sourire devant colère et
par-dessus les abattements
fatigues frayeurs humeurs
de grêle tenir sourire envers
et contre tenir sourire pas
faussaire milieu de toutes
les pluies
Chat touille
Ses petits rires
Dans un grand sac
De bonne humeur.
Chat cale
Sur son problème
De grain de sable
Dans le désert.
Chat pèle
Son orange,
Un sucre d’orge
Du Seigneur.
Chat leurre
Le soleil,
Chat est le prince
De la nuit.
(Patrick Bertrand)
Recueil: Silence la queue du chat balance
Traduction:
Editions: Actes Sud
Il était une dame tartine,
Dans un beau palais de beurre frais,
La muraille était de praline,
Le parquet était de croquet,
La chambre à coucher,
De crème de lait,
Le lit de biscuits,
Les rideaux d’anis.
Elle épousa monsieur Gimblette
Coiffé d’un beau fromage blanc
Son chapeau était de galette
Son habit était d’vol-au-vent
Culotte en nougat,
Gilet d’chocolat,
Bas de caramel,
Et souliers de miel.
Leur fille, la belle Charlotte,
Avait un nez de massepain,
De superbes dents de compote,
Des oreilles de craquelin.
Je la vois garnir,
Sa robe de plaisirs
Avec un rouleau
De pâte d’abricot.
Le puissant prince Limonade
Bien frisé, vient lui faire sa cour
Ses longs cheveux de marmelade
Ornés de pommes cuites au four
Son royal bandeau
De petits gâteaux
Et de raisins secs
Portait au respect.
On frémit en voyant sa garde
De câpres et de cornichons
Armés de fusils de moutarde
Et de sabre en pelure d’oignons
Sur de drôles de brioches
Charlotte vient s’asseoir,
Les bonbons d’ ses poches
Sortent jusqu’au soir.
Voici que la fée Carabosse,
Jalouse et de mauvaise humeur,
Renversa d´un coup de sa bosse
Le palais sucré du bonheur
Pour le rebâtir,
Donnez à loisir,
Donnez, bons parents,
Du sucre aux enfants.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
On communie
au café du matin
La ville est sur ses jambes
Le temps monte dans mes veines
Au comptoir
l’humanité s’échange
un rêve de pastis
côtoie celui d’un petit blanc
C’est comme hier cet aujourd’hui
et son odeur de croissant
Paris court à ses rendez-vous
Le regard du ciel est dans les yeux des gens
Le macadam règle ses pas
sur ceux du cœur
La Seine accroche aux berges
son mouvant taffetas de souvenirs
Et moi je vais tranquille
suivant l’humeur de mon poème.
Arlequin, ton sourire était-il d’artifice
Et ta joyeuse humeur un mensonge absolu?
Il faut que l’homme chante et qu’il se divertisse.
Oui, je fus Arlequin, mais sans l’avoir voulu.
Au fond de mon jardin croît la mélancolie.
C’est une fleur superbe et très longue à mourir;
Qui cherche à l’arracher doit craindre la folie.
Moi j’allais au jardin la regarder grandir.
Le jour où je n’aurai plus rien à dire au monde,
Le jour où je n’aurai plus rien à faire ici,
Je m’en irai chercher les vérités profondes
Qu’il me faudra payer d’une mort sans merci.
Aurai-je assez vécu pour m’en aller tranquille?
Mas amis feront-ils quelques pas avec moi?
Laisserai-je un soupçon de regret dans ma ville?
J’emporterai l’amour que je gardais pour toi.
À l’approche du soir, d’humeur mélancolique,
Menant le carrosse vers la vieille plaine,
Les rayons du soleil couchant répandent tant de beauté,
Hélas, déjà, la nuit approche.
(Li Shangyin)
Recueil: Poèmes de Chine de l’époque dynastique des Tang
Traduction: Guillaume Olive & He Zhihong
Editions: Seuil
Mont bleu côtoyant les remparts du nord
Eau claire entourant la muraille à l’est
En ce lieu nous allons nous séparer
Tu seras herbe, sur dix mille li, errante
Nuage flottant : humeur du vagabond
Soleil mourant : appel du vieil ami
Adieu que disent les mains. Ultime instant :
On n’entend que les chevaux qui hennissent
(Li Bo)
Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil
Dix amours !
(Chanson sur l’air « Fendons le jade ! »)
Mon premier et mon second amour, c’est toi,
Parce que tu es intelligent et narquois.
Mon troisième et quatrième amour, c’est toi,
Parce que tu es beau et courtois.
Mon cinquième et sixième amour, c’est toi,
Parce que, d’humeur égale, tu te tiens coi.
Mon septième amour, c’est toi,
Parce que tu sais parler et me plaît ta voix.
Mon huitième amour, c’est toi,
Parce que je suis ton choix.
Mon neuvième amour, c’est toi,
Parce que tu es à moi.
Mon dixième amour, c’est encore toi,
Parce que je t’aime !
(Anonyme)
Recueil: Cent poèmes d’amour de la Chine ancienne
Traduction: André Lévy
Editions: Philippe Picquier
Quand hors de tes lèvres décloses
Comme entre deux fleuris sentiers,
Je sens ton haleine de roses,
Les miennes les avant-portiers
Du baiser se rougissent d’aise,
Et de mes souhaits tous entiers
Me font jouir, quand je te baise.
Car l’humeur du baiser apaise,
S’écoulant au cœur peu à peu,
Cette chaude amoureuse braise,
Dont tes yeux allumaient le feu.