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Poésie

Posts Tagged ‘iceberg’

Icebergs (Louis MacNeice)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    

Icebergs

Si sous les eaux les icebergs étaient capables de chaleur
Nul ne grimacerait à leurs sommets dentés,
S’élevant et plongeant sur la houle
Ils pourraient signaler que tout est pour le mieux.

Mais dans les eaux obscures les icebergs sont froids,
Aussi froids à la base que blanchis à la crête,
Et ceux qui plongent pour en avoir la preuve
Peuvent ne trouver aucun indice qui change leur opinion.

Il n’y a pas de mots sous l’eau,
Pas davantage de locutions,
De phrases, excepté celle
Qui vous informe que votre vie est terminée

Et que ce dont vous avez joui
N’était que la neuvième ou la dixième partie;
Le reste, simple claque à ceux qui osèrent supposer
Les icebergs sous l’eau capables de chaleur.

***

Icebergs

If icebergs were warm below the water
One would not wince at their jagged tops,
Lifting and dipping on the swell
They still might signal all was well.

But icebergs are cold in the dark water,
Cold their base as white their crest,
And those who dive to check the fact
Can find no signal to retract.

There are no words below the water,
Let alone phrases, let alone
Sentences – except the one
Sentence that tells you life is done

And what you had of it was a mere
Ninth or tenth; the rest is sheer
Snub to those who dared suppose
Icebergs warm below the water.

(Louis MacNeice)

Traduction de Marie Etienne

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Seul (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2022




    
Seul

Seul debout.
Seul assis.
Seul couché.
Seul sur the gril.
Seul écartelé par les chevaux de labour
dont il ne voyait que les croupes.
Seul pendu et son sperme devint mandragore.
Seul dans la vitesse qui n’est pas,
dans la minute qui n’est pas,
dans l’espace qui n’est pas,
dans le temps qui n’est pas,
dans l’éternité qui n’est pas,
dans l rien qui ne l’est pas,
dans le vide plein de boue.

Seul dans un bloc de quartz ignoble,
dans un iceberg en voyage.
Seul avec la solitude qui n’en est pas une.
Avec la lune qui fut sans être.
Avec ses pas qui n’en sont pas.
Avec ce tison qui se croûte et qui brûle au milieu
et se croûte et brûle dans un songe qui n’est même pas un songe.
Seul avec le sommeil du condamné à mort.

***

Alone

Alone standing.
Alone sitting.
Alone lying down.
Alone on the grille.
Alone drawn and quartered by workhorses,
seeing only their rumps.
Alone hanging, ejaculating a mandrake.
Alone in the quickness that isn’t,
in the minute that isn’t,
in the space that isn’t,
in time that isn’t,
in eternity that isn’t,
in the nothing that isn’t,
in an emptiness full of mud.
Alone in a corrupted chunk of quartz,
in an iceberg floating by.
Alone in solitude that isn’t.
With a moon that was without being.
With his footsteps that aren’t footsteps.
With this ember that crusts over and burns at its center,
and crusts and burns in a dream that isn’t even a dream.
Alone in the sleep of the condemned to death

Translated by Mary-Sherman Willis

(Jean Cocteau)

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Chanson au noir de la nuit (Bernard Lorraine)

Posted by arbrealettres sur 18 mai 2018



Chanson au noir de la nuit

Dans l’oeil de solitude
Du puits vide où je suis
Jamais âme n’élude
Ses aveux de minuit.

Chaque nuit, tu l’endeuilles
D’un crime, ô Barbe-Bleue.
Je ne dors que d’un oeil
Dans l’amitié d’un feu.

Cette chienne de nuit
Offerte aux chiens errants
Qui aboient au néant
Pue la souille et la suie.

Un iceberg de noir
Se dilue dans la pluie
L’aube qui s’y appuie
Le suce et va le boire.

(Bernard Lorraine)


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ICEBERGS (Henri Michaux)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2017



 

ICEBERGS

Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture,
où de vieux cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment
viennent s’accouder aux nuits enchanteresses de l’hyperboréal.

Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l’hiver éternel,
enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre.

Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid.

Icebergs, Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés sur des mers incontemplées,
Phares scintillants de la Mort sans issue, le cri éperdu du silence dure des siècles.

Icebergs, Icebergs, Solitaires sans besoin, des pays bouchés, distants, et libres de vermine.
Parents des îles, parents des sources,
comme je vous vois, comme vous m’êtes familiers…

(Henri Michaux)

Illustration

 

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J’ai haussé la douleur (Francis Giauque)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2016



j’ai haussé la douleur
sur les plus hauts plateaux
de la solitude
dans le vent glacial qui s’effarouche
aux arêtes brisées
de tant de corps
où l’os a remplacé
toute chair vivante
j’ai haussé la douleur
sur les casernes
en béton armé
pour l’y laisser fleurir
sans une once de terre
sans une parcelle d’amour
j’ai haussé la douleur
sur les icebergs
qui dérivent
vers d’innombrables abîmes

(Francis Giauque)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

 

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Poème de l’Alaska (Mah Chong-gi)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2016



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Poème de l’Alaska

Avant que tu ne viennes
il n’y avait qu’un bruit d’eau.
Il n’y avait que le bruit d’une eau vert amande
qui coulait d’un grand iceberg fondant.
Lorsque tu es venu
des fireweed roses, radieuses et odorantes
se sont mises à s’ouvrir partout dans montagnes et vallées.
Et puis le vent est arrivé.

Les fleurs roses dansaient avec le vent,
des épicéas debout du côté de l’ombre
se balançaient en cadence.
Les fleurs qui faisaient grand bruit se sont tues
et aussitôt le soir est tombé. C’est vrai.
Avant que tu ne viennes ici
il n’y avait qu’un bruit d’eau.
Ce qui bougeait au monde
ce n’était que le bruit de l’eau.

(Mah Chong-gi)

Illustration

 

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