Dans les vociférations des fous de guerre,
dans le cliquetis assourdissant de l’or,
dans le vacarme vaniteux des marchands,
dans le hurlement des sirènes ambulancières,
dans le tintamarre croassant des politiciens,
dans le tumulte des écrans petits et grands,
dans les tempêtes rhétoriques des théologiens,
dans le silence terrifiant de l’amour absent,
essayer,
au moins une fois,
la petite voix d’un poème.
Je n’oublierai jamais ce hurlement de bête blessée, le monde entier dut l’entendre…
Je ne peux regarder un mur sans penser que le cri se cache là, derrière les pierres,
prêt à sauter sur moi.
Il n’est plus rien
il est mort
ratatiné sous sa peau
Mettez sa tête sur
une chaise et ses
pieds sur une autre et
il sera là
comme un acrobate –
L’amour est vaincu. Il
l’a vaincu. C’est pourquoi
il est insupportable –
parce que
… il fait de l’amour
un hurlement contenu
d’angoisse et de défaite –
Dans la pluie
et les lumières
j’ai vu le chiffre 5
en or
sur une voiture de pompier
rouge
avançant
tendue
inaperçue
dans les sonneries des cloches
les hurlements des sirènes
et le grondement des roues
dans la ville sombre.
Cela survint au sein du grand silence
lorsque l’herbe naissait,
la lumière venait de se déprendre
créant le vermillon et les statues,
alors
dans la solitude sans fin
un cri fleurit,
une chose roula en larmes,
les ombres s’entrouvrirent et elle monta seule,
on aurait dit que les planètes sanglotaient,
et puis l’écho
roula de cahot en cahot
jusqu’au moment où cela qui naissait se tut.
Mais la pierre a gardé le souvenir.
Elle a gardé le mufle ouvert des ombres,
la palpitante épée du hurlement,
et dans la pierre gîte un animal sans nom
qui, sans voix, hurle encore vers le vide.
І блідий місяць на ту пору
Із хмари де-де виглядав,
Неначе човен в синім морі,
То виринав, то потопав.
*
Ще треті півні не співали,
Ніхто ніде не гомонів,
Сичі в гаю перекликались,
Та ясен раз у раз скрипів.
***
O largo Dnieper rugiu
O largo Dnieper rugiu,
Sob o vento infinito uiva,
Quem dobra os topos dos salgueiros enormes
Levantando montanhas de ondas sublimes.
*
E aí, joga a lua pálida
Com as nuvens que o céu polvilha
Como um barco no mar azul profundo,
Levanta-se e desmorona.
*
Esperando pela música do terceiro galo,
Ninguém se move em um bloco,
Apenas corujas conversam,
Apenas o freixo pode ser ouvido.
(Taras Chevtchenko)
Site : http://artgitato.com/
Traduction: Français Jacky Lavauzelle / Ukrainien / Portugais Jacky Lavauzelle
Editions:
***
Chanson folklorique Ukrainienne Українська народна пісня Canção popular ucraniana Слова – Paroles – Palavras : Тарас Шевченко – Taras Chevtchenko Музика – Musique – Música : Данило Крижанівський
Écoutez,
Celui qui vous parle, c’est moi
Écran,
Des écrins de velours
Et des cadres dorés
Trop longtemps m’ont tenu captif,
Des cloisons décorées, des murs et des clôtures
M’ont toujours isolé
Et mon clair appel
Fut converti
En hurlement mensonger des enseignes.
Aujourd’hui
Je m’adresse aux murs:
Dispersez-vous !
Plus de toitures,
Plus de planchers
Délivrez-moi l’espace,
Ici
Toutes les têtes
Créant ensemble un océan,
Pour vous j’ai surgi
Pour vous je suis né,
Plus larges les gradins au milieu de la place,
Sur le gouffre reptilien des rues, élevez
Mon estrade !
Ma semence sera le ciel
Et mon espace l’oeil multiplié des foules.
(Aron Kushnirov)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard