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Poésie

Posts Tagged ‘identité’

IL SUFFIT (Jean-Marie Sourgens)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2023



Illustration: Malel
    
IL SUFFIT

Qu’un visage inconnu s’entrouvre dans la rue
Qu’un regard inconnu se jette dans mes yeux
Qu’une bouche inconnue s’aiguise d’un sourire
qu’une voix inconnue se vête d’amitié
qu’une main inconnue serre ma main très fort
qu’une soleil inconnu darde sur moi ses dents
qu’une une vague inconnue se risque sur mes plages
qu’une chair inconnue me prenne dans ses rêts

j’oublie ma solitude et ses portes murées
j’oublie que mon destin n’a pas d’identité
je ne suis qu’un bourgeon sous la langue des sèves
gonflé d’azur et futur de sa fleur
qu’un cocon déchiré par un battement d’ailes

Les cloisons de mon corps s’abattent en chantant
mon coeur fait le plongeon de la mort à la vie.

(Jean-Marie Sourgens)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout

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Cueillir des mûres sur les haies à midi (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Cueillir des mûres sur les haies à midi
comme on cueille les heures sur les ronces

quand le désir ricoche dans le sang
triomphant des épines

du soleil sous les jupes
des étourneaux au coeur

quand on s’épouse à la folie
dans ces instants hurlants de vie

instants d’amour où l’on touche
l’identité du corps et de l’âme

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Identité (Karl Popper)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022




On peut dire qu’une feuille d’arbre verte change
lorsqu’elle devient brune,
mais on n’affirme pas qu’une feuille verte change
si on lui substitue une feuille brune.

Le devenir présente cette caractéristique essentielle
que la chose soumise au changement conserve son identité à travers ce changement.
Et cependant, elle doit devenir autre :
de verte qu’elle était, elle devient brune,
d’humide elle devient sèche ;
elle était chaude, la voici froide.

(Karl Popper)

 

 

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Parfois (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2022


ophelie

Parfois elle se résume
à sa racine adoptive
à ses enjambées
de songe et d’angoisse
ses emportements la disséminent
proie capillaire
D’une identité dans la soif
insatiable
d’être pour ne pas être.

(Charles Dobzynski)

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Festival (José Acquelin)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2021




    
Festival

plus je vis
moins je sais ce que je suis
donc plus je suis identique
à ce qui n’a pas d’identité

des corneilles craillent à la lune
le soleil use le cuivre du clocher
les arbres colorient doucement leurs pages
des hommes voyagent de peau en peau

puis un jour sans le savoir
ils traversent le bleu du ciel
pour aller relier la lumière
des étoiles entre elles

(José Acquelin)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Le zéro est l’origine de l’au-delà
Traduction:
Editions : Les Herbes rouges

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Et là, soudain (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021



Et là, soudain, le mental coule.
Qu’est-ce qu’une pensée ?
Cri silencieux dans la bouche blanche.
Cela unit, cela déchire.
Viol et puis la douceur.
La contradiction est le foyer de l’identité.
Etats du corps, états de la veille:
mêmes tranches de vif.
Entre les choses, entre nos dents, le vide :
ici et là, quel besoin de langue !
Il y a battement et manque.
Il y a présence et absence.
Désir, désir — désir. Les mots, les images :
où est le positif et où le négatif?

(Bernard Noël)

 
Illustration: ArbreaPhotos

 

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Oui j’attends que la lumière se pose sur mes notes (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2021




    
oui
j’attends que la lumière
se pose sur mes notes
comme un amant
comme un aimant
l’aimant des apparitions
là où tout palpite
au fond de l’infiniment sensible
où l’identité
n’est plus qu’un
vacillement
toutes les aubes viennent à ma bouche
toutes les aubes
respectent l’arc-en-ciel
je suis un argonaute du souffle

(Zéno Bianu)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: John Coltrane (Méditation)
Traduction:
Editions: le Castor Astral

 

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Déclaration d’identité (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021




    
déclaration d’identité

Non, je n’avalerai pas vos paroles
fantômes vos paraboles
d’inventaire, vos courbes de
Bourse de massacres.

Je choisis les cris
d’oiseaux de mer

le craquement des pierres

tout ce qui brave, hurle, éclate muettement dans le monde.

Le sang aux tempes, le coeur battant, le toc des artères,
c’est aussi ma parole

touchable
sous le doigt.

Au bord du temps
je tâte l’incertain
dans les feuilles des arbres
aux cellules pourtant si proches
de mes propres cellules, closes en cette chair
qui se retire et se rapproche
jusqu’à coller au tissu végétal
pour reconnaître
un rapport très sourd
un micron de complicité

main, feuille, ensemble,
toutes deux nervurées, actives, sève et sang,
nous affirmons, nous attestons la vie.

(Marie-Claire Bancquart)

 

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Les Déchues (Extrait) (Adelle Barry)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2020



    

Les Déchues (Extrait)

Que l’Imam prie
Que le prêtre jeûne
Et que l’athée dorme
Quelle importance
Chacun voit son Dieu dans le ciel
Il lui parle en silence
Il lui crie ses souffrances
Gardez vos croyances dans vos âmes
Et aimez-vous pardon
Dans les tombes, vous êtes tous poussière

Et puis quoi?
Kadjatou Xialong Yung
Je déjeune en mafé
Je dîne en sushi
Les yeux émincés
Le nez gros
Une pincée de sel dans mon identité
Quelle chance!

Il paraît que Paris c’est la crise
Et que la France est faillite
Haa, reprenons nos valises
Il paraît que là-bas c’est le paradis
L’hiver fait six mois, quelle importance
Ici les cinquante degrés durent une éternité
Il paraît qu’il y a assurance maladie là-bas
Haa Ébola et sida on s’en fout
Ici l’hôpital c’est la morgue
Et la morgue un reposoir

J’ai vu mon frère offrir sa femme
Pour payer la traversée
J’ai vu ma soeur s’ouvrir à l’inconnu
J’ai vu le viol consenti
Pour fuir le dénuement

La voix libératrice
S’est tue
Depuis, je maudis
Le langage du silence

(Adelle Barry)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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LES MALICES DU VENT (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2020




    
LES MALICES DU VENT

Le vent n’arrête pas de me faire des malices
Il pose sur la page un tout petit insecte
dessiné si fin avec des yeux si microscopiques
des couleurs si pâles dans les verts étouffés
et des gris si transparents que je perds dix minutes
à le regarder Il reste d’abord immobile comme médusé
puis se met en route pour traverser la feuille
et je ne sais plus du tout comment commençait le poème
que je m’étais décidé à me mettre à écrire
Je vais chercher le manuel d’entomologie
pour essayer de percer à jour l’identité de mon insecte
qui est probablement un hétéroptère le berytines minor
Je n’en suis pas sûr cependant Il faudrait vérifier
mais le vent embrouille les pages et je n’arrive pas
à trouver son portrait dans les planches en couleurs
J’essaie de me souvenir de l’amorce du poème
Il y avait au début l’odeur du seringa
et le goût que doit avoir une certaine couleur
laiteuse et vive couleur du jour juste avant le soleil couchant
(un goût d’amande amère et de sorbet au citron)
Mais le vent fait tomber de l’arbre au-dessus de ma tête
les premières feuilles mortes de l’année
des feuilles de cerisier roussies par la canicule
Les feuilles bousculent le poème qui reprenait forme
et voilà mon poème éparpillé et défeuillé qui s’en va
Il faut se résigner et changer de sujet
Je vais écrire un poème qui commencera ainsi
Le vent n’arrête pas de me faire des niches

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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