe du Grouin,
Dans la mer, enfonçait son groin.
Un soleil d’or secouait ses élytres
Sur Cancale et le port de la Houle,
Sur sa jetée et ses parcs à huîtres,
Sur Le Vivier et ses parcs à moules.
Le soir nous trouvait à Saint-Servan,
Dégustant un plat d’huîtres verdâtres
Et des sardines grillées dans l’âtre
Une bonne en patois nous servant.
Quand nous sortions, la Tour Solidor
Piquait la nuit dans la poudre d’or
D’un phare qui tournait dans la brume
Sur Cézembre noir, ourlé d’écume.
Dans l’océan des nuits
Tes paroles deviennent
Huîtres perlières
Et tes yeux, des pêcheurs
Portant filets de mélodies.
Le jour
Leur soif décoche
Des flèches de feu vers le soleil.
Qui de ton coeur pourtant
Fait le cri déchiré
Des mouettes
Effrayant même
La solitude ancienne
Du vent?
Intouché par les temps
Tu mets la voile
Dans la pluie des regards
À travers le ruissellement
Des tristesses
Là-bas
Où sur mon pays d’attente
Croît
Noire, l’herbe.
Quand viendras-tu ?
(Leiser Aichenrand)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
Je m’ensevelis dans le sable blanc
Comme les huîtres s’y engloutissent
pendant que pleurent les écrevisses
et se courbent les flamboyants
Dans le va-et-vient des lames
Je regarde le bleu de la mer
Où monte un doux Pater Noster
tandis qu’arrivent les rames
À l’ombre des cocotiers
au loin je vois naviguer les voiliers
quand sur le sable descend le soir
Au fur et à mesure au gré des flots
le sable blanc devient noir très noir
et l’univers se ferme sur mon visage
Ne jetez pas aux pourceaux —
L’animal rationnel préfère
La chair aphrodisiaque de l’huître :
Qui donc attache à une perle
Un prix tel
Qu’il vend tout
Pour l’acheter?
***
Cast not before swine —
The rational animal
Oysters’ soft aphrodisiac flesh prefers:
Who values then a pearl
At so great price
As to sell all
To purchase one ?